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Aventures De Trois Russes Et De Trois Anglais Dans LAfrique Australe

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Aventures De Trois Russes Et De Trois Anglais Dans LAfrique Australe
Название: Aventures De Trois Russes Et De Trois Anglais Dans LAfrique Australe
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Aventures De Trois Russes Et De Trois Anglais Dans LAfrique Australe - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Les Aventures de trois Russes et de trois Anglais (1872) mettent en sc?ne six astronomes dont la t?che est de mesurer une portion de m?ridien terrestre. Il s'agit donc plus de g?od?sie que d'astronomie, mais historiquement, ce genre de travail a toujours ?chu aux astronomes. Les h?ros utilisent la m?thode de triangulation expos?e en d?tail dans l'Astronomie Populaire d'Arago. On retrouve le th?me des grandes exp?ditions scientifiques des Picard, Lacaille, Maupertuis, Bouguer, Godin, La Condamine, M?chain, Delambre, Arago… commandit?es par l'Acad?mie des sciences, aux ?poques o? le m?tier d'astronome ?tait un m?tier dangereux.

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Le chasseur regarda son compagnon d’un air singulier, puis, d’un ton ironique:

«Du moment que Votre Honneur se déclarera satisfait, répondit-il, je n’aurai plus rien à dire. Je croyais qu’il ne me tiendrait pas quitte à moins d’une couple de rhinocéros ou d’une paire d’éléphants?

– Chasseur, répliqua sir John Murray, j’irai où vous me conduirez. Je tuerai ce que vous me direz de tuer. Ainsi, en avant, et ne perdons pas notre temps en paroles inutiles.»

Les chevaux furent mis au petit galop, et les deux chasseurs s’avancèrent rapidement vers la forêt.

La plaine qu’ils traversaient remontait en pente douce vers le nord-est. Elle était semée çà et là de buissons innombrables, alors en pleine floraison, et desquels s’écoulait une résine visqueuse, transparente, parfumée, dont les colons font un baume pour les blessures. Par bouquets pittoresquement groupés s’élevaient des «nwanas,» sortes de figuiers-sycomores, dont le tronc, nu jusqu’à une hauteur de trente à quarante pieds, supportait un vaste parasol de verdure. Dans cet épais feuillage caquetait un monde de perroquets criards, très-empressés à becqueter les figues aigrelettes du sycomore. Plus loin, c’étaient des mimosas à grappes jaunes, des «arbres d’argent» qui secouaient leurs touffes soyeuses, des aloës aux longs épis d’un rouge vif, qu’on eût pris pour des arborescences coralligènes arrachées du fond des mers. Le sol, émaillé de charmantes amaryllis à feuillage bleuâtre, se prêtait à la marche rapide des chevaux. Moins d’une heure après avoir quitté le kraal, sir John Murray et Mokoum arrivaient à la lisière de la forêt. C’était une haute futaie d’acacias qui s’étendait sur un espace de plusieurs milles carrés. Ces arbres innombrables, confusément plantés, enchevêtraient leurs ramures, et ne laissaient pas les rayons du soleil arriver jusqu’au sol, embarrassé d’épines et de longues herbes. Cependant le zèbre de Mokoum et le cheval de sir John n’hésitèrent pas à s’aventurer sous cette épaisse voûte et se frayèrent un chemin entre les troncs irrégulièrement espacés. Çà et là, quelques larges clairières se développaient au milieu du taillis, et les chasseurs s’y arrêtaient pour observer les fourrés environnants.

Il faut dire que cette première journée ne fut pas favorable à Son Honneur. En vain son compagnon et lui parcoururent-ils une vaste portion de la forêt. Aucun échantillon de la faune africaine ne se dérangea pour les recevoir, et sir John songea plus d’une fois à ses plaines écossaises sur lesquelles un coup de fusil ne se faisait pas attendre. Peut-être le voisinage du kraal avait-il contribué à éloigner le gibier soupçonneux. Quant à Mokoum, il ne montrait ni surprise, ni dépit. Pour lui cette chasse n’était pas une chasse, mais une course précipitée à travers la forêt.

Vers six heures du soir, il fallut songer à revenir au camp. Sir John Murray était très-vexé, sans vouloir en convenir: un chasseur émérite revenir «bredouille!» jamais! Il se promit donc de tirer le premier animal, quel qu’il fût, oiseau ou quadrupède, gibier ou fauve, qui passerait à portée de son fusil.

