La fille du train
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Depuis la banlieue o? elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller et revenir de Londres. Chaque jour elle est assise ? la m?me place et chaque jour elle observe une jolie maison. Cette maison, elle la conna?t par coeur, elle a m?me donn? un nom ? ses occupants qu'elle aper?oit derri?re la vitre : Jason et Jess. Un couple qu'elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l'?tre par le pass? avec son mari, avant qu'il ne la trompe, avant qu'il ne la quitte. Mais un matin, elle d?couvre un autre homme que Jason ? la fen?tre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Quelques jours plus tard, c'est avec stupeur qu'elle d?couvre la photo de Jess ? la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a myst?rieusement disparu...
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La pluie s'est mise à tomber plus fort. Quand je suis repartie vers l’église, j’ai aperçu un homme qui se tenait sur le seuil de la chapelle et, l’espace d’une seconde, j’ai imaginé qu’il s’agissait de Scott. J’ai essuyé les gouttes dans mes yeux puis regardé à nouveau, et j’ai vu que c’était un prêtre. Il a levé la main pour me saluer.
J’ai presque couru jusqu’à la voiture, effrayée sans aucune raison valable. Je repensais à la violence de ma dernière confrontation avec Scott, de l’homme qu’il était devenu, vers la fin : emporté, paranoïaque, au bord de la folie. Il ne retrouvera plus jamais la paix, maintenant. Comment le pourrait-il ? Je songe à cette idée, et à l’homme qu’il était avant – le couple qu’ils formaient tous les deux, le couple que j’imaginais –, et je suis envahie par le chagrin. C’est d’eux aussi que je fais le deuil.
J’ai envoyé un e-mail à Scott pour m’excuser de tous les mensonges que je lui ai racontés. Je voulais aussi m’excuser pour Tom, parce que j’aurais dû savoir. Si j’étais restée sobre, toutes ces années durant, l’aurais-je su ? Peut-être que, moi non plus, je ne pourrai jamais trouver la paix.
Il n’a pas répondu à mon message. Ça ne m’a pas étonnée.
Je rends la voiture de location, puis je vais prendre la clé de ma chambre à l’hôtel et, pour m’empêcher de songer combien ce serait agréable de m’asseoir, un verre de vin à la main, dans un des fauteuils en cuir du bar de l’hôtel, si accueillant avec son doux éclairage, je vais me promener jusqu’au port.
Je suis parfaitement capable d’imaginer le bien-être que je ressentirais au moment de ce premier verre. Pour repousser cette sensation, je compte le nombre de jours depuis le dernier : vingt-deux. Vingt-trois avec aujourd’hui. Plus de trois semaines : ma plus longue période d’abstinence depuis des années.
Fait assez curieux, c’est Cathy qui m’a servi mon dernier verre. Quand la police m’a ramenée à la maison, pâle comme la mort et ensanglantée, et qu’on lui a expliqué ce qui s’était passé, elle est allée chercher une bouteille de Jack Daniel’s dans sa chambre et elle nous en a servi à chacune une large dose. Elle n’arrêtait pas de pleurer, de répéter à quel point elle était désolée, comme si c’était sa faute, quelque part. J’ai bu le whisky et je l’ai vomi aussitôt ; je n’ai plus touché à une goutte depuis. Ça ne m’empêche pas d’en avoir envie.
Quand j’atteins le port, je prends à gauche pour le longer jusqu’à une petite plage sur laquelle je pourrais marcher et rejoindre Holkham, si je le voulais. La nuit est presque tombée, désormais, et il fait froid près de la mer, mais je continue mon chemin. J’ai envie de marcher jusqu’à ce que je sois épuisée, si fatiguée que je n’arriverai plus à penser. Peut-être qu’à ce moment-là je réussirai à dormir.
La plage est déserte, et il fait si froid que je dois serrer les dents pour les empêcher de s’entrechoquer. Je marche rapidement sur les galets, je dépasse les cabines de plage, si jolies à la lumière du jour mais sinistres dans cette obscurité. Quand le vent se lève, elles prennent vie et leurs planches craquent les unes contre les autres, et, sous le bruit des vagues, des murmures trahissent un mouvement : quelqu’un ou quelque chose s’approche.
