Le Mystere De La Chambre Jaune
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Des cris et des coups de feu se font entendre dans une chambre annexe au laboratoire du pavillon du ch?teau o? dort la belle Mathilde, fille du c?l?bre professeur Stangerson. Tout de suite, son p?re accompagn? de l’un de ses domestiques, le p?re Jacques, se pr?cipite ? la porte qu’il trouve clause. Tr?s vite rejoints par le concierge du Glandier et son ?pouse, ils parviennent ? enfoncer la porte.
Une fois dans la «chambre jaune», ils d?couvrent Mathilde r?lant, allong?e sur le sol et pleine de sang. On peut apercevoir des marques impressionnantes d’ongles sur son cou. Le criminel a fil?. Pourtant, la porte est prise d’assaut par quatre personnes et l’unique fen?tre grillag?e de la pi?ce est verrouill?e avec ses volets clos qu’on ne peut fermer que de l’int?rieur. Aucune fuite n’est possible! Le jeune Rouletabille d?cide de se rendre sur le lieu du crime afin de retrouver la trace du malfaiteur.
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– Voilà, m’sieur! commença mon ami au milieu d’un silence si solennel que je ne me rappelle pas en avoir «vu» de semblable, je vous ai dit que ce bout de cour était fermé et qu’il était impossible pour l’assassin de s’échapper de ce carré sans que ceux qui étaient à sa recherche s’en aperçussent. C’est l’exacte vérité. Quand nous étions là, dans le carré de bout de cour, l’assassin s’y trouvait encore avec nous!
– Et vous ne l’avez pas vu!… c’est bien ce que l’accusation prétend…
– Et nous l’avons tous vu! monsieur le président, s’écria Rouletabille.
– Et vous ne l’avez pas arrêté!…
– Il n’y avait que moi qui sût qu’il était l’assassin. Et j’avais besoin que l’assassin ne fût pas arrêté tout de suite! Et puis, je n’avais d’autre preuve, à ce moment, que «ma raison»! Oui, seule, ma raison me prouvait que l’assassin était là et que nous le voyions! J’ai pris mon temps pour apporter, aujourd’hui, en cour d’assises, une preuve irréfutable, et qui, je m’y engage, contentera tout le monde.
– Mais parlez! parlez, monsieur! Dites-nous quel est le nom de l’assassin, fit le président…
– Vous le trouverez parmi les noms de ceux qui étaient dans le bout de cour», répliqua Rouletabille, qui, lui, ne semblait pas pressé…
On commençait à s’impatienter dans la salle…
«Le nom! Le nom! murmurait-on…
Rouletabille, sur un ton qui méritait des gifles, dit:
«Je laisse un peu traîner cette déposition, la mienne, m’sieur le président, parce que j’ai des raisons pour cela!…
– Le nom! Le nom! répétait la foule.
– Silence!» glapit l’huissier.
Le président dit:
«Il faut tout de suite nous dire le nom, monsieur!… Ceux qui se trouvaient dans le bout de cour étaient: le garde, mort. Est-ce lui, l’assassin?
– Non, m’sieur.
– Le père Jacques?…
– Non m’sieur.
– Le concierge, Bernier?
– Non, m’sieur…
– M. Sainclair?
– Non m’sieur…
– M. Arthur William Rance, alors? Il ne reste que M. Arthur Rance et vous! Vous n’êtes pas l’assassin, non?
– Non, m’sieur!
– Alors, vous accusez M. Arthur Rance?
– Non, m’sieur!
– Je ne comprends plus!… Où voulez-vous en venir?… il n’y avait plus personne dans le bout de cour.
– Si, m’sieur!… il n’y avait personne dans le bout de cour, ni au-dessous, mais il y avait quelqu’un au-dessus, quelqu’un penché à sa fenêtre, sur le bout de cour…
– Frédéric Larsan! s’écria le président.
– Frédéric Larsan!» répondit d’une voix éclatante Rouletabille.
Et, se retournant vers le public qui faisait entendre déjà des protestations, il lui lança ces mots avec une force dont je ne le croyais pas capable:
«Frédéric Larsan, l’assassin!»
