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Lagent secret (Секретный агент)

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Lagent secret (Секретный агент)
Название: Lagent secret (Секретный агент)
Дата добавления: 15 январь 2020
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Lagent secret (Секретный агент) - читать бесплатно онлайн , автор Аллен Марсель

продолжение серии книг про Фантомаса

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***

— Mets-toi là… proposait Geoffroy-la-Barrique, faisant asseoir Bobinette à ses côtés.

Il ajoutait immédiatement :

— Qu’est-ce que lu prends ?

Bobinette commanda une « consommation de dame », ainsi que le remarqua plaisamment le patron du Veau-qui-Pleure : un sirop de groseille. Puis le frère et la soeur s’interrogèrent sur ce qu’ils étaient devenus. Le brave Geoffroy, avec une naïve franchise, contait ses histoires embrouillées de places prises et abandonnées, de coups de poing donnés et reçus… Pour Bobinette, plus mystérieuse, elle se borna à affirmer à son frère qu’elle était heureuse et tranquille.

— Figure-toi, lui disait-elle, que je suis maintenant demoiselle de compagnie chez une vieille dame, une Russe qui, je crois bien, a eu dans le temps des ennuis avec la police de son pays…

— La police, interrompit le grand colosse ; je n’aime pas beaucoup la police…

— Il vient beaucoup de monde chez elle ! le suis de tous les dîners et de toutes les parties…

— Alors, tu vas payer la douloureuse, si tu es dans une situation prospère ?

— Je vais payer, Geoffroy…

« Cette vieille dame, ma patronne, je crois bien qu’elle s’occupe de…

Mais soudain Bobinette s’interrompit, pâlissant à devenir blanche comme un linge…

Un homme venait d’entrer, un vieillard qui marchait à pas hésitants, le dos voûté sous le poids d’un accordéon…

29 – JE SUIS TROKOFF

— Tu connais ce bonhomme-là ? Qu’est-ce qu’il te veut ? S’il t’embête, tu sais que je suis un peu là pour le sortir ?…

L’offre de son frère terrifiait la jeune femme.

Ah ! ce serait vraiment du beau. Comme cela simplifierait la situation si Geoffroy-la-Barrique provoquait Vagualame et jetait le vieillard à la porte…

Il fallait à tout prix éviter une semblable complication. Bobinette, d’ailleurs, n’était venue voir Geoffroy-la-Barrique que pour se désennuyer. Elle n’avait pas grand-chose à lui dire, peu importait qu’elle abrégeât sa visite, d’autant qu’elle imaginait bien que Vagualame n’était point entré par hasard, qu’il avait à lui parler, qu’il fallait se mettre à sa disposition…

— Tiens-toi donc tranquille, Geoffroy, fit-elle, je ne connais pas ce bonhomme, et tu te trompes tout à fait si tu t’imagines qu’il m’embête… D’ailleurs, mon cher Geoffroy, je vais m’en aller…

— T’en aller ? Qu’est-ce qui te prend, Bobinette ?

— Il me prend que j’ai affaire ailleurs, et que maintenant que je te sais en bonne santé, Geoffroy, je continue ma promenade.

— Vrai, tu caltes déjà ?

— Appelle le patron. Voilà un louis. Paye tes consommations et garde le reste…

C’était là un argument décisif qui calmait immédiatement le chagrin que Geoffroy-la-Barrique pouvait avoir du départ de sa sœur.

— Bon ! je n’ai rien à dire, du moment que tu paies. Mais, tout de même, tu as des idées qui ne sont pas ordinaires…

Bobinette s’inquiéta peu de la remarque, et, rapidement, ayant serré la main de son frère, gagna la porte du Veau-qui-Pleure, tournant rue Monge, marchant à petits pas, bien persuadée que Vagualame allait la rejoindre. À cette heure avancée, la chaussée était entièrement déserte. Nul passant ne croisait la jeune femme qui, s’enfonçant dans l’obscurité de la voie silencieuse, évitait avec soin de traverser les taches de lumière que jetaient, de loin en loin, les devantures encore éclairées de bouges analogues au Veau-qui-Pleure. Il y avait déjà cinq minutes que la jeune femme marchait. Bobinette avait pris soin de ne point tourner la tête pour ne pas risquer d’éveiller l’attention d’un observateur, d’ailleurs problématique, lorsqu’elle sentit que quelqu’un qui pressait le pas et venait derrière elle allait la rejoindre. Une main sèche sur son épaule : Vagualame était aux côtés de sa complice. Le bandit ne perdit point de temps en formules de politesse :

— Cette espèce de géant, c’est ton frère ?

