Lagent secret (Секретный агент)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Fandor n’insistait pas…
— Vous allez quitter Rouen, disait le prêtre au mécanicien, non par la grande côte, mais par la petite route qui serpente… la nouvelle route… vous nous arrêterez à l’hôtel que vous allez trouver sur la droite et qui s’appelle, si je me rappelle, auberge du Carrefour Fleuri…
— Un joli nom, remarquait Fandor…
— Un nom stupide, répondit simplement le prêtre : la maison n’est nullement à un carrefour et l’endroit est à vrai dire aussi peu fleuri que possible… D’ailleurs, vous allez pouvoir en juger, voici l’auberge.
L’auto venait, en effet, d’obliquer brusquement et s’engageait sous une porte cochère.
Un gros homme, chauve à faire rire, s’avança. C’était l’hôtelier.
— Vous allez pouvoir nous servir à dîner ? demanda le prêtre.
— Mais certainement, monsieur le curé…
— Vous avez une remise pour la voiture ?
D’un geste large, l’hôte montra la cour… les charrettes de ses clients habituels y demeuraient.
— Enfin, demanda l’abbé, vous pourrez nous réserver trois chambres ?
— Trois chambres ? ah ! non, monsieur le curé !… ça, c’est tout à fait impossible. Mais il y a bien moyen de faire quand même… j’ai une mansarde pour votre mécanicien, et puis une chambre à deux lits pour vous et M. le caporal qui vous accompagne… Ça ira, je pense ?
— Mais oui, très bien, très bien !… affirmait Fandor, enchanté de l’occasion qui s’offrait à lui de ne point perdre de vue son compagnon de route.
Celui-ci semblait infiniment moins satisfait…
— Comment donc ?… vous n’avez pas deux chambres pour nous ?… J’ai horreur de dormir avec quelqu’un ; je n’en ai pas l’habitude…
— Monsieur le curé, tout est plein… J’ai une noce…
— Eh bien, il n’y a pas un hôtel à côté, où je pourrais, par exemple…
— Non, monsieur le curé, je suis le seul hôtelier du carrefour…
— La cure est loin ?
— Mais, mon cher abbé, protestait Fandor, prenez donc cette chambre, je coucherai, moi, n’importe où… sur deux chaises, dans la salle à manger…
— Du tout, du tout. Dites, monsieur l’hôtelier, la cure est loin ?
— Il y a toujours huit kilomètres au moins…
— C’est bien désagréable, faisait le prêtre. Nous allons passer une nuit horrible.
— Mais non, mon cher abbé, protestait encore Fandor, je vous répète que je vous laisserai la chambre…
Le prêtre haussa les épaules :
— Allons donc, caporal, pas d’enfantillages. Nous aurons encore à rouler demain matin. Il est absolument inutile que nous soyons brisés de fatigue… Nous nous arrangerons…
Fandor acquiesçait de la tête.
— Servez-nous tout de suite à dîner, commanda le prêtre.
Fandor ne le perdait point des yeux… À peine avait-il une légère émotion en le voyant soudain s’éloigner à pas rapides.
— Où allait-il ?
Mais vraiment Fandor exagérait sa surveillance et force était bien au jeune homme de rire, s’apercevant que l’abbé s’était écarté pour une raison des plus naturelles…
— Quand même ce serait la dernière des fripouilles, pensait Fandor, je ne peux véritablement pas lui reprocher semblable démarche !
C’était avec plus d’étonnement, par exemple, que le jeune homme constata qu’en se mettant à table l’abbé oubliait purement et simplement de dire le « Bénédicité »…
— Curieux, pour un prêtre !
Et l’étonnement du faux caporal Vinson augmenta encore lorsque, quelques minutes après, il s’apercevait que l’ecclésiastique attaquait d’un formidable appétit une savoureuse volaille…
— Mazette ! pensait Fandor, je ne rêve pourtant pas, nous sommes bien le 1 erdécembre, j’ai bien lu le mandement épiscopal ordonnant de faire maigre… et voilà que mon abbé fait gras…
Tandis que l’abbé mangeait, en effet, sans dire mot, les yeux baissés sur son assiette, Fandor, que l’angoisse tenaillait de plus en plus, le dévisageait avec un soin extrême. Il s’émerveillait de la finesse du visage, de la minceur des mains… il remarquait les attitudes gracieuses… une infinité de détails le choquaient… au point qu’au moment où l’on arrivait au dessert Fandor se déclara à lui-même :
— Je donnerais ma tête à couper que cet abbé, ce prêtre, ce curé, c’est une femme.
