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Aventures De Trois Russes Et De Trois Anglais Dans LAfrique Australe

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Aventures De Trois Russes Et De Trois Anglais Dans LAfrique Australe
Название: Aventures De Trois Russes Et De Trois Anglais Dans LAfrique Australe
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Aventures de trois Russes et de trois Anglais (1872) mettent en sc?ne six astronomes dont la t?che est de mesurer une portion de m?ridien terrestre. Il s'agit donc plus de g?od?sie que d'astronomie, mais historiquement, ce genre de travail a toujours ?chu aux astronomes. Les h?ros utilisent la m?thode de triangulation expos?e en d?tail dans l'Astronomie Populaire d'Arago. On retrouve le th?me des grandes exp?ditions scientifiques des Picard, Lacaille, Maupertuis, Bouguer, Godin, La Condamine, M?chain, Delambre, Arago… commandit?es par l'Acad?mie des sciences, aux ?poques o? le m?tier d'astronome ?tait un m?tier dangereux.

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«Monsieur, lui dit Mokoum, si demain, vers les premières heures du jour, Votre Honneur veut venir à l’affût en cet endroit, je lui conseillerai, cette fois, de ne point oublier sa carabine.

– Qui vous fait parler ainsi, Mokoum? demanda sir John Murray.

– Ces empreintes fraîches que vous voyez sur la terre humide.

– Quoi! ces larges traces sont des empreintes d’animaux? Mais alors les pieds qui les ont faites ont plus d’une demi-toise de circonférence!

– Cela prouve tout simplement, répondit le bushman, que l’animal qui laisse de pareilles empreintes mesure au moins neuf pieds à la hauteur de l’épaule.

– Un éléphant! s’écria sir John Murray.

– Oui, Votre Honneur, et, si je ne me trompe, un mâle adulte parvenu à toute sa croissance.

– À demain donc, bushman.

– À demain, Votre Honneur.»

Les deux chasseurs revinrent au campement, rapportant les «harrisbucks» qui avaient été chargés sur le cheval de sir John Murray. Ces belles antilopes, si rarement capturées, provoquèrent l’admiration de toute la caravane. Tous félicitèrent sir John, sauf peut-être le grave Mathieu Strux, qui, en fait d’animaux, ne connaissait guère que la Grande-Ourse, le Dragon, le Centaure, Pégase et autres constellations de la faune céleste.

Le lendemain, à quatre heures, les deux compagnons de chasse, immobiles sur leurs chevaux, les chiens à leur côté, attendaient au milieu d’un épais taillis l’arrivée de la troupe de pachydermes. À de nouvelles empreintes, ils avaient reconnu que les éléphants venaient par bande se désaltérér à la mare. Tous deux étaient armés de carabines rayées à balles explosives. Ils observaient le taillis depuis une demi-heure environ, immobiles et silencieux, quand ils virent le sombre massif s’agiter à cinquante pas de la mare.

Sir John Murray avait saisi son fusil, mais le bushman lui retint la main et lui fit signe de modérer son impatience.

Bientôt, de grandes ombres apparurent. On entendait les fourrés s’ouvrir sous une pression irrésistible; le bois craquait; les broussailles écrasées crépitaient sur le sol; un souffle bruyant passait à travers les ramures. C’était la troupe d’éléphants. Une demi-douzaine de ces gigantesques animaux, presque aussi gros que leurs congénères de l’Inde, s’avançaient d’un pas lent vers la mare.

Le jour qui se faisait peu à peu permit à sir John d’admirer ces puissants animaux. L’un d’eux, un mâle, de taille énorme, attira surtout son attention. Son large front convexe se développait entre de vastes oreilles qui lui pendaient jusqu’au-dessous de la poitrine. Ses dimensions colossales semblaient encore accrues par la pénombre. Cet éléphant projetait vivement sa trompe au-dessus du fourré, et frappait de ses défenses recourbées les gros troncs d’arbres qui gémissaient au choc. Peut-être l’animal pressentait-il un danger prochain.

Cependant, le bushman s’était penché à l’oreille de sir John Murray, et lui avait dit:

«Celui-là vous convient-il?»

Sir John fit un signe affirmatif.

«Bien, ajouta Mokoum, nous le séparerons du reste de la troupe.»

