Le Dernier Jour Dun Condamn?
Le Dernier Jour Dun Condamn? читать книгу онлайн
? la prison de Bic?tre, un condamn? ? mort note heure par heure les ?v?nements d'une journ?e dont il apprend qu'elle sera la derni?re. Il rappelle les circonstances de la sentence, puis de son emprisonnement et la raison qui le fait ?crire, jusqu'au moment o? il lui sera physiquement impossible de continuer. D?crivant sa cellule, d?taillant la progression de la journ?e, ?voquant d'horribles souvenirs comme le ferrement des for?ats, la complainte argotique d'une jeune fille, des r?ves, il en arrive au transfert ? la Conciergerie……
Hugo ne donne pas son nom, ne dit presque rien sur son pass?, ni pourquoi cet homme est emprisonn?. Peu importe! Ce texte est un plaidoyer contre la peine de mort, contre toutes les peines de mort, il n'a pour objet que cette mort qui appara?t dans toute son horreur inou?e et impensable, dans son inhumanit? intrins?que. Ce condamn? «anonyme», n'est personne, et donc tout le monde, et nous vivons sa peur et son Enfer.
Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала
XXXIV
Une heure vient de sonner. Je ne sais laquelle: j’entends mal le marteau de l’horloge. Il me semble que j’ai un bruit d’orgue dans les oreilles; ce sont mes dernières pensées qui bourdonnent.
À ce moment suprême où je me recueille dans mes souvenirs, j’y retrouve mon crime avec horreur; mais je voudrais me repentir davantage encore. J’avais plus de remords avant ma condamnation; depuis, il semble qu’il n’y ait plus de place que pour les pensées de mort. Pourtant, je voudrais bien me repentir beaucoup.
Quand j’ai rêvé une minute à ce qu’il y a de passé dans ma vie, et que j’en reviens au coup de hache qui doit la terminer tout à l’heure, je frissonne comme d’une chose nouvelle. Ma belle enfance! ma belle jeunesse! étoffe dorée dont l’extrémité est sanglante. Entre alors et à présent il y a une rivière de sang; le sang de l’autre et le mien.
Si on lit un jour mon histoire, après tant d’années d’innocence et de bonheur, on ne voudra pas croire à cette année exécrable, qui s’ouvre par un crime et se clôt par un supplice; elle aura l’air dépareillée.
Et pourtant, misérables lois et misérables hommes, je n’étais pas un méchant!
Oh! mourir dans quelques heures, et penser qu’il y a un an, à pareil jour, j’étais libre et pur, que je faisais mes promenades d’automne, que j’errais sous les arbres, et que je marchais dans les feuilles!