Le Chevalier De Maison-Rouge

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Le Chevalier De Maison-Rouge
Название: Le Chevalier De Maison-Rouge
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Le Chevalier De Maison-Rouge - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Un des livres consacr?s par Dumas ? la R?volution Fran?aise. L'action se passe en 1793. Le jacobin Maurice Lindey, officier dans la garde civique, sauve des investigations d'une patrouille une jeune et belle inconnue, qui garde l'anonymat. Prisonni?re au Temple, o? r?gne le cordonnier Simon, ge?lier du dauphin, Marie-Antoinette re?oit un billet lui annon?ant que le chevalier de Maison-Rouge pr?pare son enl?vement…

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Cette lettre ne contenait que ces trois lignes:

Pas un mot sur moi, chère amie; la révélation de mon nom me perdrait infailliblement… Attends à demain pour me nommer, car ce soir j’aurai quitté Paris.

Ton Héloïse.

– Oh! mon Dieu! s’écria la future déesse, si j’avais pu deviner cela, j’eusse attendu jusqu’à demain.

Et elle s’élança vers la fenêtre pour rappeler Lorin, s’il était encore temps; mais il avait disparu.

XXIV La mère et la fille

Nous avons déjà dit qu’en quelques heures la nouvelle de cet événement s’était répandue dans tout Paris. En effet, il y avait à cette époque des indiscrétions bien faciles à comprendre de la part d’un gouvernement dont la politique se nouait et se dénouait dans la rue.

La rumeur gagna donc, terrible et menaçante, la vieille rue Saint-Jacques, et, deux heures après l’arrestation de Maurice, on y apprenait cette arrestation.

Grâce à l’activité de Simon, les détails du complot avaient promptement jailli hors du Temple; seulement, comme chacun brodait sur le fond, la vérité arriva quelque peu altérée chez le maître tanneur; il s’agissait, disait-on, d’une fleur empoisonnée qu’on aurait fait passer à la reine, et à l’aide de laquelle l’Autrichienne devait endormir ses gardes pour sortir du Temple; en outre, à ces bruits s’étaient joints certains soupçons sur la fidélité du bataillon congédié la veille par Santerre; de sorte qu’il y avait déjà plusieurs victimes désignées à la haine du peuple.

Mais, vieille rue Saint-Jacques, on ne se trompait point, et pour cause, sur la nature de l’événement, et Morand d’un côté, et Dixmer de l’autre, sortirent aussitôt, laissant Geneviève en proie au plus violent désespoir.

En effet, s’il arrivait malheur à Maurice, c’était Geneviève qui était la cause de ce malheur. C’était elle qui avait conduit par la main l’aveugle jeune homme jusque dans le cachot où il était renfermé et duquel il ne sortirait, selon toute probabilité, que pour marcher à l’échafaud.

Mais, en tout cas, Maurice ne payerait pas de sa tête son dévouement au caprice de Geneviève. Si Maurice était condamné, Geneviève allait s’accuser elle-même au tribunal, elle avouait tout. Elle assumait la responsabilité sur elle, bien entendu, et, aux dépens de sa vie, elle sauvait Maurice.

Geneviève, au lieu de frémir à cette pensée de mourir pour Maurice, y trouvait, au contraire, une amère félicité.

Elle aimait le jeune homme, elle l’aimait plus qu’il ne convenait à une femme qui ne s’appartenait pas. C’était pour elle un moyen de reporter à Dieu son âme pure et sans tache comme elle l’avait reçue de lui.

En sortant de la maison, Morand et Dixmer s’étaient séparés. Dixmer s’achemina vers la rue de la Corderie, et Morand courut à la rue des Nonandières. En arrivant au bout du pont Marie, ce dernier aperçut cette foule d’oisifs et de curieux qui stationnent à Paris pendant ou après un événement sur la place où cet événement a eu lieu, comme les corbeaux stationnent sur un champ de bataille.

