LEncyclopedie du savoir relatif et absolu
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Edmond Wells m?ne un projet ambitieux: r?unir dans un livre l'ensemble des savoirs de son ?poque. Il y aborde plusieurs th?mes allant de la physique quantique aux recettes de cuisine en passant par la spiritualit?.
Quand vous ?tiez petit, d?montiez-vous vos jouets pour comprendre comment ils fonctionnaient, cherchiez-vous ? comprendre pourquoi le brouillard reculait toujours quand vous marchiez vers lui, regardiez-vous derri?re le t?l?viseur pour trouver d'o? venaient les images?
Ami(e)s visc?ralement curieux, ce livre est fait pour vous! Aux antipodes de l'aust?rit? traditionnellement propre aux encyclop?dies, truff? d'anecdotes et de r?flexions ?tonnantes, il ne semble servir qu'une seule cause: aborder de fa?on ludique un peu tous les sujets, sans logique ni rigueur, presque avec d?sinvolture, pour le plus grand plaisir de nos m?ninges bouillonnantes. De l'histoire, de la philosophie, des math?matiques, et m?me de la cuisine, les pages rec?lent un m?lange agr?able de connaissances d'un nouveau genre… Que l'on effeuille avec plaisir.
Bref, une encyclop?die version souffl? au chocolat!
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O rdre
L'ordre génère le désordre, le désordre génère l'ordre. En théorie, si on brouille un úuf pour en faire une omelette, il existe une probabilité infime que l'omelette puisse reprendre la forme de l'oeuf dont elle est issue. Mais cette probabilité existe. Et plus on introduira de désordre dans cette omelette, plus on multipliera les chances de retrouver l'ordre de l'oeuf initial.
L'ordre n'est donc qu'une combinaison de désordres. Plus notre univers ordonné se répand, plus il entre en désordre. Désordre qui, se répandant lui-même, génère des ordres nouveaux dont rien n'exclut que l'un ne puisse être identique à l'ordre primitif. Droit devant nous, dans l'espace et dans le temps, au bout de notre univers chaotique se trouve, qui sait, le Big Bang originel.
E re du cortex
Le langage montre le mouvement de l'évolution de notre cerveau. Au départ, il n'existait que peu de mots mais les intonations permettaient d'en préciser le sens. C'était le cerveau des émotions, le système limbique, qui permettait de se faire comprendre. De nos jours, le vocabulaire est vaste si bien que l'on n'a plus besoin d'intonations pour préciser une nuance exacte. Le vocabulaire est fabriqué par notre cortex. Nous utilisons le langage des raisonnements, des systèmes de logique, des mécanismes automatiques de pensée.
Le langage n'est qu'un symptôme. Notre évolution va du cerveau reptilien vers le système limbique et du système limbique vers le cortex. Nous sommes en train de vivre le règne de l'intelligence cortexienne. Le corps est oublié, tout devient raisonné. C'est pourquoi on voit apparaître tant de maladies psychosomatiques (la raison ou la déraison agit sur la chair). Plus nous avancerons, davantage les gens consulteront le psychanalyste et le psychiatre. Ce sont eux les médecins du cortex. Donc les médecins du futur.
D e l'intérêt de la différence
On a longtemps cru que c'était le spermatozoïde le plus rapide qui réussissait à féconder l'ovule. Il n'en est rien. Plusieurs centaines de spermatozoïdes parviennent en même temps autour de l'oeuf. Et ils restent là à attendre, dandinant de la flagelle. Un seul d'entre eux sera élu.
C'est donc l'ovule qui choisit le spermatozoïde gagnant parmi toute la masse de spermatozoïdes quémandeurs qui se pressent à sa porte. Selon quels critères? Les chercheurs se sont longtemps posés la question. Ils ont récemment trouvé la solution: l'ovule jette son dévolu sur "celui qui présente les caractères génétiques les plus différents des siens". Question de survie. L'ovule ignore qui sont les deux partenaires qui s'étreignent au-dessus de lui, alors il cherche tout simplement à éviter les problèmes de consanguinité. La nature veut que nos chromosomes tendent à s'enrichir de ce qui leur est différent et non de ce qui leur est similaire.
Idéosphère
Les idées sont comme des êtres vivants. Elles naissent, elles croissent, elles prolifèrent, elles sont confrontées à d'autres idées et elles finissent par mourir.
