La mort de Juve (Смерть Жюва)
La mort de Juve (Смерть Жюва) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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Une demi-heure plus tard, Fandor quittait l’hôtel sans avoir vu l’extraordinaire manchot. L’infirme avait disparu, il n’était nulle part, personne ne l’avait vu sortir dans le brouhaha des premières minutes d’affolement.
— J’en donnerais ma tête à couper, disait Fandor, c’était Fantômas. Bon travail. Comment diable s’y est-il donc pris ?
13 – IRMA DE STEINKERQUE
À première heure, Nalorgne avait été convoqué à la Sûreté générale par M. Havard.
Enfin, le directeur de la Sûreté leva les yeux :
— Monsieur, dit-il, nous avons une mission à vous confier. Pour vos débuts dans la police active vous allez être chargé d’une opération assez délicate qui nécessite du flair et de l’intelligence. Toutefois si vous réussissez je vous en saurai gré et, suivant la façon dont vous procéderez, vous obtiendrez dans le personnel des inspecteurs une situation tout à fait avantageuse.
— Je vous suis reconnaissant, monsieur le directeur, de la confiance que vous m’accordez, j’espère m’en rendre digne, répondit Nalorgne.
— Depuis quelque temps, expliquait déjà M. Havard, nous avons reçu pas mal de plaintes émanant de maisons de commerce de la place de Paris. Un individu, un voleur, se présente aux caisses de ces maisons, le jour d’échéance, porteur de quittances fort bien imitées. Pour ne déterminer aucun soupçon il a l’audace de revêtir l’uniforme d’un garçon de recettes. Il s’est procuré, on ne sait pas comment, le détail exact de certaines grosses sommes régulièrement dues par ces maisons, il présente une quittance ayant toutes les apparences de l’authenticité, on effectue entre ses mains le versement de la somme, puis, quelque temps après, arrive le véritable encaisseur et l’on s’aperçoit que l’on a été victime d’une escroquerie.
Le cœur de Nalorgne s’emplit d’une joie secrète, celle du policier qui connaît l’affaire. M. Havard poursuivit :
— J’avais chargé l’inspecteur Léon de m’arrêter ce voleur, mais vous n’ignorez pas, monsieur Nalorgne, l’épouvantable accident dont il vient d’être victime. Notre infortuné collaborateur en a pour plusieurs mois avant de se remettre et il restera infirme toute sa vie. J’ai donc décidé de vous confier la suite des affaires qu’il avait entreprises. Mon secrétaire, tout à l’heure, vous remettra un dossier concernant ces vols et voici un mandat d’amener que je vous délivre avec le nom en blanc. Nous ne sommes pas, en effet, très fixés sur la personnalité du coupable. Toutefois, je vous signale, à titre d’indication, que les soupçons de Léon s’étaient portés sur un individu assez connu en ce moment dans le monde de la galanterie pour y dépenser pas mal d’argent et que l’on croit avoir été domestique autrefois dans des maisons bourgeoises. Ce serait peut-être un certain cocher du nom de Prosper dont la dernière place aurait été celle qu’il occupait chez un courtier maritime, précisément chez M. Hervé Martel, vous êtes au courant, n’est-ce pas ? Vous saisissez, n’est-ce pas, le rapprochement ? Vous vous rendez compte de la délicatesse qu’il faut employer dans cette affaire ? Si vous n’êtes pas absolument édifié sur la culpabilité de l’individu, sans le perdre de vue, évitez de l’arrêter tout de suite, pour ne pas l’effaroucher. Pour ma part, je ne vous cache pas que j’ai la conviction intime que cet individu, ce Prosper est non seulement l’auteur des vols dont se sont plaintes certaines maisons de commerce, mais que c’est encore lui qui a organisé l’extraordinaire guet-apens dont ont été victimes d’abord M. Hervé Martel, ensuite votre infortuné collègue, Léon. Ceci prouverait donc que nous avons à faire à forte partie.
Il faut bien vous convaincre de la culpabilité, si elle existe, du nommé Prosper, et ensuite établir s’il est l’auteur des vols et des crimes que nous recherchons.
Nalorgne baissa la tête. Il était si absorbé dans ses réflexions que M. Havard s’en aperçut :
— Eh bien, fit celui-ci, à quoi pensez-vous ?
Nalorgne se ressaisit :
— Je réfléchis, monsieur le directeur.
— Eh bien, allez réfléchir ailleurs, car j’ai du travail.
