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La Dame de Monsoreau Tome II

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La Dame de Monsoreau Tome II
Название: La Dame de Monsoreau Tome II
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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La Dame de Monsoreau Tome II - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Le dimanche gras de l'ann?e 1578, apr?s la f?te du populaire, et tandis que s'?teignaient dans les rues les rumeurs de la joyeuse journ?e, commen?ait une f?te splendide dans le magnifique h?tel que venait de se faire b?tir, de l'autre c?t? de l'eau et presque en face du Louvre, cette illustre famille de Montmorency qui, alli?e ? la royaut? de France, marchait l'?gale des familles princi?res. Cette f?te particuli?re, qui succ?dait ? la f?te publique, avait pour but de c?l?brer les noces de Fran?ois d'Epinay de Saint-Luc, grand ami du roi Henri III et l'un des favoris les plus intimes, avec Jeanne de Coss?-Brissac, fille du mar?chal de France de ce nom. Le repas avait eu lieu au Louvre, et le roi, qui avait consenti ? grand-peine au mariage, avait paru au festin avec un visage s?v?re qui n'avait rien d'appropri? ? la circonstance …' 'La Dame de Monsoreau' est, ? la suite de 'La Reine Margot', le deuxi?me volet du somptueux ensemble historique que Dumas ?crivit sur la Renaissance.

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François, de son côté, s'ennuyait mortellement, de cet ennui terrible doublé d'inquiétudes, et, il faut le dire, la conversation de ces messieurs n'était pas faite pour le distraire.

– Vois-tu, disait Quélus à Maugiron d'un bout de la chambre à l'autre, et comme si le prince n'eût point été là, vois-tu, Maugiron, je commence, depuis une heure seulement, à apprécier notre ami Valois; en vérité, c'est un grand politique.

– Explique ton dire, répondit Maugiron en se carrant dans une chaise longue.

– Le roi a parlé tout haut de la conspiration, donc il la dissimulait; s'il la dissimulait, c'est qu'il la craignait; s'il en a parlé tout haut, c'est qu'il ne la craint plus.

– Voilà qui est logique, répondit Maugiron.

– S'il ne la craint plus, il va la punir; tu connais Valois: il brille certainement par un grand nombre de qualités, mais sa resplendissante personne est assez obscure à l'endroit de la clémence.

– Accordé.

– Or, s'il punit la susdite conspiration, ce sera par un procès; s'il y a procès, nous allons jouir, sans nous déranger, d'une seconde représentation de l'affaire d'Amboise.

– Beau spectacle, morbleu!

– Oui, et dans lequel nos places sont marquées d'avance, à moins que…

– À moins que… c'est possible encore… à moins qu'on ne laisse de côté les formes judiciaires, à cause de la position des accusés, et qu'on arrange cela sous le manteau de la cheminée, comme on dit.

– Je suis pour ce dernier avis, dit Maugiron; c'est assez comme cela que se traitent d'habitude les affaires de famille, et cette dernière conspiration est une véritable affaire de famille.

Aurilly lança un coup d'œil inquiet au prince.

– Ma foi, dit Maugiron, je sais une chose, moi: c'est qu'à la place du roi je n'épargnerais pas les grosses têtes, en vérité, parce qu'ils sont deux fois plus coupables que les autres en se permettant de conspirer; ces messieurs se croient toute conspiration permise. Je dis donc que j'en sanglerais un ou deux, un surtout, mais là, carrément; puis je nouerais tout le fretin. La Seine est profonde au devant de Nesle, et à la place du roi, parole d'honneur, je ne résisterais pas à la tentation.

– En ce cas, dit Quélus, je crois qu'il ne serait point mal de faire revivre la fameuse invention des sacs.

– Et quelle était cette invention? demanda Maugiron.

– Une fantaisie royale qui date de 1350 à peu près; voici la chose: on enfermait un homme dans un sac en compagnie de trois ou quatre chats, puis on jetait le tout à l'eau. Les chats, qui ne peuvent pas souffrir l'humidité, ne se sentaient pas plutôt dans la Seine qu'ils s'en prenaient à l'homme de l'accident qui leur arrivait; alors il se passait dans ce sac des choses que malheureusement on ne pouvait pas voir.

