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La fille de Fantomas (Дочь Фантомаса)

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La fille de Fantomas (Дочь Фантомаса)
Название: La fille de Fantomas (Дочь Фантомаса)
Дата добавления: 15 январь 2020
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La fille de Fantomas (Дочь Фантомаса) - читать бесплатно онлайн , автор Аллен Марсель

продолжение серии книг про Фантомаса

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Le policier marchait à grands pas, tête basse et l’air très sombre, préoccupé au dernier chef, inquiet.

Juve se laissa lourdement tomber sur un talus gazonné, dès qu’il fut sorti de Durban, dès qu’il eut découvert, au long d’une route, une sorte de champ où poussaient de grandes herbes et où il avait toute chance de pouvoir demeurer tranquillement à rêver.

— Parbleu, songea Juve, parbleu voici que l’aventure se corse tout à fait et devient extraordinaire, invraisemblable. Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Où allons-nous ? Que va-t-il arriver ?

Juve, pourtant, avait de temps à autre un bon sourire qui égayait toute sa physionomie, qui suffisait à prouver qu’après tout, s’il était encore tourmenté de la marche des événements, il n’en était pas moins délivré de sa plus terrible inquiétude.

Ah ! c’est qu’en causant avec Winie, en l’interrogeant au sujet de l’extraordinaire indisposition de son amant, le lieutenant Wilson Drag, Juve avait appris une nouvelle qui l’avait comblé de joie.

Au hasard d’une phrase, incidemment, Winie lui avait parlé de Fandor.

Fandor était vivant. Fandor était aux environs.

Fandor était mêlé à l’extraordinaire aventure qui venait de se terminer par cette péripétie troublante et dramatique, l’empoisonnement du lieutenant Wilson Drag par la morsure du crâne mystérieux.

Juve, avant tout, et cela ne faisait pas question pour lui, voulait retrouver Fandor.

Mais, quand il aurait enfin retrouvé le journaliste, il conviendrait une bonne fois pour toute d’en finir avec Fantômas.

Sa situation personnelle vis-à-vis de Fantômas était nette, facile à définir.

Juve n’avait rien promis pour l’avenir. Il avait accepté de croire à la mort de Fantômas, accepté de laisser enterrer Fantômas, et pour prix de son acceptation, Fandor devait lui être rendu… Tel était le pacte.

Juve avait tenu ses engagements. Si Fantômas quelque jour faisait que Juve pût retrouver Fandor, Juve n’aurait aucune obligation nouvelle vis-à-vis du bandit. Les deux hommes auraient alors respecté leurs promesses. Juve et Fantômas seraient quittes.

Et petit à petit, le policier en arrivait à cette conclusion :

— Fantômas estime peut-être qu’en m’amenant au Natal, il a fait assez pour que je retrouve Fandor, et que dès maintenant nous sommes quittes ?

Ce n’était à coup sûr pas sans raison grave que Fantômas avait envoyé Fandor au Natal…

Un motif puissant avait dû impérieusement lui dicter ce choix.

Mais quel était ce motif ? quel pouvait-il être ?

***

— Alors, mon vieux Ribonnard, tu n’as pas fait fortune ?

— Peuh.

— Mais d’un autre côté, tu ne te plains pas de ton sort ?

— Peuh.

— Un verre de stout ?

— Je ne refuse jamais.

— Elle est bonne la bière ici ?

— Oui, en quantité.

— Comme partout ailleurs.

— Et tu n’as pas de nouvelles des copains ?

— Moi, non, et toi ?

— Oh ! tous fades.

— Ce que c’est que de nous, tout de même.

— Comme tu dis.

Ribonnard, l’ancien forçat, avait un geste des épaules qui marquait son accablement devant la destinée, et sa résignation.

Ribonnard avait un tempérament flegmatique. Il l’avait dit lui-même quelques instants avant.

— Rien ne m’étonne, rien ne me surprend, j’accepte les choses comme elles viennent et les gens comme ils sont.

À quoi, son interlocuteur, d’un petit rire tranquille et doux, s’était contenté d’approuver.

Ribonnard ne se vantait pas en affirmant qu’il avait atteint une parfaite impassibilité. Une heure auparavant, il se promenait, nonchalant, dans les rues de Durban, lorsqu’une main s’était posée sur son épaule, une main qui l’empoignait littéralement. Ribonnard, en temps ordinaire, n’aimait pas beaucoup ces familiarités qui, dans son idée, ne pouvaient rien annoncer de bon.

