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LArrache-Ceur

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LArrache-Ceur
Название: LArrache-Ceur
Автор: Vian Boris
Дата добавления: 16 январь 2020
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LArrache-Ceur - читать бесплатно онлайн , автор Vian Boris

Cl?mentine met au monde des tripl?s. Mais la souffrance que lui a inflig? cette grossesse et ces naissances la poussent ? ne plus adresser la parole ? son mari, Angel. Elle l'emp?che ensuite de participer ? l'?ducation des enfants. Cl?mentine reporte alors sur ses enfants son besoin d'aimer, et est hant?e par l'id?e qu'il pourrait leur arriver quelque chose. Pour lutter, elle arrache les arbres du jardin, se cr?ant une sorte de 'mur de protection'… Mais nous, qui restons sur la rive, nous voyons que Boris Vian d?crit simplement notre monde. En prenant chacun de nos mots habituels au pied de la lettre, il nous r?v?le le monstrueux pays qui nous entoure, celui de nos d?sirs les plus implacables, o? chaque amour cache une haine, o? les hommes r?vent de navires, et les femmes de murailles.

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– Oui, dit-il. Je les trouve bizarres. Mais je suppose que leur mentalité s'éclairera pour moi quand je les connaîtrai mieux. Après tout, je serais aussi surpris ailleurs. Je suis neuf.

– Sans doute, assura Angel distrait.

Un oiseau passa en flèche devant le cadre de la fenêtre. Jacquemort le suivit du regard.

– Naturellement, dit-il, changeant brusquement de sujet, vous n'aimeriez pas vous laisser psychanalyser?

– Non, dit Angel. Je n'aimerais certainement pas ça. Je ne suis pas intéressant, d'ailleurs. Je suis intéressé. C'est différent.

– Par quoi? demanda Jacquemort, qui faisait des efforts terribles pour entretenir la conversation.

– Par tout et rien, dit Angel. Par la vie. J'aime à vivre.

– C'est une chance, murmura Jacquemort. Il but d'un trait ce qui restait dans son verre.

– C'est bon, ça, remarqua-t-il. Je peux en reprendre?

– Faites comme chez vous, dit Angel. Ne vous gênez pas.

– Je vais voir votre femme, dit Jacquemort, en se levant. Elle doit s'ennuyer toute seule.

– Mais oui, dit Angel. Certainement. Repassez me prendre, je sortirai la voiture et nous irons chercher les lits.

– A tout à l'heure, dit Jacquemort, qui sortit de la pièce et se dirigea vers l'escalier.

Il toqua discrètement à la porte de Clémentine et elle répondit qu'on entrât. Ce qu'il fit.

Dans le lit de Clémentine, il y avait Clémentine et les trois bébés. Deux à droite, et un à gauche.

– C'est moi, dit Jacquemort. Je venais voir si vous n'avez besoin de rien.

– De rien, dit-elle. Les lits seront bientôt prêts?

– Ils doivent déjà l'être, dit Jacquemort.

– Comment sont-ils? demanda-t-elle.

– Heu…, répondit le psychiatre. Je crois qu'il les a faits plus ou moins à son idée. Deux places face à la route et l'autre en travers.

– Plus grande, interrogea Clémentine.

– Je le lui ai dit, se contenta de préciser Jacquemort prudent.

– Vous êtes installé comme il faut? demanda Clémentine après un temps de réflexion.

– Je suis très bien, assura Jacquemort.

– Vous n'avez besoin de rien?

– De rien…

Un des salopiots commençait à remuer et à prendre l'air gêné. Il y eut dans son ventre comme un brusque bruit de dégringolade, et sa petite figure de singe se décontracta. Clémentine souriait. Elle lui tapota le ventre.

– Là… Là…, dit-elle. C'est une petite colique, mon bonhomme.

Le second commençait à geindre. Clémentine leva les yeux vers la pendule puis regarda Jacquemort.

– C'est l'heure de la tétée, dit-elle.

– Je vous laisse, murmura Jacquemort. Il sortit sans bruit.

Clémentine saisit le nourrisson et le regarda. C'était Noël. Sa bouche se tirait vers les coins et il en sortait un grincement grelottant. Vite elle le reposa et dégagea un sein. Puis, reprenant l'enfant, elle l'en approcha. Il se mit à aspirer à perdre haleine. Alors, d'un geste vif, elle l'éloigna du mamelon. Un petit filet de lait s'éleva en parabole et retomba sur le globe ferme. Rendu furieux par le geste de Clémentine, Noël hurla. Elle le rapprocha et il se remit à boire, geignant encore, avec une avidité affolée. De nouveau elle le souleva.

Il cria de plus belle. Clémentine était intéressée. Elle recommença. Quatre fois. Fou de rage, Noël prenait une teinte violette. Et soudain, il parut étouffer. Il avait la bouche horriblement distendue sur un cri silencieux et des larmes roulaient le long de ses joues noires de colère. Clémentine eut une peur terrible, subite, et le secoua.

