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Le Fauteuil Hante

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Le Fauteuil Hante
Название: Le Fauteuil Hante
Автор: Leroux Gaston
Дата добавления: 16 январь 2020
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Le Fauteuil Hante - читать бесплатно онлайн , автор Leroux Gaston

L'Acad?mie fran?aise est le th??tre de drames r?p?t?s. Un ? un les candidats ? la succession de Mgr d'Abbeville s'?croulent, morts, en pronon?ant leur discours de r?ception. Les Immortels ne le sont plus! Ils restent trente-neuf. Un refoul? de l'Acad?mie aurait-il le pouvoir de jeter un mauvais sort? Monsieur le Secr?taire perp?tuel, Hippolyte Patard, et Monsieur Gaspard Lalouette, marchand d'antiquit?s, m?nent leur enqu?te en tremblant de peur… et en nous faisant bien rire. Le quaranti?me fauteuil sera quand m?me occup?…

Dans Le Fauteuil hant?, Gaston Leroux, le p?re de Rouletabille, se moque de l'illustre Acad?mie et, apr?s bien des aventures, nous r?v?le un myst?re incroyable!

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– Je suis marchand de peaux de lapin!

– Marchand de peaux de lapin! s'exclama M. Lalouette.

– Marchand de peaux de lapin! soupira Mme Lalouette.

– Marchand de peaux de lapin! répéta l'Homme de lumière en s'inclinant posément et prêt à prendre congé.

Mais M. Lalouette le retint.

– Où allez-vous donc comme ça, cher monsieur Eliphas? demanda-t-il, vous n'allez pas nous quitter ainsi! vous nous permettrez bien de vous offrir un petit quelque chose?…

– Merci, monsieur, je ne prends jamais rien entre les repas, répondit Eliphas.

– Cependant, nous n'allons point nous quitter comme cela, reprit Mme Lalouette.

Et elle roucoula:

– Après tout ce qui s'est passé, nous avons bien des choses à nous dire…

– Je ne suis point curieux, répondit bonnement Eliphas.

J'en sais assez pour ce que j'ai à faire ici… Aussitôt que j'aurai vu M. le secrétaire perpétuel, je prendrai le train de Leipzig où je suis attendu pour mon commerce de fourrures.

Mme Lalouette alla à la porte et en défendit bravement le passage.

– Pardon, monsieur Eliphas, dit-elle, la voix tremblante, mais qu'est-ce que vous allez lui dire, à M. le secrétaire perpétuel?…

– C'est vrai! s'écria Lalouette qui avait compris la nouvelle émotion de sa femme, qu'est-ce que vous allez lui dire, à M. Hippolyte Patard?

– Mon Dieu! Je vais lui dire que je n'ai assassiné personne! déclara l'Homme de lumière.

M. Lalouette pâlit:

– C'est pas la peine, jura-t-il… Il ne l'a jamais cru! Et c'est une démarche bien inutile, je vous assure!

– Mon devoir en tout cas, est de le rassurer comme je vous ai rassurés vous-mêmes… et aussi de dissiper une fois pour toutes les soupçons stupides qui pèsent sur ma personne…

M. Gaspard Lalouette, la figure tout à fait décomposée, regarda Mme Lalouette.

– Ah! fille! gémit-il… c'était un trop beau rêve!… Et il se laissa aller dans ses bras et, sans fausse honte, pleura sur son épaule.

Eliphas interrogea Mme Lalouette.

– M. Lalouette, dit-il, paraît avoir un grand chagrin… et je ne comprends rien à ce qu'il veut dire…

– Cela veut dire, pleura à son tour Mme Lalouette, que si l'on apprend avec certitude que vous êtes à Paris, que vous revenez du Canada et que vous n'êtes pour rien dans toute l'affaire des morts de l'Académie, jamais M. Lalouette ne sera académicien!

– Et pourquoi cela?

– Eh! On ne lui accorde ce fauteuil, sanglota-t-elle, c'est terrible à dire, que parce que personne n'en veut!… Attendez donc, mon cher monsieur Eliphas, pour faire connaître la vérité vraie, qui est votre innocence dont pas un homme sensé ne doute, vous entendez bien! Attendez donc que mon mari soit élu!…

– Madame! fit Eliphas… calmez-vous! L'Académie ne sera pas assez injuste pour repousser votre mari qui, seul, est venu bravement à elle, dans les mauvais jours…

– Je vous dis qu'elle n'en voudra pas

– Mais si!

– Mais non!…

– Mais si!…

– Gaspard!… J'ai confiance dans M. Eliphas. Dis donc à M. Eliphas pourquoi l'Académie ne voudra jamais de toi, si elle a le moyen d'en élire un autre… C'est un secret, monsieur Eliphas! un affreux secret qu'il a fallu confier à M. le secrétaire perpétuel… Mais cela restera à jamais entre nous!…

Alors! parle, Gaspard!

