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Том 7. О развитии революционных идей в России

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Том 7. О развитии революционных идей в России
Название: Том 7. О развитии революционных идей в России
Дата добавления: 15 январь 2020
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Том 7. О развитии революционных идей в России - читать бесплатно онлайн , автор Герцен Александр Иванович
Настоящее собрание сочинений А. И. Герцена является первым научным изданием литературного и эпистолярного наследия выдающегося деятеля русского освободительного движения, революционного демократа, гениального мыслителя и писателя. Седьмой том сочинений А. И. Герцена содержит произведения 1850–1852 годов. Помещенные в томе статьи появились впервые на иностранных языках и были обращены в первую очередь к западноевропейскому читателю, давая ему глубокую и правдивую информацию о России, русском народе, освободительном движении и культуре. В томе помещены также статья «Michel Bakounine» («Михаил Бакунин») и два открытых письма Герцена, относящихся к пережитой им в эти годы семейной драме.  

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Et le Palais d'hiver devient, comme la cime d'une montagne à la fin de la saison, de plus en plus couvert de neige et de glace. La sève qu'on y a fait monter artificiellement, se retire de ces sommités sociales; il ne leur reste que la force matérielle et la dureté d'un rocher apte encore à résister quelque temps aux vagues révolutionnaires, qui viennent se briser à leur pied.

Nicolas, entouré de ses généraux, de ministres, d'officiers, de bureaucrates, brave cet isolement, mais il s'assombrit à vue d'œil, il devient triste, préoccupé. Il voit qu'il n'est point aimé, il s'aperçoit du morne silence qui l'entoure et qui donne libre accès aux mugissements lointains qui semblent s'approcher. Le tzar veut s'oublier lui-même; il a proclamé hautement que son but est l'accroissement du pouvoir impérial.

Ces professions de foi n'ont en elles rien de nouveau; il a travaillé vingt-cinq ans sans repos, sans relâche, pour ce seul et unique but; il n'a rien épargné, ni les larmes ni le sang.

Tout lui a réussi; il a détruit la nationalité polonaise; en Russie, il a éteint le libéralisme.

En vérité, qu'a-l-il donc de plus à désirer? pourquoi est-il sombre?

L'empereur sent bien que la Pologne n'est pas morte. A la place du libéralisme qu'il persécutait par une intolérance mesquine, car cette fleur exotique ne pouvait pousser sur le sol russe, n'ayant rien de commun avec le peuple, il voit une autre question s'élever comme un nuage gros de tempêtes.

Le peuple commence à frémir, à s'agiter sous le joug de la noblesse; les révoltes partielles éclatent en permanence; vous-même, Monsieur, en citez un exemple terrible.

Le parti du mouvement, du progrès, demande l'émancipation des paysans; il est prêt à sacrifier ses droits le premier. Le tzar flotte indécis, il perd la tête, il désire l'émancipation et l'empêche.

Il a compris que l'émancipation des paysans équivalait à l'émancipation de la terre; et que l'émancipation de la terre, a son tour, inaugurerait une révolution sociale et consacrerait ainci le communisme rural. Esquiver la question de l'affranchisment me semble impossible; réserver la solution pour le règne suivant, c'est plus facile; mais c'est lâche, et en fin de compte, ce n'est qu'une heure de plus perdue à un mauvais relais de poste sans chevaux…

Maintenant vous pouvez apprécier, Monsieur, quel bonheur c'est pour la Russie, que la commune rurale ne s'est pas dissoute que la propriété individuelle n'a pas brisé la possession communiste; quel bonheur pour le peuple russe d'être resté en dehors de tout mouvement politique, en dehors même de la civilisation européenne, qui, nécessairement, lui aurait miné sa commune, et qui, aujourd'hui, elle-même arrive par le socialisme à sa propre négation.

L'Europe, je l'ai dit ailleurs, n'a pas résolu l'antinomie entre l'individu et l'Etat, mais elle en a posé le problème; la Russie, elle non plus, n'a pas trouvé la solution. C'est en présence de cette question que commence notre égalité.

L'Europe, à son premier pas dans la révolution sociale, rencontre ce peuple qui lui apporte une réalisation rudimentaire, demi-sauvage, mais enfin une réalisation quelconque du partage continuel des terres parmi les ouvriers agricoles. Et notez, Monsieur, que ce grand exemple ne vient point de la Russie civilisée, mais bien du peuple lui-même, de sa vie intérieure. Nous autres Russes passés par la civilisation occidentale, nous ne sommes tout au plus qu'un moyen, qu'un levain, que des truchements entre le peuple russe et l'Europe révolutionnaire. L'homme delà Russie future, c'est le moujik, comme l'homme de la France régénérée sera l'ouvrier.

