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La Dame de Monsoreau Tome III

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La Dame de Monsoreau Tome III
Название: La Dame de Monsoreau Tome III
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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La Dame de Monsoreau Tome III - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Le dimanche gras de l'ann?e 1578, apr?s la f?te du populaire, et tandis que s'?teignaient dans les rues les rumeurs de la joyeuse journ?e, commen?ait une f?te splendide dans le magnifique h?tel que venait de se faire b?tir, de l'autre c?t? de l'eau et presque en face du Louvre, cette illustre famille de Montmorency qui, alli?e ? la royaut? de France, marchait l'?gale des familles princi?res. Cette f?te particuli?re, qui succ?dait ? la f?te publique, avait pour but de c?l?brer les noces de Fran?ois d'Epinay de Saint-Luc, grand ami du roi Henri III et l'un des favoris les plus intimes, avec Jeanne de Coss?-Brissac, fille du mar?chal de France de ce nom. Le repas avait eu lieu au Louvre, et le roi, qui avait consenti ? grand-peine au mariage, avait paru au festin avec un visage s?v?re qui n'avait rien d'appropri? ? la circonstance …' 'La Dame de Monsoreau' est, ? la suite de 'La Reine Margot', le deuxi?me volet du somptueux ensemble historique que Dumas ?crivit sur la Renaissance.

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– Eh! non, malheureux! s'écria Henri, ce ne peut être cela.

– Tant pis, dit Chicot.

– Viens, viens.

Et Henri entraîna le Gascon dans la chambre du duc.

La fenêtre était ouverte et garnie d'une foule de curieux entassés les uns sur les autres pour contempler l'échelle de corde accrochée aux trèfles de fer du balcon.

Henri devint pâle comme la mort.

– Eh! eh! mon fils, dit Chicot, tu n'es pas encore si fort blasé que je le croyais.

– Enfui! évadé! cria Henri d'une voix si retentissante, que tous les gentilshommes se retournèrent.

Il y avait des éclairs dans les yeux du roi; sa main serrait convulsivement la poignée de sa miséricorde.

Schomberg s'arrachait les cheveux, Quélus se bourrait le visage de coups de poing, et Maugiron frappait, comme un bélier, de la tête dans la cloison.

Quant à d'Épernon, il avait disparu sous le spécieux prétexte de courir après M. le duc d'Anjou.

La vue du martyre que, dans leur désespoir, s'infligeaient ses favoris calma tout à coup le roi.

– Hé là! doucement, mon fils, dit-il en retenant Maugiron par le milieu du corps.

– Non, mordieu! j'en crèverai, ou le diable m'emporte! dit le jeune homme en prenant du champ pour se briser la tête non plus sur la cloison, mais sur le mur.

– Holà! aidez-moi donc à le retenir, cria Henri.

– Eh! compère, dit Chicot, il y a une mort plus douce: passez-vous tout bonnement votre épée au travers du ventre.

– Veux-tu te taire, bourreau! dit Henri les larmes aux yeux.

Pendant ce temps, Quélus se meurtrissait les joues.

– Oh! Quélus, mon enfant, dit Henri, tu vas ressembler à Schomberg quand il a été trempé dans le bleu de Prusse! Tu seras affreux, mon ami!

Quélus s'arrêta.

Schomberg seul continuait à se dépouiller les tempes; il en pleurait de rage.

– Schomberg! Schomberg! mon mignon, cria Henri, un peu de raison, je t'en prie!

– J'en deviendrai fou.

– Bah! dit Chicot.

– Le fait est, dit Henri, que c'est un affreux malheur, et voilà pourquoi il faut que tu gardes la raison, Schomberg. Oui, c'est un affreux malheur. Je suis perdu! Voilà la guerre civile dans mon royaume… Ah! qui a fait ce coup-là? qui a fourni l'échelle? Par la mordieu! je ferai pendre toute la ville.

Une profonde terreur s'empara des assistants.

– Qui est le coupable? continua Henri; où est le coupable? Dix mille écus à qui me dira son nom! cent mille écus à qui me le livrera mort ou vif!

