Jean-Christophe Tome V

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Jean-Christophe Tome V
Название: Jean-Christophe Tome V
Автор: Rolland Romain
Дата добавления: 16 январь 2020
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Jean-Christophe Tome V - читать бесплатно онлайн , автор Rolland Romain

Vaste roman cyclique, ce roman fleuve est un signe d'amour et d'espoir adress? ? la g?n?ration suivante. Le h?ros, un musicien de g?nie, doit lutter contre la m?diocrit? du monde. M?lant r?alisme et lyrisme, cette fresque est le tableau du monde de la fin du XIX?me si?cle au d?but du vingti?me.

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Ce premier contact avec la litt?rature parisienne lui fut p?nible, et il lui fallut du temps pour l’oublier, par la suite. Les ?uvres ne manquaient pourtant pas qui n’?taient point uniquement occup?es de ce que l’un de ces ?crivains appelait noblement «le go?t des divertissements fondamentaux». Mais des plus belles et des meilleures, rien ne lui arrivait. Elles n’?taient pas de celles qui cherchent les suffrages des Sylvain Kohn; elles ne s’inqui?taient pas d’eux, et ils ne s’inqui?taient pas d’elles: ils s’ignoraient mutuellement. Jamais Sylvain Kohn n’en e?t parl? ? Christophe. De bonne foi, il ?tait convaincu que ses amis et lui incarnaient l’art fran?ais, et qu’en dehors de ceux que leur opinion avait sacr?s grands hommes, il n’y avait point de talent, il n’y avait point d’art, il n’y avait point de France. Des po?tes qui ?taient l’honneur des lettres, la couronne de la France, Christophe ne connut rien. Des romanciers, seuls lui parvinrent, ?mergeant au-dessus de la mar?e des m?diocres, quelques livres de Barr?s et d’Anatole France. Mais il ?tait trop peu familiaris? avec la langue pour pouvoir bien go?ter l’ironie ?rudite de l’un, le sensualisme c?r?bral de l’autre. Il resta quelque temps ? regarder curieusement les orangers en caisse, qui poussaient dans la serre d’Anatole France, et les narcisses gr?les, qui ?maillaient le cimeti?re d’?me de Barr?s. Il s’arr?ta quelques instants devant le g?nie, un peu sublime, un peu niais, de M?terlinck: un mysticisme monotone, mondain, s’en exhalait. Il se secoua, tomba dans le torrent ?pais, le romantisme boueux de Zola, qu’il connaissait d?j?, et n’en sortit que pour se noyer tout ? fait dans une inondation de litt?rature.

De ces plaines submerg?es s’exhalait un odor di femina . La litt?rature d’alors pullulait de femmes et d’hommes femelles. – Il est bien que les femmes ?crivent, si elles ont la sinc?rit? de peindre ce qu’aucun homme n’a su voir tout ? fait: le fond de l’?me f?minine. Mais bien peu l’osaient faire; la plupart n’?crivaient que pour attirer l’homme: elles ?taient aussi menteuses dans leurs livres que dans leurs salons; elles s’embellissaient fadement, et flirtaient avec le lecteur. Depuis qu’elles n’avaient plus de confesseur ? qui raconter leurs petites malpropret?s, elles les racontaient en public. C’?tait une pluie de romans, presque toujours scabreux, toujours mani?r?s, ?crits dans une langue qui avait l’air de z?zayer, une langue qui sentait la boutique ? parfums et l’obs?dante odeur fade, chaude, et sucr?e. Elle ?tait partout dans cette litt?rature. Christophe pensait, comme G?the: «Que les femmes fassent autant qu’elles veulent des po?sies et des ?crits! Mais que les hommes n’?crivent pas comme des femmes! Voil? ce qui ne me pla?t point». Il ne pouvait voir sans d?go?t cette coquetterie louche, ces minauderies, cette sensiblerie qui se d?pensait de pr?f?rence au profit des ?tres les moins dignes d’int?r?t, ce style p?tri de mignardise et de brutalit?, ces charretiers psychologues.

