Lagent secret (Секретный агент)
Lagent secret (Секретный агент) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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À peine Juve avait-il pénétré dans la librairie qu’il s’était convaincu qu’à part « Sophie » nul n’était plus dans la pièce…
— Parbleu, dit-il à mi-voix, je sais où les prendre…
Il s’apprêtait déjà à traverser la boutique lorsqu’il revint sur ses pas :
— Ne laissez sortir personne ! répéta-t-il aux agents demeurés sur le seuil de la porte, sauf moi, bien entendu… Ah ! autre chose : déménagez-moi toutes ces piles de volumes, derrière lesquelles il est possible, à la rigueur, que mes lascars se soient dissimulés… surveillez aussi l’orifice du petit escalier qui débouche ici, c’est le seul chemin par où une évasion puisse être tentée… Pour moi, je vais faire le tour des caves et je rabattrai le gibier par cet escalier…
Sophie, la libraire, protestait :
— Mais il n’y a rien dans mes caves ! Je ne comprends pas ce que la police vient faire chez moi !…
Juve n’avait cure d’une pareille affirmation, et, le plus naturellement du monde, se dirigeait vers un des angles de la boutique…
Il y avait beau temps, en effet, que le policier, renseigné sur tous les bouges de Paris, comme sur toutes les sociétés secrètes, politiques ou autres qui y tiennent de mystérieux rendez-vous, connaissait l’existence de la trappe mystérieuse et de la glissière qui conduisait aux caves de la librairie où il se trouvait. Ne voyant ni Vagualame ni Bobinette, il avait immédiatement compris de quel côté les deux misérables avaient fui.
— Allons chez les Russes ! s’était-il dit.
Et, n’écoutant que son courage, serrant la crosse de son revolver, prêt à faire le coup de feu s’il en était besoin, Juve, sous les yeux étonnés des simples agents de la Sûreté, moins bien renseignés que lui, fit fonctionner la trappe qu’un contrepoids referma sur sa tête. Ainsi que l’avait prévu Vagualame, Juve tomba donc dans la cave quelques secondes à peine après la sortie du bandit et de sa complice.
Juve, à vrai dire, ne connaissait pas la salle des réunions secrètes, non plus que la porte dissimulée derrière la pile des journaux illustrés. Encore tout étourdi par la glissade (la glissière tombait en effet dans le deuxième dessous des caves), Juve haussa sa lanterne et ne fut pas peu surpris de se trouver dans un réduit complètement vide…
— Ah çà ! murmura-t-il, qu’est-ce que cela veut dire ? Ils ne sont pas ici ?…
Et il songea immédiatement qu’à coup sûr Bobinette et Vagualame devaient s’être cachés derrière un amas de livres au moment où ils l’avaient entendu ouvrir la trappe, dans la boutique. Mais alors même qu’il faisait cette supposition, Juve, dont l’esprit d’observation était toujours en éveil, se rendit compte, non sans stupeur, qu’une pile de journaux illustrés fortement inclinée se redressait lentement… Le policier bondit et, introduisant son revolver dans la fente subsistant encore entre les volumes, empêcha ceux-ci de se joindre complètement…
Que se passait-il de l’autre côté de cette collection truquée, de cette collection qui, sans aucun doute, venait de s’ouvrir pour laisser passer Bobinette et Vagualame ?
Juve, avidement, colla son oreille à l’étroite fissure qui marquait les bords de la porte dissimulée… Des voix d’hommes en train de discuter.
— Vous avez raison, disait un interlocuteur invisible… c’est Fantômas qui nous vaut toutes ces perquisitions, toutes ces tracasseries… Ce sont ses crimes qui énervent les policiers, qui leur donnent envie, pour triompher aux yeux de l’opinion publique, de nous traquer plus rigoureusement que jamais.
— Oui, je sais que c’est Fantômas que les argousins recherchent aujourd’hui… disait un autre.
— Eh bien, puisque Fantômas est indirectement notre persécuteur, nous nous vengerons de Fantômas !… Qu’importe une vie auprès d’une cause comme celle que nous défendons… la cause de tout un peuple… Si Fantômas nous gêne, nous le tuerons… Trokoff sera là demain, ce soir peut-être… Trokoff nous conduira… Trokoff nous mènera vers ce bandit mystérieux qui nous fait tant de mal… c’est un vaillant, Trokoff. Nous ne le connaissons pas, mais nous savons ce qu’il a fait…
Juve n’écoutait plus…
Un rire sardonique soudain détendit sa figure.
