Les pistolets de Sans Atout
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Invit? ? passer un mois de vacances ? Londres chez son ami Bob Skinner, Sans Atout craignait de trouver le temps long! Les ?v?nements vont vite le rassurer. D'abord, en mettant Tom, un automate ob?issant ? la voix, sur son chemin; ensuite, en faisant dispara?tre le p?re de Bob, l'inventeur de Tom; puis en faisant appara?tre un myst?rieux visiteur. Mais au fait, que sont devenus les pistolets de duel qui appartenaient au grand-p?re de Bob? Et quel ?trange r?le peut jouer Miss Mary? Les vacances de Sans Atout promettent d'?tre riches en p?rip?ties…
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Ralentisstment. Embouteillage. Morrisson regarde sa montre et allume une cigarette. Il est plongé dans ses pensées, lui aussi. François reprend sa méditation. Il n'est pas fier de lui. Mais quoi! Il a cru agir pour le bien de M. Skinner… Les pistolets leur ayant été repris, et ils ignoraient par qui, quelle parade Carolyi et Miss Mary pouvaient-ils imaginer? Il n'en restait qu'une, désespérée. Empêcher la balle qui avait blessé M. Skinner de tomber entre les mains de la police; donc, enlever l'ingénieur pour le faire soigner ailleurs. Ce Carolyi était sans doute bien introduit dans un certain milieu un peu louche et quelque chirurgien marron était prêt — moyennant finance — à extraire le projectile. D'où l'extraordinaire kidnapping. Pas extraordinaire, à la réflexion, puisque M. Skinner était forcément d'accord! Tant qu'on pensait qu'il avait été enlevé de force, l'affaire paraissait incompréhensible. Mais à partir du moment où il coopérait à son propre enlèvement, il n'y avait plus de mystère. C'était lui, de toute évidence, qui avait ouvert la fenêtre de sa chambre à Carolyi, qui se tenait dissimulé dans la petite cour. Carolyi que François et Bob avaient surpris, la veille, alors, sans doute, qu'il venait s'entretenir avec M. Skinner… Le blessé avait beau être sous l'influence d'un tranquillisant, ce n'était pas bien difficile de se traîner jusqu'à la fenêtre et de la soulever. Après? Carolyi entrait en scène, tout seul, car il n'y avait jamais eu de complices, François le voyait clairement. Il soutenait l'ingénieur, passait par l'issue de secours n'ouvrant que de l'intérieur, et regagnait son Austin, arrêtée devant. Oui, c'était sûrement la bonne explication… Peut-être certains détails étaient-ils à retoucher? Peut-être M. Skinner se faisait-il plus abattu qu'il n'était et avait-il la force de marcher? Peut-être n'avait-il pas bu le soporifique ordonné par le médecin? Peut-être… Mais les «peut-être» importaient peu à François. Ce qui comptait, c'était le schéma général de l'explication.
Et il savait qu'il tenait la solution. M. Skinner avait donc été amené à la maison de Carolyi. Hélas! Deuxième échec. Lui, François, était encore intervenu. Et, cette fois, Miss Mary avait accepté la défaite. Carolyi avait dû fuir, et les policiers avaient retrouvé l'ingénieur, très affaibli, et qui risquait, maintenant, de payer cher tous ces déplacements. «J'ai été reçu gentiment, pensait François. Bob est un merveilleux ami. Miss Mary est une femme digne d'éloges. M. Skinner… est ce qu'il est. Je n'ai pas à le juger. Et moi, avec ma curiosité, mon besoin de savoir, j'ai apporté le trouble dans cette famille. Je suis vraiment le dernier des derniers.»
Il se sentait si poisseux de remords qu'il faillit se confier à Morrisson. Mais c'était la dernière chose à faire. La mallette était bien cachée. Morrisson était en possession de la balle, mais tant qu'il ne mettrait pas la main sur les pistolets, la vérité resterait cachée… Et, d'autre part, étant donnée la façon tragique dont les événements avaient tourné, il paraissait évident que le fabricant étranger ne prendrait pas le risque terrible d'être un jour soupçonné d'avoir trempé dans un crime, et renoncerait à son projet de fabriquer les automates.
— Voilà l'hôpital, dit l'inspecteur. Vous n'êtes guère bavard, mon garçon… Je vous laisse là?
— S'il vous plaît. La voiture stoppa.
— Eh bien, bon retour, reprit l'inspecteur. Et soyez sans inquiétude. Le coupable sera arrêté.
