Le Dernier Jour Dun Condamn?

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Le Dernier Jour Dun Condamn?
Название: Le Dernier Jour Dun Condamn?
Автор: Hugo Victor
Дата добавления: 16 январь 2020
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Le Dernier Jour Dun Condamn? - читать бесплатно онлайн , автор Hugo Victor

? la prison de Bic?tre, un condamn? ? mort note heure par heure les ?v?nements d'une journ?e dont il apprend qu'elle sera la derni?re. Il rappelle les circonstances de la sentence, puis de son emprisonnement et la raison qui le fait ?crire, jusqu'au moment o? il lui sera physiquement impossible de continuer. D?crivant sa cellule, d?taillant la progression de la journ?e, ?voquant d'horribles souvenirs comme le ferrement des for?ats, la complainte argotique d'une jeune fille, des r?ves, il en arrive au transfert ? la Conciergerie……

Hugo ne donne pas son nom, ne dit presque rien sur son pass?, ni pourquoi cet homme est emprisonn?. Peu importe! Ce texte est un plaidoyer contre la peine de mort, contre toutes les peines de mort, il n'a pour objet que cette mort qui appara?t dans toute son horreur inou?e et impensable, dans son inhumanit? intrins?que. Ce condamn? «anonyme», n'est personne, et donc tout le monde, et nous vivons sa peur et son Enfer.

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XVI

Pendant le peu d’heures que j’ai passées à l’infirmerie, je m’étais assis près d’une fenêtre, au soleil – il avait reparu – ou du moins recevant du soleil tout ce que les grilles de la croisée m’en laissaient.

J’étais là, ma tête pesante et embrassée dans mes deux mains, qui en avaient plus qu’elles n’en pouvaient porter, mes coudes sur mes genoux, les pieds sur les barreaux de ma chaise; car l’abattement fait que je me courbe et me replie sur moi-même comme si je n’avais plus ni os dans les membres ni muscles dans la chair.

L’odeur étouffée de la prison me suffoquait plus que jamais, j’avais encore dans l’oreille tout ce bruit de chaînes des galériens, j’éprouvais une grande lassitude de Bicêtre. Il me semblait que le bon Dieu devrait bien avoir pitié de moi et m’envoyer au moins un petit oiseau pour chanter là, en face, au bord du toit.

Je ne sais si ce fut le bon Dieu ou le démon qui m’exauça; mais presque au même moment j’entendis s’élever sous ma fenêtre une voix, non celle d’un oiseau, mais bien mieux: la voix pure, fraîche, veloutée d’une jeune fille de quinze ans. Je levai la tête comme en sursaut, j’écoutai avidement la chanson qu’elle chantait. C’était un air lent et langoureux, une espèce de roucoulement triste et lamentable; voici les paroles:

C’est dans la rue du Mail
Où j’ai été coltigé,
Maluré,
Par trois coquins de railles,
Lirlonfa malurette,
Sur mes -sique’ont foncé,
Lirlonfa maluré.

Je ne saurais dire combien fut amer mon désappointement. La voix continua:

Sur mes sique’ont foncé,
Maluré.
Ils m’ont mis la tartouve,
Lirlonfa malurette,
Grand Meudon est aboulé,
Lirlonfa maluré.
Dans mon trimin rencontre,
Lirlonfa malurette,
Un peigre du quartier
Lirlonfa maluré.
Un peigre du quartier
Maluré.
- Va-t’en dire à ma largue,
Lirlonfa malurette,
Que je suis enfourraillé,
Lirlonfa maluré.
Ma largue tout en colère,
Lirlonfa malurette,
M’dit: Qu’as-tu donc morfillé?
Lirlonfa maluré.
M’dit: Qu’as-tu donc morfillé?
Maluré. – J’ai fait suer un chêne,
Lirlonfa malurette,
Son auberg j’ai enganté,
Lirlonfa maluré,
Son auberg et sa toquante,
Lirlonfa malurette,
Et ses attach’s de cés,
Lirlonfa maluré.
Et ses attach’s de cés,
Maluré.
Ma largu’part pour Versailles,
Lirlonfa malurette,
Aux pieds d’sa majesté,
Lirlonfa maluré.
Elle lui fonce un babillard,
Lirlonfa malurette,
Pour m’faire défourrailler
Lirlonfa maluré.
Pour m’faire défourrailler
Maluré.
- Ah! si j’en défourraille,
Lirlonfa malurette,
Ma largue j’entiferai,
Lirlonfa maluré.
J’li ferai porter fontange,
Lirlonfa malurette,
Et souliers galuchés,
Lirlonfa maluré.
Et souliers galuchés,
Maluré.
Mais grand dabe qui s’fâche,
Lirlonfa malurette,
Dit: – Par mon caloquet,
Lirlonfa maluré,
J’li ferai danser une danse,
Lirlonfa malurette,
Où il n’y a pas de plancher
Lirlonfa maluré.

Je n’en ai pas entendu et n’aurais pu en entendre davantage. Le sens à demi compris et à demi caché de cette horrible complainte; cette lutte du brigand avec le guet, ce voleur qu’il rencontre et qu’il dépêche à sa femme, cet épouvantable message: J’ai assassiné un homme et je suis arrêté, j’ai fait suer un chêne et je suis enfourraillé ; cette femme qui court à Versailles avec un placet, et cette Majesté qui s’indigne et menace le coupable de lui faire danser la danse où il n’y a pas de plancher ; et tout cela chanté sur l’air le plus doux et par la plus douce voix qui ait jamais endormi l’oreille humaine!… J’en suis resté navré, glacé, anéanti. C’était une chose repoussante que toutes ces monstrueuses paroles sortant de cette bouche vermeille et fraîche. On eût dit la bave d’une limace sur une rose.

Je ne saurais rendre ce que j’éprouvais; j’étais à la fois blessé et caressé. Le patois de la caverne et du bagne, cette langue ensanglantée et grotesque, ce hideux argot, marié à une voix de jeune fille, gracieuse transition de la voix d’enfant à la voix de femme! tous ces mots difformes et mal faits, chantés, cadencés, perlés!

Ah! qu’une prison est quelque chose d’infâme! Il y a un venin qui y salit tout. Tout s’y flétrit, même la chanson d’une fille de quinze ans! Vous y trouvez un oiseau, il a de la boue sur son aile; vous y cueillez une jolie fleur, vous la respirez; elle pue.

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