Usant de toute sa force il introduisit ses doigts entre les volumes, il écarta les bords de la porte secrète, une porte à coulisse, il l’ouvrit et pénétra dans la salle de réunion…
— Dieu sauve la Russie…
Juve prononça ces mots d’une voix onctueuse, grave, inspirée.
Le plus âgé des assistants s’avançait à pas lents vers le policier :
— Qui es-tu ? demandait-il.
Sans sourciller, Juve affirmait :
— Celui que tu attends et qui vient diriger ton bras. Je suis Trokoff.
Certes, Juve à ce moment-là se demandait ce qui allait arriver… Et le policier, serrant dans sa poche son revolver qu’il y avait dissimulé, songeait tout en gardant son attitude sereine :
— Qu’un seul de ces individus devine que j’appartiens à la Sûreté et, sans la moindre hésitation, quand même ils sauraient que dix agents sont là-haut à m’attendre, prêts à me venger, ils me tueront sans merci.
Juve s’était avancé d’un pas. Il reprit :
— Mes frères, l’heure est grave. Vous ignorez sans doute que la police est en train de perquisitionner dans la boutique ?…
L’un des Russes s’avança :
— Nous ne l’ignorons pas, Trokoff, déclarait-il. Notre frère Vagualame, accompagné d’une jeune disciple, est venu nous en avertir…
Et faisant une pause, le tchékiste, loin de se douter de l’intérêt que présentaient ses paroles pour le faux Trokoff, ajouta :
— Mais rassure-toi, frère, ce n’est point nous que les agents pourchassent ce soir, il s’agit du misérable Fantômas, un bandit que nous avons condamné à mort et nous ne serons pas inquiétés… Vagualame, d’ailleurs, vient de nous quitter, il va détourner les soupçons de la police… il a, nous a-t-il dit, le moyen d’arrêter les recherches…
Juve écoutait son interlocuteur en se demandant tout bas s’il ne rêvait pas…
Ah ça ! voilà que Vagualame avait trouvé moyen de sortir… voilà qu’on lui annonçait qu’il se faisait fort de détourner les recherches des inspecteurs demeurés au rez-de-chaussée…
Juve songea :
— Pourvu que Michel ne le laisse point échapper !
Et Juve affirma :
— Vagualame se trompe, frère, il faut que j’aille immédiatement lui prêter main-forte ou sans cela c’en est fait de nous tous. Je ne connais que la porte secrète. guide-moi vers l’autre sortie, que je n’attire pas l’attention des agents…
Le Russe s’inclina :
— Il sera fait selon tes désirs, frère. Suis-moi, mais sois prudent…
Juve marchant sur les talons du conspirateur fut mené, après bien des détours, à un escalier très ordinaire.
— Tu n’as plus qu’à monter, frère Trokoff, ces marches mènent tout juste à la boutique… si les agents te demandent d’où tu viens, tu n’auras qu’à dire que tu remontes de la première cave où tu étais en train de chercher un volume… aussi bien peu importe qu’ils visitent les caves… ils ne trouveront pas la porte dissimulée…
Juve s’inclina :
— Merci, frère… sois en paix…
Le Russe était à peine revenu dans la salle secrète, que Juve, perdant subitement calme et gravité, se rua dans l’escalier pour regagner la boutique et arrêter Vagualame et Bobinette…
***
L’agent Michel, sur les instructions précises de Juve n’avait pas quitté la porte de la librairie.
Il était là depuis une demi-heure environ et commençait à s’inquiéter du moment où il serait relevé de sa garde lorsque Juve, blême, défait, des gouttes de sueur perlant au front, bondit vers lui et le saisissant aux épaules, le secouant brusquement, demanda :
— Vous les avez laissés sortir, Michel ?
L’agent se dégageait de l’étreinte de Juve :
— Personne n’est sorti, chef, je vous en donne ma parole… personne n’est sorti, ni avant vous, ni après vous…
— Ils ne sont plus à l’intérieur du magasin…