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Les Pardaillan – Livre V – Pardaillan Et Fausta

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Les Pardaillan – Livre V – Pardaillan Et Fausta
Название: Les Pardaillan – Livre V – Pardaillan Et Fausta
Автор: Z?vaco Michel
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Pardaillan – Livre V – Pardaillan Et Fausta - читать бесплатно онлайн , автор Z?vaco Michel

1590. ? Rome, Fausta, apr?s avoir mis au monde le fils de Pardaillan, b?n?ficie de la gr?ce du pape Sixte Quint, qui se pr?pare ? intervenir aupr?s du roi d'Espagne Philippe II dans le conflit qui l'oppose ? Henri IV roi de France. Fausta est investie d'une mission aupr?s de Philippe II: lui faire part d'un document secret par lequel le roi de France Henri III reconnaissait formellement Philippe II comme son successeur l?gitime sur le tr?ne de France. En France, le chevalier de Pardaillan est investi par Henri IV, absorb? par le si?ge de Paris, d'une double mission: d?jouer les manoeuvres de Fausta et obtenir de Philippe II la reconnaissance de la l?gitimit? d'Henri de Navarre comme roi de France. Pardaillan et Fausta s'affrontent ? S?ville. Pardaillan est aid? dans sa lutte par Cervant?s, qui reconna?t en lui le vrai Don Quichotte. Sortira-il vivant des traquenard tendus par le Grand Inquisiteur Don Espinoza et Fausta?

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Elle fit un pas en avant, le bras levé, et:

– Place! dit-elle impérieusement, ou, par le Ciel, tu es mort!

– Vierge sainte! clama le dominicain, oseriez-vous frapper un inoffensif serviteur de Dieu?

– Ouvre la porte alors, dit froidement Fausta.

– J’obéis, madame, j’obéis, fit le religieux d’une voix tremblante, tandis qu’avec une maladresse visible il s’efforçait vainement d’ouvrir la porte.

– Traître? gronda Fausta, qu’espères-tu donc?

Et elle leva le bras dans un geste foudroyant.

Au même instant, par derrière, deux poignes vigoureuses saisirent le poing levé tandis que deux autres tenailles vivantes paralysaient son bras gauche.

Sans opposer une résistance qu’elle comprenait inutile, elle tourna la tête et se vit aux mains de deux moines taillés en athlètes.

Ses yeux firent le tour du cabinet. Rien ne paraissait dérangé. La petite porte était toujours fermée. Par où étaient-ils entrés? Évidemment le cabinet possédait une, peut-être plusieurs issues secrètes. Peu importait d’ailleurs; ce qui importait pour elle, c’est qu’elle était en leur pouvoir, et que, cependant, il lui fallait se tirer de là coûte que coûte.

Spontanément, elle laissa tomber le poignard, inutile maintenant. L’arme disparut, subtilisée, escamotée avec une promptitude et une adresse rares, et dès qu’elle fut désarmée, les deux moines, avec un ensemble d’automates, la lâchèrent, reculèrent de deux pas, passèrent leurs mains noueuses dans leurs larges manches et s’immobilisèrent dans une attitude méditative.

Le dominicain se courba devant elle avec un respect où elle crut démêler elle ne savait quoi d’ironique et de menaçant, et de sa voix calme et paisible:

– L’illustre princesse voudra bien excuser la violence que j’ai été contraint de lui faire, dit-il. Sa haute intelligence comprendra, je l’espère, que je n’y suis pour rien… Que suis-je, moi, humble et chétif? Un instrument aux mains de mes supérieurs… Ils ordonnent, j’obéis sans discuter.

Sans manifester ni colère ni dépit, avec un dédain qu’elle ne chercha pas à cacher, Fausta approuva de la tête.

– Cet homme a dit le mot exact, réfléchit-elle. Lui et ses acolytes ne sont que des instruments. Ils n’existent pas pour moi. Dès lors, à quoi bon discuter ou récriminer? C’est au-dessus d’eux qu’il me faut chercher qui je dois rendre responsable. Ce n’est pas le roi: le roi m’eût fait arrêter tout uniment. Le coup vient donc du grand inquisiteur. C’est avec lui qu’il me faudra compter.

Et s’adressant au dominicain, très calme:

– Que voulez-vous de moi?

– J’ai eu l’honneur de vous le dire, madame: le parchemin que vous avez là…

Et, du doigt, le dominicain montrait le sein de Fausta.

– Vous avez ordre de le prendre de force, n’est-ce pas?

– J’espère que l’illustre princesse m’épargnera cette dure nécessité, fit le religieux en s’inclinant.

Fausta sortit de son sein le fameux parchemin, et sans le donner:

– Avant de céder, répondez à cette question: que fera-t-on de moi après?

– Vous serez libre, madame, entièrement libre, dit vivement le dominicain.

– Le jureriez-vous sur ce christ? dit Fausta en le fouillant jusqu’au fond de l’âme.

– Il est inutile de jurer, dit derrière elle une voix calme et forte. Ma parole doit vous suffire, et vous l’avez, madame.

Fausta se retourna vivement et se trouva en face d’Espinosa, entré sans bruit par quelque porte secrète.

D’une voix cinglante, en le dominant du regard:

– Quelle foi puis-je avoir en votre parole, cardinal, alors que vous agissez comme un laquais?

– De quoi vous plaignez-vous, madame? fit Espinosa avec un calme terrible. Je ne fais que vous retourner les procédés que vous avez employés envers nous. Ce document, Montalte et vous deviez nous le restituer. Vous, cependant, abusant de notre confiance, vous avez essayé de nous vendre ce qui nous appartient et, ayant échoué dans cette tentative, vous avez résolu de le garder, dans l’espoir, sans doute, de le vendre à d’autres. Comment qualifiez-vous votre procédé, madame?

