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Jean-Christophe Tome V

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Jean-Christophe Tome V
Название: Jean-Christophe Tome V
Автор: Rolland Romain
Дата добавления: 16 январь 2020
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Jean-Christophe Tome V - читать бесплатно онлайн , автор Rolland Romain

Vaste roman cyclique, ce roman fleuve est un signe d'amour et d'espoir adress? ? la g?n?ration suivante. Le h?ros, un musicien de g?nie, doit lutter contre la m?diocrit? du monde. M?lant r?alisme et lyrisme, cette fresque est le tableau du monde de la fin du XIX?me si?cle au d?but du vingti?me.

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Il avait une fringale de marche. La marche faisait lever des moissons de musique. Il en ?tait plein, comme une ruche de miel; et il riait au bourdonnement dor? de ses abeilles. C’?tait, ? l’ordinaire, une musique qui modulait beaucoup. Et des rythmes bondissants, insistants, hallucinants… Allez donc cr?er des rythmes, quand vous ?tes engourdi dans votre chambre! Bon pour amalgamer alors des harmonies subtiles et immobiles, comme ces Parisiens!

Quand il fut las de marcher, il se coucha dans les bois. Les arbres ?taient ? demi d?feuill?s, le ciel bleu de pervenche. Christophe s’engourdit dans une r?verie, qui prit bient?t la teinte de la douce lumi?re qui tombe des nuages d’octobre. Son sang battait. Il ?coutait passer les flots press?s de ses pens?es. Il en venait de tous les points de l’horizon: mondes jeunes et vieux, qui se livraient bataille, lambeaux d’?mes pass?es, h?tes anciens, parasites, qui vivaient en lui, comme le peuple d’une ville. L’ancienne parole de Gottfried devant la tombe de Melchior lui revenait ? l’esprit: il ?tait un tombeau vivant, plein de morts qui s’agitaient, – toute sa race inconnue. Il ?coutait cette multitude de vies, il se plaisait ? faire bruire l’orgue de cette for?t s?culaire, pleine de monstres, comme la for?t de Dante. Il ne les craignait plus maintenant, comme au temps de son adolescence. Car le ma?tre ?tait l?: sa volont?. Il avait une forte joie ? faire claquer son fouet, pour que les b?tes hurlassent, et qu’il sent?t mieux la richesse de sa m?nagerie int?rieure. Il n’?tait pas seul. Il n’y pas de risques qu’il le f?t jamais. Il ?tait toute une arm?e, des si?cles de Krafft joyeux et sains. Contre Paris hostile, contre un peuple, tout un peuple: la lutte ?tait ?gale.

*

Il avait abandonn? sa modeste chambre, – trop ch?re, – pour prendre dans le quartier de Montrouge une mansarde, qui, ? d?faut d’autres avantages, ?tait tr?s a?r?e. Un courant d’air perp?tuel. Mais il lui fallait respirer. De sa fen?tre, il avait une vue ?tendue sur les chemin?es de Paris. Le d?m?nagement n’avait pas ?t? long: une charrette ? bras suffit; Christophe la poussa lui-m?me. De tout son mobilier, l’objet le plus pr?cieux pour lui ?tait, avec sa vieille malle, un de ces moulages, si vulgaris?s depuis, du masque de Beethoven. Il l’avait empaquet? avec autant de soin que s’il s’?tait agi d’une ?uvre d’art du plus haut prix. Il ne s’en s?parait pas. C’?tait son ?le, au milieu de Paris. Ce lui ?tait aussi un barom?tre moral. Le masque lui marquait, plus clairement que sa propre conscience, la temp?rature de son ?me, ses plus secr?tes pens?es: tant?t le ciel charg? de nu?es, tant?t le coup de vent des passions, tant?t le calme puissant.

Il dut rogner beaucoup sur sa nourriture. Il mangeait une fois par jour, ? une heure de l’apr?s-midi. Il avait achet? un gros saucisson, qu’il avait pendu ? sa fen?tre; avec une bonne tranche, un solide quignon de pain, et une tasse de caf? qu’il fabriquait, il faisait un repas des dieux. Mais il en e?t bien fait deux. Il ?tait f?ch? d’avoir si bon app?tit. Il s’apostrophait s?v?rement; il se traitait de goinfre, qui ne pense qu’? son ventre. De ventre, il n’en avait gu?re; il ?tait plus efflanqu? qu’un chien maigre. Au reste, solide, une charpente de fer, et la t?te toujours libre.

