-->

Sapho

На нашем литературном портале можно бесплатно читать книгу Sapho, Daudet Alphonse-- . Жанр: Классическая проза. Онлайн библиотека дает возможность прочитать весь текст и даже без регистрации и СМС подтверждения на нашем литературном портале bazaknig.info.
Sapho
Название: Sapho
Автор: Daudet Alphonse
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 297
Читать онлайн

Sapho читать книгу онлайн

Sapho - читать бесплатно онлайн , автор Daudet Alphonse

Alphonse Daudet n'a pas seulement chant? la Provence perdue de son enfance. Dans Sapho, c'est un Paris bien incarn? qu'il met en sc?ne, celui de la boh?me artistique de son temps, se consumant dans l'ivresse de la f?te et des conqu?tes d'un soir. Jean, jeune proven?al fra?chement mont? ? Paris, s'?prend d'une tr?s belle femme – mod?le – connue sous le nom de Sapho. Sera-ce une de ces liaisons sans lendemain? Sapho n'est plus jeune et pressent qu'elle vit son dernier amour, mais, pour Jean, c'est le premier. D?calage du temps, d?saccord des ?mes… Trente ans avant le Ch?ri de Colette, Daudet a l'intuition magistrale de " ce genre d'amours auxquels le sentiment maternel ajoute une dimension d?licieuse et dangereuse "

Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала

1 ... 8 9 10 11 12 13 14 15 16 ... 48 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:

Elle sautait sur lui, arrachait et jetait au feu toute la liasse, sans qu’il eût compris d’abord même en la voyant à ses genoux, empourprée du reflet de la flamme et de la honte de son aveu:

– J’étais jeune, c’est Caoudal… ce grand fou… Je faisais ce qu’il voulait.

Alors seulement il comprit, devint très pâle.

– Ah! oui… Sapho… toute la lyre…

Et la repoussant du pied, comme une bête immonde:

– Laisse-moi, ne me touche pas, tu me soulèves le cœur…

Son cri se perdit dans un effroyable grondement de tonnerre, tout proche et prolongé, en même temps qu’une lueur vive éclairait la chambre… Le feu!… Elle se dressa épouvantée, prit machinalement la carafe restée sur la table, la vida sur cet amas de papiers dont la flamme embrasait les suies du dernier hiver, puis le pot à l’eau, les cruches, et se voyant impuissante, des flammèches voletant jusqu’au milieu de la chambre, elle courut au balcon en criant:

– Au feu! au feu!

Les Hettéma arrivèrent les premiers, ensuite le concierge, les sergents de ville. On criait:

– Baissez la plaque!… montez sur le toit!… De l’eau, de l’eau!… non, une couverture!…

Atterrés, ils regardaient leur intérieur envahi et souillé; puis, l’alerte finie, le feu éteint, quand le noir attroupement en bas, sous le gaz de la rue, se fut dissipé, les voisins rassurés, rentrés chez eux, les deux amants au milieu de ce gâchis d’eau, de suie en boue, de meubles renversés et ruisselants, se sentirent écœurés et lâches, sans force pour reprendre la querelle ni faire la chambre propre autour d’eux. Quelque chose de sinistre et de bas venait d’entrer dans leur vie; et, ce soir-là, oubliant leurs répugnances anciennes, ils allèrent coucher à l’hôtel.

Le sacrifice de Fanny ne devait servir à rien. De ces lettres disparues, brûlées, des phrases entières retenues par cœur hantaient la mémoire de l’amoureux, lui montaient au visage en coups de sang comme certains passages de mauvais livres. Et ces anciens amants de sa maîtresse étaient presque tous des hommes célèbres. Les morts se survivaient; les vivants, on voyait leurs portraits et leurs noms partout, on parlait d’eux devant lui, et chaque fois il éprouvait une gêne, comme d’un lien de famille douloureusement rompu.

Le mal lui affinant l’esprit et les yeux, il arrivait bientôt à retrouver chez Fanny la trace des influences premières, et les mots, les idées, les habitudes qu’elle en avait gardés. cette façon d’avancer le pouce comme pour façonner, pétrir l’objet dont elle parlait avec un «Tu vois ça d’ici…» appartenait au sculpteur. À Dejoie, elle avait pris la manie des queues de mots, et les chansons populaires dont il avait publié un recueil, célèbre à tous les coins de la France; à La Gournerie, son intonation hautaine et méprisante, la sévérité de ses jugements sur la littérature moderne.

