Le Cadavre Geant (Гигантский кадавр)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Hélèneeut la sensation aiguë qu’elle n’était plusdésormais qu’une pauvre chose, une épave vivanteque la tempête entraînait, et qu’elle s’enallait vers le large, au gré des flots, dans la nuit noire…
Lajeune femme alors ralentit ses brassées…
Leterrible drame dont elle était l’héroïneparvenait fatalement à sa sinistre conclusion. Dans la luttetéméraire qu’elle avait entreprise, elle étaitvaincue et Hélène, à l’instant mêmeoù elle allait mourir, ne pouvait s’empêcher derépéter, haletante :
— Fantômasest le Maître de tous… Fantômas est le Maîtrede tout…
Lafièvre, à cet instant, lui donna le délire, ellesongea encore :
— Quelbeau linceul me fera la mer frangée d’écume !…
Puis,elle ne songea plus… l’évanouissement suprêmemit fin à sa torture… elle cessa de nager… sajolie tête chercha l’appui trompeur des flots moelleux…la mer s’ouvrit, la reçut en son sein, l’engloutit,se ferma sur elle, tranquille, calme, voilant le meurtre qu’ellevenait d’accomplir sous les vaguelettes joueuses du courant.
— Donne-luiencore du rhum…
— ByJove, tu vas la mettre dans les vignes.
— T’inquiètepas, ma vieille… elle en reviendra…
— Place,place… voilà des briques chaudes…
— Ventedur, ce matin… Et alors, qu’est-ce qu’elle dit ?
— Rien,capitaine… rien encore…
Celasentait la mer dans ce logis étroit aux formes arrondies, danscette cabine qui comportait tout juste un petit lit, un cadre, unetable à roulis et quelques ustensiles de toilette.
Celasentait la mer et, de fait, si quelque curieux avait glissé unregard à travers un étroit hublot, il n’eûtaperçu, au plus lointain de l’horizon, que les flotsglauques, frangés d’écume, se creusant end’énormes vagues, se bousculant en colèressoudaines, s’enflant en montagnes et déferlant enavalanche…
Unecabine !… Était-cedonc à bord d’un bateau que se trouvaient ces hommes aurude visage, aux gestes brusques, qui s’entassaient dansl’étroit logement, se bousculant les uns les autres,apportant chacun un objet, qui des briques chaudes, qui un grand bolrempli de rhum ?
Ledoute, à la vérité, n’était paspermis. Les oscillations du plancher, les craquements qui sefaisaient entendre, le heurt sourd des lames battant les flancs duvaisseau, et par-dessus tout les hurlements de la brise…l’odeur âcre et saline qui régnait en ces lieuxeût suffi à en donner la certitude.
Maisque se passait-il dans cette chambre ? Pourquoi ces hommesfrustres et brutaux se hâtaient-ils ainsi vers le lit ?
Surle cadre étroit était étendue une femme. Elleparaissait inanimée, morte peut-être… Ses cheveuxdénoués s’enroulaient autour de son front,emmêlés d’algues, parsemés de coquillages.Ses vêtements trempés collaient à ses membres.Son visage blême était immobile.
Qu’était-elle ?D’où venait-elle ?
Quelterrible accident l’avait réduite au triste étatoù elle se trouvait ?
— Donnez-luidu rhum, sang Dieu ! reprenait une voix. Avec le rhum, on remettoujours les gens sur patte. C’est la meilleure médecine…
Dansle grand bol une large rasade fut versée. Un homme, uncolosse, qui, pieds nus, portait pour tout vêtement une courteculotte de toile et une sorte de chandail ouvert au cou, laissantapercevoir une robuste poitrine, s’approchaitprécautionneusement de la malade.
— Une…deux… trois… sautez muscade, annonçait-il. Jeparie qu’à ce coup-ci la belle enfant se décide ànous dire bonjour ou bonsoir…
Cethomme, qui semblait d’une force herculéenne, avait enréalité des gestes assez doux. Il trouvait moyen, avecle manche d’une cuiller de plomb, de desserrer les dents de lamalade inanimée et alors, avec de douces précautions,il versait de petites gorgées de liquide, la forçant enquelque sorte à boire.
Iln’insistait pas longtemps, d’ailleurs. Le rhum dont il seservait était effroyablement fort, et son effet ne se faisaitpas longtemps attendre.
