Cyteen, vol. 1
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Elle se souvenait seulement qu’il y avait eu Ollie et que maman était très jolie, qu’elle avait joué avec Valery et reçu en cadeau l’étoile désormais suspendue au plafond de sa chambre.
Elle regagna le bureau de ser Peterson, sans se presser. Kyle n’avait même pas remarqué son absence. Elle s’assit et dessina une étoile. Elle pensa à Valery et au rouquin qui s’appelait Grant. L’azi de Justin.
Elle regrettait qu’Ollie et maman n’aient pas plus de temps à lui consacrer.
Elle voulait que maman en finisse et l’emmène déjeuner. Ollie pourrait peut-être les accompagner.
Mais elle savait que l’attente serait encore longue et elle griffonna des lignes sur son étoile, pour la rendre très vilaine.
Comme tout le reste.
6
Les documents en notre possession indiquent que cette opération militaire clandestine comportait le débarquement sur Géhenne de 40 000 hommes de troupe de l’Union, en majorité des azis,disait le rapport qui venait de parvenir à Mikhaïl Corain. L’ordre d’exécution fut donné en 2355 par le bureau de la Défense.
La colonie resta ensuite livrée à elle-même. Elle ne bénéficia d’aucun soutien ultérieur.
L’Alliance parle de milliers de survivants dont le mode de vie est primitif Ce sont des descendants de ces azis et de ces citoyens. Soixante ans se sont écoulés, et faute d’avoir disposé de méthodes de réjuv la population actuelle de Géhenne doit appartenir à la deuxième et à la troisième générations. Il subsiste des ruines d’habitats-bulles et de quelques centrales solaires. Ce monde est adapté à la vie humaine et ces gens semblent en parfaite santé, compte tenu de la précarité de leurs conditions d’existence. Ils pratiquent des formes d’agriculture rudimentaires et la chasse. L’Alliance doute qu’ils puissent être déplacés et les dommages que leur présence a fait subir à l’écosystème restent à déterminer, mais les conséquences sur le milieu sont importantes et certains colons se sont retirés dans des zones très difficiles d’accès. L’Alliance estime que les habitants de ce monde refuseraient de le quitter et déclare qu’il n’est pas dans ses intentions de les y contraindre par la force.
Le bureau de la Défense pense que les marchands ont l’intention de procéder à un interrogatoire des survivants et qu’ils opposeront une fin de non-recevoir si l’Union demande à récupérer ses ressortissants. Outre le refus probable de l’Alliance, un tel rapatriement serait par ailleurs onéreux et sans intérêt.
La plupart des azis provenaient de contrats militaires passés avec Reseune.
Voir les rapports ci-joints.
La majorité des citoyens appartenaient à l’armée.
Nye compte demander au Conseil que l’Union présente des excuses à l’Alliance et lui propose de l’aider à régler le problème.
La coalition expansionniste lui apportera son soutien unanime lors du vote.
Corain feuilleta les documents. Des pages et des pages. Il existait une espèce sub-sapiente, sur le monde que les colons appelaient Géhenne. Un grand nombre de feuilles avaient reçu les tampons Bureau de la Défenseet Informations confidentielles.
En fait, nul ne pourrait récupérer les survivants, parce qu’ils étaient disséminés dans la nature et que l’Alliance s’opposerait à toute tentative de déplacement de cette population de primitifs illettrés. La prise de position de son ambassadeur ne contenait aucune ambiguïté sur ce point.
Leurs adversaires étaient mécontents. Ils se trouvaient confrontés à un grave problème : celui posé par une planète de type terrestre située dans leur sphère d’influence, mais avec un écosystème bouleversé et une population hostile.
Corain était lui aussi en colère, pour des raisons à la fois morales et politiques : la Défense avait été trop loin, en passant sous silence cette épouvantable bévue. Les faits s’étaient produits pendant la guerre, à une époque où l’armée vivait déjà en concubinage avec Reseune et avait carte blanche tant en matière de décisions que de crédits.
Mais si Corain parvenait à ses fins, il ferait toute la lumière sur la démence des expansionnistes.
