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La litterature sans estomac

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La litterature sans estomac
Название: La litterature sans estomac
Автор: Jourde Pierre
Дата добавления: 16 январь 2020
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La litterature sans estomac - читать бесплатно онлайн , автор Jourde Pierre

Par calcul ou par b?tise, des textes indigents sont promus au rang de chefs d’?uvre. Leur fabrication suit des recettes assez simples. Pierre Jourde en donne quelques-unes. Il montre comment on fait passer le mani?risme pour du style et la pauvret? pour de la sobri?t?. Cette "litt?rature sans estomac m?lange platitudes, niaiseries sentimentales et pr?occupations v?tilleuses chez Christian Bobin, Emmanuelle Bernheim ou Camille Laurens. Il existe aussi des vari?t?s moins ?dulcor?es d’insignifiance, une litt?rature ? l’?pate, chez Darrieusecq, Fr?d?ric Beigbeder ou Christine Angot. La v?h?mence factice y fait prolif?rer le clich?. Ce livre renoue avec le genre du pamphlet et s’enthousiasme pour quelques auteurs qui ne sont pas des fabricants de livres, mais des ?crivains. En pr?lude ? ces vigoureuses relectures, un sort particulier est fait au symbole par excellence de cette confusion des valeurs, Philippe Sollers, ainsi qu’? son "organe officiel", le suppl?ment litt?raire d’un prestigieux journal du soir.

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«[…] je travaille au ministère de la Culture. Je prépare des dossiers sur le financement d'expositions, ou parfois de spectacles.

– Des spectacles?

– Des spectacles… de danse contemporaine… Je me sentais radicalement désespéré, envahi par la honte.

– En somme, vous travaillez dans l'action culturelle.

– Oui, c'est ça, on peut dire ça comme ça.»

Il me fixait avec une sympathie nuancée de sérieux. Il avait conscience de l'existence d'un secteur culturel, une conscience vague mais réelle. Il devait être amené à rencontrer toutes sortes de gens, dans sa profession; aucun milieu social ne devait lui demeurer complètement étranger. La gendarmerie est un humanisme.

On tombe régulièrement sur d'autres formules réjouissantes:

Après tout un enfant c'était comme un petit animal, avec il est vrai des tendances méchantes; disons c'était un peu comme un petit singe. Ça pouvait même avoir des avantages, me dis-je, éventuellement je pourrais lui apprendre à jouer au Mille Bornes. Je nourrissais une véritable passion pour le Mille Bornes, passion en général inassouvie.

J'appréciais sa voix douce, son zèle catholique et minuscule, le mouvement de ses lèvres quand elle parlait; elle devait avoir une bouche bien chaude, prompte à avaler le sperme d'un ami véritable.

[lors d'une visite d'Angkor] Valérie était songeuse, et marchait le long des allées; sur les dalles, entre les herbes. C'est ça la culture, me disais-je, c'est un peu chiant, c'est bien; chacun est renvoyé à son propre néant.

Le goût particulier de ce comique tient à son équivoque (qui n'est pas sans rapport avec l'ambiguïté du personnage et de ses positions): il s'agit certes d'antiphrase, d'ironie, mais pas seulement. Après un passage explicitement sarcastique, Houellebecq place souvent un commentaire décalé, lénifiant. La description d'une médiocre station balnéaire en Thaïlande se termine ainsi: «La foule se déversait continûment, composée de solitaires, de familles, de couples; tout cela donnait une grande impression d'innocence.» Il faut aussi prendre cela au premier degré, comme une forme de résignation qui fait pleinement ressortir le caractère dérisoire mais irrépressible des aspirations humaines. Par là, le narrateur ne s'exclut pas de ce dont il se moque. Sa prise de conscience du ridicule est en même temps prise de conscience d'en faire partie.

On portera le jugement que l'on voudra sur les utopies et les obsessions de Houellebecq. Elles lui permettent de composer un tableau poignant et cruel de notre monde. En choisissant des positions radicales, il en exerce une critique radicale. Dans cet éclairage de désespoir, de vide, de mort de toutes valeurs, pas même noir, mais grisâtre, la réalité se découpe de manière saisissante. Si la littérature consiste à nous donner accès à l'homme par d'autres voies que le politique, on peut estimer qu'il n'y a pas à lui demander de comptes politiques. En revanche, il faut exiger d'une œuvre qu'elle dépasse les limites individuelles de son auteur.

On ne peut cependant pas se défendre d'un malaise à propos de Houellebecq, du sentiment qu'il y a là quelque chose de louche. On est en droit de refuser ce nihilisme et cette manière d'universaliser la bassesse. Faut-il penser que cette œuvre, par sa sincérité, son humour, transcende sa médiocrité, ses pulsions répugnantes? poit-on au contraire considérer qu'elle tend au lecteur un piège gluant, qu'elle sert à justifier son auteur à ses propres yeux et aux nôtres, à nous faire partager médiocrité et frustrations, à nous y attirer? Dépassement ou simple entreprise de blanchiment? Je n'ai pas la réponse.