– Noël… Noël…, allons…

Elle s'affolait de plus en plus. Elle allait appeler. Et puis, brusquement, Noël retrouva son souffle pour un nouveau hurlement. Très vite, les mains tremblantes, elle lui rendit le sein.

Aussitôt calmé, il se remit à boire, goulûment.

Elle passa la main sur son front moite. Elle ne recommencerait plus.

Enfin repu, Noël s'arrêta quelques minutes après. Il déglutit à vide, rota un petit coup et sombra presque immédiatement dans un sommeil encore coupé de gros soupirs.

Lorsqu'elle prit le dernier, elle s'aperçut qu'il la regardait. Avec ses cheveux frisés et ses yeux bien ouverts, il était inquiétant, profond comme un petit dieu étranger. Il souriait d'un drôle de sourire de connivence.

Il but sa tournée. De temps en temps, il s'arrêtait, la regardait et, continuant à la fixer, gardait, sans avaler, le bout du sein dans sa bouche.

Quand il eut fini, elle le reposa à sa gauche et lui tourna le dos. Les respirations frêles bruissaient dans la chambre.

Encore perturbée, elle s'étira et se remit au vague. Des trois maillots montait l'odeur aigre de la sueur. Elle fit un mauvais rêve.

XIV

Angel venait de sortir la voiture du garage et il attendait que Jacquemort le rejoigne. Le psychiatre s'attardait à contempler le merveilleux panorama, la mer violette et le ciel de fumée brillante, les arbres et les fleurs du jardin, et la maison, blanche et stable au milieu de l'orgie de couleurs.

Jacquemort cueillit une petite fleur jaune et monta près d'Angel. C'était une vieille voiture solide, carrossée en canadienne, peu confortable mais sûre. L'arrière était ouvert, retenu par deux chaînes et l'air frais circulait abondamment.

– Quel pays! dit Jacquemort. Quelles fleurs! Quelle beauté! Quels!…

– Oui, dit Angel.

Il accéléra sur le chemin poudreux. Un nuage s'élevait derrière la voiture et retombait sur l'herbe spongieuse à laquelle Jacquemort s'était accoutumé.

Une chèvre, sur le bord de la route, fit un signe avec ses cornes et Angel s'arrêta.

– Monte, dit-il à l'animal. La chèvre sauta dans la voiture et s'assit sur le plateau, derrière eux.

– Elles font toutes de l'auto-stop, expliqua Angel. Comme je n'ai aucune raison de me mettre en mauvais termes avec les paysans…

Il n'acheva pas sa phrase.

– Je vois, dit Jacquemort.

Un peu plus loin, ils chargèrent un cochon. Les deux animaux descendirent à l'entrée du village et se dirigèrent chacun vers sa ferme.

– Quand ils se tiennent tranquilles, dit encore Angel, ils ont le droit d'aller se promener. Sinon, on les punit et on les bat. Et on les enferme. Et on les mange sans autre forme de procès.

– Oui…, dit Jacquemort abruti.

La voiture d'Angel s'arrêta devant la menuiserie. Les deux hommes descendirent. Il y avait maintenant dans le petit bureau une oblongue caisse. Le corps de l'apprenti, occupé la veille à tailler la poutre de chêne, y reposait, mince et blême, mal recouvert d'un vieux sac.

– Il y a quelqu'un? cria Angel en cognant sur la table. Le menuisier parut. Dans l'atelier, on entendait des coups comme hier. Un autre apprenti sans doute. L'homme s'essuya le nez d'un revers de manche.

– Tu viens chercher tes lits? demanda-t-il à Angel.

– Oui, dit Angel.

– Ben, prends-les, dit l'homme. Ils sont là. Il désigna l'atelier.

– Viens m'aider, dit Angel.

Ils disparurent tous les deux. Jacquemort écarta une grosse mouche qui bourdonnait en cercle autour de la tête pâle de l'enfant mort.

Le menuisier et Angel mirent les lits dans la voiture. Ils étaient démontés en panneaux.

– Tu me prends ça, dit le menuisier, en montrant la caisse où gisait l'apprenti.

– Bon, dit Angel. Charge-la.

Le menuisier souleva la caisse et la mit dans la voiture. Ils repartirent et, peu après, longèrent le ruisseau rouge. Angel s'arrêta, descendit et prit la caisse. Elle était légère et pas très grande. Sans effort il la souleva et la porta jusqu'au ruisseau. Puis il la bascula dans l'eau. Le bois coula aussitôt à pic. Le corps de l'enfant surnageait, immobile, emporté par le cours lent du ruisseau, comme par une nappe de cire figée.

Les planches s'entrechoquaient dans la voiture, au gré des cahots de la route.

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