Mais s'il en est ainsi, le peuple russe n'aura-t-il pas droit à un Peu plus d'indulgence de votre part, Monsieur?

Pauvre paysan! Si intelligent, si simple de mœurs, se contentant de si peu; on l'a choisi pour point de mire à toutes les iniquités; empereur le décime par les conscriptions; le seigneur lui vole sou troisième jour; le tchinovnik lui soutire son dernier rouble; le paysan se tait, il souffre, mais il ne désespère pas; il garde sa commune On en arrache un membre – la commune se referme et se resserre davantage; le sort de ce malheureux est digne de pitié, et cependant il n'émeut pas; au lieu de le plaindre, on l'accuse.

Vous lui niez, Monsieur, le dernier refuge qui lui reste, où il se sent homme, où il aime et ne craint pas; vous dites: «Sa commune n'est pas une commune, sa famille n'est pas une famille sa femme n'est pas sa femme; avant lui, elle appartient au seigneur; ses enfants ne sont pas ses enfants; qui en connaît le père?»

Et c'est ainsi que vous livrez ce pauvre peuple, non pas à l'appréciation de la science, mais au mépris des autres peuples, qui liront avec confiance et amour vos belles légendes.

Il est de mon devoir de dire quelques mots à ce sujet.

La famille, chez tous les Slaves, est fortement développée: c'est là peut-être le grain de conservatisme de cette race, la limite de leur négation.

La famille possédant en commun est le prototype de la commune.

La famille rurale n'aime pas à se diviser en plusieurs foyers; l'on voit souvent trois, quatre générations vivant sous le même toit, et dirigées patriarcalement par un grand-père ou un grand-oncle. La femme, généralement opprimée, ainsi qu'on le voit partout dans la classe agricole, commence en Russie à être respectée lorsqu'elle est veuve de l'ancien de la famille.

Il n'est point rare de voir toute la gestion des affaires confiée à l'autorité d'une grand'mère aux cheveux blancs. Est-ce bien là une preuve que la famille n'existe pas en Russie?

Passons aux seigneurs dans leurs rapports avec la famille serve.

Mais pour la clarté du récit, distinguons la norme des abus, les droits des crimes.

Le droit du seigneur n'a jamais existé chez les Slaves.

Le propriétaire ne peut légalement exiger ni les prémices d'un mariage, ni l'infidélité aux liens conjugaux. Si la loi était exécutée en Russie, il serait puni également pour le viol d'une femme serve, comme pour un attentat contre une femme libre; c'est-à-dire qu'il encourrait les travaux forcés ou l'exil en Sibérie, avec perte de tous ses droits, selon la gravité des circonstances. Telle est la loi; regardons les faits.

Je ne prétends point contester qu'avec la position sociale que le gouvernement a faite aux seigneurs, il ne leur soit très facile

De débaucher les filles et les femmes de leurs serfs. A force я'oppression, de punitions, le seigneur trouvera toujours des maris qui lui céderont leurs femmes, des pères qui lui amèneront burs filles, tout comme ce brave gentilhomme français, des Mémoires de Peuchot, qui implorait, en plein dix-huitième siècle, la grâce spéciale de placer sa fille dans le Parc-aux-Cerfs.

Il n'est pas étonnant non plus que le père et le mari les plus honnêtes nepuissent trouver justice contre le seigneur, grâce à la belle organisation judiciaire en Russie; tous les deux se verront alors dans la position de M. Tiercelin, auquel Louis XV fit voler, par M. Berryer, sa fille âgée de onze ans. Toutes ces sales infamies sont parfaitement possibles, je l'avoue; il suffit d'en appeler au souvenir de ceux qui connaissent les mœurs grossières et dépravées d'une partie de la noblesse russe; mais quant au paysan, celui-ci est bien loin d'être indifférent au dévergondage de ses maîtres.

Permettez-moi de vous en citer une preuve:

La moitié des seigneurs assassinés par leurs paysans (les documents statistiques en portent le chiffre de soixante à soixante-dix par an) tombent victimes de leurs exploits erotiques. Les procès sont rares; le paysan sait que le tribunal reste invariablement, sourd à ses plaintes; mais il a une hache, il la manie d'une manière admirable, et il le sait.

Gela dit sur les paysans, je vous demanderai, Monsieur, de vouloir bien me suivre dans quelques réflexions au sujet de la Russie civilisée.

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