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Le Mystere De La Chambre Jaune

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Le Mystere De La Chambre Jaune
Название: Le Mystere De La Chambre Jaune
Автор: Leroux Gaston
Дата добавления: 16 январь 2020
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Le Mystere De La Chambre Jaune - читать бесплатно онлайн , автор Leroux Gaston

Des cris et des coups de feu se font entendre dans une chambre annexe au laboratoire du pavillon du ch?teau o? dort la belle Mathilde, fille du c?l?bre professeur Stangerson. Tout de suite, son p?re accompagn? de l’un de ses domestiques, le p?re Jacques, se pr?cipite ? la porte qu’il trouve clause. Tr?s vite rejoints par le concierge du Glandier et son ?pouse, ils parviennent ? enfoncer la porte.

Une fois dans la «chambre jaune», ils d?couvrent Mathilde r?lant, allong?e sur le sol et pleine de sang. On peut apercevoir des marques impressionnantes d’ongles sur son cou. Le criminel a fil?. Pourtant, la porte est prise d’assaut par quatre personnes et l’unique fen?tre grillag?e de la pi?ce est verrouill?e avec ses volets clos qu’on ne peut fermer que de l’int?rieur. Aucune fuite n’est possible! Le jeune Rouletabille d?cide de se rendre sur le lieu du crime afin de retrouver la trace du malfaiteur.

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«Ainsi étais-je obligé d’arriver de la sorte à la seconde phase du drame, avec Mlle Stangerson seule dans la chambre, du moment qu’on n’avait pas trouvé l’assassin dans la chambre… Ainsi devais-je naturellement faire entrer dans le cercle de mon raisonnement les marques extérieures.

«Mais il y avait d’autres marques extérieures à expliquer. Des coups de revolver avaient été tirés, pendant la seconde phase. Des cris: «Au secours! À l’assassin!» avaient été proférés!… Que pouvait me désigner, en une telle occurrence, le bon bout de ma raison? Quant aux cris, d’abord: du moment où il n’y a pas d’assassin dans la chambre, il y avait forcément cauchemar dans la chambre!

«On entend un grand bruit de meubles renversés. J’imagine… je suis obligé d’imaginer ceci: Mlle Stangerson s’est endormie, hantée par l’abominable scène de l’après-midi… elle rêve… le cauchemar précise ses images rouges… elle revoit l’assassin qui se précipite sur elle, elle crie: «À l’assassin! Au secours!» et son geste désordonné va chercher le revolver qu’elle a posé, avant de se coucher, sur sa table de nuit. Mais cette main heurte la table de nuit avec une telle force qu’elle la renverse. Le revolver roule par terre, un coup part et va se loger dans le plafond… Cette balle dans le plafond me parut, dès l’abord, devoir être la balle de l’accident… Elle révélait la possibilité de l’accident et arrivait si bien avec mon hypothèse de cauchemar qu’elle fut une des raisons pour lesquelles je commençai à ne plus douter que le crime avait eu lieu avant, et que Mlle Stangerson, douée d’un caractère d’une énergie peu commune, l’avait caché… Cauchemar, coup de revolver… Mlle Stangerson, dans un état moral affreux, est réveillée; elle essaye de se lever; elle roule par terre, sans force, renversant les meubles, râlant même… «À l’assassin! Au secours!» et s’évanouit…

«Cependant, on parlait de deux coups de revolver, la nuit, lors de la seconde phase. À moi aussi, pour ma thèse – ce n’était plus, déjà, une hypothèse – il en fallait deux; mais «un» dans chacune des phases et non pas deux dans la dernière… un coup pour blesser l’assassin, avant, et un coup lors du cauchemar, après! Or, était-il bien sûr que, la nuit, deux coups de revolver eussent été tirés? Le revolver s’était fait entendre au milieu du fracas de meubles renversés. Dans un interrogatoire, M. Stangerson parle d’un coup sourd d’abord, d’un coup éclatant ensuite! Si le coup sourd avait été produit par la chute de la table de nuit en marbre sur le plancher? Il est nécessaire que cette explication soit la bonne. Je fus certain qu’elle était la bonne, quand je sus que les concierges, Bernier et sa femme, n’avaient entendu, eux qui étaient tout près du pavillon, qu’un seul coup de revolver. Ils l’ont déclaré au juge d’instruction.

«Ainsi, j’avais presque reconstitué les deux phases du drame quand je pénétrai, pour la première fois, dans la «Chambre Jaune». Cependant la gravité de la blessure à la tempe n’entrait pas dans le cercle de mon raisonnement. Cette blessure n’avait donc pas été faite par l’assassin avec l’os de mouton, lors de la première phase, parce qu’elle était trop grave, que Mlle Stangerson n’aurait pu la dissimuler et qu’elle ne l’avait pas dissimulée sous une coiffure en bandeaux! Alors, cette blessure avait été «nécessairement» faite lors de la seconde phase, au moment du cauchemar? C’est ce que je suis allé demander à la «Chambre Jaune» et la «Chambre Jaune» m’a répondu!»