Mais Christophe se rendait compte qu’il ne pouvait juger. Il ?tait assourdi par le bruit de la foire aux paroles. Impossible d’entendre les jolis airs de fl?te, qui se perdaient au milieu. Parmi ces ?uvres de volupt?, il en ?tait au fond desquelles souriait sur le ciel limpide la ligne harmonieuse des collines de l’Attique, – tant de talent et de gr?ce, une douceur de vivre, une finesse de style, une pens?e pareille aux langoureux adolescents de P?rugin et du jeune Rapha?l, qui, les yeux ? demi-clos, sourient ? leur r?ve amoureux. Christophe n’en voyait rien. Rien ne pouvait lui r?v?ler les courants de l’esprit. Un fran?ais aurait eu lui-m?me grand’peine ? s’y reconna?tre. Et la seule constatation qu’il lui ?tait permis de faire, c’?tait de ce d?bordement d’?criture, qui avait l’air d’une calamit? publique. Il semblait que tout le monde ?criv?t: hommes, femmes et enfants, officiers, com?diens, gens du monde et forbans. Une vraie ?pid?mie.

Christophe renon?a, pour l’instant ? se faire une opinion. Il sentait qu’un guide, comme Sylvain Kohn, ne pourrait que l’?garer tout ? fait. L’exp?rience qu’il avait eue en Allemagne d’un c?nacle litt?raire le mettait justement en d?fiance; il ?tait sceptique ? l’?gard des livres et des revues: savait-on s’ils ne repr?sentaient pas simplement l’opinion d’une centaine de d?s?uvr?s, ou m?me si l’auteur n’?tait pas tout le public ? lui tout seul? Le th??tre donnait une id?e plus exacte de la soci?t?. Il tenait ? Paris, dans la vie quotidienne, une place exorbitante. C’?tait un restaurant pantagru?lique, qui ne suffisait pas ? assouvir l’app?tit de ces deux millions d’hommes. Une trentaine de grands th??tres, sans parler des sc?nes de quartier, des caf?s-concerts, des spectacles divers, – une centaine de salles, chaque soir, presque toutes pleines. Un peuple d’acteurs et d’employ?s. Les quatre th??tres subventionn?s occupant ? eux seuls pr?s de trois mille personnes, et d?pensant dix millions. Paris entier rempli de gloire des cabots. ? chaque pas, d’innombrables photos, dessins, caricatures, r?p?taient leurs grimaces, les gramophones leur nasillement, les journaux leurs jugements sur l’art et sur la politique. Ils avaient leur presse sp?ciale. Ils publiaient leurs m?moires h?ro?ques et familiers. Parmi les autres Parisiens, ces grands enfants fl?neurs qui passaient leur temps ? se singer, ces singes complets tenaient le sceptre; et les auteurs dramatiques ?taient leurs chambellans. Christophe pria Sylvain Kohn de l’introduire dans le royaume des reflets et des ombres.

*

Mais Sylvain Kohn n’?tait pas un guide plus s?r dans ce pays que dans celui des livres, et la premi?re impression que Christophe eut, gr?ce ? lui, des th??tres parisiens, ne fut pas moins repoussante que celle de ses premi?res lectures. Il semblait que partout r?gn?t le m?me esprit de prostitution c?r?brale.

Il y avait deux ?coles parmi les marchands de plaisir. L’une ?tait ? la bonne vieille mode, la fa?on nationale, le gros plaisir bien sal?, ? la bonne franquette, la joie de la laideur, des digestions copieuses, des difformit?s physiques, les gens en cale?on, les plaisanteries de corps de garde, la bisque, le poivre rouge, les viandes faisand?es, les cabinets particuliers, – «cette m?le franchise» comme disent ces gens-l?, qui pr?tend concilier la gaillardise et la morale, parce qu’apr?s quatre actes de chienneries, elle ram?ne le triomphe du Code en jetant, au hasard de quelque imbroglio, la femme l?gitime dans le lit du mari qu’elle voulait cocufier: – (pourvu que la loi soit sauve, la vertu l’est aussi) – cette honn?tet? grivoise, qui d?fend le mariage, en lui donnant les allures de la d?bauche: – le genre gaulois.

