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Les Pardaillan – Livre IV – Fausta Vaincue

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Les Pardaillan – Livre IV – Fausta Vaincue
Название: Les Pardaillan – Livre IV – Fausta Vaincue
Автор: Z?vaco Michel
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Pardaillan – Livre IV – Fausta Vaincue - читать бесплатно онлайн , автор Z?vaco Michel

Fausta vaincue est la suite de La Fausta, la subdivision en deux tomes ayant ?t? faite lors de la publication en volume, en 1908. Nous sommes donc toujours en 1588, sous le r?gne d'Henri III, en lutte contre le duc de Guise et la Sainte ligue, le premier soutenu par Pardaillan, et le second par Fausta… Sans vous d?voiler les p?rip?ties multiples et passionnantes de cette histoire, nous pouvons vous dire que le duc de Guise et Henri III mourront tous deux (Z?vaco, malgr? son imagination, ne peut changer l'Histoire…), et que Pardaillan vaincra Fausta…

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– Le chevalier de Pardaillan! fit-il d’une voix changée, humanisée par une sorte de tendresse.

Et monseigneur le duc d’Angoulême, dit Pardaillan.

– Deux victimes de la vieille Catherine et d’Hérode! Deux qui se réjouiront de voir couler le sang du dernier des Valois sur les dalles de la cathédrale! murmura Jacques Clément. Oui, parvenu au bout de ma route, je puis me reposer un instant parmi vous, car je renforcerai ma haine de vos deux haines…

– Venez donc, fit simplement le chevalier. Que diable, même en temps de procession, un verre de vin n’a jamais fait peur à un moine!

Jacques Clément fit signe qu’il acceptait l’invitation, et tous trois se dirigèrent vers la petite auberge close, aveugle et muette à cette heure. Mais comme l’avait promis la servante, il n’y eut qu’à pousser la porte des écuries voisines. Les écuries franchies, les trois hommes se trouvèrent dans la cour; un escalier de bois grimpait extérieurement le long du mur et aboutissait à un balcon. La porte de la chambre s’ouvrait sur ce balcon. Quelques instants plus tard, ils étaient assis autour d’une table qu’éclairait une chandelle fumeuse et sur laquelle se trouvaient quelques bouteilles d’un certain vin très estimé dans tout le pays et qui se récoltait sur les bords de la Loire, autour de Beaugency.

Pardaillan remplit trois verres et vida le sien d’un trait. Jacques Clément posa ses lèvres sur les bords de son verre et le laissa presque plein: c’était un buveur d’eau… Cependant, ses yeux pâles étaient animés d’une espèce de cordialité rayonnante.

– Ce vin réchauffe le cœur, dit-il. Mais bien plus encore mon cœur se dilate près d’un ami tel que vous, chevalier. Vous le dirai-je? Dans ma triste vie, dans mes moments de désespoir, quand je me sentais si seul au monde, c’est à vous que je songeais. Peut-être ne s’est-il pas passé une journée sans que votre sourire que j’évoquais ne soit venu me consoler. Moi qui ne portais dans mes souvenirs ni l’image d’une mère ni celle d’un père, il me semblait que vous aviez été pour moi comme un grand frère, et je vous revoyais toujours tel que je vous vis jadis… Vous souvenez-vous du jour où je fabriquais des aubépines en papier et où vous vous êtes arrêté près de moi?

– Certes! fit Pardaillan ému et assombri de redescendre ainsi tout à coup dans son passé.

– Vous m’avez encouragé… puis, je vous ai revu le jour terrible… le jour où vous m’avez montré la tombe de ma mère; et de ce jour-là, vos traits sont gravés dans mon cœur… Savez-vous que vous avez à peine changé? continua le moine en examinant affectueusement le chevalier; ce sont toujours les mêmes yeux de bonté claire et d’audace, c’est toujours ce même rayonnement de physionomie qui fait qu’il est impossible de vous oublier… Aussi, dans l’auberge du Pressoir de fer, je vous ai aussitôt reconnu, j’ai reconnu l’homme qui avait essayé de sauver ma mère.

Jacques Clément frissonna, saisit la main du chevalier, et ajouta d’une voix grave:

– Dans cette nuit qui est sans doute une des dernières de ma vie, la dernière peut-être, si près de l’heure où un événement terrible va s’accomplir, c’est une étrange rencontre que celle-ci! C’est la volonté de Dieu que j’aie eu cette dernière joie de rencontrer le seul homme au monde qui soit pour moi toute la famille de mon cœur!… Pardaillan, mon cœur tremble, pleure et frissonne à évoquer celle que j’ai tant aimée et que jamais je ne connus! Pardaillan, mon cœur crie malheur à ceux qui ont tué ma mère! Pardaillan, versez-moi de la joie et de la haine en me parlant une dernière fois de ma mère!…

– Oui, vous ne l’avez jamais connue, fit Pardaillan pensif; et qui sait si de là ne vient pas cet amour que vous conservez à sa mémoire!

– Je sais ce que vous voulez dire, grommela le moine en pâlissant. Je vous dis que j’ai confessé l’une des femmes de la vieille Catherine! Je vous dis que j’ai su toute la vie de ma mère… et ses crimes!

– Alice ne fut pas criminelle, dit gravement le chevalier. Elle fut malheureuse, voilà tout!

