Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
Les souliers du mort (Ботинки мертвеца) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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La jeune femme, cependant, venait de dire quelques mots au bureau, puis l’ascenseur de l’hôtel l’enleva.
Juve hésita quelques instants dans le hall.
« Comment savoir où elle va ? » se demandait-il.
Le policier, en effet, ne voulait pas attirer l’attention sur lui, ni se faire connaître aux gens de l’hôtel. Alice Ricard avait laissé sa valise et, quelques instants après, Juve eut la satisfaction d’entendre le portier galonné qui disait à un garçon :
— Montez ce colis à la dame du 44 qui vient d’arriver.
— Bon, fit Juve, Alice est au 44.
Le policier s’approcha du bureau de l’hôtel et remarqua qu’au mur, était suspendu un plan détaillé de l’immeuble.
Il y chercha le 44 et constata que la pièce était au premier étage au-dessus de l’entresol, et que, de part et d’autre de cette chambre, se trouvaient les numéros 42 et 46.
La décision de Juve, dès lors, était prise. Il se rendit à la Caisse :
— Voulez-vous me donner une chambre ? demanda-t-il. Se préférence le numéro 42 ?
L’employée considéra son livre, et par-dessus ses lunettes, regarda son client :
— L’avez-vous retenue ?
— Ma foi non.
— Parce que cette chambre est retenue depuis hier.
— Alors, poursuivit Juve dont le cœur battait, pouvez-vous me donner le 46 ? Je suis habitué à cette chambre car je descends très souvent chez vous.
La caissière eut un petit sourire aimable :
— Nous en sommes très heureux, monsieur, fit-elle.
Puis elle sonna un garçon :
— Conduisez monsieur au 46.
Juve était à peine arrivé dans la pièce voisine de celle qu’occupait Alice Ricard, qu’il faisait monter le chasseur et lui donnait un mot pour le receveur des postes.
Le policier informait ce fonctionnaire de sa qualité, de sa présence à Bordeaux, et demandait qu’on voulût bien lui faire suivre immédiatement toutes les dépêches qui pourraient venir à son nom au télégraphe restant.
Juve, demeuré seul dans sa chambre, ne perdait pas son temps. Il s’était rendu compte, à l’examen des murs, qu’une légère cloison le séparait de la pièce occupée par Alice Ricard. Et, sans la moindre vergogne, Juve, sortant de sa poche une petite vrille, perça avec précaution un trou dans ce mur. Puis, lorsqu’il eut réussi à créer cette communication entre les deux appartements, il colla son œil au trou qu’il venait de faire.
Il ne pouvait pas apercevoir la pièce entière par cet orifice, mais, néanmoins, de temps à autre, une silhouette passait devant lui : celle d’Alice Ricard.
Juve constata d’abord que la jeune femme avait enlevé son chapeau, le grand manteau dont elle était enveloppée, puis il s’aperçut ensuite que, peu à peu, elle se dévêtait.
« J’ai l’air d’un satyre, pensait Juve. Dieu sait pourtant… »
Il s’interrompit, jura tout bas :
— C’est bien ma veine !
Alice Ricard, en effet, désormais déshabillée, avait dû se coucher, elle avait tiré les rideaux pour se protéger contre la lueur du jour et avait éteint l’électricité un instant allumée.
Juve colla son oreille à l’orifice qu’il avait préparé. À force d’attention, au bout de quelques minutes, il entendit, dans le silence absolu qui régnait, le bruit d’une respiration calme et régulière. Alice s’était couchée, elle dormait. Heureuse Alice.
Mais Juve était brusquement arraché à ses observations. On frappait à la porte, c’était un télégraphiste. Il tendait un petit bleu au policier. Celui-ci s’en empara et lut fébrilement.
Le télégramme venait du Havre et il émanait de la Sûreté locale, il était ainsi conçu :
Avons été prévenus trop tard, Ricard embarqué sur paquebotAquitaine , navire côtier à destination de Bordeaux avec arrêt en cours de voyage ; avons télégraphié vos instructions aux escales.