Lamalade, tout à l’heure inanimée, ouvrit les yeux.D’abord, elle considéra avec une stupeur profonde lesvisages qui se penchaient sur elle. Puis, il sembla qu’uneépouvante passa sur son visage. Ses mains se crispèrent,elle voulut parler, un son indistinct sortit seul de sa gorgecrispée.
Autourd’elle, cependant, ceux qui la soignaient se répandaienten exclamations de joie.
— Boum,ça y est… disait un grand gaillard qui venaitd’apporter des briques chaudes, et de les appuyer contre lespieds de la rescapée. Y a pas à dire, elle revient…
— Ellerevient si bien, affirma l’homme qui tenait le bol de rhum, quela voilà hors de danger. Encore une rasade, et, ma parole, nivu ni connu !
Ilforçait en effet la malade à boire encore, maiscelle-ci, bientôt, repoussait le bol. Le rhum semblait luicauser une fièvre intense. Elle retrouvait des forcesfactices ; d’une voix sourde, elle interrogea :
— Oùsuis-je ? Que me voulez-vous ?
Dixvoix la renseignèrent en même temps :
— Ah !par exemple… ripostait l’homme au bol, elle est fameuse…Eh bien ! madame ma chère, sauf vot’respect, vousêtes sur La Cordillère, un fin voilier, maparole, et qui file en ce moment vent arrière une jolie couplede nœuds. Ce qui vous est arrivé, dame, ce serait plutôtà vous de nous le dire… quoique… enfin…suffit… je m’entends !…
Unéclat de rire couvrait ses paroles. L’assistance prêtaitévidemment un sens mystérieux à cette réponsepeu claire.
Lamalade, pourtant, s’informait encore :
— Jesuis à bord d’un bateau… comme cela se fait-il ?
Maiscette fois-ci, les hommes d’équipage riaient encore plusfort.
— Mabelle poulette, reprenait l’homme au rhum, sûrement vousn’avez pas encore la tête bien à vous…Voyons, un petit effort de mémoire. Vous ne vous rappelez pasque vous étiez dans la tasse, et en train de boire Un fameuxcoup, lorsque, tout bonnement, la gaffe au veilleur de beauprévous a proprement crochée et tirée du bouillon ?
Cen’était peut-être pas très clair, mais lajeune femme cependant semblait désormais comprendre lesexplications qu’on lui donnait.
— C’estvrai, murmurait-elle faiblement… Je m’étaisévanouie, je me noyais… Mais c’est vous quim’avez sauvée, alors ?
— Dame !probable !
Larescapée, à ce moment, faisait effort pour se souleverfaiblement. On l’aidait à s’asseoir sur son lit,puis elle reprenait :
— Oh !si vous saviez à quel danger j’échappe… sivous saviez qui je suis…
Àcette minute, l’inconnue s’interrompit…
Lascène était étrange, en vérité,car à peine avait-elle dit ces mots que l’équipage,à nouveau, éclatait d’un grand rire amusé.
— Oui !oui ! ça va bien ! disait un des matelots. On saitce qu’on sait et on ne sait pas ce qu’on ne sait pas. Ça,c’est des affaires que vous verrez plus tard, quand vous sereztout à fait bien, avec notre capitaine !…
— Mais,je suis bien, murmura la jeune femme…
Ellevoulait se lever, en effet, elle se fût levée peut-êtrepar un prodige d’énergie, si des poignes robustes nel’avaient maintenue et forcée à s’étendreà nouveau.
— Bougezdonc pas, murmurait-on.
Larescapée demanda :
— Maisce bateau… ce bateau sur lequel je suis… oùva-t-il ?
Lesmatelots se consultèrent du regard.
— Bah !on peut lui dire, hasarda l’un.
L’hommeau rhum fut catégorique :
— Ehbien, ma poulette, on va comme qui dirait tout à côté.Deux mois de mer et l’on sera rendu… Et encore, si l’onne tombe pas dans le calme plat…
— Deuxmois de mer !…
Larescapée venait de répondre sur un ton d’indicibleeffroi. Elle articula faiblement :
— Maisla prochaine escale ?
— Pasd’escale pour nous, ma belle…
— Pasd’escale ? Ce bateau va où, alors ?
L’hommelâcha dans un éclat de rire :
— Oùs’en va La Cordillère ? Dame !où vous irez… et si vous voulez en savoir plus, voilàla chose : tout tranquillement, nous filons vers le Chili, etcela, en doublant la pointe !