Une clameur où s’exprimaient l’ahurissement, la consternation, l’indignation, l’incrédulité, et, chez certains, l’enthousiasme pour le petit bonhomme assez audacieux pour oser une pareille accusation, remplit la salle. Le président n’essaya même pas de la calmer; quand elle fut tombée d’elle-même, sous les chut! énergiques de ceux qui voulaient tout de suite en savoir davantage, on entendit distinctement Robert Darzac, qui, se laissant retomber sur son banc, disait:
«C’est impossible! Il est fou!…»
Le président:
«Vous osez, monsieur, accuser Frédéric Larsan! Voyez l’effet d’une pareille accusation… M. Robert Darzac lui-même vous traite de fou!… Si vous ne l’êtes pas, vous devez avoir des preuves…
– Des preuves, m’sieur! Vous voulez des preuves! Ah! je vais vous en donner une, de preuve… fit la voix aiguë de Rouletabille… Qu’on fasse venir Frédéric Larsan!…»
Le président:
«Huissier, appelez Frédéric Larsan.»
L’huissier courut à la petite porte, l’ouvrit, disparut… La petite porte était restée ouverte… Tous les yeux étaient sur cette petite porte. L’huissier réapparut. Il s’avança au milieu du prétoire et dit:
«Monsieur le président, Frédéric Larsan n’est pas là. Il est parti vers quatre heures et on ne l’a plus revu.»
Rouletabille clama, triomphant:
«Ma preuve, la voilà!
– Expliquez-vous… Quelle preuve? demanda le président.
– Ma preuve irréfutable, fit le jeune reporter, ne voyez-vous pas que c’est la fuite de Larsan. Je vous jure qu’il ne reviendra pas, allez!… vous ne reverrez plus Frédéric Larsan…»
Rumeurs au fond de la salle.
«Si vous ne vous moquez pas de la justice, pourquoi, monsieur, n’avez-vous pas profité de ce que Larsan était avec vous, à cette barre, pour l’accuser en face? Au moins, il aurait pu vous répondre!…
– Quelle réponse eût été plus complète que celle-ci, monsieur le président?… il ne me répond pas! Il ne me répondra jamais! J’accuse Larsan d’être l’assassin et il se sauve! Vous trouvez que ce n’est pas une réponse, ça!…
– Nous ne voulons pas croire, nous ne croyons point que Larsan, comme vous dites, «se soit sauvé»… Comment se serait-il sauvé? Il ne savait pas que vous alliez l’accuser?
– Si, m’sieur, il le savait, puisque je le lui ai appris moi-même, tout à l’heure…
– Vous avez fait cela!… Vous croyez que Larsan est l’assassin et vous lui donnez les moyens de fuir!…
– Oui, m’sieur le président, j’ai fait cela, répliqua Rouletabille avec orgueil… Je ne suis pas de la «justice», moi; je ne suis pas de la «police», moi; je suis un humble journaliste, et mon métier n’est point de faire arrêter les gens! Je sers la vérité comme je veux… c’est mon affaire… Préservez, vous autres, la société, comme vous pouvez, c’est la vôtre… Mais ce n’est pas moi qui apporterai une tête au bourreau!… Si vous êtes juste, monsieur le président – et vous l’êtes – vous trouverez que j’ai raison!… Ne vous ai-je pas dit, tout à l’heure, «que vous comprendriez que je ne pouvais prononcer le nom de l’assassin avant six heures et demie». J’avais calculé que ce temps était nécessaire pour avertir Frédéric Larsan, lui permettre de prendre le train de 4 heures 17, pour Paris, où il saurait se mettre en sûreté… Une heure pour arriver à Paris, une heure et quart pour qu’il pût faire disparaître toute trace de son passage… Cela nous amenait à six heures et demie… Vous ne retrouverez pas Frédéric Larsan, déclara Rouletabille en fixant M. Robert Darzac… il est trop malin… C’est un homme qui vous a toujours échappé… et que vous avez longtemps et vainement poursuivi… S’il est moins fort que moi, ajouta Rouletabille, en riant de bon cœur et en riant tout seul, car personne n’avait plus envie de rire… il est plus fort que toutes les polices de la terre. Cet homme, qui, depuis quatre ans, s’est introduit à la Sûreté, et y est devenu célèbre sous le nom de Frédéric Larsan, est autrement célèbre sous un autre nom que vous connaissez bien. Frédéric Larsan, m’sieur le président, c’est Ballmeyer!