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Monsieur Lecoq

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Monsieur Lecoq
Название: Monsieur Lecoq
Автор: Gaboriau ?mile
Дата добавления: 16 январь 2020
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Monsieur Lecoq - читать бесплатно онлайн , автор Gaboriau ?mile

Le pr?curseur, fran?ais, de Sherlock Holmes…

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Mais l’impression terrible qu’elle ressentit au contact du verre dissipa son ivresse; elle rentra en pleine possession de soi, la faculté de délibérer lui revint…

Et la preuve, c’est que sa première pensée fut celle-ci:

– J’ignore jusqu’au nom de ce poison que je tiens… Quelle dose en dois-je mettre? En faut-il beaucoup ou très peu?…

Elle déboucha le flacon non sans peine, et versa quelque peu de son contenu dans le creux de sa main.

C’était une poudre blanche, très fine, scintillante comme s’il s’y fût trouvé de la poussière de verre, et ressemblant beaucoup à du sucre pilé.

– Serait-ce vraiment du sucre? pensa Mme Blanche.

Résolue à s’en assurer, elle mouilla légèrement le bout de son doigt et prit quelques atomes de cette poudre blanche, qu’elle posa sur sa langue et qu’elle cracha aussitôt.

Sa sensation fut celle que lui eût donné un morceau de pomme très sûre.

– L’étiquette ne ment sans doute pas, murmura-t-elle, avec un terrible sourire.

Et, sans hésiter, sans pâlir, sans remords, elle laissa tomber dans la tasse tout ce que contenait le flacon…

Elle avait si bien tout son sang-froid, qu’elle songea que cette poudre serait peut-être lente à se dissoudre, et qu’elle eut la sinistre prévoyance de l’agiter avec une cuiller pendant plus d’une minute.

Cela fait, – elle pensait à tout, – elle goûta le bouillon. Il avait une saveur légèrement âpre, mais trop peu sensible pour éveiller des défiances…

Alors, Mme Blanche respira. Qu’elle réussît à s’esquiver maintenant, et elle était vengée, et elle était assurée de l’impunité…

Déjà elle se dirigeait vers la porte, quand un bruit de pas dans l’escalier la terrifia.

Deux personnes montaient… Où fuir, où se cacher?…

Elle se sentait si bien prise et perdue, qu’elle eut l’idée de jeter le bol au feu, d’attendre et de payer d’audace…

Mais non!… une ressource restait… le cabinet de toilette… Elle s’y précipita.

Elle avait si bien attendu à la dernière seconde, qu’elle n’osa pas refermer la porte: le seul claquement du pêne dans sa gâche l’eût trahie.

Elle devait s’en applaudir, l’entre-bâillure lui permettant de mieux voir et de tout entendre.

Marie-Anne rentrait, suivie d’un jeune paysan qui portait un gros paquet.

– Ah! voici ma lumière, s’écria-t-elle dès le seuil, le contentement me fait perdre l’esprit; j’aurais juré que je l’avais descendue et posée sur la table, en bas.

Mme Blanche frémit. Elle n’avait pas songé à cette circonstance!

– Où faut-il mettre ces hardes? demanda le jeune gars.

– Ici, répondit Marie-Anne, je les rangerai dans le placard.

Le brave paysan déposa son paquet et respira bruyamment.

– Voilà donc le déménagement fini, s’écria-t-il. Ç’a été fait lestement, j’espère, et personne ne nous a vus. Maintenant, notre monsieur peut venir…

– À quelle heure se mettra-t-il en route?

– On attellera à onze heures, comme c’était convenu… Ah! il lui tarde joliment d’être ici; il y sera vers minuit…

Marie-Anne consulta de l’œil la magnifique pendule de la cheminée.

– J’ai donc encore trois heures devant moi, dit-elle… c’est plus qu’il ne faut. Le souper est prêt, je vais dresser la table, là, devant le feu… Dites-lui qu’il m’apporte un bon appétit.

– On lui dira… Et vous savez, mademoiselle, bien des remerciements d’être venue à ma rencontre et de m’avoir aidé au second voyage. Ce que j’apportais n’était pas lourd, mais c’était si embarrassant!…

– Peut-être accepteriez-vous un verre de vin?…

– Non, merci, sans compliment, il faut que je rentre… Au revoir, mademoiselle Lacheneur.

– Au revoir, Poignot.

Ce nom de Poignot n’apprenait rien à Mme Blanche…

Ah! si elle eût entendu prononcer le nom de M. d’Escorval, de la baronne ou de l’abbé Midon, ses certitudes eussent été troublées, sa résolution eût chancelé, et qui sait alors!

Mais non, rien!… Le fils Poignot, pour désigner le baron, avait dit: «le monsieur,» Marie-Anne disait: «Il…»

«Il…» n’est-ce pas toujours celui qui emplit et obsède notre pensée, ami ou ennemi, le mari qu’on hait ou l’amant qu’on adore.

«Le monsieur!… Il!…» Mme Blanche traduisait Martial.

Oui, pour elle c’était le marquis de Sairmeuse qui devait arriver à minuit, elle l’eût juré, elle en était sûre.

C’était lui qui s’était fait précéder de ce commissionnaire chargé de paquets.

Que faisait-il apporter ainsi? Des objets sans doute qu’il avait l’habitude de trouver sous la main et qui lui manquaient. Il envoyait des hardes… Mme Blanche l’avait bien entendu: des hardes!…

C’est-à-dire qu’il se trouvait si bien à la Borderie, qu’il y complétait son installation, il s’y établissait, il y voulait être chez lui. Peut-être était-il las du mystère, et se proposait-il d’y vivre ouvertement, au mépris de son rang, de sa dignité, de ses devoirs, sans souci des préjugés et des idées reçues…

Voilà quelles conjectures, pareilles à de l’huile sur un brasier, enflammaient la haine de Mme Blanche.

Comment, après cela, eût-elle hésité ou tremblé!…

Elle ne tremblait, en vérité, que d’être découverte dans sa cachette…

Tante Médie était, il est vrai, dans le jardin, mais après la menace qui lui avait été faite, la parente pauvre était femme à rester la nuit entière, immobile comme une pierre, derrière le massif de lilas.

Donc, rien à craindre, et Mme Blanche se voyait deux heures et demie à rester seule avec Marie-Anne à la Borderie.

N’était-ce pas plus de temps qu’il ne fallait pour assurer le crime, sa vengeance et l’impunité.

Quand on découvrirait l’empoisonnement, elle serait bien loin, ses mesures étaient prises pour qu’on ne sût pas qu’elle était sortie de Courtomieu, nul ne l’avait aperçue, la tante Médie serait muette.

Et, d’ailleurs, qui oserait seulement songer à elle, marquise de Sairmeuse, née Blanche de Courtomieu!…

– Mais cette créature ne boit pas, pensait-elle.

Marie-Anne, en effet, avait oublié le bouillon, de même que l’instant d’avant elle ne s’était plus souvenue de l’endroit où elle avait déposé son flambeau.

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