– En vérité, dit Maugiron, tu es un puits de science, Quélus, et ta conversation est des plus intéressantes.

– On pourrait ne pas appliquer cette invention aux chefs: les chefs ont toujours droit de réclamer le bénéfice de décapitation en place publique ou de l'assassinat dans quelque coin; mais comme tu le disais, au fretin, et par le fretin j'entends les favoris, les écuyers, les maîtres d'hôtel, les joueurs de luth…

– Messieurs! balbutia Aurilly pâle de terreur.

– Ne réponds donc pas, Aurilly, dit François, cela ne peut s'adresser à moi ni par conséquent à ma maison: on ne raille pas les princes du sang en France.

– Non, on les traite plus sérieusement, dit Quélus, on leur coupe le cou; Louis XI ne s'en privait pas, lui, le grand roi! témoin M. de Nemours.

Les mignons en étaient là de leur dialogue, lorsqu'on entendit du bruit dans le salon; puis la porte de la chambre s'ouvrit, et le roi parut sur le seuil.

François se leva.

– Sire, s'écria-t-il, j'en appelle à votre justice du traitement indigne que me font subir vos gens.

Mais Henri ne parut ni avoir vu ni avoir entendu son frère.

– Bonjour, Quélus, dit Henri en baisant son favori sur les deux joues; bonjour, mon enfant, la vue me réjouit l'âme; et toi, mon pauvre Maugiron, comment allons-nous?

– Je m'ennuie à périr, dit Maugiron; j'avais cru, quand je me suis chargé de garder votre frère, sire, qu'il était plus divertissant que cela. Fi! l'ennuyeux prince! est-ce bien le fils de votre père et de votre mère?

– Sire, vous l'entendez, dit François, est-il donc dans vos intentions royales que l'on insulte ainsi votre frère?

– Silence, monsieur, dit Henri sans se retourner, je n'aime pas que mes prisonniers se plaignent.

– Prisonnier tant qu'il vous plaira, mais ce prisonnier n'en est pas moins votre…

– Le titre que vous invoquez est justement celui qui vous perd dans mon esprit. Mon frère, coupable, est coupable deux fois.

– Mais s'il ne l'est pas?

– Il l'est!

– De quel crime?

– De m'avoir déplu, monsieur.

– Sire, dit François humilié, nos querelles de famille ont-elles besoin d'avoir des témoins?

– Vous avez raison, monsieur. Mes amis, laissez-moi donc causer un instant avec monsieur mon frère.

– Sire, dit tout bas Quélus, ce n'est pas prudent à Votre Majesté de rester entre deux ennemis.

– J'emmène Aurilly, dit Maugiron à l'autre oreille du roi.

Les deux gentilshommes emmenèrent Aurilly, à la fois brûlant de curiosité et mourant d'inquiétude.

– Nous voici donc seuls, dit le roi.

– J'attendais ce moment avec impatience, sire.

– Et moi aussi, Ah! vous en voulez à ma couronne, mon digne Étéocle; ah! vous vous faisiez de la Ligue un moyen et du trône un but. Ah! l'on vous sacrait dans un coin de Paris, dans une église perdue, pour vous montrer tout à coup aux Parisiens tout reluisant d'huile sainte?

– Hélas! dit François, qui sentait peu à peu la colère du roi, Votre Majesté ne me laisse pas parler.

– Pourquoi faire? dit Henri, pour mentir, ou pour me dire du moins des choses que je sais aussi bien que vous? Mais non, vous mentiriez, mon frère; car l'aveu de ce que vous avez fait, ce serait l'aveu que vous méritez la mort. Vous mentiriez, et c'est une honte que je vous épargne.

– Mon frère, mon frère, dit François éperdu, est-ce bien votre intention de m'abreuver de pareils outrages?

– Alors, si ce que je vous dis peut être tenu pour outrageant, c'est moi qui mens, et je ne demande pas mieux que de mentir. Voyons, parlez, parlez, j'écoute; apprenez-nous comment vous n'êtes pas un déloyal, et, qui pis est, un maladroit.

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