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La Dame de Monsoreau Tome II

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La Dame de Monsoreau Tome II
Название: La Dame de Monsoreau Tome II
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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La Dame de Monsoreau Tome II - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Le dimanche gras de l'ann?e 1578, apr?s la f?te du populaire, et tandis que s'?teignaient dans les rues les rumeurs de la joyeuse journ?e, commen?ait une f?te splendide dans le magnifique h?tel que venait de se faire b?tir, de l'autre c?t? de l'eau et presque en face du Louvre, cette illustre famille de Montmorency qui, alli?e ? la royaut? de France, marchait l'?gale des familles princi?res. Cette f?te particuli?re, qui succ?dait ? la f?te publique, avait pour but de c?l?brer les noces de Fran?ois d'Epinay de Saint-Luc, grand ami du roi Henri III et l'un des favoris les plus intimes, avec Jeanne de Coss?-Brissac, fille du mar?chal de France de ce nom. Le repas avait eu lieu au Louvre, et le roi, qui avait consenti ? grand-peine au mariage, avait paru au festin avec un visage s?v?re qui n'avait rien d'appropri? ? la circonstance …' 'La Dame de Monsoreau' est, ? la suite de 'La Reine Margot', le deuxi?me volet du somptueux ensemble historique que Dumas ?crivit sur la Renaissance.

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– Pauvre garçon! dit Jeanne; aussi, vois comme il est maigri.

– Vous arrivâtes enfin, continua Bussy; j'avais pris logement au faubourg de la ville; je vous vis passer, caché derrière une jalousie.

– Oh! mon Dieu, demanda Diane, êtes-vous donc à Angers sous votre nom?

– Pour qui me prenez-vous? dit en souriant Bussy; non pas, je suis un marchand qui voyage; voyez mon costume couleur cannelle; il ne me trahit pas trop, c'est une couleur qui se porte beaucoup parmi les drapiers et les orfèvres, et, puis encore, j'ai un certain air inquiet et affairé qui ne messied pas à un botaniste qui cherche des simples. Bref, on ne m'a pas encore remarqué.

– Bussy, le beau Bussy, deux jours de suite dans une ville de province, sans avoir encore été remarqué? On ne croira jamais cela à la cour.

– Continuez, comte, dit Diane en rougissant. Comment venez-vous de la ville ici, par exemple?

– J'ai deux chevaux d'une race choisie; je monte l'un d'eux, je sors au pas de la ville, m'arrêtant à regarder les écriteaux et les enseignes; mais, quand une fois je suis loin des regards, mon cheval prend un galop qui lui permet de franchir en vingt minutes les trois lieues et demie qu'il y a d'ici à la ville. Une fois dans le bois de Méridor, je m'oriente et je trouve le mur du parc; mais il est long, fort long, le parc est grand. Hier j'ai exploré ce mur pendant plus de quatre heures, grimpant çà et là, espérant vous apercevoir toujours. Enfin, je désespérais presque, quand je vous ai aperçue le soir, au moment où vous rentriez à la maison; les deux grands chiens du baron sautaient après vous, et madame de Saint-Luc leur tenait en l'air un perdreau qu'ils essayaient d'atteindre; puis vous disparûtes.- Je sautai là; j'accourus ici, où vous étiez tout à l'heure; je vis l'herbe et la mousse assidûment foulées, j'en conclus que vous pourriez bien avoir adopté cet endroit, qui est charmant pendant le soleil; pour me reconnaître alors, j'ai fait des brisées comme à la chasse; et, tout en soupirant, ce qui me fait un mal affreux…

– Par défaut d'habitude, interrompit Jeanne en souriant.

– Je ne dis pas non, madame; en soupirant donc, ce qui me fait un mal affreux, je le répète, j'ai repris la route de la ville; j'étais bien fatigué; j'avais en outre déchiré mon pourpoint cannelle en montant aux arbres, et, cependant, malgré les accrocs de mon pourpoint, malgré l'oppression de ma poitrine, j'avais la joie au cœur: je vous avais vue.

– Il me semble que voilà un admirable récit, dit Jeanne, et que vous avez surmonté là de terribles obstacles: c'est beau et c'est héroïque; mais moi, qui crains de monter aux arbres, j'aurais, à votre place, conservé mon pourpoint et surtout ménagé mes belles mains blanches. Voyez dans quel affreux état sont les vôtres, tout égratignées par les ronces.