Juve, après avoir relu la dépêche, se mit à la commenter :
« Bien, pensa-t-il, je commence à prévoir ce qui va se passer. Fernand Ricard s’est embarqué sur ce paquebot pour venir rejoindre sa femme ici. Drôle d’itinéraire, évidemment, mais enfin, ça le regarde. »
Il ajouta :
« Ceci me confirme dans cette opinion que les deux lettres que j’ai trouvées n’étaient que de la mise en scène, destinée à égarer les recherches de la justice. Bon, qui vivra verra. Il me semble que désormais je vais pouvoir faire comme ma voisine et prendre un peu de repos. »
Le policier, toutefois, voulait au préalable s’assurer de l’arrivée éventuelle de l’ Aquitaineà Bordeaux. Et il sonna pour demander au garçon :
— Le Journal de la Marine, s’il vous plaît ?
Lorsqu’il fut en possession de la feuille, Juve vit que l’ Aquitaineétait attendue à Bordeaux vers trois heures de l’après-midi, le vendredi 27.
— Nous avons, fit-il, deux jours devant nous, diable ! Ce séjour ne va pas être amusant, si Alice Ricard passe son temps à dormir dans sa chambre !
Juve qui bâillait à se décrocher la mâchoire, alla s’étendre sur son lit.
Il y était à peine depuis cinq minutes, que l’on frappait à sa porte. C’était une autre dépêche.
— Zut, grommela le policier, voilà le jeu des petits papiers qui commence. Pourvu que cela continue, je ne fermerai pas l’œil.
Il déchira cependant fiévreusement le pointillé et, cette fois, une profonde stupéfaction se peignit sur son visage. La dépêche qu’on lui avait apportée émanait de la Sûreté de Cherbourg. On lui disait :
Avons visité cette nuit paquebotAquitaine , voyageur Ricard pas à bord, disparu, sa valise retrouvée dans cabine qu’il n’a pas occupée. Supposons accident ou suicide.
— Ah nom de nom de nom ! jura Juve. Cet animal-là se serait donc tué comme l’annonçait sa lettre ? Voilà qui n’est pas ordinaire.
Juve n’avait pas le temps de se faire de longues réflexions, il venait de s’étendre à nouveau sur son lit. Il en fut encore arraché, on sonnait de nouveau :
— C’est abominable ! grogna-t-il. Je vais dire qu’on me foute la paix !
— Une dépêche, monsieur, fit le jeune employé.
— Donne, petit.
Juve déchirait le pointillé. Il sursauta, le télégramme était de Fandor, il lui avait été adressé de Vernon, à Paris, puis son vieux domestique Jean l’avait fait suivre jusqu’à Bordeaux.
Fandor disait à Juve :
Je file Ricard, et je ne le lâche pas d’une semelle.
« Ouais, se dit Juve, tout cela c’est très joli, mais la situation s’embrouille, et je n’y comprends plus rien. Ricard est-il vivant ou mort ? Fandor l’a-t-il perdu ou retrouvé ? Ah zut, je n’en sors pas ! »
26 – LE VRAI BARABAN
Un bruit insolite arracha Juve au sommeil. Le policier était étendu sur son lit, il se redressa, regarda sa montre :
— Quatre heures, constata-t-il.
Puis, il écouta. Les bruits qui l’avaient éveillé venaient de la chambre voisine, de celle occupée par Alice Ricard.
Juve prêta l’oreille, et, comme une simple cloison le séparait de la pièce occupée par la jeune femme, il l’entendit nettement se lever. Elle aussi sans doute se réveillait. Quelqu’un, au bout d’un instant, vint frapper à sa porte. C’était une femme de chambre, à laquelle la voyageuse demandait :
— Faites-moi donc apporter quelque chose, du thé, de la viande froide.
Puis Alice Ricard ajoutait :
— À quelle heure arrive le train de Paris ?
— Je crois que c’est à six heures moins le quart, madame.
— Bien, fit Alice. Vous me monterez également des journaux.
« Cinq heures quarante-cinq, se disait Juve. Alice Ricard s’intéresse à l’arrivée du train de Paris », et il conclut : « Je vais m’y intéresser aussi. »
Juve, en tout point, alors, imita la jeune femme.
Elle avait éprouvé le besoin de prendre quelque chose et Juve, à ce moment, se sentit une fringale terrible.
Il se commanda un demi-poulet, une bonne bouteille de vin. Puis, lorsqu’il eut terminé ce repas, à peu près en même temps qu’Alice Ricard, de l’autre côté de la cloison, Juve se mit à fumer des cigarettes sans interruption. Le temps passait, mais lentement. Et le policier regardait l’heure avec anxiété, trouvant que les aiguilles marchaient trop lentement.