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Sapho

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Sapho
Название: Sapho
Автор: Daudet Alphonse
Дата добавления: 16 январь 2020
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Sapho читать книгу онлайн

Sapho - читать бесплатно онлайн , автор Daudet Alphonse

Alphonse Daudet n'a pas seulement chant? la Provence perdue de son enfance. Dans Sapho, c'est un Paris bien incarn? qu'il met en sc?ne, celui de la boh?me artistique de son temps, se consumant dans l'ivresse de la f?te et des conqu?tes d'un soir. Jean, jeune proven?al fra?chement mont? ? Paris, s'?prend d'une tr?s belle femme – mod?le – connue sous le nom de Sapho. Sera-ce une de ces liaisons sans lendemain? Sapho n'est plus jeune et pressent qu'elle vit son dernier amour, mais, pour Jean, c'est le premier. D?calage du temps, d?saccord des ?mes… Trente ans avant le Ch?ri de Colette, Daudet a l'intuition magistrale de " ce genre d'amours auxquels le sentiment maternel ajoute une dimension d?licieuse et dangereuse "

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Elle en parlait gaiement du sacrifice, en femme qu’il n’étonne plus, et avec un si facile entraînement que Jean, traversé d’une idée subite, lui répondit sur le même ton:

– On se sacrifiera, Divonne…

Le jour même, il écrivit à Fanny que ses parents ne pouvaient lui continuer sa pension, qu’il serait réduit aux appointements ministériels et que, dans ces conditions, la vie à deux devenait impossible. C’était rompre plus tôt qu’il n’avait pensé, trois ou quatre ans avant le départ prévu; mais il comptait que sa maîtresse accepterait ces raisons graves, qu’elle aurait pitié de lui et de sa peine, l’aiderait dans cet accomplissement douloureux d’un devoir.

était-ce bien un sacrifice? Ne fut-il pas au contraire soulagé d’en finir avec une existence qui lui semblait odieuse et malsaine, depuis surtout qu’il était rendu à la nature, à la famille, aux affections simples et droites?… Sa lettre écrite sans lutte ni souffrance, il compta, pour le défendre contre une réponse qu’il prévoyait furieuse, pleine de menaces et d’extravagances, sur la tendresse honnête et fidèle des braves cœurs qui l’entouraient, l’exemple de ce père droit et fier entre tous, sur le sourire candide des petites saintes femmes, et aussi sur ces grands horizons paisibles, aux saines émanations de montagnes, ce ciel en hauteur, ce fleuve rapide et entraînant; car en songeant à sa passion, à toutes les vilenies dont elle était faite, il lui semblait sortir d’une fièvre pernicieuse comme on en gagne à la buée des terrains marécageux.

Cinq ou six jours se passèrent dans le silence du grand coup porté. Matin et soir, Jean allait à la poste et revenait les mains vides, singulièrement troublé. Que faisait-elle? Qu’avait-elle décidé, et, en tout cas, pourquoi ne pas répondre? Il ne pensait qu’à cela. Et la nuit, tout le monde dormant à Castelet avec le bruit berceur du vent par les longs corridors, ils en causaient, Césaire et lui, dans sa petite chambre.

«Elle est dans le cas d’arriver!…» disait l’oncle; et son inquiétude se doublait de ceci, qu’il avait dû mettre sous l’enveloppe de la rupture deux billets, à six mois et à un an, réglant sa dette avec les intérêts. Comment les payerait-il ces billets? Comment expliquer à Divonne?… Il frissonnait rien que d’y penser et faisait peine à son neveu, quand, le nez allongé et secouant sa pipe, la veillée finie, il lui disait tristement:

– Allons, bonsoir… de toute manière c’est très bien ce que tu as fait là.

Enfin elle arriva cette réponse, et dès les premières lignes: «Mon homme chéri, je ne t’ai pas écrit plus tôt, parce que je tenais à te prouver autrement que par des paroles à quel point je te comprends et je t’aime…», Jean s’arrêta, surpris comme un homme qui entend une symphonie à la place de la chamade qu’il redoutait. Il tourna vite la dernière page, où il lut «… rester jusqu’à la mort ton chien qui t’aime, que tu peux battre, et qui te caresse passionnément…».

