Cyteen, vol. 1
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— C’est à vous que peut s’adresser ce reproche, rétorqua Yanni.
Sur ces mots, il regagna son bureau et claqua la porte.
Justin resta figé sur place. Il reporta son attention sur Marge, avec désespoir.
L’assistante de Yanni parut compatir et secoua la tête.
Il revint sur ses pas pour annoncer la nouvelle à Grant.
Et il fournit la bande réparatrice trois jours plus tard.
— Parfait, lui dit Yanni. J’espère qu’elle sera efficace. J’ai un autre cas à vous soumettre.
10
— C’est mon travail, dit maman.
Et Ari, qui laissait sa main dans la sienne – pas parce qu’elle était petite mais parce que les machines étaient énormes, quelles bougeaient et que tout semblait très dangereux, ici –, regardait de tous côtés les parois d’acier de ce qu’ils appelaient les cuves utérines : des bacs aussi volumineux que des autocars.
— Où sont les bébés ? demanda-t-elle.
— À l’intérieur, répondit maman avant de s’adresser à une azie qui approchait : Mary, je te présente ma fille. Ari va jeter un coup d’œil aux écrans.
— Bien, docteur Strassen, fit l’azie.
Tous parlaient très fort, ici.
— Bonjour, Ari.
— Bonjour, répondit-elle.
Et elle agrippa la main de maman qui suivait Mary vers l’autre extrémité de l’interminable rangée de cuves.
Les lieux n’étaient guère différents d’un immense bureau, avec des moniteurs partout.
— Quel est le plus jeune ? demanda maman.
— Le dix n’a qu’une semaine.
— Ari, peux-tu compter dix cuves ? Elle est là-bas, près du mur.
Ari regarda, compta, et hocha la tête.
— Parfait, dit maman. Jetons un coup d’œil, Mary. Aric Mary va te montrer le bébé de la dix.
— On ne peut pas aller voir dedans ?
— La lumière le gênerait. C’est un présent qu’on reçoit le jour de sa naissance. Il ne faut pas ouvrir les matrices avant la parturition. D’accord ?
C’était amusant. Ari rit et se laissa choir dans le siège placé devant un écran où apparaissait un petit machin rougeâtre.
— Voilà le bébé, déclara maman en tendant le doigt.
— Beurk.
Il se produisit un déclic. Elle se rappela une chose vue quelque part. Sans doute dans une bande. Une sorte de bébé.
— Ils sont en effet un peu « beurk », à ce stade. Sais-tu après combien de semaines ils peuvent naître ?
— Quarante et quelque chose, répondit Ari.
Une autre connaissance inculquée par les bandes.
— Est-ce qu’ils sont tous comme ça ?
— Quels sont ceux qui approchent de huit semaines, Mary ?
— Le quatre et le cinq.
— Les cuves quatre et cinq, Ari. Nous allons te montrer le bébé que contient lac laquelle, Mary ?
— La quatre, sera.
— Il est presque aussi vilain que celui de tout à l’heure, fit remarquer Ari. Je ne pourrais pas en voir un plus joli ?
— Eh bien, nous allons poursuivre nos recherches.
Elle trouva le suivant un peu mieux. L’autre plus encore. Finalement, ils furent trop gros pour apparaître en entier. Et ils bougeaient. Ari était fascinée, parce que maman venait de dire qu’ils allaient procéder à une naissance.
Le moment venu, la salle fut envahie par des techs et maman prit Ari par les épaules pour la tenir devant elle, afin qu’elle pût tout voir. Elle lui indiqua dans quelle direction elle devait regarder, là, dans ce bac.
— Il ne va pas se noyer ? s’inquiéta Ari.
— Non, non. Tu sais que les fœtus vivent dans un liquide, n’est-ce pas ? Le revêtement interne de la cuve commence à se contracter, comme le ventre d’une femme lors de l’accouchement. Le bébé va être expulsé, de la même façon que si c’étaient des muscles. Mais ce sont en fait des pompes. Tu verras beaucoup de sang, parce que des vaisseaux vont se rompre dans le bioplasme, pendant l’expulsion.
— Est-ce qu’il aura un cordon, et le reste ?