Je me retourne et me mets à courir.
Je sais qu’il n’y a rien, là, rien dont je doive avoir peur, mais ça n’empêche pas la terreur d’enfler de mon ventre à ma poitrine jusqu’à ma gorge. Je cours aussi vite que je peux. Je ne m’arrête pas avant d’avoir rejoint le port, sous la lumière vive des réverbères.
Une fois de retour dans ma chambre, je m’assois sur mon lit, les mains sous les fesses pour qu’elles cessent de trembler. Puis j’ouvre le minibar, et j’en sors une bouteille d’eau et un sachet de noix de macadamia. Je ne touche pas au vin ni aux petites bouteilles de gin, même si je sais qu’ils m’aideraient à dormir, qu’ils me laisseraient sombrer dans le néant, réchauffée et détendue. Même si je sais qu’ils me permettraient d’oublier, un instant seulement, le souvenir de son visage quand je me suis retournée pour le regarder mourir.
Le train venait de passer. J’ai entendu un bruit derrière moi, et j’ai vu Anna sortir de la maison. Elle a marché lentement vers nous et, quand elle est arrivée près de lui, elle s’est agenouillée pour poser les mains sur sa gorge.
Il avait cette expression de choc, de douleur, sur le visage. J’ai eu envie de dire à Anna :
— Ça ne sert à rien, tu ne peux plus rien pour lui maintenant.
Mais je me suis rendu compte qu’elle n’essayait pas d’arrêter l’hémorragie. Elle était venue vérifier. Elle continuait d’enfoncer le tire-bouchon, de plus en plus profondément, pour lui déchirer la gorge et, pendant ce temps-là, elle lui parlait, tout doucement. Je n’ai pas entendu ce qu’elle disait.
La dernière fois que je l’ai vue, c’était au poste de police, quand on nous a emmenées faire notre déposition. On l’a appelée dans une pièce et moi dans une autre, mais, juste avant qu’on nous sépare, elle m’a effleuré le bras.
— Fais attention à toi, Rachel, a-t-elle dit.
Il y avait, dans la manière dont elle a prononcé cette phrase, quelque chose qui l’a fait ressembler à un avertissement. Nous sommes liées, elle et moi, pour toujours, par l’histoire que nous avons racontée à la police : que je n’avais pas d’autre choix que de lui planter ce tire-bouchon dans le cou, et qu’Anna avait tout fait pour le sauver.
Je me couche et j’éteins les lumières. Je ne parviendrai pas à dormir, mais il faut que j’essaie. Au bout d’un moment, j’imagine que les cauchemars s’arrêteront et que je n’aurai plus à revoir la scène en boucle dans ma tête, mais, pour l’instant, je sais que c’est une longue nuit qui m’attend. Et il faut que je me lève tôt demain pour prendre le train.
REMERCIEMENTS
Beaucoup de personnes ont aidé à l’écriture de ce roman, mais aucune plus que mon agent, Lizzy Kremer, une femme merveilleuse et d’excellent conseil.
Un grand merci également à Harriet Moore, Alice Howe, Emma Jamison, Chiara Natalucci et tous les autres chez David Higham, ainsi qu’à Tine Neilsen et Stella Giatrakou.
Je suis extrêmement reconnaissante à mes formidables éditeurs des deux côtés de l’Atlantique : Sarah Adams, Sarah McGrath et Nita Provonost. Mes remerciements également à Alison Barrow, Katy Loftus, Bill Scott-Kerr, Helen Edwards, Kate Samano et l’équipe fantastique de Transworld – vous êtes trop nombreux pour que je vous cite tous.
Merci Kate Neil, Jaime Wilding, maman, papa et Rich pour votre soutien et vos encouragements.
Enfin, merci aux voyageurs de la banlieue de Londres qui font la navette chaque jour et m’ont offert la petite étincelle de l’inspiration.