7
Gorodinc nul ne pouvait le joindre. Giraud Nye n’en fut pas ennuyé outre mesure. Lu, le secrétaire de la Défense, avait si souvent assuré l’intérim au cours des trente dernières années qu’il était plus respecté que l’amiral, au sein du Conseil, ce qui lui permettait d’imposer son point de vue plus facilement que tout autre remplaçant. En outre, l’équipe du sous-secrétaire de la Défense avait fusionné avec celles de Lu et de Gorodin dans les bureaux planétaires, confirmant dans les faits l’existence du triumvirat qui dirigeait ce bureau depuis la guerre.
Et, bien que Giraud n’eût jamais exprimé cette opinion, il se félicitait que Gorodin fût parti en mission à l’autre extrémité de la sphère d’influence de l’Union. Lu, au visage parcheminé et ridé par la diminution des effets de la réjuv, aux yeux sombres insondables même pour un vétéran de Reseune, abattait ses cartes favorites en répondant Je ne suis pas habilité à en parleret Je ne crois pas pouvoir m’autoriser le moindre commentaireaux journalistes qui réclamaient des informations et à Corain qui exigeait que la lumière fût faite sur toute cette affaire.
Et la Défense se verrait contrainte de révéler les dessous de cette sombre histoire ; à ses alliés politiques, tout au moins.
Ce que Giraud avait appris depuis son départ de Reseune se conjuguait aux vibrations de l’audiobrouilleur pour ébranler ses nerfs autant que sa denture.
— C’est exact, dit Lu sans regarder la feuille posée sur son bureau. La mission est partie en 2355. Elle a atteint le système de l’étoile en question et laissé sur cette planète des colons et du matériel. Le retour de ces hommes n’était pas prévu. Tout comme l’Alliance, nous connaissions l’existence de ce monde habitable situé à proximité de nos adversaires et de la Terre, et nous avions conscience que sa situation et son potentielc lui donnaient une importance stratégique capitale.
Lu se racla la gorge.
— L’occuper avec des troupes était irréalisable. Nous n’aurions pu ni le ravitailler ni le défendre. Nous avons donc décidé de le rendre inintéressant pour toutes les parties concernées.
Le rendre inintéressant.Après des préparatifs minutieux, l’Alliance venait d’envoyer une mission d’étude vers la plus précieuse des planètes de l’espace accessiblec pour y découvrir une population constituée d’êtres humains qui n’appartenaient pas à leur camp et ne pouvaient venir de la Terre. La conclusion était évidente. Elle l’eût été même sans la présence des ruines et le fait que les survivants étaient de descendance aziec
L’Union avait osé saboterun monde.
— Quarante mille êtres humains, grommela Giraud. Lâchés sur une planète qui n’avait fait l’objet d’aucune étude préalable. Comme ça.
Lu cilla. Dans le cas contraire on aurait pu le prendre pour une statue.
— Ils étaient des soldats, nous pouvions les sacrifier. Quoi qu’il en soit, ce sont nos prédécesseurs qui ont pris cette décision. À l’époque, l’opinion publique était bien moinsc sensibilisée aux problèmes écologiques qu’à présent. Tous jugeaient notre situation militaire délicate, et nous ne pouvions même pas exclure l’éventualité d’une attaque de Mazianni contre Cyteen. Cette opération offrait deux possibilités. Si la Terre lançait une mission-suicide contre notre planète et que l’Union capitulait, les colons pourraient survivre et perpétuer nos idéaux. Dans un tel contexte, il fallait garder leur existence secrète.
— Vous semblez oublier que leur vaisseau a appareillé en 2355, un an après la fin des hostilités, lui rappela Giraud.
Lu croisa les mains.
— Mais la décision a été prise au cours des dernières années de la guerre, quand la situation était encore incertaine. Lors de la mise en application du projet, nous venions de frôler une catastrophe et nous subissions ce traité inique. Nous leur laissions une carte truquée, en quelque sorte. Abandonner un monde plus hospitalier et riche que Cyteen à la Terre ou à l’Alliance eût été désastreux. Nous en arrivons à la seconde hypothèse. Si les colons périssaient, ils auraient entre-temps contaminé l’écosystème avec leurs micro-organismes. Et un siècle plus tard l’Alliance – ou tout autre nouvel occupant – se verrait confrontée à un problème délicat, que notre science pourrait résoudre mais pas la leur. Je peux vous révéler que certains virus autochtones ont fait l’objet de quelques manipulations génétiquesc destinées à les préparer à des interventions ultérieures. Dans vos laboratoires. Vous en trouverez la confirmation dans les archives de Reseune. Sans parler des azis et des bandes qu’ils avaient reçues.