Il ne s’inqui?tait pas trop du lendemain. Tant qu’il avait devant lui l’argent de la journ?e, il ne se mettait pas en peine. Le jour o? il n’eut plus rien, il se d?cida enfin ? commencer les tourn?es chez les ?diteurs. Il ne trouva de travail nulle part. Il revenait chez lui, bredouille, quand, passant pr?s du magasin de musique o? il avait ?t? pr?sent? nagu?re par Sylvain Kohn ? Daniel Hecht, il entra, sans se rappeler qu’il y ?tait d?j? venu dans des circonstances peu agr?ables. La premi?re personne qu’il vit fut Hecht. Il fut sur le point de rebrousser chemin; mais il ?tait trop tard: Hecht l’avait vu. Christophe ne voulut pas avoir l’air de reculer; il s’avan?a vers Hecht, ne sachant pas ce qu’il allait lui dire, et pr?t ? lui tenir t?te avec autant d’arrogance qu’il le faudrait: car il ?tait convaincu que Hecht ne lui m?nagerait pas les insolences. Il n’en fut rien. Hecht, froidement, lui tendit la main: avec une formule de politesse banale, il s’informa de sa sant?, et, sans m?me attendre que Christophe lui en f?t la demande il lui d?signa la porte de son cabinet, et s’effa?a pour le laisser passer. Il ?tait heureux, secr?tement, de cette visite, que son orgueil avait pr?vue, mais qu’il n’attendait plus. Sans en avoir l’air, il avait suivi tr?s attentivement Christophe; il n’avait manqu? aucune occasion de conna?tre sa musique; il ?tait au fameux concert du David ; et l’accueil hostile du public l’avait d’autant moins ?tonn?, dans son m?pris du public, qu’il avait parfaitement senti toute la beaut? de l’?uvre. Il n’y avait peut-?tre pas deux personnes ? Paris qui fussent plus capables que Hecht d’appr?cier l’originalit? artistique de Christophe. Mais il se f?t bien gard? de lui en rien dire, non seulement parce qu’il ?tait piqu? de l’attitude de Christophe ? son ?gard, mais parce qu’il lui ?tait impossible d’?tre aimable: c’?tait une disgr?ce sp?ciale de sa nature. Il ?tait sinc?rement dispos? ? aider Christophe; mais il n’e?t point fait un pas pour cela: il attendait que Christophe v?nt le lui demander. Et maintenant Christophe ?tait venu, – au lieu de saisir g?n?reusement l’occasion d’effacer le souvenir de leur malentendu, en ?pargnant ? son visiteur une d?marche humiliante, il se donna la satisfaction de le laisser exposer tout au long sa requ?te; et il tint ? lui imposer, au moins pour une fois, les travaux que Christophe avait refus?s jadis. Il lui donna, pour le lendemain, cinquante pages de musique ? transposer pour mandoline et guitare. Apr?s quoi, satisfait de l’avoir fait plier, il lui trouva des occupations moins rebutantes, mais toujours avec une telle absence de bonne gr?ce qu’il ?tait impossible de lui en savoir gr?; il fallait que Christophe f?t talonn? par la g?ne pour recourir de nouveau ? lui. En tout cas, il aimait encore mieux gagner son argent par ces travaux, si irritants qu’ils fussent, que le recevoir en don de Hecht, comme Hecht le lui offrit, une fois: – et certes, c’?tait de bon c?ur, mais Christophe avait senti l’intention que Hecht avait eue de l’humilier d’abord; contraint d’accepter ses conditions, il se refusa du moins ? accepter ses bienfaits; il voulait bien travailler pour lui: – donnant, donnant, il ?tait quitte; – mais il ne voulut rien lui devoir. Il n’?tait pas comme Wagner, ce mendiant impudent pour son art, il ne mettait pas son art au-dessus de son ?me; le pain qu’il n’e?t pas gagn? lui-m?me l’e?t ?touff?. – Un jour qu’il venait de rapporter la t?che qu’il avait pass? la nuit ? faire, il trouva Hecht ? table. Hecht, remarquant sa p?leur et les regards qu’il jeta involontairement sur les plats, eut la certitude qu’il n’avait pas mang? et l’invita ? d?jeuner. L’intention ?tait bonne; mais Hecht laissa si lourdement sentir qu’il avait vu le d?nuement de Christophe, que son invitation ressemblait ? une aum?ne: Christophe f?t mort de faim, plut?t que d’accepter. Il ne put refuser de s’asseoir ? table – (Hecht avait ? lui parler); – mais il ne toucha ? rien; il pr?tendit qu’il venait de d?jeuner. Son estomac se crispait de besoin.