– Oui. Mais je n'aurais pas vu celle que je venais voir.

– Au contraire; j'aurais vu, et beaucoup mieux que vous ne l'aviez fait, Diane de Méridor, et même madame de Saint-Luc.

– Qu'eussiez-vous donc fait? demanda Bussy avec empressement.

– Je fusse venu droit au pont du château de Méridor, et j'y fusse entré. M. le baron me serrait dans ses bras, madame de Monsoreau me plaçait près d'elle à table, M. de Saint-Luc me comblait de caresse, madame de Saint-Luc faisait avec moi des anagrammes. C'était la chose du monde la plus simple: il est vrai que la chose du monde la plus simple est celle dont les amoureux ne s'avisent jamais.

Bussy secoua la tête avec un sourire et un regard à l'adresse de Diane.

– Oh! non! dit-il, non. Ce que vous eussiez fait là, c'était bon pour tout le monde, et non pour moi.

Diane rougit comme un enfant, et le même sourire et le même regard se reflétèrent dans ses yeux et sur ses lèvres.

– Allons! dit Jeanne, voilà, à ce qu'il paraît, que je ne comprends plus rien aux belles manières!

– Non! dit Bussy en secouant la tête. Non! je ne pouvais aller au château. Madame est mariée, M. le baron doit au mari de sa fille, quel qu'il soit, une surveillance sévère.

– Bien, dit Jeanne, voilà une leçon de civilité que je reçois; merci, monsieur de Bussy, car je mérite de la recevoir; cela m'apprendra à me mêler aux propos des fous.

– Des fous? répéta Diane.

– Des fous ou des amoureux, répondit madame de Saint-Luc, et en conséquence…

Elle embrassa Diane au front, fit une révérence à Bussy et s'enfuit.

Diane la voulut retenir d'une main, mais Bussy saisit l'autre, et il fallut bien que Diane, si bien retenue par son amant, se décidât à lâcher son amie.

Bussy et Diane restèrent donc seuls.

Diane regarda madame de Saint-Luc, qui s'éloignait en cueillant des fleurs, puis elle s'assit en rougissant.

Bussy se coucha à ses pieds.

– N'est-ce pas, dit-il, que j'ai bien fait, madame, que vous m'approuvez?

– Je ne vais pas feindre, répondit Diane, et, d'ailleurs, vous savez le fond de ma pensée, oui, je vous approuve, mais ici s'arrêtera mon indulgence; en vous désirant, en vous appelant comme je faisais tout à l'heure, j'étais insensée, j'étais coupable.

– Mon Dieu! que dites-vous donc là, Diane?

– Hélas! comte, je dis la vérité! j'ai le droit de rendre malheureux M. de Monsoreau, qui m'a poussée à cette extrémité; mais je n'ai ce droit qu'en m'abstenant de rendre un autre heureux. Je puis lui refuser ma présence, mon sourire, mon amour; mais, si je donnais ces faveurs à un autre, je volerais celui-là, qui, malgré moi, est mon maître.

Bussy écouta patiemment toute cette morale, fort adoucie, il est vrai, par la grâce et la mansuétude de Diane.

– À mon tour de parler, n'est-ce pas? dit-il.

– Parlez, répondit Diane.

– Avec franchise?

– Parlez!

– Eh bien, de tout ce que vous venez de dire, madame, vous n'avez pas trouvé un mot au fond de votre cœur.

– Comment?

– Écoutez-moi sans impatience, madame, vous voyez que je vous ai écoutée patiemment; vous m'avez accablé de sophismes.

Diane fit un mouvement.

– Les lieux communs de morale, continua Bussy, ne sont que cela quand ils manquent d'application. En échange de ces sophismes, moi, madame, je vais vous rendre des vérités. Un homme est votre maître, dites-vous; mais avez-vous choisi cet homme? Non, une fatalité vous l'a imposé, et vous l'avez subi. Maintenant, avez-vous dessein de souffrir toute votre vie des suites d'une contrainte si odieuse? Alors c'est à moi de vous en délivrer.

Diane ouvrit la bouche pour parler, Bussy l'arrêta d'un signe.

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