Lagent secret (Секретный агент)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Sa main étreignit le poignet de la jeune femme, le serra comme un étau, et Bobinette, cédant à la violente douleur qu’elle éprouvait, se vit obligée de lâcher l’arme que déjà elle avait au poing.
Vagualame lui ordonna :
— Pas de blagues… du sang-froid ! D’abord, sors d’ici, va sur le palier savoir ce qui se passe, et ne crains rien.
Interdite, Bobinette regarda encore une fois Vagualame. L’espoir revint. Pour parler ainsi, l’homme qui se trouvait devant elle devait bien être son maître, son complice, et cependant, en dépit de son désir de compter sur sa protection, Bobinette ne pouvait y croire. Il y avait toujours ces yeux, ces terribles yeux de Vagualame, qui n’étaient pas ceux du Vagualame qu’elle connaissait.
Juve, en un éclair, avait pensé aux envahisseurs. Qui était-ce ? Il se dissimula derrière le rideau de la fenêtre, ne laissant passer que son visage. De ce poste d’attente, il pouvait surveiller les allées et venues, et particulièrement les mouvements de Bobinette qui titubait à l’entrée de sa chambre.
Quatre personnes venaient d’atteindre le palier. L’agent Michel et son collègue regardaient avec stupéfaction les deux personnages qu’ils y rejoignaient : le palefrenier et son étrange mère.
Quelques instants auparavant, le baron de Naarboveck avait appelé auprès de lui sa fille Wilhelmine.
— Qui sont donc ces messieurs ? demanda la grosse mère du palefrenier.
Mais l’agent Michel prit la parole :
— Qui êtes-vous, madame ? Que faites-vous là ?
Juve, derrière son rideau, poussa un soupir.
— C’est Michel qui opère, pense-t-il, tout va bien !
La mère du palefrenier, un instant interdite, avait considéré le policier.
Elle hésitait à répondre, mais, Michel ayant décliné ses nom et qualité, la lourde personne venait directement à lui, le prit familièrement par le cou et lui murmura tout bas quelque chose à l’oreille.
L’agent Michel parut décontenancé et objecta :
— Je vous reconnais, en effet, maintenant… monsieur… Mais depuis quand est-ce à vous d’intervenir ?
La femme répliqua, hautaine :
— J’appartiens au service des renseignements, et le Deuxième Bureau…
— Le Deuxième Bureau n’arrête pas… que je sache… mon capitaine ?
Haussant les épaules, le capitaine Loreuil désigna son compagnon :
— Monsieur appartient au service secret du ministère de l’Intérieur… Mais peu importe… nous perdons du temps… agissons…
Tout cela si vite que Bobinette avait à peine pu comprendre qu’il se passait quelque chose. Mais la respiration lui manqua lorsqu’elle vit les quatre mystérieux personnages s’approcher de sa chambre et dire à haute voix :
— Nous commençons par ici !…
— Mademoiselle, déclara l’inspecteur Michel en s’adressant à la jeune femme effroyablement pâle, êtes-vous seule dans votre chambre ?
Incapable de répondre, Bobinette hocha la tête affirmativement.
Peu convaincu cependant, l’inspecteur Michel s’introduisit dans la chambre et jeta un rapide coup d’œil circulaire autour de la pièce.
Bobinette, les yeux fous, le regarda faire.
Elle n’avait pas vu se cacher Vagualame, et elle commençait à espérer que peut-être le mystérieux vieillard avait pu s’échapper, mais la grosse femme que Bobinette prenait encore pour une personne de son sexe se livrait à un examen plus minutieux de la chambre.
Sans la moindre discrétion, la fausse mère du faux palefrenier remua les chaises, souleva les tentures, regarda sous le lit. Brusquement, elle écarta les rideaux derrière lesquels était caché Juve, et Vagualame apparut. Juve était appréhendé, arraché hors de sa cachette. Deux hommes fort habiles et expérimentés lui passaient les menottes.
— Vagualame, déclara l’inspecteur Michel, au nom de la loi, je vous arrête !…
Cependant que le capitaine Loreuil, reprenant sa voix naturelle, dont l’intonation faisait un contraste étrange avec sa silhouette de grosse femme, s’écriait à son tour :
— Enfin, nous le tenons.
Le faux Vagualame ne broncha pas.
