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Les Tribulations DUn Chinois En Chine

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Les Tribulations DUn Chinois En Chine
Название: Les Tribulations DUn Chinois En Chine
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Tribulations DUn Chinois En Chine - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Le richissime Chinois Kin-Fo vient de se trouver soudainement ruin?. La vie, qui lui paraissait jusqu'alors insipide, lui devient insupportable. Il contracte une assurance vie de 200 000 dollars en faveur de sa fianc?e L?-ou et du philosophe Wang, son mentor et ami ? qui il demande de le tuer dans un d?lai de deux mois, tout en lui remettant une lettre qui l'innocentera de ce meurtre. Avant le d?lai imparti, Kin-Fo recouvre sa fortune, doubl?e. Il n'est plus question pour lui de renoncer ? la vie. Mais Wang a disparu avec la lettre et il n'est pas homme ? rompre une promesse! Voil? donc Kin-Fo condamn? ? mort, par ses propres soins! Une seule ressource: retrouver Wang. Et Kin-Fo de se lancer dans le plus haletant des p?riples au pays du C?leste Empire. R?cit alerte ? l'intrigue parfaitement bien men?e, Les tribulations d'un Chinois en Chine est un des joyaux des " Voyages extraordinaires " du grand Jules Verne.

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Il referma la porte et dit: «Je ne veux pas savoir, je ne saurai jamais qui tu es, ce que tu as fait, d'où tu viens! Tu es mon hôte, et, par cela seul, en sûreté chez moi.»

Le fugitif voulut parler, pour exprimer sa reconnaissance… Il en avait à peine la force.

«Ton nom? lui demanda Tchoung-Héou.

– Wang.»

C'était Wang, en effet, sauvé par la générosité de Tchoung-Héou, générosité qui aurait coûté la vie à ce dernier, si l'on avait soupçonné qu'il donnât asile à un rebelle. Mais Tchoung-Héou était de ces hommes antiques, à qui tout hôte est sacré.

Quelques années après, le soulèvement des rebelles était définitivement réprimé. En 1864, l 'empereur Taï-ping, assiégé dans Nan-King, s'empoisonnait pour ne pas tomber aux mains des Impériaux.

Wang, depuis ce jour, resta dans la maison de son bienfaiteur. Jamais il n'eut à répondre sur son passé.

Personne ne l'interrogea à cet égard. Peut-être craignait-on d'en apprendre trop! Les atrocités commises par les révoltés avaient été, dit-on, épouvantables. Sous quelle bannière avait servi Wang, la jaune, la rouge, la noire ou la blanche? Mieux valait l'ignorer, en somme, et conserver l'illusion qu'il n'avait appartenu qu'à la colonne de ravitaillement.

Wang, enchanté de son sort, d'ailleurs, demeura donc le commensal de cette hospitalière maison. Après la mort de Tchoung-Héou, son fils n'eut garde de se séparer de lui, tant il était habitué à la compagnie de cet aimable personnage.

Mais, en vérité, à l'époque où commence cette histoire, qui eût jamais reconnu un ancien Taï-ping, un massacreur, un pillard ou un incendiaire – au choix -, dans ce philosophe de cinquante-cinq ans, ce moraliste à lunettes, ce Chinois chinoisant, yeux relevés vers les tempes, moustache traditionnelle? Avec sa longue robe de couleur peu voyante, sa ceinture relevée sur la poitrine par un commencement d'obésité, sa coiffure réglée suivant le décret impérial, c'est-à-dire un chapeau de fourrure aux bords dressés le long d'une calotte d'où s'échappaient des houppes de filets rouges, n'avait-il pas l'air d'un brave professeur de philosophie, de l'un de ces savants qui font couramment usage des quatre-vingt mille caractères de l'écriture chinoise, d'un lettré du dialecte supérieur, d'un premier lauréat de l'examen des docteurs, ayant le droit de passer sous la grande porte de Péking, réservée au Fils du Ciel?

Peut-être, après tout, oubliant un passé plein d'horreur, le rebelle s'était-il bonifié au contact de l'honnête Tchoung-Héou, et avait-il tout doucement bifurqué sur le chemin de la philosophie spéculative! Et voilà pourquoi ce soir-là, Kin-Fo et Wang, qui ne se quittaient jamais, étaient ensemble à Canton, pourquoi, après ce dîner d'adieu, tous deux s'en allaient par les quais à la recherche du steamer qui devait les ramener rapidement à Shang-Haï.

Kin-Fo marchait en silence, un peu soucieux même.

Wang, regardant à droite, à gauche, philosophant à la lune, aux étoiles, passait en souriant sous la porte de «l'Éternelle Pureté», qu'il ne trouvait pas trop haute pour lui, sous la porte de «l'Éternelle joie», dont les battants lui semblaient ouverts sur sa propre existence, et il vit enfin se perdre dans l'ombre les tours de la pagode des «Cinq Cents Divinités».

