Cyteen, vol. 1
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— À les entendre, il n’y pas que trois ou quatre survivants, déclara-t-il à Grant. Ils ont parlé d’une « colonie illégale » et reconnu que nous sommes ses fondateurs.
— Existe-t-elle toujours ? Sous une forme organisée ?
— Ils n’ont pas été très explicites à ce sujet.
Un autre silence. Grant se souvint qu’il devait se sécher les cheveux, s’il ne voulait pas qu’ils restent en bataille.
— Un foutu merdier, commenta-t-il. Ont-ils précisé s’ils les ont récupérés, ou s’ils comptent le faire ? Quelles sont leurs intentions ?
— Ils hésitent sur la conduite à tenir.
— Eh bien, nous avons malgré tout une certitude. Nous savons où Giraud passera la semaine prochaine.
5
Ari n’aimait pas les bureaux. Assise à une table, au fond de la salle, elle s’occupait en observant les allées et venues et en faisant des découpages dont elle découvrait les motifs symétriques lorsqu’elle les dépliait. Elle prit une feuille vierge et y dessina un poisson à la queue démesurée.
Finalement, elle se leva et sortit en catimini pendant que Kyle regardait ailleurs et que maman s’attardait dans l’autre pièce. Tout semblait indiquer qu’elle en aurait encore pour longtemps.
Ari en déduisait que maman ne pourrait pas se mettre en colère si elle allait se promener dans le couloir. Il n’y avait que des bureaux, ici. Pas de magasins, pas de jouets, pas de vid : rien pour s’occuper. Elle aimait bien rester assise et dessiner, mais elle préférait que ce soit dans le bureau de maman parce qu’il avait une fenêtre et qu’elle pouvait regarder à l’extérieur.
Ici, elle ne voyait que des portes, de toutes parts. Elle décida de marcher en équilibre sur une des bandes métalliques encastrées dans le sol. Elle la suivit, et jeta des coups d’œil au passage dans les pièces latérales.
Ce fut ainsi qu’elle vit Justin.
Il était assis devant un clavier et un écran, absorbé par son travail.
Elle s’immobilisa sur le seuil et attendit qu’il eût remarqué sa présence.
Il lui semblait très différent des autres. Elle gardait de lui un vague souvenir, dans une salle où tout scintillait. Il avait été accompagné par Grant. Elle ne le voyait presque jamais et quand elle demandait à maman pourquoi les gens semblaient mal à l’aise en sa présence, elle s’entendait répondre que c’était un fruit de son imagination.
Mais Ari avait la certitude de ne pas se tromper. Il paraissait soucieux, apeuré. Elle savait qu’elle n’aurait pas dû l’ennuyer, mais ça ne pouvait pas être interdit puisqu’elle suivait un couloir où tout le monde avait le droit de se promener. En outre, elle n’avait pas l’intention d’entrer. Elle resterait sur le seuil.
Elle changea de position, et il la vit.
— Bonjour, lui dit-elle.
Et elle perçut une onde de peur. La frayeur de Justin, qui cessait de fixer l’écran. Et la sienne, due à la prise de conscience que maman se mettrait en colère.
— Bonjour.
Il était nerveux. Comme toujours, en sa présence. Sa nervosité ne l’abandonnait jamais, et elle empirait quand Ari approchait de lui. C’était une énigme qu’elle ne pouvait élucider, et comme maman esquivait toutes ses questions sur Justin il était évident qu’elle n’aimait pas en entendre parler. Ollie non plus. Ils invitaient Justin pour les grandes fêtes et elle le voyait à l’autre bout de la pièce, mais maman venait la prendre par la main dès qu’elle voulait aller lui dire bonjour. Cela semblait indiquer que personne n’aimait Justin, parce qu’il avait fait de vilaines choses ou qu’il n’était pas tout à fait normal et qu’on craignait qu’il pût mal se conduire. Ça arrivait parfois à des azis. Et à certains CIT. Maman le disait. Elle ajoutait qu’il était plus difficile de réadapter un CIT que de déstabiliser un azi. Alors, elle ne devait pas les embêter. Sauf Ollie, qui n’en était plus à ça près.
Justin ressemblait beaucoup à un azi, mais elle savait qu’il n’en était pas un. Justin était Justin. Et s’il se conduisait de façon un peu bizarre avec elle il n’était pas le seul à ne pas aimer les enfants.