Christophe e?t voulu se passer de Hecht; mais les autres ?diteurs ?taient encore pires. – Il y avait aussi les riches dilettantes, qui accouchaient d’un lambeau de phrase musicale, et qui n’?taient m?me pas capable de l’?crire. Ils faisaient venir Christophe, et lui chantaient leur ?lucubration:

– Hein! est-ce beau!

Ils la lui donnaient ? «d?velopper», – (? ?crire en entier); – et cela paraissait sous leur nom chez un grand ?diteur. Apr?s, ils ?taient persuad?s que le morceau ?tait d’eux. Christophe en connut un, gentilhomme de bonne marque, un grand corps agit?, qui lui donna du: «cher ami», l’empoigna par le bras, lui prodiguant les d?monstrations d’enthousiasme temp?tueux, ricanant ? son oreille, bafouillant des coq-?-l’?ne et des incongruit?s m?l?es de cris d’extase: Beethoven, Verlaine, Offenbach, Yvette Guilbert… Il le faisait travailler, et n?gligeait de le payer. Il soldait en invitations ? d?jeuner et en poign?es de main. ? la fin des fins, il envoya ? Christophe vingt francs, que Christophe se donna le luxe stupide de lui renvoyer. Ce jour-l?, il n’avait pas vingt sous en poche; et il lui avait fallu acheter un timbre de vingt-cinq centimes pour ?crire ? sa m?re. C’?tait le jour de la f?te de la vieille Louisa; et, pour rien au monde, Christophe n’e?t voulu y manquer: la bonne femme comptait trop sur la lettre de son gar?on, elle n’aurait pu s’en passer. Elle lui ?crivait un peu plus souvent, depuis quelques semaines, malgr? la peine que cela lui co?tait d’?crire. Elle souffrait de sa solitude. Mais elle n’aurait pu se d?cider ? venir rejoindre Christophe ? Paris: elle ?tait trop timor?e, attach?e ? sa petite ville, ? son ?glise, ? sa maison, elle avait peur des voyages. Et d’ailleurs, quand elle e?t voulu venir, Christophe n’avait pas d’argent pour elle; il n’en avait pas tous les jours, pour lui-m?me.

Un envoi qui lui fit bien plaisir, une fois, ce fut de Lorchen, la jeune paysanne pour laquelle il avait eu une rixe avec des soldats prussiens: elle lui ?crivait qu’elle se mariait; elle donnait des nouvelles de la maman, et elle lui exp?diait un panier de pommes et une part de galette, pour manger en son honneur. Cela tomba joliment ? propos. Ce soir-l? chez Christophe, c’?tait je?ne, quatre-temps et car?me: du saucisson pendu au clou, pr?s de la fen?tre, il ne restait plus que la ficelle. Christophe se compara aux saints anachor?tes, qu’un corbeau vient nourrir sur leur rocher. Mais le corbeau avait beaucoup ? faire sans doute de nourrir tous les anachor?tes, car il ne revint plus.

Malgr? tous ces ennuis, Christophe gardait son entrain. Il faisait dans sa cuvette la lessive de son linge, et il cirait ses chaussures, en sifflant comme un merle. Il se consolait avec les mots de Berlioz: «?levons-nous au-dessus des mis?res de la vie, et chantons d’une voix l?g?re le gai refrain si connu: Dies ir? …» – Il le chantait parfois au scandale des voisins, stup?fi?s de l’entendre s’interrompre au milieu par des ?clats de rire.

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