La guepe rouge (Красная оса)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Juve et Fandor se hâtèrent de remonter la Butte Montmartre. Vers sept heures et demie ils arrivaient à l’atelier du peintre.
— Attention, recommanda Juve, j’ai tout lieu de croire que le bonhomme doit être sur ses gardes. S’il s’est battu avec toi, Fandor, tu admettras bien que, tout déguisé que tu étais, il a dû supposer que tu jouais un rôle louche. Donc, quand il va nous apercevoir, il va tâcher de se défiler le plus vite possible. Tu vois ce qu’il y a à faire, Fandor ?
— Oui, nous entrons dans le jardinet sans faire de bruit, nous nous glissons jusqu’à la porte. Cette porte, nous l’ouvrons rapidement, et, non moins rapidement nous nous précipitons sur le nommé Sunds que nous accablons de questions.
Juve et Fandor se glissèrent, comme ils venaient d’en convenir, dans le jardinet qui précédait l’atelier de Sunds.
— Doucement, recommandait Juve.
Au même instant, Fandor posa son bras sur l’épaule du policier.
— Entendez-vous ?
— Non, quoi ?
— On aurait dit un gémissement.
— Tu es fou.
Le policier, pourtant, prêtait l’oreille. Fandor ne s’était pas trompé. Quelqu’un gémissait, un cri étouffé s’entendait à peu de distance.
Alors Juve prit son parti :
— Vite, dit-il, et le revolver au poing.
Ils se précipitèrent au même instant vers la porte de l’atelier, l’ouvrirent brusquement.
Mais, en ouvrant cette porte, Juve réalisait, à son insu, les horribles prévisions de Fantômas :
La corde tirait hors de la gouttière le malheureux Sunds, Juve et Fandor n’avaient pas le temps de se reconnaître qu’un corps leur tombait sur la tête, cependant qu’à quelques pas d’eux une sorte de boule ronde, sanglante, roulait.
C’était la tête de Sunds, la tête que le fil de fer avait tranchée net, comme l’avait prédit Fantômas.
21 – LES AMATEURS DE FAUX REMBRANDT
La vente devait commencer à deux heures précises, mais une bonne demi-heure auparavant, la foule s’écrasait déjà dans la salle D de l’hôtel Drouot, qui avait été réservée à l’éparpillement sensationnel des objets d’art ou autres, ayant appartenu à l’infortuné Danois Sunds. On avait annoncé la liquidation de ses biens, à grand renfort de réclame dans les journaux, dans l’espoir de faire une vente qui rapporterait pas mal d’argent.
C’était là l’intérêt des créanciers assez nombreux que le Danois laissait après sa mort tragique.
Il y avait eu un autre but à cette publicité, but que seuls quelques initiés pouvaient connaître. La police, en effet, était toujours sur les dents et confuse aussi de n’avoir pas fait la lumière sur le mystérieux assassinat du marchand d’antiquités, que l’on ne pouvait, malgré tout, attribuer à un accident.
Fantômas, avait conclu Juve.
Mais c’est à peine si désormais, dans les bureaux de la Sûreté, comme dans les couloirs du Palais de justice, on osait prononcer ce nom redoutable.
Or, si l’on avait annoncé à grand tapage la vente des objets ayant appartenu à Sunds, et si on avait décidé d’opérer cette vente dans les salons de l’hôtel Drouot, c’était afin d’y attirer parmi la foule interlope et variée qui fréquente habituellement l’hôtel des Ventes, des gens qui, peut-être, de près ou de loin, auraient été mêlés aux mystérieuses affaires dont on recherchait la solution.
Il y avait autre chose également qui devait corser l’intérêt de cette vente. C’était la présence de la copie du tableau désormais presque aussi fameuse que le tableau lui-même : le Pêcheur à la lignede Rembrandt.
Les instructions ouvertes avaient établi que l’auteur de cette affreuse peinture, qui avait été substituée à l’original, n’était autre que Érick Sunds. La découverte de sa supercherie remontait au lendemain de sa mort.