Le sort sembla le favoriser. Les deux chasseurs ne se trouvaient pas à trois milles du kraal, quand un rongeur, de cette espèce africaine désignée sous le nom de «lepus rupestris,» un lièvre en un mot, s’élança d’un buisson à cent cinquante pas de sir John. Sir John n’hésita pas, et envoya à l’inoffensif animal une balle de sa carabine.

Le bushman poussa un cri d’indignation. Une balle à un simple lièvre dont on aurait eu raison avec «du six!» Mais le chasseur anglais tenait à son rongeur, et il courut au galop vers l’endroit où la bête avait dû tomber.

Course inutile! De ce lièvre nulle trace; un peu de sang sur le sol, mais pas un poil. Sir John cherchait sous les buissons, parmi les touffes d’herbe. Les chiens furetaient vainement à travers les broussailles.

«Je l’ai pourtant touché! s’écriait sir John.

– Trop touché! répondit tranquillement le bushman. Quand on tire un lièvre avec une balle explosive, il serait étonnant qu’on en retrouvât une parcelle!»

Et en effet, le lièvre s’était dispersé en morceaux impalpables! Son Honneur, absolument dépité, remonta sur son cheval, et, sans ajouter un mot, il regagna le campement.

Le lendemain, le bushman s’attendait à ce que sir John Murray lui fit de nouvelles propositions de chasse. Mais l’Anglais, très-éprouvé dans son amour-propre, évita de se rencontrer avec Mokoum. Il parut oublier tout projet cynégétique, et s’occupa de vérifier les instruments et de faire des observations. Puis, par délassement, il visita le kraal bochjesman, regardant les hommes s’exercer au maniement de l’arc, ou jouer du «gorah,» sorte d’instrument composé d’un boyau tendu sur un arc, et que l’artiste met en vibration en soufflant à travers une plume d’autruche. Pendant ce temps, les femmes vaquaient aux travaux du ménage, en fumant le «matokouané,» c’est-à-dire la plante malsaine du chanvre, distraction partagée par le plus grand nombre des indigènes. Suivant l’observation de certains voyageurs cette inhalation du chanvre augmente la force physique au détriment de l’énergie morale. Et, en effet, plusieurs de ces Bochjesmen paraissaient comme hébétés par l’ivresse du matokouané.

Le lendemain, 17 mai, sir John Murray, au petit jour, fut réveillé par cette simple phrase prononcée à son oreille:

«Je crois, Votre Honneur, que nous serons plus heureux aujourd’hui. Mais ne tirons plus les lièvres avec des obusiers de montagnes!»

Sir John Murray ne broncha pas en entendant cette recommandation ironique, et il se déclara prêt à partir. Les deux chasseurs s’éloignèrent de quelques milles sur la gauche du campement, avant même que leurs compagnons ne fussent éveillés. Sir John portait cette fois un simple fusil, arme admirable de F. Goldwin, et véritablement plus convenable pour une simple chasse au daim ou à l’antilope, que la terrible carabine. Il est vrai que les pachydermes et les carnivores pouvaient se rencontrer par la plaine. Mais sir John avait sur le cœur «l’explosion» du lièvre, et il eût mieux aimé tirer un lion avec de la grenaille que de recommencer un pareil coup sans précédent dans les annales du sport.

Ce jour-là, ainsi que l’avait prévu Mokoum, la fortune favorisa les deux chasseurs. Ils abattirent un couple «d’harrisbucks,» sortes d’antilopes noires, très-rares et difficiles à tuer. C’étaient de charmantes bêtes, hautes de quatre pieds, aux longues cornes divergentes et élégamment arrondies en forme de cimeterre. Leur mufle était aminci et comprimé latéralement, leur sabot noir, leur poil serré et doux, leurs oreilles étroites et pointues. Leur ventre et leur face, blancs comme la neige, contrastaient avec le pelage noir de leur dos, que caressait une ondoyante crinière. Des chasseurs pouvaient se montrer fiers d’un pareil coup, car l’harrisbuck a toujours été le desideratum des Delegorgue, des Valhberg, des Cumming, des Baldwin, et c’est aussi l’un des plus admirables spécimens de la faune australe.

Mais ce qui fit battre le cœur du chasseur anglais, ce furent certaines traces que le bushman lui montra sur la lisière d’un épais taillis, non loin d’une vaste et profonde mare, entourée de gigantesques euphorbes, et dont la surface était toute constellée des corolles bleu-ciel du lys d’eau.

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