Il agita la main et repartit. Il y avait un policeman en faction devant la porte de la chambre. François faillit hausser les épaules. M. Skinner ne risquait plus d'être enlevé! Il frappa et ce fut Miss Mary qui lui ouvrit. Elle avait toujours le même visage soucieux qu'un sourire de politesse éclaira à peine.
— Vous voyez! dit-elle, avec une imperceptible nuance de reproche.
M. Skinner, les yeux clos, semblait dormir. Etendu sur un lit de camp, Bob reposait.
– Ça y est, dit Bob. La transfusion est faite. J'avais un peu peur, mais ce n'est rien du tout. Ça ne fait pas mal. L'embêtant, c'est qu'il faut rester allongé un moment, après.
— Chut, murmura Miss Mary. Jonathan sommeille. Il est très faible, mais il a toutes les chances de s'en tirer.
— J'en suis bien heureux, dit François. Je peux donc partir sans crainte. J'ai l'intention de prendre le train de Douvres de quinze heures. Après, j'ai un bateau à dix-sept heures… Je suis venu pour vous remercier… de tout… Je regrette que les circonstances… Mais maintenant… Une autre fois, peut-être…
Il bafouillait.
— On s'écrira souvent, dit Bob.
— C'est cela, intervint Miss Mary, qui semblait détester les effusions. Vous vous écrirez souvent… Ne m'en veuillez pas, François, j'aurais voulu vous accompagner, mais il m'est difficile, en ce moment…
Elle n'eut pas le temps d'achever sa phrase, car une infirmière entra lui annoncer qu'elle était demandée au bureau. Elle serra précipitamment la main de François et disparut. François s'approcha de son ami.
— Vieux Bob, dit-il. On n'a pas eu de chance…
Tu ne m'en veux pas, au moins?
— Mais non. Tu reviendras, voilà tout. Il tourna la tête vers son père et sourit.
— Quand il rouvrira les yeux, il sera bien épaté. Lui qui prétendait que je ne suis bon à rien… Je suis quand même là pour un coup. C'est du sang au poil que je lui ai donné. Regarde-le. Il a déjà des couleurs aux joues.
M. Skinner, livide, respirait faiblement, mais François approuva.
— C'est vrai, il a des couleurs.
– Ça me fait de la peine de te quitter, reprit Bob. Tu vas peut-être nous oublier…
— Penses-tu.
— Ecoute… Emporte un souvenir… ce que tu voudras… pourvu que ce soit quelque chose qui te parle de moi… Veux-tu un dessin?… Veux-tu… je ne sais pas.
— Il y a quelque chose qui me ferait plaisir-La mallette… Elle est toujours dans la voiture?
— Formidable, fit Bob. Après ce qui s'est passé, moins on la verra chez nous, mieux cela vaudra. Emporte-la. Elle est à toi.
— Merci.
— Donne ta main.
François mit sa main dans celle de Bob qui la tint longtemps serrée.
— Maintenant, va-t'en vite, chuchota Bob. Je vais fermer les yeux. Quand je les rouvrirai, tu ne seras plus là… C'est bête, la vie… Ma veste est au portemanteau. Les clefs de la Morris sont dans la poche gauche. Laisse-les au tableau de bord… Au revoir, François.
François sortit sur la pointe des pieds.
François s'arrêta au bord du quai, à quelque distance du bateau. Cette femme, qui descendait de voiture, qui marchait vers lui, enveloppée d'un ciré bleu que le vent gonflait, c'était Miss Mary. Il posa à terre sa valise, mais garda la mallette à la main. Miss Mary fit encore quelques pas et s'arrêta à son tour.
— J'ai voulu vous remercier, dit-elle. Vous avez tout compris?
— Je crois.
— Et…, c'est pourquoi vous avez choisi d'emporter cette mallette en France?
— Non, dit François. En France, elle ne serait pas encore en sûreté. Et personne ne doit jamais savoir, n'est-ce pas? Aussi…
Il regarda autour de lui. Personne. Alors, d'un simple mouvement du bras, il jeta la mallette à l'eau.
— Elle est à moi, dit-il. Bob me l'a donnée. J'ai le droit d'en disposer. Maintenant, vous pouvez être tranquille. L'inspecteur Morrisson ne saura jamais par quel pistolet a été tirée la balle.
Ils restèrent quelques secondes immobiles, l'un devant l'autre.
— François, murmura Miss Mary, je vous avais mal jugé. Pardon!.. Vous permettez que je vous embrasse?
Elle avait les joues mouillées et un merveilleux sourire illuminait son visage.