— Maman est là-bas, avec ser Peterson, lui expliqua-t-elle.
À la fois pour alimenter la conversation et l’informer qu’elle avait d’excellentes raisons d’être ici. Elle découvrait l’endroit où il travaillait : une pièce minuscule, avec des papiers partout. Elle se pencha un peu trop et dut se retenir à la porte. Idiote, eût dit maman. Debout. Redresse-toi. Ne sois pas empotée comme ça. Mais Justin n’était pas bavard.
— Où est Grant ?
— En bas, à la bibliothèque.
— J’ai six ans.
— Je sais.
— Comment ?
Il parut mal à l’aise.
— Votre maman va s’inquiéter de votre absence, Ari.
— Elle est en réunion. J’en avais assez de l’attendre.
Il allait l’ignorer, se remettre à taper sur son clavier. Elle ne lui permettrait pas de lui tourner le dos. Elle entra, se hissa dans le fauteuil placé à côté du bureau, se pencha sur le bras du siège et leva les yeux sur Justin.
— Ollie, il est toujours occupé.
— Moi aussi. J’ai à faire, Ari. Il faut me laisser.
— Qu’est-ce que vous faites ?
— Mon travail.
Elle comprenait qu’il voulait la chasser, mais rien ne l’obligeait à lui obéir. Elle s’allongea dans le fauteuil et se renfrogna, avant de tenter une nouvelle approche.
— J’ai commencé mon programme de bandétudes. Je sais lire ce qui est écrit là-dessus. Matc
Elle inclina la tête, parce que le deuxième mot était très long.
— Ma-tricec sub-li-mi-nale.
Il éteignit l’écran et se tourna vers elle, l’expression menaçante.
Elle eut peur d’avoir été trop loin et se reprocha de s’être ainsi couchée sur ses coudes. Mais elle n’aimait pas du tout battre en retraite. Elle eut une moue.
— Il faut retourner auprès de votre maman, Ari. Elle va vous chercher.
— Je ne veux pas. Qu’est-ce que c’est, une matrice subliminale ?
— Un groupe de choses. Une disposition particulière pour un ensemble.
Il repoussa son siège et se leva. Elle l’imita et recula.
— J’ai un rendez-vous et je dois fermer le bureau. Vous devriez aller rejoindre votre mère.
— Non.
Il était très grand. Aussi grand qu’Ollie, mais bien moins patient. Il la chassait. Elle ne bougea pas d’un pouce.
— Allez, ouste ! dit-il.
Il s’était placé sur le pas de la porte et lui désignait le couloir.
Elle sortit. Il la suivit et ferma son bureau à clé. Elle l’attendit. Elle avait tout prévu. Lorsqu’il s’éloigna, elle lui emboîta le pas. Il s’arrêta et tendit le doigt vers l’autre extrémité du passage, du côté où était maman.
— Là-bas.
Elle lui adressa un sourire malicieux.
— Vous ne pouvez pas m’y obliger.
Il paraissait angoissé, mais elle lut de la tristesse dans ses yeux quand il les baissa sur elle.
— Ce n’est pas gentil, Ari.
— Je n’ai pas à être gentille avec vous.
— Je vous aimerais beaucoup plus, si vous l’étiez.
Ces mots lui firent de la peine. Elle l’étudia pour voir s’il voulait être méchant avec elle, mais on aurait pu croire que c’était ellequi venait de le blesser.
Elle ne pouvait jamais le comprendre.
— Je peux vous accompagner ? demanda-t-elle.
— Votre maman ne serait pas d’accord.
Il avait un air très gentil, quand il lui parlait comme ça.
— Allez la retrouver.
— Je ne veux pas. Ils passent leur temps à discuter. J’en ai assez de les écouter.
— Je dois rejoindre mon équipe, Ari. Je suis désolé.
— C’est pas vrai.
Elle savait qu’il mentait. À son arrivée, il n’avait pas eu l’intention de s’absenter de son bureau.
— Je le dois. Retournez d’où vous venez.
Elle ne bougea pas. Mais il s’éloigna dans le couloir comme s’il voulait vraiment partir.
Elle désirait le suivre, elle eût aimé qu’il fût gentil avec elle. Elle s’ennuyait et était triste, et lorsqu’elle le voyait elle se rappelait tous ces gens couverts de paillettes qui riaient. Mais elle ne se rappelait plus quand ça s’était passé.