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LHomme Au Masque De Fer

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LHomme Au Masque De Fer
Название: LHomme Au Masque De Fer
Автор: Bern?de Arthur
Дата добавления: 16 январь 2020
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LHomme Au Masque De Fer - читать бесплатно онлайн , автор Bern?de Arthur

Les m?decins sont formels. Si Anne d'Autriche n'a pas encore donn? d'h?ritier au tr?ne de France, ce n'est pas de son fait, mais de celui de Louis XIII. Cette situation ne satisfait pas Richelieu qui redoute que son plus grand ennemi, Gaston d'Orl?ans, fr?re du roi, ne puisse acc?der au tr?ne. Or, un jour, un ?missaire de Richelieu, M. Durbec, lui apprend que la reine est partie du Val-de-Gr?ce o? elle s'?tait retir?e pour quelques semaines. M. Durbec en conna?t la raison: la reine va ?tre m?re. Richelieu comprend imm?diatement que le p?re de l'enfant ? na?tre ne peut ?tre que Mazarin, alors confident de la reine. L'enfant na?t et est secr?tement confi? au chevalier Ga?tan de Castel-Rajac, amant de Mme de Chevreuse, confidente de Mazarin et de la reine. Ga?tan n'aura de cesse de prot?ger cet enfant contre tous les complots visant ? le faire dispara?tre, derri?re lesquels on retrouve Richelieu, puis, bien des ann?es apr?s, Colbert, et toujours M. Durbec…

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Arthur Bernède

L’Homme Au Masque De Fer

L’Homme Au Masque De Fer - pic_1.jpg

Éditions Jules Tallandier, 1930 (6 février 1931)

Première Partie: L’enfant Du Mystère

CHAPITRE PREMIER LA SURPRISE DU CARDINAL

À l’époque où commence cette histoire, c’est-à-dire au début du printemps de l’année 1637, le cardinal de Richelieu avait atteint l’apogée de sa puissance.

Déjà gravement atteint par la maladie qui devait quelques années plus tard le conduire au tombeau, on eût dit qu’il n’avait plus qu’à se reposer sur ses lauriers encore rouges du sang des victimes qu’il avait cru devoir immoler pour le triomphe de ses idées et de sa cause.

Il n’en était rien. Jamais encore le grand cardinal n’avait déployé, mais en secret cette fois, une activité plus fébrile; car jamais encore, peut-être, aucun problème aussi troublant ne s’était posé à son esprit, sous la forme de cette question:

– Que va devenir la couronne de France?

La reine Anne d’Autriche, en effet, n’avait pas encore donné d’héritier à la couronne. Or les médecins avaient déclaré qu’elle n’était point stérile et qu’elle était, au contraire, capable d’avoir de beaux et nombreux enfants.

C’était donc le roi, qu’il fallait rendre responsable de cette non-paternité qui préoccupait si vivement l’homme rouge, tant il redoutait, faute d’héritier direct de la couronne, de voir son ennemi le plus acharné, Gaston d’Orléans, succéder à son frère.

Richelieu avait beau imaginer les projets les plus divers, il ne trouvait aucune solution à un état de choses qui ne pouvait que se résoudre par sa propre perte, et par la ruine de toute sa politique.

Ce jour-là, Richelieu, suivant son habitude, se promenait, après son frugal repas de midi, dans les splendides jardins de sa résidence de Rueil située à deux lieues environ de Paris.

Toujours escorté de ses gardes, car, depuis qu’il avait failli, un soir, sur la route de Saint-Germain, être enlevé de vive force par un groupe de cavaliers masqués, Richelieu, même dans son parc, ne sortait jamais sans escorte, tant il craignait un nouveau coup de force de la part d’adversaires qui n’avaient point désarmé. Ses gardes le suivaient à une distance respectueuse, mais suffisante pour qu’ils pussent l’entourer à la moindre alerte.

Après s’être assis quelques instants sur un banc, à l’ombre de grands tilleuls qui étendaient au-dessus de son front l’ombre de leurs larges feuilles, vêtu comme toujours de son camail rouge, sur lequel tranchait la blancheur d’un large col en dentelles fermé par deux glands d’or et le bleu moiré du large ruban de la croix du Saint-Esprit, coiffé de la barrette, d’où s’échappaient ses longs cheveux grisonnants, le cardinal se leva pour continuer sa promenade méditative.