– Qui voulez-vous que ce soit, s'écria Maugiron, sinon quelque Angevin?

– Pardieu! tu as raison, s'écria Henri. Ah! les Angevins, mordieu! les Angevins, ils me le payeront!

Et, comme si cette parole eût été une étincelle communiquant le feu à une traînée de poudre, une effroyable explosion de cris et de menaces retentit contre les Angevins.

– Oh! oui, les Angevins! cria Quélus.

– Où sont-ils? hurla Schomberg.

– Qu'on les éventre! vociféra Maugiron.

– Cent potences pour cent Angevins! reprit le roi.

Chicot ne pouvait rester muet dans cette fureur universelle: il tira son épée avec un geste de taille-bras, et, s'escrimant du plat à droite et à gauche, il rossa les mignons et battit les murs en répétant avec des yeux farouches:

– Oh! ventre-de-biche! oh! mâle-rage! ah! damnation! les Angevins, mordieu! mort aux Angevins!

Ce cri: Mort aux Angevins! fut entendu de toute la ville comme le cri des mères Israélites fut entendu par tout Raina.

Cependant Henri avait disparu.

Il avait songé à sa mère, et, se glissant hors de la chambre sans mot dire, il était allé trouver Catherine, un peu négligée depuis quelque temps, et qui, renfermée dans son indifférence affectée, attendait, avec sa pénétration florentine, une bonne occasion de voir surnager sa politique.

Lorsque Henri entra, elle était à demi couchée, pensive, dans un grand fauteuil, et elle ressemblait plus, avec ses joues grasses, mais un peu jaunâtres, avec ses yeux brillants, mais fixes, avec ses mains potelées, mais pâles, à une statue de cire exprimant la méditation qu'à un être animé qui pense.

Mais, à la nouvelle de l'évasion de François, nouvelle que Henri donna, au reste, sans ménagement aucun, tout embrasé qu'il était de colère et de haine, la statue parut se réveiller tout à coup, quoique le geste qui annonçait ce réveil se bornât, pour elle, à s'enfoncer davantage encore dans son fauteuil et à secouer la tête sans rien dire.

– Eh! ma mère, dit Henri, vous ne vous écriez pas?

– Pourquoi faire, mon fils? demanda Catherine.

– Comment! cette évasion de votre fils ne vous paraît pas criminelle, menaçante, digne des plus grands châtiments?

– Mon cher fils, la liberté vaut bien une couronne, et rappelez-vous que je vous ai, à vous-même, conseillé de fuir quand vous pouviez atteindre cette couronne.

– Ma mère, on m'outrage.

Catherine haussa les épaules.

– Ma mère, on me brave.

– Eh! non, dit Catherine, on se sauve, voilà tout.

– Ah! dit Henri, voilà comme vous prenez mon parti!

– Que voulez-vous dire, mon fils?

– Je dis qu'avec l'âge les sentiments s'émoussent; je dis…

Il s'arrêta.

– Que dites-vous? reprit Catherine avec son calme habituel.

– Je dis que vous ne m'aimez plus comme autrefois.

– Vous vous trompez, dit Catherine avec une froideur croissante. Vous êtes mon fils bien-aimé, Henri; mais celui dont vous vous plaignez est aussi mon fils.

– Ah! trêve à la morale maternelle, madame, dit Henri furieux; nous connaissons ce que cela vaut.

– Eh! vous devez le connaître mieux que personne, mon fils; car, vis-à-vis de vous, ma morale a toujours été de la faiblesse.

– Et, comme vous en êtes aux repentirs, vous vous repentez.

– Je sentais bien que nous en viendrions là, mon fils, dit Catherine; voilà pourquoi je gardais le silence.

– Adieu, madame, adieu, dit Henri; je sais ce qu'il me reste à faire, puisque, chez ma mère même, il n'y a plus de compassion pour moi. Je trouverai des conseillers capables de seconder mon ressentiment et de m'éclairer dans cette rencontre.

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