— Bien sûr. Tous les bébés en ont un. Il est bien réel. Tout est réel, d’ailleurs, même le bioplasme. C’est le plus difficilec reconstituer un système sanguin. Regarde bien, maintenant. Observe cette lumière qui clignote. Elle avertit les techs de se tenir prêts à intervenir. Ça y est. Voilà sa tête. C’est dans ce sens que les bébés doivent sortir.
— Splash ! s’exclama Ari.
Et elle battit des mains quand il tomba dans la cuvette.
Puis elle se figea en le voyant barboter pendant que l’eau emportait des tas de trucs dégoûtants.
— Beurk !
Mais les techs azis le prirent et coupèrent son cordon ombilical. Ari se haussa sur la pointe des pieds pour les voir emmener le bébé qui gigotait toujours. Mary leur dit de s’arrêter et de lui montrer le nouveau-né qui faisait des grimaces. Un bébé garçon.
Puis ils le lavèrent, le talquèrent et l’empaquetèrent, et Mary le prit et le berça.
— Je te présente GY-7688, dit maman. Il s’appelle Auguste. Il fera partie des services de sécurité, un jour. Mais il restera un bébé encore longtemps. Quand tu auras douze ans, il sera grand comme tu l’es à présent.
C’était passionnant. Ils l’autorisèrent à toucher le nourrisson, à condition qu’elle allât d’abord se laver les mains. Il agita ses petits poings et lui donna des coups de pied, ce qui la fit rire aux éclats. Elle s’amusait beaucoup.
— Dis au revoir, lui murmura maman. Remercie Mary.
— Merci, dit Ari avec sincérité.
Elle avait trouvé cela très amusant et espérait pouvoir revenir bientôt.
— As-tu aimé cette visite ? lui demanda maman.
— Surtout quand le bébé est sorti.
— Ollie est né de cette manière, dans le même labo.
Elle ne pouvait imaginer Ollie si petit et si drôle. Elle refusait de le ridiculiser ainsi. Son nez se plissa et elle se le représenta tel qu’il était à présent.
Grand et élégant dans son uniforme noir.
— Certains CIT passent aussi leur gestation dans ces cuves, quand leur maman ne peut pas les garder dans leur ventre. Les matrices artificielles s’en chargent à leur place. Sais-tu ce qui différencie un azi d’un CIT, lorsqu’ils naissent tous les deux de cette manière ?
Une question difficile. Les différences étaient nombreuses, tant sur le plan légal que dans leur façon d’être.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Quand as-tu reçu ta première bande ?
— Maintenant. Et j’ai six ans.
— C’est exact. C’était le lendemain de ton anniversaire. Tu n’as pas eu peur ?
— Non.
Elle secoua la tête, parce que ses cheveux s’envolaient et qu’elle adorait ça. Maman prenait son temps pour lui poser des questions et Ari s’ennuyait pendant les pauses.
— Sais-tu quand Auguste recevra sa première bande ?
— Quand ?
— Aujourd’hui. Maintenant. Dès qu’ils l’auront placé dans un berceau une bande se mettra à défiler, pour qu’il puisse l’entendre.
Elle en fut impressionnée, pour ne pas dire jalouse. Cet azi représentait une menace, car il risquait ainsi de devenir plus savant qu’elle.
— Pourquoi n’en avez-vous pas fait autant pour moi ?
— Parce que tu étais destinée à devenir une CIT et que l’éducation des CIT se fait par d’autres méthodes. Les bandes sont efficaces, mais l’enfant qui a une maman ou un papa pour s’occuper de lui découvre des choses qui ne seront révélées à Auguste que bien plus tard. Il serait presque possible de dire que les CIT prennent leur départ dans l’existence bien avant les azis. Ces derniers apprennent à être serviables et à accomplir leur travail, mais pas à décider ce qu’il convient de faire dans une situation imprévue. En cas d’urgence, les CIT sont moins désemparés qu’eux grâce à ce que leur a appris leur maman. Les bandétudes ne peuvent remplacer l’expérience personnelle. Voilà pourquoi je te dis de prêter bien attention à tout ce que tu vois et entends. C’est pour cela que les CIT sont élevés ainsic afin qu’ils comprennent que les bandes sont moins importantes que les yeux et les oreilles. Si Auguste avait une maman, elle l’emporterait chez elle et il deviendrait un CIT.
— Mary devrait devenir sa maman.