Il n’avait point été flatté encore d’entendre qu’on lui disait bonjour, en l’appelant d’un nom qui n’était plus le sien.

— Comment, c’est toi Ribonneau ?

La surprise avait atteint un degré qui voisinait avec la stupéfaction lorsque, s’étant retourné, il avait parfaitement compris que celui qui l’accostait n’était aucunement de ses connaissances.

Ribonnard, dès lors, ne s’était fait, pendant quelques minutes, aucune illusion. Il avait pensé philosophiquement qu’il venait d’être reconnu par un quelconque membre de la police et qu’il avait grande chance d’aller finir sa journée au poste, et plus tard de faire un voyage à quelque colonie pénitentiaire, lorsque celui qui venait de l’accoster, avait ajouté de sa voix la plus cordiale :

— Ah, bien, mon colon, mince un peu de l’occase. Si je m’attendais à te rencontrer. Tu plantes donc tes choux par ici ?

Ribonnard, philosophe, stoïque, s’était borné à répondre, avec ce sens du laconisme qui lui était particulier dans les grandes circonstances :

— Comment donc que tu t’appelles, toi, et d’où que tu me connais ?

Là-dessus, son interlocuteur l’avait lâché, avait levé les bras au ciel en signe d’effarement, puis, d’un seul trait, s’était esclaffé :

Ah ! elle était raide, celle-là ! il ne fallait compter sur rien ! ni que la lune ne se décrocherait pas, ni que le soleil ne tomberait pas dans son assiette. Parbleu. Voilà qu’on ne le reconnaissait pas. Alors, c’était bien la peine d’être d’anciens copains ? des poteaux ? des mecs à la redresse ? des gars de Pantruche ? quoi ! et d’avoir sucé aux mêmes verres et de s’être offert, pendant des mois, des tournées de cornichons chez le père Korn, et des cornets de frites au Marronnier bleu… tout cela pour ne pas se reconnaître, quand le hasard vous flanquait l’un en face de l’autre, à Durban, c’est-à-dire à des mètres et des mètres de Pantruche, dans un sacré patelin de nom de d’là, où pourtant les aminches étaient rares.

Ribonnard avait écouté sans sourciller.

— Évidemment, pensait-il en considérant son interlocuteur, ce gars-là est un frère, qui m’a connu dans le temps jadis, quand j’habitais à la Chapelle. Pourtant, c’est rigolo, je ne me rappelle pas du tout.

Ribonnard qui revenait petit à petit à l’espérance, et commençait à supposer qu’il n’avait peut-être pas affaire à un agent de police, finissait par tâcher de s’éclairer :

— Voyons, interrompait-il, coupant court aux phrases de son loquace interlocuteur, dis-moi donc ton nom et où c’est qu’on s’est connu exactement ?

L’autre répondit sans sourciller :

— Mais je suis Pierre, voyons ? Pierre, dit Gueule-d’Empeigne ? le copain à Paulet, quoi… On s’est connu au Rendez-vous des Aminches ?…

Là-dessus, Ribonnard s’était déridé.

Ça c’était évidemment de la veine de rencontrer au Natal, à Durban, un ancien copain du Rendez-vous des Aminches.

Et, en deux mots, il racontait à ce Gueule-d’Empeigne, dont d’ailleurs il ne se souvenait pas du tout – mais cela n’avait guère d’importance, – l’histoire compliquée qui l’avait amené à venir s’établir au Natal :

— Moi, achevait-il, tu comprends, j’ai d’abord changé de nom, et je m’appelle plus Ribonneau, je m’appelle Ribonnard. Et puis je me fais pas de bile, j’prends du ventre. C’est presque du négoce, je place des diamants. Je suis, comme qui dirait, vois-tu, vendeur et revendeur. Et pour le compte d’un gars qui n’a pas les foies, je te promets, un certain Hans Elders.

C’était sans la moindre méfiance que Ribonnard parlait.

Ah, certes, il eût été plus circonspect, s’il avait pu deviner l’émotion de son interlocuteur, tandis qu’il prononçait le nom de Hans Elders.

Cet interlocuteur était d’ailleurs digne de remarque.

Il était vêtu d’un pantalon de velours qui disparaissait dans de hautes bottes, qu’une ceinture de cuir serrait au ventre, une chemise rouge flottait sur sa poitrine, il avait jeté sur ses épaules une veste de toile dont il n’avait pas enfilé les manches, son chef disparaissait sous un grand chapeau mou marron.

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