ÉCRIVAINS

LE MARIVAUDAGE REVOLUTIONNAIRE: GÉRARD GUÉGAN

Gérard Guégan a publié Les Irrégulières un quart de siècle après Les Irréguliers. Les deux romans mettent en scène à peu près les mêmes personnages. Le premier s'arrêtait au moment où le groupe terroriste baptisé Vendetta (synthèse de la bande à Baader, d'Action directe et des Brigades rouges) passait enfin à l'action. Les pointillés sur lesquels se terminait le récit ouvraient sur la perspective de la révolution. Une génération plus tard, Les Irrégulières prend pour personnage principal une figure secondaire des Irréguliers, Lafargue, qui revient sur le passé, après l'échec de l'action terroriste, la mort ou l'embourgeoisement des héros.

Les Irréguliers demeure un curieux texte. On n'a pas le sentiment que le temps écoulé permette plus facilement de lui assigner une place déterminée dans un tiroir des genres littéraires. Il est un peu à l'action politique ce que Point de lendemain fut à la volupté, à la veille d'une révolution qui, elle, eut lieu: secret, manipulation, danger pour l'action; rapidité, concision, goût de la formule sèche et frappée pour le style. Raccourcis, syncope, sans cesse. Il y a un esprit, au sens XVIIIe siècle, presque un marivaudage du langage révolutionnaire dans Les Irréguliers. Là aussi, il s'agit, comme disait Voltaire à propos de Marivaux, de «peser des œufs de mouche dans des balances en toile d'araignée», mouches capitalistes et araignées dialectiques. Les membres de Vendetta désirent la révolution comme on désire une femme, déploient des ruses identiques pour l'approcher. Le parallèle entre désir sexuel et révolution est constant dans les deux romans de Gérard Guégan. Le théoricien révolutionnaire Peyrot (qui représente Guy Debord) s'avère dans Les Irréguliers n'être qu'un beau parleur, dont la dialectique est surtout à l'usage de ses conquêtes féminines. Ses ahurissants discours de séduction paraissent en provenance directe du règne de Louis XVI: «D'aucuns diront que vous êtes sans vertu. Je dirai que vous les avez toutes, parce que vous avez la grâce de vos passions […]. Vos fautes sont l'ombre des désirs que vous avez satisfaits, le regret de ceux que vous n'avez pu satisfaire.» De quoi était-il question, en fait, dans Les Irréguliers? De la révolution? De plus encore peut-être. Les jeunes gens de Vendetta reprochent à Peyrot d'utiliser sa théorie pour n'avoir pas à se colleter avec les faits, c'est un «Lénine sans Lénine». Le roman s'ouvre sur le récit du suicide d'un de leurs compagnons, Paul Le Goff, pour qui le monde paraît avoir perdu toute épaisseur. Un journaliste conclut de l'ouvrage posthume qu'il laisse sur la vie de Maurice Sachs: «L'objectivité est un leurre […] Le Goff le prouve.» La révolution et la femme désirée sont les deux hypostases du réel. La dialectique révolutionnaire des personnages et le style du romancier tentent de l'étreindre. Prenant le contre-pied de Le Goff, Guégan cherchait, dans Les Irréguliers, le roman objectif. Il utilisait le style comme une arme de conquête. Il voulait se défaire des formes convenues de la fiction, par exemple en impliquant directement, en mouillant des contemporains connus. René Andrieu, Roland Leroy, François Mitterrand paraissent sur scène, en compagnie de… Brigitte Fossey. La formule lapidaire, la succession fiévreuse de petits chapitres secs apparaissent comme autant de moyens de briser les conventions pour aller sans détour au cœur des choses. Ce n'est pas du réalisme: un texte sur le désir et un texte sur la révolution ont au moins ceci de commun que la réalité ne leur est pas un objet de reconstitution, mais un objet de conquête. Elle est là, immédiate, à portée de la main, mais toujours à venir, sorte d'objectif absolu où brûler et fondre enfin toutes les différences subjectives.

Or c'est l'inverse qui se produit. Le lecteur des Irréguliers éprouve un sentiment d'irréalité – comme le héros de Point de lendemain. Les révolutionnaires de 1974 décrits par Guégan partagent avec ceux de 1793 le goût de la rhétorique pompeuse. Ils déclament en permanence. Peut-être faut-il des moyens moins brutaux pour approcher le réel. On ne croit plus aujourd'hui à un homme séduisant une femme en lui débitant sans prévenir à leur première rencontre: «Qu'est-ce que l'homme? À quoi sert-il?» Les dialogues du roman sont peut-être réalistes, reflétant l'imperturbable sérieux, le romantisme guérillero de l'époque. Ils paraissent aujourd'hui bien naïfs. Aussi, lorsque à lieu enfin l'action terroriste vers laquelle s'oriente le récit, elle paraît le produit d'un rêve, épiphénomène incongru, parenthèse de l'histoire – et c'est ce qu'elle était.

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