***
La porte à peine tirée sur eux, soigneusement le prêtre avait fait monter dans la chambre le fameux colis qui avait déjà intrigué Fandor et l’avait placé au pied de son propre lit. Le faux caporal et peut-être le faux curé se souhaitèrent mutuellement le bonsoir.
— Pour moi, déclarait Fandor, en délaçant ses bottines, j’avoue que je tombe de sommeil.
— J’en dirais autant… répondit le prêtre.
Malicieusement, le journaliste affirma :
— Ah, je vous plains, monsieur l’abbé, vous avez sans doute, vous, de longues prières à réciter… surtout si vous n’avez pas terminé votre bréviaire…
Il semblait bien au journaliste qu’un vague sourire se dessinait au coin des lèvres de son compagnon qui, cependant, très naturellement, répondait :
— Vous vous trompez… je suis dispensé d’un certain nombre d’exercices religieux…
— Va toujours, mon bonhomme, pensa Fandor, c’est bien le diable si je ne te pince pas au détour d’un de tes mensonges…
Et profitant de ce que le prêtre était assis sur une chaise, occupé à se faire les ongles, il marcha vers la porte, expliquant :
— J’ai horreur de dormir dans une chambre d’hôtel quand la porte n’est pas bien fermée… Vous permettez que je donne un tour de clé ?
— Faites donc…
Non seulement le journaliste ferma la serrure, mais encore il retira la clé, et d’un geste nonchalant, songeant qu’après tout un caporal n’était pas tenu à être bien élevé, il la lançait à l’improviste sur les genoux du prêtre :
— Tenez, monsieur l’abbé, si vous voulez la mettre sur votre table de nuit…
Ce n’était pas au hasard que Fandor agissait ainsi…
Il connaissait cette remarque de police qui permet presque à coup sûr, d’identifier si un individu est un homme ou une femme… Un homme recevant un objet sur ses genoux serre instinctivement les jambes pour l’empêcher de glisser à terre ; une femme, habituée à porter la robe, ouvre au contraire les jambes pour offrir une plus grande surface ou l’objet puisse tomber sans rouler sur le sol…
Qu’allait faire le prêtre ?
Fandor ne fut pas surpris de lui voir, en écartant instinctivement les jambes, tendre sa robe.
— C’est une femme, pensa-t-il.
Mais subitement une réflexion l’arrêtait :
— Ah çà, je déraisonne ! cela ne prouve rien du tout ! un prêtre est aussi habitué qu’une femme à porter jupon ! or, que fait un prêtre dans ces conditions ?… est-ce qu’il ouvre ou est-ce qu’il ferme les genoux ?
La question était, pour Jérôme Fandor, insoluble.
— Mon expérience ne prouve rien, dut-il s’avouer… et je suis tout à fait idiot !…
À vrai dire, il songeait bien à cette autre ruse, conseillée par les détectives anglais, et qui consiste à jeter par terre à l’improviste l’individu que l’on surveille… Neuf fois sur dix, affirme-t-on, un homme se trahit dans ce cas-là par un juron brutal, une femme, plus douce, naturellement, emploie des expressions plus modérées.
— Mais, pensait Fandor, je ne peux véritablement pas donner un croc-en-jambe à ce bonhomme ou à cette bonne femme…
Tout en réfléchissant, le journaliste se déshabilla…
Le prêtre se polissait toujours les ongles.
— Vous ne vous couchez pas, monsieur l’abbé ?
— Si fait…
L’ecclésiastique retira ses bottines, se débarrassa de son faux-col, puis s’étendit sur son lit… Fandor avait suivi la manoeuvre.
— Vous allez dormir tout habillé ? demanda-t-il.
— Je ne puis souffrir de me dévêtir dans un lit qui n’est pas mon lit habituel. Je souffle la bougie, caporal ?
— Soufflez, monsieur l’abbé !
Mais, cette fois, Fandor était convaincu…
— C’est bien ma veine, pensait-il toujours, voilà que mon curé est une femme, et voilà que cette femme a des pudeurs de curé…