Il attendait la suite et, dans son esprit, la suite immédiate de son arrestation ne pouvait être que l’arrestation de Bobinette… Évidemment, l’affaire était dans le sac. Son intervention n’aurait pas été inutile, puisqu’il emmènerait avec lui la complice du vrai bandit, Bobinette, enfin démasquée. Juve était tellement convaincu que tels étaient les événements qui allaient se dérouler qu’il faillit tomber de son haut lorsqu’il entendit l’agent Michel s’excuser auprès de la jeune femme de l’émotion qu’il venait de lui causer :
— Hein ! vous ne vous doutiez pas de ce voisinage, mademoiselle ?
Et l’inspecteur ajouta :
— Vous l’avez sûrement échappé belle, car ce bandit en voulait, j’en suis convaincu, à votre existence. Mais… Vagualame est désormais hors d’état de nuire.
L’inspecteur Michel fit un signe.
Son collègue et l’agent du ministère de l’Intérieur entraînèrent brutalement Juve hors de la pièce, cependant que le faux Vagualame, se laissant faire, songeait :
— Ah çà ! mais Michel est donc complètement idiot ?
— Allons, en route pour le Dépôt ! ordonnait Michel en secouant le faux Vagualame par l’épaule.
Un instant, le policier faillit arracher sa fausse barbe, se faire connaître et, renversant soudain les rôles, décider ses collègues à arrêter Bobinette. Toutefois, Juve se ravisa.
Il avait eu, quelques instants auparavant, le soupçon que la jeune femme doutait de son authenticité. Cette arrestation sous ses yeux devait désormais la rassurer et la persuader que le Vagualame qu’on menait en prison était bien le vrai Vagualame. Mieux valait donc laisser s’accréditer chez elle cette opinion. Juve, une fois sorti de l’hôtel de Naarboveck, s’expliquerait avec ses collègues, et ça ne serait pas long.
Cependant, le prisonnier, encadré des agents de la Sûreté, descendit l’escalier, gagna la rue.
Au premier étage, il avait aperçu, dissimulé dans un coin de l’antichambre, le baron de Naarboveck, très digne, et Wilhelmine, terrorisée. D’autre part, n’ayant pas jugé opportun de se faire connaître des maîtres de la maison, la pseudo-mère entraînait son fils, criant à tue-tête :
— En voilà une boutique ! je ne veux pas que tu restes là-dedans !… Sosthène, mon enfant, viens-t’en avec ta bonne mère qui te trouvera une place plus tranquille !
***
Bobinette était tombée assise dans un fauteuil, à demi morte d’émotion. Les idées se pressaient en foule dans son esprit, mais elle était incapable d’en préciser une seule, tant ces événements étranges s’étaient précipités, ne lui permettant pas de s’y reconnaître. Néanmoins, deux grands faits lui apparaissaient.
Le premier, c’est que Vagualame était arrêté, tandis qu’elle était libre, et le second, c’est qu’on n’avait pas cherché dans sa chambre le fameux débouchoir volé à l’arsenal, et que, le lendemain, elle irait selon les ordres reçus transporter au Havre en compagnie du caporal Vinson, porteur, lui, du plan de l’appareil.
19 – LE MYSTÉRIEUX ABBÉ
Fandor pensa rêver en ouvrant les yeux…
Depuis que les hasards de l’enquête policière à laquelle il se livrait l’avaient contraint à adopter la personnalité de Vinson, il s’habituait à la vie militaire. La chambrée était devenue pour lui : « sa chambre ». Au réveil il ne s’étonnait plus d’apercevoir à sa droite le grand mur nu, blanchi à la chaux, à gauche le bat-flanc, attribut de son grade de caporal, sur lequel étaient gravées de multiples inscriptions : « Plus que 653 jours à tirer… Vive la classe ! »…
Or, ce matin-là, Jérôme Fandor se réveillait dans de tout autres conditions…
Les yeux à peine entrouverts, il voyait autour de lui des meubles, de vrais meubles, point comme ceux qui se trouvent à la caserne, mais plutôt comme ont coutume d’en fournir à leurs clients les hôteliers…
Et il était en effet dans une chambre d’hôtel, d’hôtel fort modeste à coup sûr. Des rideaux de cretonne tamisaient le jour. Un rayon de lumière se réfléchissait à une glace de dimension exiguë, ébréchée, suspendue au-dessus d’une table de toilette dont le marbre sale, fendu, était garni d’une cuvette, d’un savonnier en porcelaine dépareillée.