Elle s’était assimilé tout cela, superposant les disparates, par ce même phénomène de stratification qui permet de connaître l’âge et les révolutions de la terre à ses différentes couches géologiques; et, peut-être, n’était-elle pas aussi intelligente qu’elle lui avait semblé d’abord. Mais il s’agissait bien d’intelligence; sotte comme pas une, vulgaire et de dix ans plus vieille encore, elle l’eût tenu par la force de son passé, par cette jalousie basse qui le rongeait et dont il ne taisait plus les irritations ni les rancœurs, éclatant à tout propos contre l’un et l’autre.

Les romans de Dejoie ne se vendaient plus, toute l’édition traînait le quai à vingt-cinq centimes. Et ce vieux fou de Caoudal s’entêtant à l’amour à son âge…

– Tu sais qu’il n’a plus de dents… Je le regardais à ce déjeuner de Ville d’Avray… Il mange comme les chèvres, sur le devant de la bouche.

Fini aussi le talent. Quel four, sa Faunesse du dernier Salon! «Ça ne tenait pas…» Un mot qui lui venait d’elle, «Ça ne tenait pas…» et qu’elle-même gardait du sculpteur. Quand il entreprenait ainsi un de ses rivaux du temps passé, Fanny faisait chorus pour lui plaire; et l’on aurait entendu ce gamin ignorant de l’art, de la vie, de tout, et cette fille superficielle, frottée d’un peu d’esprit à ces artistes fameux, les juger de haut, les condamner doctoralement.

Mais l’ennemi intime de Gaussin, c’était Flamant le graveur. De celui-là, il savait seulement qu’il était très beau, blond comme lui, qu’on lui disait «m’ami», qu’on allait le voir en cachette, et que lorsqu’il l’attaquait comme les autres, l’appelant «le Forçat sentimental» ou «le Joli réclusionnaire», Fanny détournait la tête sans un mot. Bientôt il accusa sa maîtresse de garder une indulgence pour ce bandit, et elle dut s’en expliquer doucement, mais avec une certaine fermeté.

– Tu sais bien que je ne l’aime plus, Jean, puisque je t’aime… Je ne vais plus là-bas, je ne réponds pas à ses lettres; mais tu ne me feras jamais dire du mal de l’homme qui m’a adorée jusqu’à la folie, jusqu’au crime…

à cet accent de franchise, ce qu’il y avait de meilleur en elle, Jean ne protestait pas, mais il souffrait d’une haine jalouse, aiguisée d’inquiétude, qui le ramenait parfois rue d’Amsterdam en surprise, au milieu du jour. «Si elle était allée le voir!»

Il la trouvait toujours là, casanière, inactive dans leur petit logis comme une femme d’Orient, ou bien au piano, donnant une leçon de chant à leur grosse voisine, madame Hettéma. On s’était lié depuis le soir du feu avec ces bonnes gens, placides et pléthoriques, vivant dans un perpétuel courant d’air, portes et fenêtres ouvertes.

Le mari, dessinateur au Musée d’artillerie, apportait de la besogne chez lui, et chaque soir de la semaine, le dimanche toute la journée, on le voyait penché sur sa large table à tréteaux, suant, soufflant, en bras de chemise, secouant ses manches pour y faire circuler l’air, de la barbe jusque dans les yeux. Près de lui, sa grosse femme en camisole s’évaporait aussi, quoiqu’elle ne fît jamais rien; et, pour se rafraîchir le sang, ils entamaient de temps en temps un de leurs duos favoris.

L’intimité s’établit vite entre les deux ménages. Le matin, vers dix heures, la forte voix d’Hettéma criait devant la porte: «Y êtes-vous, Gaussin?» Et leurs bureaux se trouvant du même côté, ils faisaient route ensemble. Bien lourd, bien vulgaire, de quelques degrés sociaux plus bas que son jeune compagnon, le dessinateur parlait peu, bredouillait comme s’il avait eu autant de barbe dans la bouche que sur les joues; mais on le sentait brave homme, et le désarroi moral de Jean avait besoin de ce contact-là. Il y tenait surtout à cause de sa maîtresse vivant dans une solitude peuplée de souvenirs et de regrets plus dangereux peut-être que les relations auxquelles elle avait volontairement renoncé, et qui trouvait dans madame Hettéma, sans cesse préoccupée de son homme, et de la surprise gourmande qu’elle lui ferait pour dîner, et de la romance nouvelle qu’elle lui chanterait au dessert, une relation honnête et saine.

Pourtant, quand l’amitié se resserra jusqu’à des invitations réciproques, un scrupule lui vint. Ces gens devaient les croire mariés, sa conscience se refusait au mensonge, et il chargea Fanny de prévenir la voisine, pour qu’il n’y eût pas de malentendu. Cela la fit beaucoup rire… Pauvre bébé! il n’y avait que lui pour des naïvetés pareilles…

1 ... 8 9 10 11 12 13 14 15 16 ... 48 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:
Комментариев (0)
название