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Une Fille DEve

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Une Fille DEve
Название: Une Fille DEve
Автор: de Balzac Honor?
Дата добавления: 16 январь 2020
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Une Fille DEve - читать бесплатно онлайн , автор de Balzac Honor?

Deux femmes, Cl?mentine et Marie. Deux mariages, deux ?poux, charmants, convenables, vivant l'amour ? la petite semaine et soign?s comme une petite ma?tresse . Deux femmes, deux mariages, deux ?poux et, bien s?r, deux amants, vigoureux comme des tigres, de chevelure inculte et de regard napol?onien . Deux amants ? En fait un seul, Balzac lui-m?me, prodigieux narcisse et visionnaire amoureux qui ?voque ici une de ses conqu?tes et r?cup?re un de ses plus cuisants ?checs amoureux, toutes les femmes ne lui ayant pas dit, comme Mme de Berny : Adieu didi on t'aime quand m?me… malgr? la corde qui te manque. Et tous les personnages qui apparaissent dans Une fille d'Eve et deviendront les mar?chaux et les grognards de la Grande Arm?e balzacienne font de ce roman le laboratoire central de La Com?die humaine.

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Madame du Tillet effrayée s’était voilé la figure avec ses mains en entendant cette horrible antienne.

– Je n’ai pas eu la pensée de te faire le moindre reproche, ma bien-aimée, dit-elle enfin en voyant le visage de sa sœur baigné de larmes chaudes. Tu viens de jeter dans mon âme, en un moment, plus de brandons que n’en ont éteint mes larmes. Oui, la vie que je mène légitimerait dans mon cœur un amour comme celui que tu viens de me peindre. Laisse-moi croire que si nous nous étions vues plus souvent nous ne serions pas où nous en sommes. Si tu avais su mes souffrances, tu aurais apprécié ton bonheur, tu l’aurais peut-être enhardie à la résistance et je serais heureuse. Ton malheur est un accident auquel un hasard obviera, tandis que mon malheur est de tous les moments. Pour mon mari, je suis le portemanteau de son luxe, l’enseigne de ses ambitions, une de ses vaniteuses satisfactions. Il n’a pour moi ni affection vraie ni confiance. Ferdinand est sec et poli comme ce marbre, dit-elle en frappant le manteau de la cheminée. Il se défie de moi. Tout ce que je demanderais pour moi-même est refusé d’avance; mais quant à ce qui le flatte et annonce sa fortune, je n’ai pas même à désirer: il décore mes appartements, il dépense des sommes exorbitantes pour ma table. Mes gens, mes loges au théâtre, tout ce qui est extérieur est du dernier goût. Sa vanité n’épargne rien, il mettra des dentelles aux langes de ses enfants, mais il n’entendra pas leurs cris, ne devinera pas leurs besoins. Me comprends-tu? Je suis couverte de diamants quand je vais à la cour; à la ville, je porte les bagatelles les plus riches; mais je ne dispose pas d’un liard. Madame du Tillet, qui peut-être excite des jalousies, qui paraît nager dans l’or, n’a pas cent francs à elle. Si le père ne se soucie pas de ses enfants, il se soucie bien moins de leur mère. Ah! il m’a fait bien rudement sentir qu’il m’a payée, et que ma fortune personnelle, dont je ne dispose point, lui a été arrachée. Si je n’avais qu’à me rendre maîtresse de lui, peut-être le séduirais-je; mais je subis une influence étrangère, celle d’une femme de cinquante ans passés qui a des prétentions et qui le domine, la veuve d’un notaire. Je le sens, je ne serai libre qu’à sa mort. Ici ma vie est réglée comme celle d’une reine: on sonne mon déjeuner et mon dîner comme à ton château. Je sors infailliblement à une certaine heure pour aller au bois. Je suis toujours accompagnée de deux domestiques en grande tenue, et dois être revenue à la même heure. Au lieu de donner des ordres, j’en reçois. Au bal, au théâtre, un valet vient me dire: «La voiture de madame est avancée,» et je dois partir souvent au milieu de mon plaisir. Ferdinand se fâcherait si je n’obéissais pas à l’étiquette créée pour sa femme, et il me fait peur. Au milieu de cette opulence maudite, je conçois des regrets et trouve notre mère une bonne mère: elle nous laissait les nuits et je pouvais causer avec toi. Enfin je vivais près d’une créature qui m’aimait et souffrait avec moi; tandis qu’ici, dans cette somptueuse maison, je suis au milieu d’un désert.