Elle n’avait donc pas reçu sa lettre! Mais, reprise ligne à ligne et les larmes aux yeux, celle-ci était bien une réponse, disait bien que Fanny s’attendait depuis longtemps à cette mauvaise nouvelle, à la détresse de Castelet amenant l’inévitable séparation. Tout de suite elle s’était mise en quête d’une occupation pour ne plus rester à sa charge, et elle avait trouvé la gérance d’un hôtel meublé, avenue du Bois-de-Boulogne, au compte d’une dame très riche. Cent francs par mois, nourrie, logée et la liberté des dimanches…

«Tu entends, mon homme, tout un jour par semaine pour nous aimer; car tu voudras bien encore, dis? Tu me récompenseras du grand effort que je fais de travailler pour la première fois de ma vie, de cet esclavage de nuit et de jour que j’accepte, avec des humiliations que tu ne peux te figurer et qui seront bien lourdes à ma folie d’indépendance… Mais j’éprouve un contentement extraordinaire à souffrir par amour de toi. Je te dois tant, tu m’as fait comprendre tant de bonnes et honnêtes choses dont personne ne m’avait jamais parlé!… Ah! si nous nous étions rencontrés plus tôt!… Mais tu ne marchais pas encore, que déjà je roulais dans les bras des hommes. Pas un de ceux-là, toujours, ne pourra se vanter de m’avoir inspiré une résolution pareille pour le garder encore un petit peu… Maintenant, reviens quand tu voudras, l’appartement est libre. J’ai ramassé toutes mes affaires; c’était ça le plus dur, secouer les tiroirs et les souvenirs. Tu ne trouveras que mon portrait qui ne te coûtera rien, lui; seulement les bons regards que je mendie en sa faveur. Ah! m’ami, m’ami… Enfin, si tu me gardes mon dimanche et ma petite place dans ton cou… ma place, tu sais…» Et des tendresses, des câlineries, une voluptueuse lècherie de mère chatte, de ces mots de passion qui faisaient l’amant frôler son visage au papier satiné, comme si la caresse s’en dégageait humaine et tiède.

– Elle ne parle pas de mes billets? demanda timidement l’oncle Césaire.

– Elle vous les renvoie… Vous la rembourserez quand vous serez riche…

L’oncle eut un soupir soulagé, les tempes froncées de contentement, et avec une gravité prudhommesque, sa forte intonation méridionale:

– Té! veux-tu que je te dise… Cette femme-là, c’est une sainte.

Puis, passant à un autre ordre d’idées, par cette mobilité, ce manque de logique et de mémoire, une des cocasseries de sa nature:

– Et quelle passion, mon bon, quel feu! J’en ai la bouche sèche, comme quand Courbebaisse me lisait la correspondance de la Mornas…

Une fois encore, Jean dut subir le premier voyage à Paris, l’hôtel Cujas, Pellicule; mais il n’entendait pas, accoudé à la fenêtre ouverte sur la nuit apaisée, baignée d’une lune pleine, tellement brillante, que les coqs s’y trompaient et la saluaient comme le jour levant.

Ainsi donc c’était vrai cette rédemption par l’amour dont parlent les poètes; et il éprouvait une fierté à songer que tous ces grands, ces illustres que Fanny avait aimés avant lui, loin de la régénérer, la dépravaient davantage, tandis que lui, par la seule force de son honnêteté, la tirerait peut-être du vice pour toujours.

Il lui était reconnaissant d’avoir trouvé ce moyen terme, cette demi-rupture où elle prendrait les nouvelles habitudes de travail si difficiles à sa nature indolente; et sur un ton paternel, de vieux monsieur, il lui écrivit le lendemain pour encourager sa réforme, s’inquiéter du genre d’hôtel qu’elle gérait, du monde qui venait là; car il se méfiait de son indulgence et de sa facilité à dire en se résignant: «Qu’est-ce que tu veux? c’est comme ça…»

Courrier par courrier, avec une docilité de petite fille, Fanny lui fit le tableau de son hôtel, vraie maison de famille habitée par des étrangers. Au premier, des Péruviens, père et mère, enfants et domestiques nombreux; au second, des Russes et un riche Hollandais, marchand de corail. Les chambres du troisième logeaient deux écuyers de l’Hippodrome, chic anglais, très comme il faut, et le plus intéressant petit ménage, Mlle Minna Vogel, cithariste de Stuttgart, avec son frère Léo, un pauvre petit poitrinaire, obligé d’interrompre ses études de clarinette au Conservatoire de Paris, et que la grande sœur était venue soigner, sans autre ressource que le produit de quelques concerts pour payer l’hôtel et la pension.

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