Bobinette fit « oui » de la tête, puis elle demanda à son tour, la voix haletante :

— Vous êtes donc libre ?

— Probable !

— On vous a donc relâché ?…

Vagualame parut hésiter quelques secondes… Devait-il dire à la jeune femme, ce qu’il savait pertinemment, qu’il n’avait jamais été arrêté ? qu’il y avait deux Vagualame ? Devait-il ruser, au contraire ? Le bandit essaya de tergiverser.

— Pressons le pas, dit-il, il fait un temps du diable, allons nous mettre à l’abri…

— Où ça ?

— Tu verras bien… chez des amis…

Bobinette répéta :

— On vous a donc relâché ?

— Bobinette, tu n’es qu’une sotte, dit le vieux joueur d’accordéon. L’homme que l’on a arrêté chez toi était un agent de police qui s’était fait ma tête pour te cuisiner… tu t’es laissée prendre à son manège comme une imbécile…

Interdite, Bobinette considérait le bandit.

— Mais alors, dit-elle subitement, si un agent s’est grimé en Vagualame, c’est que l’on sait que vous êtes coupable !… C’est que l’on vous poursuit ? et c’est une imprudence folle que vous faites en venant me rejoindre ainsi habillé… Pourquoi ne vous êtes-vous pas camouflé ?

— Probablement ai-je un plan, une raison que tu ignores, Bobinette ? fit-il… Mais laissons cela. Comment n’as-tu pas deviné la supercherie, rien qu’à la voix, à l’enrouement ?… Comment, depuis, n’as-tu pas compris la vérité ? Tu aurais dû tout saisir lorsque tu as reçu ma dépêche à Rouen… hein ?… Enfin, ne revenons pas sur le passé !… Par bonheur, ton extraordinaire naïveté n’a pas eu trop de conséquences… sauf la stupide façon dont tu as laissé reprendre le débouchoir, et dont tu as fait échapper le faux caporal Vinson… nous en reparlerons !

— Mais… est-ce que je pouvais agir autrement ?

Elle n’insistait pas, toutefois. Vagualame venait de lui jeter un tel regard qu’elle ne pouvait plus douter : elle se trouvait bien en face de son maître. Et le maître n’admettait pas les discussions…

À peine osa-t-elle interroger encore :

— Comment avez-vous appris mon adresse à la Chapelle ? Je ne l’ai donnée à personne…

— Cela, c’est mon affaire, tu devrais t’être aperçue que je sais, toujours ce que j’ai besoin de savoir ?

— Mais comment êtes-vous venu aujourd’hui au Veau-qui-Pleure ? Geoffroy ne vous connaît pas et lui seul savait que je devais le voir !… Vous m’avez suivie ?

— Mettons que je t’ai suivie… As-tu bientôt fini de me poser des questions ? Je suppose que c’est un peu mon tour de te demander ce que tu deviens ?

— Vous devez le savoir, murmura-t-elle. Quand, en revenant de Rouen, j’ai décidé de ne pas rentrer chez le baron de Naarboveck, je me suis enfuie à la Chapelle. Vous m’avez écrit immédiatement de déménager, d’aller me présenter comme demoiselle de compagnie chez M meOlga Dimitroff. J’y ai été : cette dame m’a engagée… je suis encore chez elle…

— Il était idiot, fit-il enfin, idiot de ta part d’aller te réfugier à l’hôtel. Pour peu qu’elle l’ait voulu, la police t’aurait immédiatement pincée, c’est pourquoi je t’ai envoyée chez une de mes vieilles amies… ou, du moins, chez une personne à qui je pouvais te recommander… Eh bien, Bobinette, il va falloir quitter cette maison…

— Pour aller où ?

— Loin d’ici…

— Pourquoi ?

— Parce que Juve a de bons yeux, parce que Fandor, lui aussi, commence à y voir clair… Le filet se resserre… Moi, je ne crains rien, je trouverai bien le moyen de passer au travers…, je ne suis pas de ceux qui se laissent prendre à une souricière… mais toi, vu ta simplicité, il est vraiment tout à fait temps de te mettre à l’abri des recherches de la police… Je vais te donner de l’argent… et, tu m’entends, Bobinette, dans cinq jours tu feras en sorte d’être, à onze heures du soir, déguisée en bohémienne, sur la route de Sceaux à Versailles, à la première borne kilométrique qui se trouve sur le bas côté gauche après les hangars d’aviation… Tu as bien saisi ?

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