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La guepe rouge (Красная оса)

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La guepe rouge (Красная оса)
Название: La guepe rouge (Красная оса)
Дата добавления: 15 январь 2020
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La guepe rouge (Красная оса) - читать бесплатно онлайн , автор Аллен Марсель

продолжение серии книг про Фантомаса

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— La mise à prix est à trois francs.

— Trois francs, répéta l’aboyeur, dont la voix puissante se répercutait, sonore, dans l’atmosphère chaude de la pièce. Trois francs. Une fois, deux fois…

— Cinq francs, fit une voix.

Une autre :

— Sept francs.

Un petit temps d’arrêt. Les gens se regardaient dans la salle, semblaient se surveiller du coin de l’œil.

— Ça a l’air en effet de monter terriblement, votre tableau, dit Fandor.

Et, comme pour lui donner un démenti, un acheteur se manifestait :

— Douze francs, cria-t-il.

— Vous avez entendu ? Douze francs. Il y a preneur à douze francs !

Et Juve ne perdait pas confiance, il continuait à dire tout bas :

— Tu vas voir que ça va monter, tu vas voir la hausse !

— Treize francs, fit le journaliste qui, par manière de plaisanterie, y alla lui aussi de son enchère.

Mais, à sa grande surprise, Juve lui avait serré le bras nerveusement. Le policier grognait :

— Tais-toi donc, imbécile, tu vas faire tout manquer ! Si jamais le tableau te reste sur les bras, tout est perdu.

Interloqué, Fandor regrettait de s’être ainsi avancé, bien qu’il n’eût pas compris pourquoi Juve redoutait désormais de le voir garder ce tableau au prix de treize francs, alors que l’instant précédent, le policier supposait qu’il allait monter très haut.

Leurs appréhensions, toutefois, furent calmées par ce fait que, d’une voix cassée, éraillée, une femme qui, jusqu’alors, ne s’était pas encore manifestée, surenchérissait aussi :

— Je mets quinze francs, dit-elle.

— Quinze francs, répéta le commissaire-priseur, une fois… deux fois… Voyons, messieurs, mesdames, l’affaire en vaut la peine, c’est pour rien.

L’aboyeur répéta :

— Quinze francs, il y a un amateur à quinze francs !

Puis ce fut le silence. Alors, retentit un coup sec, le marteau du commissaire-priseur retomba sur la table, l’affaire était traitée. La copie du Rembrandt était adjugée. À quinze francs.

Qui donc s’était porté acquéreur ?

Il y eut un remous dans la foule, on se précipitait pour voir la personne qui cherchait à se frayer un passage, dans les rangs du public, pour donner son nom et son adresse, et régler en même temps son achat.

Cependant que Juve hochait la tête, d’un air mystérieux mais satisfait, Fandor étouffait une exclamation de surprise. Il connaissait la personne qui, désormais, était propriétaire du faux tableau exécuté par Érick Sunds : c’était la mère Toulouche.

Depuis quelques mois, la sordide mégère avait repris son ancien métier. Fandor savait qu’elle tenait un bric-à-brac, au haut de la rue Lepic, et qu’elle était mêlée à tout ce monde interlope et bizarre de rapins sans travail, de chineurs, aux fréquentes absences, de fabricants de faux objets d’art. Il regarda Juve d’un air interrogateur.

Le policier souriait :

— Ça va très bien, murmura-t-il, très bien… nous sommes sur la bonne piste !

La mère Toulouche, toutefois, avait donné une pièce de vingt francs pour régler son acquisition. On lui rendit la monnaie et, conduite par l’un des secrétaires du commissaire-priseur, elle passa dans une pièce voisine où on allait lui donner livraison de son acquisition.

Le gros intérêt de la vente avait disparu, et la salle se vida aux deux tiers, cependant que le commissaire, impassible, continuait à détailler les lots qui restaient à vendre.

Juve et Fandor étaient sortis. Ils se retrouvèrent rue Drouot. Juve entraîna son ami :

— Allons chez toi, rue Richer, fit-il. Il est bon de nous débarbouiller et d’enlever ces grossiers maquillages qui pouvaient passer inaperçus dans la pénombre de l’hôtel des Ventes, mais qui nous feraient remarquer dans la pleine lumière du jour.