L’autre ?cole ?tait modern-style . Elle ?tait beaucoup plus raffin?e, plus ?c?urante aussi. Les Juifs parisianis?s (et les chr?tiens juda?s?s), qui foisonnaient au th??tre, y avaient introduits le mic-mac de sentiments, qui est le trait distinctif d’un cosmopolitisme d?g?n?r?. Ces fils qui rougissaient de leur p?re s’appliquent ? renier la conscience de leur race; ils n’y r?ussissaient que trop. Apr?s avoir d?pouill? leur ?me s?culaire, il ne leur restait plus de personnalit? que pour m?ler les valeurs intellectuelles et morales des autres peuples: ils en faisaient une mac?doine, une olla podrida [7] : c’?tait leur fa?on d’en jouir. Ceux qui ?taient les ma?tres du th??tre ? Paris excellaient ? battre ensemble l’ordure et le sentiment, ? donner ? la vertu un parfum de vice, au vice un parfum de vertu, ? intervertir toutes les relations d’?ge, de sexe, de famille, d’affections. Leur art avait ainsi une odeur sui generis [8] , qui sentait bon et mauvais ? la fois, c’est-?-dire tr?s mauvais: ils nommaient cela «amoralisme».

Un de leurs h?ros de pr?dilection ?tait alors le vieillard amoureux. Leur th??tre en offrait une riche galerie de portraits. Ils trouvaient dans la peinture de ce type l’occasion d’?taler mille d?licatesses. Tant?t le h?ros sexag?naire avait sa fille pour confidente; il lui parlait de sa ma?tresse; elle lui parlait de ses amants; ils se conseillaient fraternellement; le bon p?re aidait sa fille dans ses adult?res; la bonne fille s’entremettait aupr?s de la ma?tresse infid?le, la suppliait de revenir, la ramenait au bercail. Tant?t le digne vieillard se faisait le confident de sa ma?tresse; il causait avec elle des amants qu’elle avait, sollicitait le r?cit de ses libertinages, et m?me il finissait par y trouver plaisir. On voyait des amants, gentlemen accomplis, qui ?taient les intendants gag?s de leurs anciennes ma?tresses, veillaient sur leur commerce et leurs accouplements. Les femmes du monde volaient. Les hommes ?taient maquereaux, les filles lesbiennes. Tout cela, dans le meilleur monde: le monde riche, – le seul qui compt?t. Car il permettait d’offrir aux clients sous le couvert des s?ductions du luxe, une marchandise avari?e. Ainsi maquill?e, elle s’enlevait sur la place; les jeunes femmes et les vieux messieurs en faisaient leurs d?lices. Il se d?gageait de l? un fumet de cadavre et de pastilles du s?rail.

Leur style n’?tait pas moins m?l? que leurs sentiments. Ils s’?taient fait un argot composite, d’expressions de toutes classes et de tous pays, p?dantesque, chatnoiresque, classique, lyrique, pr?cieux, poisseux, poissard, mixture de coq-?-l’?ne, d’aff?teries, de grossi?ret?s et de mots d’esprit, qui semblaient avoir un accent ?tranger. Ironiques, et dou?s d’un humour bouffon, ils n’avaient pas beaucoup d’esprit naturel; mais, adroits comme ils ?taient, ils en fabriquaient assez habilement, ? l’instar de Paris. Si la pierre n’?tait pas toujours de la plus belle eau, et si presque toujours la monture ?tait d’un go?t baroque et surcharg?, du moins cela brillait aux lumi?res: c’?tait tout ce qu’il fallait. Intelligents d’ailleurs, bons observateurs, mais observateurs myopes, les yeux d?form?s depuis des si?cles par la vie de comptoir, examinant les sentiments ? la loupe, grossissant les choses menues et ne voyant pas les grandes, avec une pr?dilection marqu?e pour les oripeaux, ils ?taient incapables de peindre autre chose que ce qui semblait ? leur snobisme de parvenus l’id?al de l’?l?gance: une poign?e de viveurs fatigu?s et d’aventuriers, qui se disputaient la jouissance de quelque argent vol? et de femelles sans vertu.

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