Les Joyaux de la sorciere
Les Joyaux de la sorciere читать книгу онлайн
Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала
— On le saura dans la journée. Il y a peut-être encore un espoir ?
Elle posa sa main sur son bras un geste qui s’efforçait de retenir, un regard qui priait. Aldo désigna la forme étendue sous des couvertures :
— Si elle survit à ce qu’elle a enduré et quel que soit le sort de Ricci, elle est sa femme et par conséquent son héritière…
— Justement. Vous pourriez attendre qu’il y ait une certitude. De toute façon, ajouta-t-elle avec une pointe de satisfaction, il va falloir répondre aux questions de la Police…
— Ah c’est vrai ! J’oubliais…
— Parce que vous avez hâte de partir ?
Il sentit sa main trembler sur sa manche et posa dessus la sienne, apaisant :
— Oui, Pauline, fit-il gentiment. Je regretterai de vous quitter mais…
— Mais votre vie est ailleurs, votre cœur est ailleurs… Il faudra bien que je me fasse à cette idée. Après tout, vous avez raison il vaut mieux que vous partiez…
Ricci était mort. Ainsi que l’avait prédit Pauline, on le sut le soir même. Au cours de l’attaque du Médicis, pris d’une rage forcenée, il s’était emparé d’un fusil mitrailleur, tirant en aveugle sur ceux qui le menaçaient. Une balle d’arme lourde, ajustée avec précision, l’avait atteint entre les deux yeux… On l’avait vu basculer en arrière et l’océan s’était refermé sur lui et ne le rendit pas. Les courants étaient forts à cet endroit…
Libérés relativement vite des enquêtes et formalités policières – Dan Morris avait été relevé de ses fonctions en attendant mieux ! – Morosini et Vidal-Pellicorne regagnèrent New York sur le Mandala. La veille ils étaient allés à l’hôpital rendre visite à Hilary qui les avait demandés : elle voulait les remercier.
— Vous m’avez évité pire que la mort puisque vous m’avez sortie de l’enfer. Aussi, je voulais vous dire que je ferai en sorte de ne plus jamais risquer d’y retourner. Et nous n’aurons plus, je crois, l’occasion de nous rencontrer.
— Vous allez restez ? demanda Adalbert.
— Le temps qu’il faudra. Les Schwob ignoraient ce que Ricci était. Ils ne savent que faire pour m’aider. Je demeurerai sans doute chez eux quelque temps. Assez longtemps même… mais ensuite je retournerai dans mon pays. Rien ne vaut l’Angleterre pour prendre sa retraite. Et, avec un sourire malicieux qui ressuscita l’ancienne Hilary : Rien n’y est plus beau que le château ducal de mon père…
— Ce qui veut dire que Mary Forsythe n’est pas non plus votre véritable nom ? dit Morosini.
— Eh non ! Pardonnez-moi ce dernier mensonge !
Au fond les deux hommes n’étaient pas vraiment surpris. Ils se souvenaient de la façon dont Hilary Dawson avait faussé compagnie à la Police et même aux autorités britanniques de Palestine (24). Il fallait qu’elle eût des appuis très, très haut placés…
— Pourquoi pas ? conclut Adalbert. On a bien dit que Jack l’Eventreur était le fils de la reine Victoria ? Que la reine Mary était kleptomane, alors que la fille d’un duc soit une voleuse internationale…
Quelques heures plus tard, ils embarquaient sur le France, autre grande unité de la Compagnie Générale Transatlantique dont la décoration intérieure était vouée aux fastes de Versailles.
Pauline n’assista pas à leur départ. Le matin même elle était partie pour Boston en annonçant son intention de rendre visite à Diana Lowell. Et comme Aldo s’en étonnait, elle vint près de lui un court instant, celui de poser sur ses lèvres un baiser léger :
— Ne croyez-vous pas qu’il est temps que quelqu’un s’occupe de ce pauvre Vauxbrun et le tire des griffes de la Lowell ? Il doit se croire abandonné du Ciel et de la Terre !
— Seigneur ! gémit Aldo. Je l’avais complètement oublié celui-là ! Il doit me haïr à présent…
— J’arrangerai ça !… Sans mériter pour autant de remerciements. Il est le seul avec qui je sois certaine de pouvoir parler de vous pendant des heures. Je ne vous oublierai jamais, Aldo Morosini…
Plus ému qu’il ne l’aurait voulu, il répondit :
— Moi non plus, Pauline Belmont.