Et lorsque les deux hommes furent installés dans le petit appartement de Fandor, ce dernier demanda à son ami :

— Enfin, Juve, m’expliquerez-vous pourquoi, après vous être attendu a voir ce tableau se vendre très cher, ce qui semblait vous plaire, vous avez eu l’air très content lorsque vous avez constaté qu’il était vendu fort bon marché ?

— Cela prouve que j’ai un excellent caractère, et que je suis toujours heureux des événements qui se produisent.

— Parfait, dit Fandor, mais encore ?

Juve redevint sérieux :

— Eh bien voilà, dit-il. J’estime que mes affaires vont très bien. Je suis sûr d’être sur une bonne piste. En réalité, j’avais peur de voir ce tableau filer dans les mains d’un amateur. Or, il reste dans le « milieu » d’où il ne doit pas sortir pour le moment. De deux choses l’une : ou ce tableau a été acheté par une bande noire de revendeurs, simplement pour en tirer ensuite un certain profit. Ou alors ce sont les complices de Fantômas, ceux qui, de près ou de loin, se sont mêlés des affaires des chineurs, qui ont gardé ce tableau. Je crois que cette dernière hypothèse est la bonne et, dès lors, nous allons mener notre enquête grand train.

— Juve, je vous comprends de moins en moins.

— C’est pourtant bien simple. Je t’ai dit que j’avais une idée, une idée que tu trouverais folle, extraordinaire, invraisemblable, si je te la communiquais tout de suite ; mais tu la trouveras peut-être excellente un peu plus tard, lorsque je te l’expliquerai en détail. Toujours est-il que, pour le moment, j’estime que les vrais acheteurs du tableau n’ont pas osé se manifester à l’hôtel des Ventes. Il leur aurait déplu que l’on sache qu’ils s’en étaient rendus acquéreurs, et maintenant que cette fameuse croûte est tombée entre les mains de la mère Toulouche, et que l’on peut se la procurer chez elle, tout en bénéficiant de l’anonymat, tu vas voir les amateurs se présenter, et quels amateurs !

— Nous verrons, fit le journaliste qui, un peu sceptique, allumait une cigarette et interrogeait :

— Qu’allons-nous faire ?

Juve consulta sa montre.

— Attendre tranquillement chez toi. La vente se termine à quatre heures, le tableau que vient d’acheter la mère Toulouche sera chez elle vers six heures du soir, probablement. À six heures cinq, je serai dans le bric-à-brac de la vieille femme et je lui ferai les propositions les plus honnêtes en vue d’acquérir cette œuvre.

— Vous, Juve ?

— Moi, Juve, répliqua le policier, et je te prie de croire qu’en m’adressant à la mère Toulouche, je ferai tout mon possible…

— Pour dissimuler votre identité ?

— Pas le moins du monde, dit Juve, je ferai tout mon possible, au contraire, pour bien me faire reconnaître d’elle.

***

Il était six heures cinq. Quelqu’un entra dans la boutique de la mère Toulouche, c’était Juve.

La vieille mégère sursauta : elle reconnaissait fort bien l’inspecteur de la Sûreté, auquel elle avait eu si souvent affaire quelques années auparavant.

La mère Toulouche, toutefois, n’avait rien à se reprocher.

Elle avait été condamnée, par les tribunaux, à des peines assez longues, puis, suivant les usages, mise en liberté provisoire.

La mégère se demanda un moment s’il convenait de saluer le visiteur par son nom, et de montrer à Juve qu’elle reconnaissait en lui l’inspecteur qui, si souvent, lui avait donné du fil à retordre.

Mais la mère Toulouche était perspicace, et elle se rendait compte que, volontairement ou non, Juve ne paraissait pas se souvenir qu’il avait été jadis en relations avec elle.

Sans doute voulait-il passer auprès de la marchande pour un vulgaire acheteur, un amateur ordinaire. Juve venait chez elle, nullement grimé, il semblait mettre une sorte de vanité à se montrer tel qu’il était réellement.

C’était bien Juve, l’inspecteur de la Sûreté, qui entrait dans la boutique.

Il s’adressait à elle, d’ailleurs, fort poliment :

— Madame, demanda Juve qui saluait, je suis amateur de curiosités, et l’on vient de me raconter que vous avez fait tout récemment, cet après-midi même, l’acquisition d’un certain tableau, attribué à Rembrandt, dont je voudrais me rendre acquéreur.

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