– Je le disais bien: vous avez l’âme d’un laquais, dit Fausta avec un mépris écrasant. Après l’avoir violentée, vous insultez une femme.

– Des mots, madame, rien que des mots! fit Espinosa en haussant les épaules avec dédain.

Et rudement:

– Malheur à celui qui cherche à contrecarrer les entreprises de la sainte Inquisition! Celui-là, homme ou femme, sera brisé impitoyablement. Allons, madame, donnez-moi ce document qui nous appartient, et rendez grâces au ciel, que par égard pour le roi qui vous couvre de sa protection, je ne vous fasse pas payer cher votre audacieuse et déloyale intervention.

– Je cède, dit Fausta, mais je vous jure que vous payerez cher et vos insultes et la violence que vous me faites.

– Menaces vaines, madame, fit Espinosa en s’emparant du parchemin. J’agis pour le bien de l’État, le roi ne pourra que m’approuver. Et quant à ce document, je dois des remerciements à M. de Pardaillan, qui nous le livre. Je ne manquerai pas de les lui adresser la première fois que je le rencontrerai.

– Remerciez-le donc tout de suite, en ce cas, fit une voix railleuse.

D’un même mouvement, Fauta et Espinosa se retournèrent et virent Pardaillan qui, le dos appuyé à la porte, les contemplait avec son sourire narquois.

Ni Fausta, ni Espinosa ne laissèrent paraître aucune marque de surprise. Fausta eut comme une lueur rapide dans le regard, Espinosa, un imperceptible froncement de sourcils. Ce fut tout.

Le dominicain et les deux moines échangèrent un furtif coup d’œil; mais dressés à n’avoir d’autre volonté, d’autre intelligence que celle de leur supérieur, ils restèrent immobiles. Seulement les deux moines athlètes se tinrent prêts à tout.

Enfin Espinosa, d’un air très naturel:

– Monsieur de Pardaillan!… Comment êtes-vous parvenu jusqu’ici?

– Par la porte, cher monsieur, fit Pardaillan avec son sourire le plus ingénu. Vous aviez oublié de la fermer à clef… cela m’a évité la peine de l’enfoncer.

– Enfoncer la porte, mon Dieu! Et pourquoi?

– Je vais vous le dire, et en même temps je vous expliquerai par quel hasard j’ai été amené à m’immiscer dans votre entretien avec madame. C’est, je crois, ce que vous me faisiez l’honneur de me demander, monsieur? fit Pardaillan le plus paisiblement du monde.

– Je vous écouterai avec intérêt, monsieur, fit Espinosa.

Et comme les deux moines, soit lassitude réelle, soit sur un signe du grand inquisiteur, esquissaient un mouvement:

– Monsieur, dit paisiblement Pardaillan à Espinosa, ordonnez à ces dignes moines de se tenir tranquilles… J’ai horreur du mouvement autour de moi.

Espinosa fit un geste impérieux. Les religieux s’immobilisèrent.

– C’est parfait, dit Pardaillan. Ne bougez plus maintenant, sans quoi je serais forcé de me remuer aussi… et dame, ce pourrait être au détriment de vos vénérables échines.

Et se tournant vers Fausta et Espinosa, qui, debout devant lui, attendaient:

– Ce qui m’arrive, monsieur, est très simple: lorsque j’eus ramené près du roi ce géant à barbe rousse de qui la cour avait voulu se gausser, et que j’ai dû protéger, je sortis, ainsi que vous l’avez pu voir. Mais vos diablesses de portes sont si pareilles que je me trompai. Je m’aperçus bientôt que j’étais perdu dans un interminable couloir, et pas une âme à qui demander mon chemin! Pestant fort contre ma maladresse, j’errai de couloir en couloir, lorsque, en passant devant une porte, je reconnus la voix de madame… J’ai le défaut d’être curieux. Je m’arrêtai donc et j’entendis la fin de votre intéressante conversation.

Et s’inclinant avec grâce devant Fausta:

– Madame, fit-il gravement, si j’avais pu penser qu’on se servirait de mes paroles pour vous tendre un traquenard et vous extorquer ce parchemin auquel vous tenez, je me fusse coupé la langue plutôt que de parler. Mais il ne sera pas dit que le chevalier de Pardaillan aura fait acte de délateur, fût-ce involontairement. Je me devais à moi-même de réparer le mal que j’ai fait sans le vouloir, et c’est pourquoi je suis intervenu… C’est pourquoi, monsieur, je n’eusse pas hésité à enfoncer la porte, ainsi que j’ai eu l’honneur de vous le dire.

Tandis que Pardaillan, dans une attitude un peu théâtrale qui lui seyait à merveille, le chapeau à la main droite, la main gauche appuyée à la garde de l’épée, l’œil doux, la figure rayonnante de générosité, parlait avec sa mâle franchise, Espinosa songeait: «Cet homme est une force de la nature. Nous serons invincibles s’il consent à être à nous. Mais nos procédés habituels d’intimidation ou de séduction, efficaces avec quiconque, n’auraient aucune prise sur cette nature exceptionnelle. Cet homme est la force, la bravoure, la loyauté et la générosité incarnées Pour se l’attacher, il faut se montrer plus chevaleresque que lui, il faut l’écraser par plus de force, de bravoure, de loyauté et de générosité qu’il n’en a lui-même… Si ce moyen ne réussit pas, il n’y aura qu’à renoncer… et se débarrasser de lui au plus tôt.»

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