Le steamer Perma était là, sous pression. Kin-Fo et Wang s'installèrent dans les deux cabines retenues pour eux. Le rapide courant du fleuve des Perles, qui entraîne quotidiennement avec la fange de ses berges des corps de suppliciés, imprima au bateau une extrême vitesse. Le steamer passa comme une flèche entre les ruines laissées çà et là par les canons français, devant la pagode à neuf étages de Haf-Way, devant la pointe Jardyne, près de Whampoa, où mouillent les plus gros bâtiments, entre les îlots et les estacades de bambous des deux rives.

Les cent cinquante kilomètres, c'est-à-dire les trois cent soixante-quinze «lis», qui séparent Canton de l'embouchure du fleuve, furent franchis dans la nuit.

Au lever du soleil, le Perma dépassait la «Gueule-du-Tigre», puis les deux barres de l'estuaire. Le Victoria-Peak de l'île de Hong-Kong, haut de dix-huit cent vingt-cinq pieds, apparut un instant dans la brume matinale, et, après la plus heureuse des traversées, Kin-Fo et le philosophe, refoulant les eaux jaunâtres du fleuve Bleu, débarquaient à Shang-Haï, sur le littoral de la province de Kiang-Nan.

III OÙ LE LECTEUR POURRA, SANS FATIGUE, JETER UN COUP D'ŒIL SUR LA VILLE DE SHANG-HAÏ

Un proverbe chinois dit: «Quand les sabres sont rouillés et les bêches luisantes. Quand les prisons sont vides et les greniers pleins. Quand les degrés des temples sont usés par les pas des fidèles et les cours des tribunaux couvertes d'herbe. Quand les médecins vont à pied et les boulangers à cheval, L'Empire est bien gouverné.» Le proverbe est bon. Il pourrait s'appliquer justement à tous les États de l'Ancien et du Nouveau Monde. Mais s'il en est un où ce desideratum soit encore loin de se réaliser, c'est précisément le Céleste Empire. Là, ce sont les sabres qui reluisent et les bêches qui se rouillent, les prisons qui regorgent et les greniers qui se désemplissent. Les boulangers chôment plus que les médecins, et, si les pagodes attirent les fidèles, les tribunaux, en revanche, ne manquent ni de prévenus ni de plaideurs.

D'ailleurs, un royaume de cent quatre-vingt mille milles carrés, qui, du nord au sud, mesure plus de huit cents lieues, et, de l'est à l'ouest, plus de neuf cents, qui compte dix-huit vastes provinces, sans parler des pays tributaires: la Mongolie, la Mantchourie, le Tibet, le Tonking, la Corée, les îles Liou-Tchou, etc., ne peut être que très imparfaitement administré. Si les Chinois s'en doutent bien un peu, les étrangers ne se font aucune illusion à cet égard. Seul, peut-être, l'empereur, enfermé dans son palais, dont il franchit rarement les portes, à l'abri des murailles d'une triple ville, ce Fils du Ciel, père et mère de ses sujets, faisant ou défaisant les lois à son gré, ayant droit de vie et de mort sur tous, et auquel appartiennent, par sa naissance, les revenus de l'Empire ce souverain, devant qui les fronts se traînent dans la poussière, trouve que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il ne faudrait même pas essayer de lui prouver qu'il se trompe. Un Fils du Ciel ne se trompe jamais.

Kin-Fo avait-il eu quelque raison de penser que mieux vaut être gouverné à l'européenne qu'à la chinoise? On serait tenté de le croire. En effet, il demeurait, non dans Shang-Haï, mais en dehors, sur une portion de la concession anglaise, qui se maintient dans une sorte d'autonomie très appréciée.

Shang-Haï, la ville proprement dite, est située sur la rive gauche de la petite rivière Houang-Pou, qui, se réunissant à angle droit avec le Wousung, va se mêler au Yang-Tsze-Kiang ou fleuve Bleu, et de là se perd dans la mer jaune.

C'est un ovale, couché du nord au sud, enceint de hautes murailles, percé de cinq portes s'ouvrant sur ses faubourgs. Réseau inextricable de ruelles dallées, que les balayeuses mécaniques s'useraient à nettoyer; boutiques sombres sans devantures ni étalages, où fonctionnent des boutiquiers nus jusqu'à la ceinture; pas une voiture, pas un palanquin, à peine des cavaliers; quelques temples indigènes ou chapelles étrangères; pour toutes promenades, un «jardin-thé» et un champ de parade assez marécageux, établi sur un sol de remblai, comblant d'anciennes rizières et sujet aux émanations paludéennes; à travers ces rues, au fond de ces maisons étroites, une population de deux cent mille habitants, telle est cette cité d'une habitabilité peu enviable, mais qui n'en a pas moins une grande importance commerciale.

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