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Les Tribulations DUn Chinois En Chine

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Les Tribulations DUn Chinois En Chine
Название: Les Tribulations DUn Chinois En Chine
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Tribulations DUn Chinois En Chine - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Le richissime Chinois Kin-Fo vient de se trouver soudainement ruin?. La vie, qui lui paraissait jusqu'alors insipide, lui devient insupportable. Il contracte une assurance vie de 200 000 dollars en faveur de sa fianc?e L?-ou et du philosophe Wang, son mentor et ami ? qui il demande de le tuer dans un d?lai de deux mois, tout en lui remettant une lettre qui l'innocentera de ce meurtre. Avant le d?lai imparti, Kin-Fo recouvre sa fortune, doubl?e. Il n'est plus question pour lui de renoncer ? la vie. Mais Wang a disparu avec la lettre et il n'est pas homme ? rompre une promesse! Voil? donc Kin-Fo condamn? ? mort, par ses propres soins! Une seule ressource: retrouver Wang. Et Kin-Fo de se lancer dans le plus haletant des p?riples au pays du C?leste Empire. R?cit alerte ? l'intrigue parfaitement bien men?e, Les tribulations d'un Chinois en Chine est un des joyaux des " Voyages extraordinaires " du grand Jules Verne.

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– Vous n'avez seulement pas de pacotille à bord!

– Soit, ajouta Craig, mais nous avons des raisons particulières pour ne point désirer leur visite!

– Eh bien, soyez sans inquiétude! répondit le capitaine. Les pirates, si nous en rencontrons, ne donneront pas la chasse à notre jonque!

– Et pourquoi?

– Parce qu'ils sauront d'avance à quoi s'en tenir sur la nature de sa cargaison, dès qu'ils l'auront en vue.»

Et le capitaine Yin montrait un pavillon blanc que la brise déployait à mi-mât de la jonque.

«Pavillon blanc en berne! Pavillon de deuil! Ces braves gens ne se dérangeraient pas pour piller un chargement de cercueils!

– Ils peuvent croire que vous naviguer sous pavillon de deuil, par prudence, fit observer Craig, et venir à bord vérifier…

– S'ils viennent, nous les recevrons, répondit le capitaine Yin, et, quand ils nous auront rendu visite, ils s'en iront comme ils seront venus!»

Craig-Fry n'insistèrent pas, mais ils partageaient médiocrement l'inaltérable quiétude du capitaine. La capture d'une jonque de trois cents tonneaux, même sur lest, offrait assez de profit aux «braves gens» dont parlait Yin pour qu'ils voulussent tenter le coup. Quoi qu'il en soit, il fallait maintenant se résigner et espérer que la traversée s'accomplirait heureusement.

D'ailleurs, le capitaine n'avait rien négligé pour s'assurer les chances favorables. Au moment d'appareiller, un coq avait été sacrifié en l'honneur des divinités de la mer. Au mât de misaine pendaient encore les plumes du malheureux gallinacé. Quelques gouttes de son sang, répandues sur le pont, une petite coupe de vin, jetée pardessus le bord, avaient complété ce sacrifice propitiatoire. Ainsi consacrée, que pouvait craindre la jonque Sam-Yep, sous le commandement du digne capitaine Yin?

On doit croire, cependant, que les capricieuses divinités n'étaient pas satisfaites. Soit que le coq fût trop maigre, soit que le vin n'eût pas été puisé aux meilleurs clos de Chao-Chigne, un terrible coup de vent fondit sur la jonque. Rien n'avait pu le faire prévoir, pendant cette journée, nette, claire, bien balayée par une jolie brise. Le plus perspicace des marins n'aurait pas senti qu'il se préparait quelque «coup de chien».

Vers huit heures du soir, la Sam-Yep, tout dessus, se disposait à doubler le cap, que dessine le littoral en remontant vers le nord-est. Au-delà, elle n'aurait plus qu'à courir grand largue, allure très favorable à sa marche. Le capitaine Yin comptait donc, sans trop présumer de ses forces, avoir atteint sous vingt-quatre heures les atterrages de Fou-Ning.

Ainsi, Kin-Fo voyait approcher l'heure du mouillage, non sans quelque mouvement d'une impatience qui devenait féroce chez Soun. Quant à Fry-Craig, ils faisaient cette remarque: c'est que si dans trois jours leur client avait retiré des mains de Lao-Shen la lettre qui compromettait son existence, ce serait à l'instant même où la Centenaire n'aurait plus à s'inquiéter de lui. En effet, sa police ne le couvrait que jusqu'au 30 juin, à minuit, puisqu'il n'avait opéré qu'un premier versement de deux mois entre les mains de l'honorable William J. Bidulph.