Lorsque Juve, avec les agents de la Sûreté, perquisitionnaient dans l’atelier du défunt, ils y avaient découvert en effet, une boîte de couleurs contenant une palette, sur laquelle étaient étalés quelques couleurs, quelques mélanges encore tout frais. Or, ces diverses teintes que le peintre avait composées étaient, pour la plupart, exactement identiques à celles de la copie qui avait remplacé la toile authentique à l’exposition de Bagatelle.
Puis on avait enfin, au cours de l’enquête à Bagatelle, constaté que quelqu’un avait dû passer la nuit enfermé dans le palais, la veille de l’inauguration, et, par une enquête fort bien menée d’ailleurs, on avait conclu que Sunds était le voleur et le copiste du superbe Rembrandt.
Il avait donc été décidé, sur les instances de Juve, et encore que cela ne fût pas très régulier, que l’on mettrait en vente, avec les objets ayant appartenu à Sunds, la copie du tableau de Rembrandt.
Lorsque les portes s’ouvrirent, la salle D se remplit en un clin d’œil.
On s’y écrasait consciencieusement. Des gens étaient debout, pressés les uns contre les autres. Toutefois, le monde élégant, les gens chics, n’étaient pas venus là. Par snobisme ou curiosité, certains auraient été désireux d’assister à cette vente d’un genre assez inattendu, mais ils avaient eu peur. N’insinuait-on pas, depuis quelques jours dans le public, qu’il se pourrait bien qu’il se passât de vilaines choses à l’hôtel Drouot, ce jour-là ?
M. Varin, commissaire-priseur, chargé de la vente, vint rapidement s’installer à son bureau et, assisté de deux experts et de trois employés, il commença l’énumération des divers lots que l’on avait préparés.
Les enchères s’engagèrent, un peu molles, mais assez normales, cependant.
C’est ainsi que l’on vendait du linge, des meubles, quelques bibelots, des ustensiles de ménage.
Dans un coin de la salle, deux hommes causaient à voix basse.
Ils avaient l’air de modestes employés ou de gens venus de province, vu leurs accoutrements. Si quelqu’un, toutefois, s’était avisé de les regarder de près, et si on avait pu les voir au grand jour et non point dans cette salle fort obscure, on se serait peut-être rendu compte qu’ils avaient des apparences suspectes l’un et l’autre. Un habitué aurait certainement reconnu que ces deux hommes-là étaient grimés, qu’ils portaient des postiches, que leur visage était maquillé.
Les deux hommes ainsi dissimulés dans le fond de la pièce étaient Juve et Fandor.
Le policier avait entraîné là le journaliste, en lui disant :
— Tu vas voir qu’il se passera quelque chose et que nous ne sortirons pas de cette salle sans que notre enquête ait progressé.
Juve n’en avait pas dit plus, mais Fandor, habitué aux mystérieuses attitudes de son ami, n’avait pas insisté, attendant les événements. Ceux qu’escomptaient Juve, devenaient évidemment imminents.
Le commissaire-priseur venait en effet d’annoncer, après un petit silence :
— Mesdames et messieurs, nous allons mettre aux enchères un tableau représentant le Pêcheur à la ligne, attribué à Rembrandt.
C’était une façon élégante et délicate pour ce fonctionnaire, de désigner l’effroyable copie effectuée à grands coups de pinceau par Érick Sunds.
Le commentaire du commissaire-priseur détermina quelques murmures. On entendit fuser des éclats de rire.
Juve s’était penché vers Fandor et lui murmurait à l’oreille :
— Tu vas voir ce qui va se passer. Et si je ne me trompe pas, celui qui emportera ce tableau va le payer un bon prix. Cette pièce-là, c’est tout l’intérêt de la vente, et ça va se monter terriblement.
— Pourquoi ? À part l’intérêt de curiosité anecdotique que présente cette œuvre, elle n’a aucune qualité artistique que je sache ?
Mais Juve, mystérieusement, secouait la tête :
— Tu vas voir, j’ai mon idée.
Il s’arrêta, puis, reprit, comme si soudain il allait faire une confidence à Fandor :
— As-tu remarqué que…
Mais brusquement, Juve se tut. On faisait silence en effet dans la salle, l’enchère commençait.
Avec un ironique sourire, le commissaire-priseur annonça :