À cette vue, Morand s’arrêta tout court; les jambes lui manquaient, il fut forcé de s’appuyer au parapet du pont.

Enfin il reprit, après quelques secondes, cette puissance merveilleuse que, dans les grandes circonstances, il avait sur lui-même, se mêla aux groupes, interrogea et apprit que, dix minutes auparavant, on venait d’enlever, rue des Nonandières, 24, une jeune femme coupable bien certainement du crime dont elle avait été accusée, puisqu’on l’avait surprise occupée à faire ses paquets.

Morand s’informa du club dans lequel la pauvre fille devait être interrogée. Il apprit que c’était devant la section mère qu’elle avait été conduite, et il s’y rendit aussitôt.

Le club regorgeait de monde. Cependant, à force de coups de coude et de coups de poing, Morand parvint à se glisser dans une tribune. La première chose qu’il aperçut, fut la haute taille, la noble figure, la mine dédaigneuse de Maurice, debout au banc des accusés, et écrasant de son regard Simon, qui pérorait.

– Oui, citoyens, criait Simon, oui, la citoyenne Tison accuse le citoyen Lindey et le citoyen Lorin. Le citoyen Lindey parle d’une bouquetière sur laquelle il veut rejeter son crime; mais je vous en préviens d’avance, la bouquetière ne se retrouvera point; c’est un complot formé par une société d’aristocrates qui se rejettent la balle les uns aux autres, comme des lâches qu’ils sont. Vous avez bien vu que le citoyen Lorin avait décampé de chez lui quand on s’y est présenté. Eh bien, il ne se rencontrera pas plus que la bouquetière.

– Tu en as menti, Simon, dit une voix furieuse; il se retrouvera, car le voici.

Et Lorin fit irruption dans la salle.

– Place à moi! cria-t-il en bousculant les spectateurs; place!

Et il alla se ranger auprès de Maurice.

Cette entrée de Lorin, faite tout naturellement, sans manières, sans emphase, mais avec toute la franchise et toute la vigueur inhérentes au caractère du jeune homme, produisit le plus grand effet sur les tribunes, qui se mirent à applaudir et à crier bravo!

Maurice se contenta de sourire et de tendre la main à son ami, en homme qui s’était dit à lui-même: «Je suis sûr de ne pas demeurer longtemps seul au banc des accusés.»

Les spectateurs regardaient avec un intérêt visible ces deux beaux jeunes gens, qu’accusait, comme un démon jaloux de la jeunesse et de la beauté, l’immonde cordonnier du Temple.

Celui-ci s’aperçut de la mauvaise impression qui commençait à s’appesantir sur lui. Il résolut de frapper le dernier coup.

– Citoyens, hurla-t-il, je demande que la généreuse citoyenne Tison soit entendue, je demande qu’elle parle, je demande qu’elle accuse.

– Citoyens, dit Lorin, je demande qu’auparavant, la jeune bouquetière qui vient d’être arrêtée et qu’on va sans doute amener devant vous, soit entendue.

– Non, dit Simon, c’est encore quelque faux témoin, quelque partisan des aristocrates; d’ailleurs, la citoyenne Tison brûle du désir d’éclairer la justice.

Pendant ce temps, Morin parlait à Maurice.

– Oui, crièrent les tribunes, oui, la déposition de la femme Tison; oui, oui, qu’elle dépose!

– La citoyenne Tison est-elle dans la salle? demanda le président.

– Sans doute qu’elle y est, s’écria Simon. Citoyenne Tison, dis donc que tu es là.

– Me voilà, mon président, dit la geôlière; mais, si je dépose, me rendra-t-on ma fille?

– Ta fille n’a rien à voir dans l’affaire qui nous occupe, dit le président; dépose d’abord, et puis ensuite adresse-toi à la Commune pour redemander ton enfant.

– Entends-tu? le citoyen président t’ordonne de déposer, cria Simon; dépose donc tout de suite.

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