À ce terrible aveu, la comtesse saisit à son tour la main de sa sœur et la baisa en pleurant.

– Comment puis-je t’aider? dit Eugénie à voix basse à Angélique. S’il nous surprenait, il entrerait en défiance et voudrait savoir ce que tu m’as dit depuis une heure; il faudrait lui mentir, chose difficile avec un homme fin et traître: il me tendrait des piéges. Mais laissons mes malheurs et pensons à toi. Tes quarante mille francs, ma chère, ne seraient rien pour Ferdinand qui remue des millions avec un autre gros banquier, le baron de Nucingen. Quelquefois j’assiste à des dîners où ils disent des choses à faire frémir. Du Tillet connaît ma discrétion, et l’on parle devant moi sans se gêner: on est sûr de mon silence. Hé! bien, les assassinats sur la grande route me semblent des actes de charité comparés à certaines combinaisons financière. Nucingen et lui se soucient de ruiner les gens comme je me soucie de leurs profusions. Souvent je reçois de pauvres dupes de qui j’ai entendu faire le compte la veille, et qui se lancent dans des affaires où ils doivent laisser leur fortune: il me prend envie, comme à Léonarde dans la caverne des brigands, de leur dire: prenez garde! Mais que deviendrais-je? je me tais. Ce somptueux hôtel est un coupe-gorge. Et du Tillet, Nucingen jettent les billets de mille francs par poignées pour leurs caprices. Ferdinand achète au Tillet l’emplacement de l’ancien château pour le rebâtir, il veut y joindre une forêt et de magnifiques domaines. Il prétend que son fils sera comte, et qu’à la troisième génération il sera noble. Nucingen, las de son hôtel de la rue Saint-Lazare, construit un palais. Sa femme est une de mes amies… Ah! s’écria-t-elle, elle peut nous être utile, elle est hardie avec son mari, elle a la disposition de sa fortune, elle te sauvera.

– Chère minette, je n’ai plus que quelques heures, allons-y ce soir, à l’instant, dit madame de Vandenesse en se jetant dans les bras de madame du Tillet et y fondant en larmes.

– Et puis-je sortir à onze heures du soir?

– J’ai ma voiture.

– Que complotez-vous donc là? dit du Tillet en poussant la porte du boudoir.

Il montrait aux deux sœurs un visage anodin éclairé par un air faussement aimable. Les tapis avaient assourdi ses pas, et la préoccupation des deux femmes les avait empêchées d’entendre le bruit que fit la voiture de du Tillet en entrant. La comtesse, chez qui l’usage du monde et la liberté que lui laissait Félix avaient développé l’esprit et la finesse, encore comprimés chez sa sœur par le despotisme marital qui continuait celui de leur mère, aperçut chez Eugénie une terreur près de se trahir, et la sauva par une réponse franche.

– Je croyais ma sœur plus riche qu’elle ne l’est, répondit la comtesse en regardant son beau-frère. Les femmes sont parfois dans des embarras qu’elles ne veulent pas dire à leurs maris, comme Joséphine avec Napoléon, et je venais lui demander un service.

– Elle peut vous le rendre facilement, ma sœur. Eugénie est très-riche, répondit du Tillet avec une mielleuse aigreur.

– Elle ne l’est que pour vous, mon frère, répliqua la comtesse en souriant avec amertume.

– Que vous faut-il? dit du Tillet qui n’était pas fâché d’enlacer sa belle-sœur.

– Nigaud, ne vous ai-je pas dit que nous ne voulons pas nous commettre avec nos maris? répondit sagement madame de Vandenesse en comprenant qu’elle se mettait à la merci de l’homme dont le portrait venait heureusement de lui être tracé par sa sœur. Je viendrai chercher Eugénie demain.

– Demain, répondit froidement le banquier, non. Madame du Tillet dîne demain chez un futur pair de France, le baron de Nucingen qui me laisse sa place à la Chambre des députés.

– Ne lui permettrez-vous pas d’accepter ma loge à l’opéra? dit la comtesse sans même échanger un regard avec sa sœur, tant elle craignait de lui voir trahir leur secret.

– Elle a la sienne, Ma sœur, dit du Tillet piqué.

– Eh! bien, je l’y verrai, répliqua la comtesse.

– Ce sera la première fois que vous nous ferez cet honneur, dit du Tillet.

La comtesse sentit le reproche et se mit à rire.

– Soyez tranquille, on ne vous fera rien payer cette fois-ci, dit elle. Adieu, ma chérie.

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