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La Dame Aux Camelias

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La Dame Aux Camelias
Название: La Dame Aux Camelias
Дата добавления: 16 январь 2020
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La Dame Aux Camelias - читать бесплатно онлайн , автор Dumas-fils Alexandre

Inspir? de sa relation avec Marie Duplessis, le roman puis le drame c?l?bre de Dumas fils est l'histoire de Armand et Marguerite qui parviendront ? vaincre tous les obstacles pour vivre leur amour.

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C'était sagement raisonné et d'une logique dont j'aurais cru Prudence incapable. Je ne trouvai rien à lui répondre, sinon qu'elle avait raison; je lui donnai la main et la remerciai de ses conseils.

– Allons, allons, me dit-elle, chassez-moi ces mauvaises théories, et riez; la vie est charmante, mon cher, c'est selon le verre par lequel on la regarde. Tenez, consultez votre ami Gaston, en voilà un qui me fait l'effet de comprendre l'amour comme je le comprends. Ce dont il faut que vous soyez convaincu, sans quoi vous deviendrez un garçon insipide, c'est qu'il y a à côté d'ici une belle fille qui attend impatiemment que l'homme qui est chez elle s'en aille, qui pense à vous, qui vous garde sa nuit et qui vous aime, j'en suis certaine. Maintenant venez vous mettre à la fenêtre avec moi, et regardons partir le comte qui ne va pas tarder à nous laisser la place.

Prudence ouvrit une fenêtre, et nous nous accoudâmes à côté l'un de l'autre sur le balcon.

Elle regardait les rares passants, moi je rêvais.

Tout ce qu'elle m'avait dit me bourdonnait dans la tête, et je ne pouvais m'empêcher de convenir qu'elle avait raison; mais l'amour réel que j'avais pour Marguerite avait peine à s'accommoder de cette raison-là. Aussi poussais-je de temps en temps des soupirs qui faisaient retourner Prudence, et lui faisaient hausser les épaules comme un médecin qui désespère d'un malade.

«Comme on s'aperçoit que la vie doit être courte, disais-je en moi-même, par la rapidité des sensations! Je ne connais Marguerite que depuis deux jours, elle n'est ma maîtresse que depuis hier, et elle a déjà tellement envahi ma pensée, mon cœur et ma vie, que la visite de ce comte de G… est un malheur pour moi.»

Enfin le comte sortit, remonta dans sa voiture et disparut. Prudence ferma sa fenêtre.

Au même moment Marguerite nous appelait.

– Venez vite, on met la table, disait-elle, nous allons souper.

Quand j'entrai chez elle, Marguerite courut à moi, me sauta au cou et m'embrassa de toutes ses forces.

– Sommes-nous toujours maussade? me dit-elle.

– Non, c'est fini, répondit Prudence, je lui ai fait de la morale, et il a promis d'être sage.

– À la bonne heure!

Malgré moi, je jetai les yeux sur le lit, il n'était pas défait; quant à Marguerite, elle était déjà en peignoir blanc.

On se mit à table.

Charme, douceur, expansion, Marguerite avait tout, et j'étais bien forcé de temps en temps de reconnaître que je n'avais pas le droit de lui demander autre chose; que bien des gens seraient heureux à ma place, et que, comme le berger de Virgile, je n'avais qu'à jouir des loisirs qu'un dieu ou plutôt qu'une déesse me faisait.

J'essayai de mettre en pratique les théories de Prudence et d'être aussi gai que mes deux compagnes; mais ce qui chez elles était nature, chez moi était effort, et le rire nerveux que j'avais, et auquel elles se trompèrent, touchait de bien près aux larmes.

Enfin le souper cessa, et je restai seul avec Marguerite. Elle alla, comme elle en avait l'habitude, s'asseoir sur son tapis devant le feu et regarder d'un air triste la flamme du foyer.

Elle songeait! à quoi? Je l'ignore; moi, je la regardais avec amour et presque avec terreur en pensant à ce que j'étais prêt à souffrir pour elle.

– Sais-tu à quoi je pensais?

– Non.

– À une combinaison que j'ai trouvée.

– Et quelle est cette combinaison?

– Je ne puis pas encore te la confier, mais je puis te dire ce qui en résulterait. Il en résulterait que dans un mois d'ici je serais libre, je ne devrais plus rien, et nous irions passer ensemble l'été à la campagne.

– Et vous ne pouvez pas me dire par quel moyen?

– Non, il faut seulement que tu m'aimes comme je t'aime, et tout réussira.

– Et c'est vous seule qui avez trouvé cette combinaison?

– Oui.

– Et vous l'exécuterez seule?

– Moi seule aurai les ennuis, me dit Marguerite avec un sourire que je n'oublierai jamais, mais nous partagerons les bénéfices.

Je ne pus m'empêcher de rougir à ce mot de bénéfices; je me rappelai Manon Lescaut mangeant avec Desgrieux l'argent de M. de B…

je répondis d'un ton un peu dur et en me levant:

– Vous me permettrez, ma chère Marguerite, de ne partager les bénéfices que des entreprises que je conçois et que j'exploite moi-même.

– Qu'est-ce que cela signifie?

– Cela signifie que je soupçonne fort M. le comte de G… d'être votre associé dans cette heureuse combinaison dont je n'accepte ni les charges ni les bénéfices.

– Vous êtes un enfant. Je croyais que vous m'aimiez, je me suis trompée, c'est bien.

Et, en même temps, elle se leva, ouvrit son piano et se remit à jouer l'Invitation à la valse, jusqu'à ce fameux passage en majeur qui l'arrêtait toujours.

était-ce par habitude, ou pour me rappeler le jour où nous nous étions connus? Tout ce que je sais, c'est qu'avec cette mélodie les souvenirs me revinrent, et, m'approchant d'elle, je lui pris la tête entre mes mains et l'embrassai.

– Vous me pardonnez? Lui dis-je.

– Vous le voyez bien, me répondit-elle; mais remarquez que nous n'en sommes qu'au second jour, et que déjà j'ai quelque chose à vous pardonner. Vous tenez bien mal vos promesses d'obéissance aveugle.

– Que voulez-vous, Marguerite, je vous aime trop, et je suis jaloux de la moindre de vos pensées. Ce que vous m'avez proposé tout à l'heure me rendrait fou de joie, mais le mystère qui précède l'exécution de ce projet me serre le cœur.

– Voyons, raisonnons un peu, reprit-elle en me prenant les deux mains et en me regardant avec un charmant sourire auquel il m'était impossible de résister; vous m'aimez, n'est-ce pas? et vous seriez heureux de passer trois ou quatre mois à la campagne avec moi seule; moi aussi, je serais heureuse de cette solitude à deux, non seulement j'en serais heureuse, mais j'en ai besoin pour ma santé. Je ne puis quitter Paris pour un si long temps sans mettre ordre à mes affaires, et les affaires d'une femme comme moi sont toujours très embrouillées; eh bien, j'ai trouvé le moyen de tout concilier, mes affaires et mon amour pour vous, oui, pour vous, ne riez pas, j'ai la folie de vous aimer! Et voilà que vous prenez vos grands airs et me dites des grands mots. Enfant, trois fois enfant, rappelez-vous seulement que je vous aime, et ne vous inquiétez de rien. – Est-ce convenu, voyons?

– Tout ce que vous voulez est convenu, vous le savez bien.

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