En ce moment, les éléphants arrivèrent au bord de la mare. Leurs pieds spongieux s’enfoncèrent dans la vase molle. Ils puisaient l’eau avec leur trompe, et cette eau, versée dans leur large gosier, produisait un glou-glou retentissant. Le grand mâle, sérieusement inquiet, regardait autour de lui et aspirait bruyamment l’air afin de saisir quelque émanation suspecte.

Soudain, le bushman fit entendre un cri particulier. Ses trois chiens, aboyant aussitôt avec vigueur, s’élancèrent hors du taillis et se précipitèrent vers la troupe des pachydermes. En même temps, Mokoum, après avoir dit à son compagnon ce seul mot: «restez,» enleva son zèbre, et franchit le buisson de manière à couper la retraite au grand mâle.

Ce magnifique animal, d’ailleurs, ne chercha pas à se dérober par la fuite. Sir John, le doigt sur la gâchette de son fusil, l’observait. L’éléphant battait les arbres de sa trompe, et remuait frénétiquement sa queue donnant, non plus des signes d’inquiétude, mais des signes de colère. Jusqu’alors, il n’avait que senti l’ennemi. En ce moment, il l’aperçut et fondit sur lui.

Sir John Murray était alors posté à soixante pas de l’animal. Il attendit qu’il fût arrivé à quarante pas, et le visant au flanc, il fit feu. Mais un mouvement du cheval dérangea la justesse de son tir, et la balle ne traversa que des chairs molles sans rencontrer un obstacle suffisant pour éclater.

L’éléphant, furieux, précipita sa course, qui était plutôt une marche excessivement rapide qu’un galop. Mais cette marche eût suffi à distancer un cheval.

Le cheval de sir John, après s’être cabré, se jeta hors du taillis, sans que son maître pût le retenir. L’éléphant le poursuivait, dressant ses oreilles et faisant retentir sa trompe comme un appel de clairon. Le chasseur, emporté par sa monture, la serrant de ses jambes vigoureuses, cherchait à glisser une cartouche dans le tonnerre de son fusil.

Cependant, l’éléphant gagnait sur lui. Tous deux furent bientôt sur la plaine, hors de la lisière du bois. Sir John déchirait de ses éperons les flancs de son cheval qui s’emportait. Deux des chiens, aboyant à ses jambes, fuyaient à perdre haleine. L’éléphant n’était pas à deux longueurs en arrière. Sir John sentait son souffle bruyant, il entendait les sifflements de la trompe qui fouettait l’air. À chaque instant il s’attendait à être enlevé de sa selle par ce lasso vivant.

Tout à coup, le cheval plia de son arrière-train. La trompe, s’abattant, l’avait frappé à la croupe. L’animal poussa un hennissement de douleur, et fit un écart qui le jeta de côté. Cet écart sauva sir John d’une mort certaine. L’éléphant, emporté par sa vitesse, passa au-delà, mais sa trompe, balayant le sol, ramassa l’un des chiens qu’elle secoua dans l’air avec une indescriptible violence.

Sir John n’avait d’autre ressource que rentrer sous bois. L’instinct de son cheval l’y portait aussi, et bientôt il en franchissait la lisière par un prodigieux élan.

L’éléphant, maître de lui, s’était remis à sa poursuite, brandissant le malheureux chien, dont il fracassa la tête contre le tronc d’un sycomore en se précipitant dans la forêt. Le cheval s’élança dans un épais fourré, entrelacé de lianes épineuses, et s’arrêta.

Sir John, déchiré, ensanglanté, mais n’ayant pas un instant perdu de son sang-froid, se retourna, et, épaulant sa carabine, il visa l’éléphant au défaut de l’épaule, à travers le réseau de lianes. La balle, rencontrant un os, fit explosion. L’animal chancela, et presque au même moment, un second coup de feu, tiré de la lisière du bois, l’atteignit au flanc gauche. Il tomba sur les genoux, près d’un petit étang à demi-caché sous les herbes. Là, pompant l’eau avec sa trompe, il commença à arroser ses blessures, en poussant des cris plaintifs.

À ce moment apparut le bushman. «Il est à nous! il est à nous!» s’écria Mokoum.

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