Et alors: «All… dit Fry.

– Right!» ajouta Craig.

Vers le soir, au moment où la jonque arrivait à l'entrée du golfe de Léao-Tong, le vent sauta brusquement au nord-est; puis, passant par le nord, deux heures après, il soufflait du nord-ouest.

Si le capitaine Yin avait eu un baromètre à bord, il aurait pu constater que la colonne mercurielle venait de perdre quatre à cinq millimètres presque subitement. Or, cette rapide raréfaction de l'air présageait un typhon peu éloigné, dont le mouvement allégeait déjà les couches atmosphériques. D'autre part, si le capitaine Yin eût connu les observations de l'Anglais Paddington et de l'Américain Maury, il aurait essayé de changer sa direction et de gouverner au nord-est, dans l'espoir d'atteindre une aire moins dangereuse hors du centre d'attraction de la tempête tournante.

Mais le capitaine Yin ne faisait jamais usage du baromètre, il ignorait la loi des cyclones. D'ailleurs, n'avait-il pas sacrifié un coq, et ce sacrifice ne devait-il pas le mettre à l'abri de toute éventualité?

Néanmoins, c'était un bon marin, ce superstitieux Chinois, et il le prouva dans ces circonstances. Par instinct, il manœuvra comme l'aurait pu faire un capitaine européen Ce typhon n'était qu'un petit cyclone, doué par conséquent d'une très grande vitesse de rotation et d'un mouvement de translation qui dépassait cent kilomètres à l'heure. Il poussa donc la Sam-Yep vers l'est, circonstance heureuse en somme, puisque, à courir ainsi, la jonque s'élevait d'une côte qui n'offrait aucun abri, et sur laquelle elle se fût immanquablement perdue en peu de temps.

A onze heures du soir, la tempête atteignit son maximum d'intensité. Le capitaine Yin, bien secondé par son équipage, manœuvrait en véritable homme de mer. Il ne riait plus, mais il avait gardé tout son sang-froid. Sa main, solidement fixée à la barre, dirigeait le léger navire, qui s'élevait à la lame comme une mauve.

Kin-Fo avait quitté le rouffle de l'arrière. Accroché au bastingage, il regardait le ciel avec ses nuages diffus, déloquetés par l'ouragan, qui traînaient sur les eaux leurs haillons de vapeurs. Il contemplait la mer, toute blanche dans cette nuit noire, et dont le typhon, par une aspiration gigantesque, soulevait les eaux au-dessus de leur niveau normal. Le danger ne l'étonnait ni ne l'effrayait. Cela faisait partie de la série d'émotions que lui réservait la malchance, acharnée contre sa personne. Une traversée de soixante heures, sans tempête, en plein été, c'était bon pour les heureux du jour, et il n'était plus de ces heureux- là!

Craig et Fry se sentaient beaucoup plus inquiets, toujours en raison de la valeur marchande de leur client. Certes, leur vie valait celle de Kin-Fo. Eux morts avec lui, ils n'auraient plus à se préoccuper des intérêts de la Centenaire. Mais ces agents consciencieux s'oubliaient et ne songeaient qu'à faire leur devoir. Périr, bien! Avec Kin-Fo, soit! mais après le 30 juin, minuit! Sauver un million, voilà ce que voulaient Craig-Fry! Voilà ce que pensaient Fry-Craig!

Quant à Soun, il ne se doutait pas que la jonque fût en perdition, ou plutôt, pour lui, on se trouvait en perdition du moment qu'on s'aventurait sur le perfide élément, même par le plus beau temps du monde. Ah! les passagers de la cale n'étaient pas à plaindre! Ai ai ya! Ils ne sentaient ni roulis ni tangage! Ai ai ya! Et l'infortuné Soun se demandait si, à leur place, il n'aurait pas eu le mal de mer!

Pendant trois heures, la jonque fut extrêmement compromise. Un faux coup de barre l'aurait perdue, car la mer eût déferlé sur le pont. Si elle ne pouvait pas plus chavirer qu'une baille, elle pouvait, du moins, s'emplir et couler. Quant à la maintenir dans une direction constante, au milieu de lames fouettées par le tourbillon du cyclone, il n'y fallait pas songer. Quant à estimer la route parcourue et suivie, il n'y fallait pas prétendre.

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