La Divine Comedie Tome III: Le Paradis
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Oeuvre fondatrice de la po?sie italienne, ?pop?e po?tique et m?taphysique, ce voyage initiatique menant ? la clart? divine, s'ouvre sur la travers?e des neuf cercles de l'Enfer, sondant ? la fois la symbolique chr?tienne et les recoins les plus funestes de l'?me humaine.
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et ma dame, emportés vers un bonheur plus haut.
Et je sus qu’en effet nous venions de monter
en voyant le sourire incandescent de l’astre
qui semblait rougeoyer plus qu’à son ordinaire [184].
Du fond de ma poitrine, en parlant cette langue
qui n’est qu’une pour tous [185], je fis offrande à Dieu,
comme le requérait cette nouvelle grâce.
L’ardeur de l’oraison ne s’était pas éteinte
tout à fait dans mon cœur, que déjà je savais
qu’on avait accueilli mes vœux avec faveur,
car je vis des splendeurs qui formaient deux rayons,
avec un tel brillant et rougeoyant si fort
que je dis: «Hélios [186], comme tu les habilles!»
Comme la galaxie étend d’un pôle à l’autre
un fleuve de clarté qui fait douter les sages,
dans un miroitement de feux plus grands ou moindres,
ces rayons constellés, de même, composaient
aux profondeurs de Mars le signe vénérable
que fait la jonction des cadrans dans un cercle [187].
Ici, le souvenir l’emporte sur l’esprit:
sur cette croix brillait d’un tel éclat le Christ,
que je ne puis trouver un exemple assez digne;
mais qui porte sa croix et marche avec le Christ
devra bien m’excuser sur ce que je dois taire,
lorsqu’il reconnaîtra le blanc éclat du Christ.
Du bout d’un bras à l’autre et du sommet au pied
s’écoulaient des splendeurs qui scintillaient plus fort
aux points de croisement de leurs brèves rencontres:
c’est ainsi que l’on voit courir, droits ou tordus,
lestes ou paresseux, plus longs ou bien plus courts,
d’aspect toujours changeant, les grains de la poussière
jouant dans un rayon qui projette un pont d’or
au coin d’ombre que l’homme, en cherchant un abri,
dispose par son art et son intelligence.
Et comme un violon qui jouerait de concert
avec la harpe, laisse entendre un son si doux
même aux plus ignorants du fait de la musique,
de même, des clartés qui paraissaient en haut,
le long de cette croix, un air se composait,
dont j’étais transporté sans en saisir les mots.
Sans doute, je voyais que c’étaient des louanges,
car «Ressuscite!» ainsi que «Triomphe!» venait [188]
jusqu’à moi, qui pourtant écoutais sans comprendre.
Je me sentais ravir par un amour si fort,
que jusqu’à ce moment je n’ai vu nul objet
qui m’attachât le cœur par de si douces chaînes.
Peut-être ce propos paraîtra téméraire,
qui subordonne ainsi l’amour du doux regard
au spectacle duquel repose mon désir [189];
mais celui qui comprend que les vives empreintes
de toutes les beautés s’augmentent en montant,
et que depuis tantôt je ne l’avais pas vue,
pourra me pardonner ce dont, moi, je m’accuse
pour m’excuser tout seul, et voir que je dis vrai:
car je n’ai pas exclu cette sainte allégresse,
puisque plus haut on monte, et plus elle s’épure.
CHANT XV
La douce volonté par laquelle s’exprime
l’amour qui vole droit, comme la convoitise
ne saurait s’exprimer si ce n’est par le mal,
imposa le silence à cette aimable lyre
et rendit le repos à ces cordes sacrées
que la droite du ciel éveille et fait vibrer.
Comment resteraient sourds à de justes prières
ces esprits qui d’un coup, pour me donner envie
de les interroger, se taisaient à la fois?
Celui qui, pour l’amour des choses éphémères,
se dépouille à jamais, tout seul, de cet amour,
n’a pas trop, pour pleurer, des siècles éternels.
Telle que dans le soir tranquille et sans nuages
file de temps en temps l’étincelle rapide
appelant le regard qu’elle prend par surprise,
en sorte qu’on dirait qu’une étoile voyage,
quoique de cet endroit qui la vit s’allumer
nulle ne s’en détache, et qu’elle dure à peine;
telle à côté du bras qui s’étend vers la droite
un astre descendit, se séparant des autres
qu’on y voyait briller, jusqu’au pied de la croix,
le joyau demeurant toujours dans son écrin,
et fila tout au long du pilier éclatant,
comme un feu glisserait derrière un mur d’albâtre.
Avec autant d’amour jadis, dans l’Elysée,
si l’on croit ce qu’en dit notre meilleure Muse [190],
courait l’ombre d’Anchise apercevant son fils.
«O sanguis meus, o superinfusa
gratia Dei, sicut tibi cui
bis unquam caeli janua reclusa?» [191]
Ainsi disait l’éclat où je mis mon regard;
et puis je le tournai de nouveau vers ma dame,
restant de part et d’autre également saisi;
car au fond de ses yeux brillait un tel bonheur
que je crus, par les miens, toucher jusques au fond
de ma grâce elle-même et de mon paradis.
Plus bel encore à voir, qu’il était à l’entendre,
à ce commencement il ajouta des choses
que je ne compris pas, tant il était profond.
Ce n’est pas qu’il cherchât à me paraître obscur:
c’était sans le vouloir, car ses conceptions
dépassaient de trop loin la mortelle mesure.
Et lorsque enfin de l’arc de son amour ardent
la flèche fut partie, et que de son discours
le sens vint au niveau de notre entendement,
les propos que d’abord j’entendis prononcer
furent: «Béni sois-tu, Trois et Un à la fois,
qui fis cette faveur à quelqu’un de ma race!»
Ensuite il poursuivit: «Le jeûne long et doux
que je traîne avec moi, lisant le long volume
où le blanc et le noir restent toujours pareil [192],
ô mon fils, a pris fin au sein de la lumière
d’où je te parle ainsi, par la grâce de celle
qui te rendit ailé pour un vol si hautain.
Tu crois que tes pensers par la première Essence
arrivent jusqu’à moi, comme pour qui le sait
le cinq comme le six viennent de l’unité;
c’est pourquoi tu t’abstiens de demander mon nom,
ou la raison qui fait que je suis plus heureux