Rouletabille tira, toujours de son petit paquet, un morceau de papier blanc plié en quatre, et, de ce morceau de papier blanc, sortit un objet invisible, qu’il tint entre le pouce et l’index et qu’il porta au président:

«Ceci, monsieur le président, est un cheveu, un cheveu blond maculé de sang, un cheveu de Mlle Stangerson… Je l’ai trouvé collé à l’un des coins de marbre de la table de nuit renversée… Ce coin de marbre était lui-même maculé de sang. Oh! un petit carré rouge de rien du tout! mais fort important! car il m’apprenait, ce petit carré de sang, qu’en se levant, affolée, de son lit, Mlle Stangerson était tombée de tout son haut et fort brutalement sur ce coin de marbre qui l’avait blessée à la tempe, et qui avait retenu ce cheveu, ce cheveu que Mlle Stangerson devait avoir sur le front, bien qu’elle ne portât pas la coiffure en bandeaux! Les médecins avaient déclaré que Mlle Stangerson avait été assommée avec un objet contondant et, comme l’os de mouton était là, le juge d’instruction avait immédiatement accusé l’os de mouton mais le coin d’une table de nuit en marbre est aussi un objet contondant auquel ni les médecins ni le juge d’instruction n’avaient songé, et que je n’eusse peut-être point découvert moi -même si le bon bout de ma raison ne me l’avait indiqué, ne me l’avait fait pressentir.»

La salle faillit partir, une fois de plus, en applaudissements; mais, comme Rouletabille reprenait tout de suite sa déposition, le silence se rétablit sur-le-champ.

«Il me restait à savoir, en dehors du nom de l’assassin que je ne devais connaître que quelques jours plus tard, à quel moment avait eu lieu la première phase du drame. L’interrogatoire de Mlle Stangerson, bien qu’arrangé pour tromper le juge d’instruction, et celui de M. Stangerson, devaient me le révéler. Mlle Stangerson a donné exactement l’emploi de son temps, ce jour-là. Nous avons établi que l’assassin s’est introduit entre cinq et six dans le pavillon; mettons qu’il fût six heures et quart quand le professeur et sa fille se sont remis au travail. C’est donc entre cinq heures et six heures et quart qu’il faut chercher. Que dis-je, cinq heures! mais le professeur est alors avec sa fille… Le drame ne pourra s’être passé que loin du professeur! Il me faut donc, dans ce court espace de temps, chercher le moment où le professeur et sa fille seront séparés!… Eh bien, ce moment, je le trouve dans l’interrogatoire qui eut lieu dans la chambre de Mlle Stangerson, en présence de M. Stangerson. Il y est marqué que le professeur et sa fille rentrent vers six heures au laboratoire. M. Stangerson dit: «À ce moment, je fus abordé par mon garde qui me retint un instant.» il y a donc conversation avec le garde. Le garde parle à M. Stangerson de coupe de bois ou de braconnage; Mlle Stangerson n’est plus là; elle a déjà regagné le laboratoire puisque le professeur dit encore: «Je quittai le garde et je rejoignis ma fille qui était déjà au travail!»

«C’est donc dans ces courtes minutes que le drame se déroula. C’est nécessaire! Je vois très bien Mlle Stangerson rentrer dans le pavillon, pénétrer dans sa chambre pour poser son chapeau et se trouver en face du bandit qui la poursuit. Le bandit était là, dans le pavillon, depuis un certain temps. Il devait avoir arrangé son affaire pour que tout se passât la nuit. Il avait alors déchaussé les chaussures du père Jacques qui le gênaient, dans les conditions que j’ai dites au juge d’instruction, il avait opéré la rafle des papiers, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, et il s’était ensuite glissé sous le lit quand le père Jacques était revenu laver le vestibule et le laboratoire… Le temps lui avait paru long… il s’était relevé, après le départ du père Jacques, avait à nouveau erré dans le laboratoire, était venu dans le vestibule, avait regardé dans le jardin, et avait vu venir, vers le pavillon – car, à ce moment-là, la nuit qui commençait était très claire – Mlle Stangerson, toute seule! Jamais il n’eût osé l’attaquer à cette heure-là s’il n’avait cru être certain que Mlle Stangerson était seule! Et, pour qu’elle lui apparût seule, il fallait que la conversation entre M. Stangerson et le garde qui le retenait eût lieu à un coin détourné du sentier, coin où se trouve un bouquet d’arbres qui les cachait aux yeux du misérable. Alors, son plan est fait. Il va être plus tranquille, seul avec Mlle Stangerson dans ce pavillon, qu’il ne l’aurait été, en pleine nuit, avec le père Jacques dormant dans son grenier. Et il dut fermer la fenêtre du vestibule! ce qui explique aussi que ni M. Stangerson, ni le garde, du reste assez éloignés encore du pavillon, n’ont entendu le coup de revolver.

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