La Mare Au Diable
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La Mare au Diable est un lieu maudit o? souffle l'angoisse. Pr?s d'elle se d?roule toute l'histoire. Un paysan, veuf avec ses enfants, cherche femme. Qui ?pousera-t-il? celle qu'on lui a promise, ou une pauvre paysanne, harcel?e par son patron? Cette petite Marie est l'?me d'un paysage de r?ve, et l'embl?me de l'enfance ?ternelle. Un roman d'amour, mais travers? par le cri des chiens fous, la nu?e sanglotante des oiseaux, le fossoyeur ?pileptique. La voix de la terre s'y accorde avec celle de l'Ame enfantine: George Sand y parle avec force du sol natal et des premiers souvenirs.
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Enfin, vers minuit, le brouillard se dissipa et Germain put voir les étoiles briller à travers les arbres. La lune se dégagea aussi des vapeurs qui la couvraient et commença à semer des diamants sur la mousse humide. Le tronc des chênes restait dans une majestueuse obscurité; mais, un peu plus loin, les tiges blanches des bouleaux semblaient une rangée de fantômes dans leurs suaires. Le feu se reflétait dans la mare; et les grenouilles, commençant à s’y habituer, hasardaient quelques notes grêles et timides; les branches anguleuses des vieux arbres, hérissées de pâles lichens, s’étendaient et s’entre-croisaient comme de grands bras décharnés sur la tête de nos voyageurs; c’était un bel endroit, mais si désert et si triste que Germain, las d’y souffrir, se mit à chanter et à jeter des pierres dans l’eau pour s’étourdir sur l’ennui effrayant de la solitude. Il désirait aussi éveiller la petite Marie; et lorsqu’il vit qu’elle se levait et regardait le temps, il lui proposa de se remettre en route.
– Dans deux heures, lui dit-il, l’approche du jour rendra l’air si froid que nous ne pourrons plus y tenir malgré notre feu… à présent, on voit à se conduire et nous trouverons bien une maison qui nous ouvrira, ou du moins quelque grange où nous pourrons passer à couvert le reste de la nuit.
Marie n’avait pas de volonté; et, quoiqu’elle eût encore grande envie de dormir, elle se disposa à suivre Germain.
Celui-ci prit son fils dans ses bras sans le réveiller et voulut que Marie s’approchât de lui pour se cacher dans son manteau, puisqu’elle ne voulait pas reprendre sa cape roulée autour du petit Pierre.
Quand il sentit la jeune fille si près de lui, Germain, qui s’était distrait et égayé un instant, recommença à perdre la tête. Deux ou trois fois il s’éloigna brusquement et la laissa marcher seule. Puis, voyant qu’elle avait peine à le suivre, il l’attendait, l’attirait vivement près de lui, et la pressait si fort qu’elle en était étonnée et même fâchée sans oser le dire.
Comme ils ne savaient point du tout de quelle direction ils étaient partis, ils ne savaient pas celle qu’ils suivaient; si bien qu’ils remontèrent encore une fois tout le bois, se retrouvèrent, de nouveau en face de la lande déserte, revinrent sur leurs pas et, après avoir tourné et marché longtemps, ils aperçurent de la clarté à travers les branches.
– Bon! voici une maison, dit Germain, et des gens déjà éveillés puisque le feu est allumé. Il est donc bien tard?
Mais ce n’était pas une maison: c’était le feu de bivouac qu’ils avaient couvert en partant, et qui s’était rallumé à la brise…
Ils avaient marché pendant deux heures pour se retrouver au point de départ.