M. Gaspard Lalouette s'arracha au giron de Mme Lalouette et, se penchant à l'oreille de M. Eliphas, tandis que de la main il masquait sa bouche, il murmura quelque chose si bas, si bas… que seule l'oreille de M. Eliphas pouvait l'entendre.

Alors, M. Eliphas de Saint-Elme de Taillebourg de La Nox se mit à rire franchement, lui qui ne riait jamais.

– C'est trop drôle! fit-il… Non, mes amis, je ne dirai rien!

Soyez tranquilles.

Sur quoi il serra solennellement la main de M. et de Mme Lalouette, déclara qu'il était heureux d'avoir fait la connaissance d'aussi braves gens, jura qu'il n'aurait pas de plus grande joie dans sa vie que celle de voir M. Lalouette académicien, et, noblement, reprit le chemin de la rue où il disparut bientôt d'un pas paisible et harmonieux.

XII.

Il faut être poli avec tout le monde surtout à l'Académie française

Madame Gaspard Lalouette n'avait point exagéré en prédisant à M. Lalouette que le lendemain il serait célèbre.

Il n'y eut jamais, pendant deux mois, homme plus célèbre que lui. Sa maison ne désemplit point de journalistes et son image fut reproduite dans les magazines du monde entier Il faut dire que M. Lalouette accueillit tous ces hommages comme s'ils lui étaient dus. Le courage qu'il semblait montrer en la circonstance le dispensait de toute modestie. Nous disons bien «qu'il semblait montrer» car en fait, maintenant, M. et Mme Lalouette étaient tout à fait tranquillisés en ce qui concernait la vengeance du sâr. Et la visite de celui-ci, après les avoir tout d'abord comblés d'épouvante, les avait finalement laissés pleins de sécurité et de confiance dans l'avenir. Cet avenir ne tarda point à se réaliser. M. Jules-Louis-Gaspard Lalouette fut élu par l'illustre Assemblée à l'unanimité, aucun concurrent n'étant venu lui disputer la palme du martyre.

Pendant les quelques semaines qui suivirent, il ne se passa guère de jours sans que l'arrière-boutique du marchand de tableaux ne reçût la visite de M. Hippolyte Patard. Il venait vers le soir, pour, autant que possible, n'être point reconnu, entrait par la petite porte basse de la cour, traversait hâtivement l'arrière-boutique et s'enfermait avec M. Lalouette dans un petit cabinet où ils ne risquaient point d'être dérangés. Là, ils préparaient le discours. Et M. Lalouette ne s'était point vanté en disant qu'il avait une bonne mémoire. Elle était excellente. Il saurait son discours par cœur, sans faute.

Mme Lalouette s'y employait elle-même et faisait réciter à son mari le chef-d'œuvre oratoire, jusque dans l'alcôve conjugale, au coucher et au réveil. Elle lui avait appris également à disposer ses feuillets comme s'il les lisait et à les ranger, au fur et à mesure, les uns derrière les autres. Enfin, elle avait marqué le haut des feuillets d'un petit signe rouge, pour que M. Lalouette ne tînt point devant lui-et devant tout le monde-son discours, la tête en bas.

La veille du fameux jour qui tenait le Tout-Paris en fièvre arriva. Les journaux avaient des délégations rue Laffitte en permanence. Après la triple expérience précédente, il ne faisait point de doute pour beaucoup que M. Gaspard Lalouette était voué à une mort prochaine. On voulait avoir des nouvelles du grand homme toutes les cinq minutes et, à défaut de M. Lalouette qui, fatigué, paraît-il, se reposait et avait résolu de ne recevoir personne de la journée, Mme Lalouette devait répondre à toutes les questions. La pauvre femme était, comme on dit, «sur les dents» et radieuse. Car en réalité, M. Lalouette se portait «comme un charme».

– Comme un charme! Monsieur le rédacteur… dites-le bien dans vos journaux… Il se porte comme un charme!

M. Lalouette avait, ce jour-là, prudemment fui sa demeure, car sa gloire le dérangeait dans le moment qu'il avait le plus besoin d'être seul pour répéter, plusieurs dernières fois, son discours. Dès l'aube, il s'était rendu fort habilement, sans être reconnu, chez un petit-cousin de sa femme qui tenait un débit, place de la Bastille. Le téléphone qui était au premier étage avait été consigné par cet aimable parent et seul M. Lalouette en avait la disposition, ce qui lui permettait de réciter à Mme Lalouette, malgré la distance qui les séparait, les passages les plus difficiles du fameux discours dont l'auteur entre nous, était M. Hippolyte Patard.

Celui-ci vint, comme il était convenu, rejoindre M. Lalouette, vers les six heures du soir à son petit débit de la place de la Bastille. Tout semblait aller pour le mieux, quand, dans la conversation qui eut lieu entre les deux collègues, se produisit le petit incident suivant:

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