Et si les idées comme les animaux avaient leur propre évolution? Et si les idées se sélectionnaient entre elles pour éliminer les plus faibles et reproduire les plus fortes comme dans la théorie d'évolution darwinienne?
Dans "Le Hasard et la Nécessité", en 1970, Jacques Monod émet l'hypothèse que les idées peuvent disposer d'une autonomie propre et, comme les êtres organiques, souhaiter se reproduire et se multiplier.
En 1976, dans "Le Gène égoïste", Richard Dawkins évoque le concept d'"Idéosphère". Cette idéosphère serait au monde des idées ce que la biosphère est au monde des animaux.
Dawkins écrit ainsi: "Lorsque vous plantez une idée fertile dans mon esprit, vous parasitez littéralement mon cerveau, le transformant en véhicule pour la propagation de cette idée". Et il cite à l'appui le concept de Dieu, une idée qui est née un beau jour et n'a plus cessé ensuite d'évoluer et de se propager, relayée et amplifiée par la parole, l'écriture, puis la musique, puis l'art, les prêtres la reproduisant et l'interprétant de façon à l'adapter à l'espace et au temps dans lesquels ils vivent.
Mais les idées, plus que les êtres vivants, mutent vite. Par exemple l'idée de communisme, issue de l'esprit de Karl Marx, s'est répandue dans un temps très court dans l'espace jusqu'à toucher la moitié de la planète. Elle a évolué, a muté, puis s'est finalement réduite pour ne concerner que de moins en moins de personnes à la manière d'une espèce animale en voie de disparition.
Mais simultanément, elle a contraint l'idée de "capitalisme à l'ancienne" à muter, elle aussi.
Du combat des idées dans l'idéosphère surgit notre civilisation.
Actuellement les ordinateurs sont en passe de donner aux idées une accélération de mutation. Grâce à Internet, une idée peut se répandre plus vite dans l'espace et le temps et être plus rapidement encore confrontée à ses rivales ou à ses prédatrices.
C'est excellent pour répandre les bonnes idées mais les mauvaises sont elles aussi propagées car la notion d'idée ne comporte pas de connotation"morale".
En biologie également d'ailleurs, l'évolution n'obéit pas à une morale. Voilà pourquoi il faut peut-être réfléchir à deux fois avant de répandre les idées qui "traînent", car elles sont désormais plus puissantes que les hommes qui les inventent et que ceux qui les véhiculent.
Enfin, c'est juste une idée…
N oosphère
L'hémisphère gauche de notre cerveau est dévolu à la logique, c'est le cerveau du chiffre. L'hémisphère droit de notre cerveau droit est dévolu à l'intuition, c'est le cerveau de la forme. Pour une même information, chaque hémisphère aura une perception différente pouvant déboucher sur des conclusions absolument contraires.
Il semblerait que, la nuit seulement, l'hémisphère droit, conseiller inconscient, par l'entremise des rêves, donne son avis à l'hémisphère gauche, réalisateur conscient, à la manière d'un couple dans lequel la femme, intuitive, glisserait furtivement son opinion à son mari, matérialiste.
Selon le savant russe Vladimir Vernadski (aussi inventeur du mot "biosphère") et le philosophe français Teilhard de Chardin, ce cerveau droit intuitif serait doté d'un autre don encore, celui de pouvoir se brancher sur ce qu'ils nomment la "Noosphère". La Noosphère pourrait être représentée comme un grand nuage cernant la planète tout comme l'atmosphère. Ce nuage sphérique immatériel serait composé de tous les inconscients humains émis par les cerveaux droits. L'ensemble constituerait un grand ensemble, l'Esprit humain global en quelque sorte.
C'est ainsi que nous croyons imaginer ou inventer des choses alors qu'en fait, c'est tout simplement notre cerveau droit qui va les chercher dans la Noosphère. Et lorsque notre cerveau gauche écoute attentivement notre cerveau droit, l'information passe et débouche sur une idée apte à se concrétiser en actes.
Selon cette hypothèse, un peintre, un musicien, un inventeur ou un romancier ne seraient donc que cela: des récepteurs radio capables d'aller avec leur cerveau droit puiser dans l'inconscient collectif puis de laisser communiquer hémisphères droit et gauche suffisamment librement pour qu'ils parviennent à mettre en œuvre ces concepts qui traînent dans la Noosphère à la disposition de tous.