– N’est-ce pas? s’écria le moine radieux. N’est-ce pas que ce n’est pas à ma mère qu’incombent les fautes qu’elle commit?…

– Certes!… La vieille Médicis fut seule coupable. Quant à votre mère, martyre d’un amour, prise dans l’alternative ou d’être méprisée par l’homme qu’elle adorait ou de tuer ce même homme, sa vie fut une admirable défense! Ce qu’elle dépensa de force et d’esprit pour lutter contre Catherine n’est pas supposable. Ce qu’elle souffrit dépasse les châtiments les plus cruels… Elle repose en paix au fond du cimetière des Innocents… Paix donc, paix et repos à cette mémoire!…

Pardaillan se découvrit d’un de ces gestes où il y avait comme une inconsciente emphase. Le duc d’Angoulême frissonnant l’imita. Jacques Clément avait rabattu son capuchon et on l’entendait sangloter doucement. Ce fut une de ces scènes d’où se dégagent de profondes et larges émotions.

– Pardaillan, reprit le moine au bout de quelques minutes, je comprends votre pensée. Vous ne voulez pas dire au fils ce que fut la mère, et vous ne voulez pas mentir. Ainsi, sur cette tombe du cimetière des Innocents où vous m’avez conduit par la main, c’est encore un regard de pitié que vous laissez tomber…

– Nulle femme au monde autant qu’Alice de Lux ne mérita la pitié, dit Pardaillan.

– Ne parlons donc plus de ce qu’elle fut. Mais vous pouvez tout au moins me dire comment vous essayâtes de la sauver…

Pardaillan secoua la tête.

– Le passé est mort, dit-il sourdement. Mort l’amour! À vous comme moi, il reste le présent, c’est-à-dire la haine, et l’avenir, c’est-à-dire le châtiment des scélérats…

Jacques Clément se leva et laissa retomber son capuchon sur ses épaules. La tête pâle et maigre, éclairée par la flamme sombre des yeux, apparut dans la demi-lueur de la chandelle.

– Chevalier, dit-il d’une voix morne, vous me rappelez à la réalité terrible. Demain, ma mère sera vengée. Demain, la vieille Catherine connaîtra le désespoir sans issue. Demain, son fils bien-aimé tombera pour ne plus se relever d’entre les morts! Demain, les décrets seront accomplis!

– Ainsi, vous voulez tuer le roi de France!

– C’est un secret entre moi, Dieu et deux de ses anges, dit Jacques Clément. Nul homme ne connaît ce secret. Mais plutôt que d’avoir pour vous l’ombre d’une défiance, je consentirais à mourir sans vengeance. Oui, chevalier, demain je tuerai le roi de France!… Demain, vous aussi serez vengé du mal que Catherine vous a fait! Demain, vous aussi, duc d’Angoulême, fils de Charles IX, serez vengé du mal que Catherine et Henri ont fait à votre père!… Priez donc pour moi, car toute prière pour le roi de France est désormais inutile…

Le moine demeura quelques instants pensif. Puis, comme il faisait un mouvement pour se retirer:

– Puisque vous avez tant fait que de nous confier ce secret, dit Pardaillan, achevez de nous instruire en nous disant comment vous comptez procéder…

– – Soit! fit le moine après avoir réfléchi. Je ne vois pas pourquoi je vous cacherais ces détails, à vous. Et puis cela vous permettra de suivre jusqu’au bout et de bien voir; notre vengeance fait corps… Demain, donc, à neuf heures du matin, Valois recevra le duc de Guise en audience à l’hôtel de ville. Après l’audience, il doit se rendre à la cathédrale. Je sais que le roi sera prévenu qu’un confesseur doit s’approcher de lui pour lui remettre indulgence plénière de ses fautes. Ce confesseur viendra se mettre à ses côtés au moment où il entrera dans la cathédrale. Ce confesseur, ce sera moi!…

Charles d’Angoulême frémit et demanda d’une voix rauque:

– Mais vous suivrez donc le roi pendant la procession?…

– Non, répondit le moine: je l’attendrai à la porte de la cathédrale. Alors seulement je m’approcherai de lui, et quand il s’agenouillera… regardez bien alors… Valois s’agenouillera pour ne plus se relever.

Jacques Clément baissa la tête comme si le poids de sa pensée eût été trop lourde. Puis, d’une voix sourde, il répéta:

– Adieu, priez pour moi!…

Et se dirigea vers la porte. Charles se leva vivement pour s’élancer entre cette porte et le moine. Mais Pardaillan le retint de la main, et, au moment où le moine ouvrait déjà la porte:

– Jacques Clément, dit-il, j’ai un service à vous demander!…

Le moine s’arrêta court, tressaillit, revint rapidement sur ses pas et, rayonnant d’une joie qui le faisait trembler, s’écria:

– – Aurais-je vraiment cet insigne bonheur de pouvoir être utile avant de mourir! Cette joie m’était-elle réservée de pouvoir, en mon dernier jour, acquitter un peu ma mère et moi?… Parlez, chevalier… Vous avez parlé d’un service…

– Un grand, dit Pardaillan avec une simplicité qui avait on ne sait quoi de solennel; voici: j’ai besoin qu’Henri III vive encore quelque temps… je vous demande la vie d’Henri de Valois, roi de France…

Jacques Clément devint livide. Il fut saisi d’un tremblement convulsif, e t s’assit sur l’escabeau où tout à l’heure il avait pris place.

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