Il s’arrêta tout à coup et dit au capitaine de ses gardes, un reître au visage balafré, abrité par un large chapeau de feutre orné d’une immense plume rouge:

– Quel est ce gentilhomme qui s’avance là-bas?

– Éminence, c’est M. de Durbec.

– C’est juste! fit le cardinal, je ne l’avais pas reconnu. Décidément, ma vue baisse…

Et il soupira:

– Qu’il est donc pénible de vieillir, quand on aurait encore tant besoin de sa jeunesse!

M. de Durbec, gentilhomme de mise fort élégante, au profil aristocratique, au regard tout brûlant d’une flamme qui n’exprimait pas la bonté, s’immobilisa à quelques pas du cardinal et, s’inclinant devant le maître, il attendit que celui-ci lui donnât l’ordre d’approcher.

Richelieu le toisa un instant, comme s’il éprouvait envers ce personnage une méfiance doublée d’un certain mépris. Enfin, il l’invita de la main à s’avancer vers lui.

M. de Durbec obéit; il allait adresser au cardinal un nouveau salut, quand celui-ci, d’un ton impérieux, lui dit:

– Sans doute, monsieur, pour vous être permis d’interrompre ma promenade, m’apportez-vous d’importantes nouvelles?

– Oui, Éminence! Des nouvelles que je ne puis communiquer à nul autre.

Le ministre secoua la tête et dit à son interlocuteur:

– Soit! monsieur! suivez-moi.

Il se dirigea vers un petit pavillon, au centre d’une pelouse fleurie. Il poussa une porte qui donnait accès à une pièce octogonale pauvrement décorée et uniquement meublée d’une table, d’un grand fauteuil et de quelques sièges.

Le cardinal fit passer devant lui M. de Durbec. Tandis que les gardes de son escorte entouraient le pavillon, Richelieu, refermant la porte, prit place dans le fauteuil et dit:

– Maintenant, monsieur, parlez!

– Éminence, conformément à la mission que vous m’aviez donnée de surveiller discrètement Sa Majesté la reine, j’ai établi autour du couvent du Val-de-Grâce, où Sa Majesté vient de se rendre pour y faire une retraite de plusieurs semaines, tout un réseau d’informateurs par lequel je viens d’apprendre que Sa Majesté ne se trouvait plus dans ce couvent.

Malgré toute sa maîtrise de lui-même, Richelieu ne put réprimer un tressaillement.

– Sa Majesté n’est plus au Val-de-Grâce?

– Non, Éminence, elle en est partie depuis plusieurs jours avec la complicité de la mère abbesse qui, dans toute cette affaire, a joué un rôle des plus suspects.

D’un geste nerveux, Richelieu coupa la parole à M. de Durbec.

– Avez-vous pu connaître l’endroit où s’était retirée la reine?

– Oui, Éminence! Dans une gentilhommière qui se trouve à un quart de lieue du château de Chevreuse.

– Avez-vous pu découvrir le motif de cette fugue?

– Oui, Éminence! Sa Majesté est sur le point de devenir mère.

La foudre fût tombée aux pieds du cardinal qu’elle n’eût sans doute pas produit sur lui un effet aussi impressionnant.

D’un bond, il se leva et, les mains crispées sur les bras de son fauteuil, il s’exclama:

– Que me dites-vous là?

– La vérité, Éminence.

Richelieu, qui devait avoir de bonnes raisons pour ne point mettre en doute la parole de son interlocuteur, reprit, comme s’il se parlait à lui-même:

– Il me paraît invraisemblable que depuis si longtemps la reine ait pu dissimuler sa grossesse aux yeux de tous… Je sais bien que, depuis quelque temps, elle se plaignait d’être malade et qu’elle évitait de paraître à toutes les réceptions de la Cour…

» Enfin, monsieur Durbec, continuez votre surveillance, tenez-moi au courant de tout ce qui se passera, tâchez de connaître les intentions de la reine au sujet de cet enfant mystérieux, et faites en sorte de savoir, dès qu’il sera venu au monde, à qui on l’aura confié et à quel endroit on l’aura conduit.

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