Alors que le Francecommençait sa descente de l’Hudson en traînant après lui les traditionnels serpentins rompus, Adalbert et Aldo, accoudés au bastingage, regardaient défiler les gratte-ciel, cherchant à distinguer dans la foule des adieux la silhouette d’une jeune fille rousse coiffée d’un béret écossais. Nelly Parker était venue les accompagner jusqu’au bateau. Elle non plus n’oublierait pas : au lieu d’un simple reportage – qu’elle ferait tout de même mais succinct ! – elle avait décidé d’écrire un livre, déjà sous contrat chez un grand éditeur. Le succès l’attendait.
— Elle au moins est heureuse ! soupira Morosini. Moi je n’emporte que la satisfaction d’avoir vengé Jacqueline Auger et les autres victimes des frères Ricci. Violaine Dostel ne recevra jamais les joyaux de la Sorcière puisque désormais ils sont au fond de l’eau !
— C’est aussi bien ? Ils ne lui auraient pas porté chance.
— Mais leur prix lui aurait permis de mener une vie plus conforme à ses rêves. À présent son pénible époux va vendre ceux qu’elle était si heureuse d’avoir reçus de leur tante…
Adalbert releva le pan de son imperméable – un orage venait de balayer New York ! – et prit dans la poche de son pantalon un petit sac à éponges en caoutchouc rose qu’il mit dans la main d’Aldo.
— Tu pourras peut-être la consoler avec ces bibelots.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Regarde ! Je les ai trouvés dans un coffret de laque près du Divan chez le Minotaure. J’ai pensé qu’ils pourraient servir…
Le sac à éponges contenait un très beau collier de rubis et de diamants ainsi qu’un gros rubis monté en bague.
Bien qu’il eût annoncé son arrivée via la radio du bord, Aldo ne trouva personne à la gare Saint-Lazare. Ce qui ne l’étonna qu’à moitié. En revanche quand il débarqua rue Alfred-de-Vigny du taxi partagé avec Adalbert, il vit Lucien, le chauffeur de Madame de Sommières, en train de faire démarrer la vieille Panhard astiquée à miracle mais il n’eut pas le temps de poser une question. La marquise et Marie-Angéline faisaient une impressionnante apparition : rien que du noir avec chapeau de crêpe assorti. Le deuil !
— On s’embrassera tout à l’heure, déclara la vieille dame en s’engouffrant dans la voiture qui trépidait joyeusement. Nous sommes en retard.
— Qui allez-vous enterrer de la sorte ?
Ce fut « Plan-Crépin » qui répondit, hypocrite à souhait :
— Mon pauvre cousin Evrard Dostel. Il a été écrasé par un autobus en sortant de son ministère. Lui qui ne voulait jamais en prendre par mesure d’économie… eh bien il est passé dessous ! Une vraie tragédie !
— Il est… Oh, c’est la meilleure celle-là ! s’écria Aldo en éclatant de rire.
— Tu n’as pas honte ? s’indigna la marquise. Un mort !
— Pardonnez-moi, Tante Amélie, mais absolument pas ! Et comme pour rien au monde je ne voudrais manquer cet événement, je vais avec vous.
Il riait encore en grimpant dans la voiture.
Saint-Mandé, février 2004.
1 C’est le joli bâtiment du XIXe siècle que le Ministère des Finances écrase, sur le quai, de sa masse affligeante.
2 Voir La Perle de l’Empereur.
3 Voir Le Boiteux de Varsovie, L’Étoile Bleue.
4 Voir La Perle de l’Empereur.
5 Voir Les Émeraudes du Prophète.
6 Voir L’Étoile Bleue.
7 Voir La Rose d’York.
8 Il fut dans la suite des temps le bateau préféré de John Wayne, Kirk Douglas, John Ford, Dean Martin, Humphrey Bogart et Lauren Bacall.
9 Voir La Perle de l’Empereur.
10 Anecdote authentique.
11 L’ Île- de-Francea laissé dans l’histoire de la navigation un souvenir tout personnel qui lui valut le surnom de « Saint-Bernard des mers ». À neuf reprises, en effet, au cours de sa carrière il se porta au secours d’autres navires en perdition, souvent en se détournant largement de sa route. Le dernier en date fut le sauvetage de l’ Andrea Doria, paquebot italien, en juillet 1956. Il fut aussi le paquebot le plus décoré de l’histoire, titulaire de la Légion d’honneur et de plusieurs décorations étrangères.