— Bien, monsieur le directeur.
***
— Sale affaire, grommelait, en quittant la Sûreté, l’inspecteur Nalorgne qui sauta dans un fiacre pour se faire conduire à son bureau de la rue Saint-Marc.
Il avait encore quelques affaires à régler avant de quitter définitivement, ainsi que Pérouzin, le local qu’ils avaient loué et dans lequel ils s’étaient livrés à diverses opérations plus invraisemblables les unes que les autres, jusqu’au jour où les deux associés avaient enfin obtenu ce qu’ils appelaient une « position sociale stable ».
— Sale affaire, grognait encore Nalorgne en montant l’escalier.
Lorsqu’il pénétra dans son cabinet, Pérouzin était au téléphone.
— Quelle gaffe est-il encore en train de commettre ? se demanda Nalorgne.
Pérouzin raccrocha le récepteur, puis, se tournant vers son associé :
— Eh bien, déclara-t-il, en voilà une affaire, nous n’avons véritablement pas de chance lorsque nous entreprenons quelque chose et que nous ne sommes pas guidés par Fantômas.
— De quoi s’agit-il ?
— Voilà, je viens de téléphoner à Cherbourg, à M lle Hélène, pour insister auprès d’elle afin de conclure rapidement cette fameuse affaire de mariage. Vous comprenez bien, Nalorgne, que si nous pouvons traiter cela avant de quitter notre bureau il y aura une belle commission à toucher et je ne sais pas si vous êtes riche en ce moment, mais moi, j’ai joliment besoin d’argent.
— C’est absurde de continuer à s’occuper de cette affaire-là, elle ne réussira pas.
— Tiens, vous savez donc ?
— Je n’en sais rien, mais j’en suis sûr.
— Hélas, vous avez raison. Tout d’abord la jeune fille ne voulait pas venir à l’appareil, j’ai tellement insisté qu’elle a fini par s’y décider. Eh bien, comme vous le supposiez elle m’a envoyé promener, m’a déclaré que le moment n’était pas venu, mais là, pas du tout, de s’occuper de cette chose.
— Qu’est-ce que je vous disais ?
— Seulement, reprit Pérouzin, elle m’a appris du nouveau. Figurez-vous qu’Hervé Martel a été assassiné hier soir.
— Assassiné, par qui ?
— On n’en sait rien.
— Mon Dieu, songea l’ancien prêtre, pourvu que nous ne soyons pas encore chargés de cette affaire.
Cependant Nalorgne avait tiré de sa poche le mandat d’amener que lui avait remis M. Havard :
— Savez-vous, demanda-t-il, quel nom je dois mettre là ?
— Non, le mien ?
— Celui de Prosper.
— Sous quelle inculpation ?
— Les vols des maisons de commerce, et peut-être l’affaire de l’avenue Niel.
— Si vous arrêtez Prosper, il mangera le morceau.
— Que faire ? dit Nalorgne.
— Que faire ? répéta Pérouzin.
***
Une heure après cet échange de vues, Nalorgne et Pérouzin arrivaient rue Saint-Ferdinand et montaient à l’appartement loué au nom d’Irma de Steinkerque et dans lequel l’ancien cocher Prosper avait élu domicile, passant le plus clair de son temps avec sa nouvelle maîtresse.
Il était onze heures du matin lorsqu’ils sonnèrent. Une vieille femme de ménage qui venait leur ouvrir demeurait interdite à la vue de ces deux personnages, gravement boutonnés dans leur redingote et coiffés de chapeaux hauts-de-forme surannés.
— Des huissiers, dit-elle, et elle allait leur claquer la porte au nez.
Mais Nalorgne l’en empêcha :
— N’ayez aucune crainte, ma bonne dame, lui dit-il, nous sommes des amis de Madame et de Monsieur, nous voudrions bien les voir. Annoncez-nous.
Ils furent introduits au salon et, un instant plus tard, la femme de ménage revenait.
— Madame va venir. Monsieur est absent.
— Bonne affaire, dit Nalorgne, si Prosper n’est pas là nous gagnons du temps.
Irma de Steinkerque apparut enveloppée d’un grand peignoir rose, le visage couvert de poudre de riz.
— Excusez mon négligé, mes chers amis, déclara-t-elle, en saluant d’un bienveillant sourire Nalorgne et Pérouzin qui s’étaient levés, comme mus par un ressort à l’entrée de la majestueuse personne.