Les pistolets de Sans Atout
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Invit? ? passer un mois de vacances ? Londres chez son ami Bob Skinner, Sans Atout craignait de trouver le temps long! Les ?v?nements vont vite le rassurer. D'abord, en mettant Tom, un automate ob?issant ? la voix, sur son chemin; ensuite, en faisant dispara?tre le p?re de Bob, l'inventeur de Tom; puis en faisant appara?tre un myst?rieux visiteur. Mais au fait, que sont devenus les pistolets de duel qui appartenaient au grand-p?re de Bob? Et quel ?trange r?le peut jouer Miss Mary? Les vacances de Sans Atout promettent d'?tre riches en p?rip?ties…
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«J'avais bien besoin de me fourrer dans ce guêpier», pensait Sans-Atout.
Il atteignit la grille, se retourna. L'homme fonçait, droit devant lui, faisant gicler l'eau des flaques. Sans-Atout se précipita vers la voiture, y jeta la mallette.
— Grouille!.. Il ne faut pas qu'il nous rattrape.
Le moteur, bien chaud, partit au quart de tour. Bob démarra.
— Tu vas n'importe où! cria Sans-Atout. Ce qui compte, c'est de le semer.
— Tu me prends pour Jacky Stewart! Sans-Atout, à genoux sur le siège, pour mieux
surveiller la route derrière eux, vit l'homme s'engouffrer dans l'Austin.
— Tâche de revenir vers Londres. S'il nous rejoint, il n'osera pas nous attaquer.
Le premier virage, pris en catastrophe, le jeta contre la portière. Il approuva:
— Très bien. Continue comme ça!
Mais l'Austin ne tarda pas à se montrer et elle allait vite, à en juger par le nuage d'eau qui l'enveloppait.
— J'ai récupéré les pistolets, l'éléphant et le reste, dit Sans-Atout. Rien ne manque… Holà!
Ils venaient de frôler un camion.
— Si j'avais mon Aston-Martin, soupira Bob.
L'inexplicable enlèvement
— Tourne toujours à droite, lança Sans-Atout. Il a tendance à couper les virages. Il va sûrement se faire emboutir.
Mais cette tactique ne tarda pas à les égarer complètement; tantôt ils roulaient dans des rues et avaient l'impression de se rapprocher du centre; tantôt, au contraire, ils se trouvaient en pleine campagne, et l'Austin, alors, forçait l'allure. Le malheureux Bob n'en pouvait plus de lutter de vitesse. Il avait beau être très adroit, il manquait d'entraînement; l'Austin ne fut bientôt plus qu'à une centaine de mètres. Et soudain, le clignotant rouge de la jauge s'alluma. Il n'y avait plus d'essence. Cette fois, ils étaient perdus. Mais, juste à ce moment, la manœuvre imaginée par Sans-Atout les sauva. Bob vira à droite et le poursuivant, oubliant de se tenir dans le couloir de gauche, reprit machinalement sa droite pour serrer la corde. Il se rappela trop tard qu'il commettait une grave faute de conduite. Il voulut revenir à sa main. Trop tard! Le puissant camion qui surgit tout à coup en sens inverse l'accrocha à l'arrière et Sans-Atout vit l'Austin faire un tête-à-queue. Puis le virage lui cacha le reste de la scène.
— Il vient de ramasser une bûche, dit Sans-Atout. Tu peux ralentir.
— C'est grave?
— Je ne crois pas. Mais, de toute façon, il est immobilisé pour un bout de temps.
— Tu penses qu'il a pu nous identifier?
— Certainement pas. S'il s'était rendu compte qu'il était filé, il ne nous aurait pas conduits à cette maison. Et il nous a poursuivis de trop loin; avec cette pluie, il ne devait guère distinguer que nos feux arrière… N'importe comment, ton père n'est pas seul à posséder une Morris.
— Tu as raison.
A leur grande surprise, le moteur tournait toujours. La jauge devait être déréglée. Ils atteignirent une station-service et firent le plein.
— Où est-on ici? demanda Bob.
— A Hatfield.
— Hatfield!.. Incroyable!
— C'est où? dit Sans-Atout.
— Dans le nord-ouest de Londres. Je ne suis jamais venu par là.
— Tu sais comment revenir?
— Oui. Ce n'est pas très difficile. Mais j'aimerais bien savoir quel trajet nous avons suivi.
Et ils durent s'avouer incapables de répondre à cette question, pourtant capitale. A aucun moment, ils n'avaient fait attention à leur direction. Poursuivants, ils n'avaient songé qu'à coller à l'Austin, et, poursuivis, ils n'avaient eu qu'une idée: lui échapper. Bob proposa de manger quelques sandwiches dans le premier restaurant rencontré. Ils en trouvèrent un à leur convenance dans Hatfield, et se détendirent devant une table bien servie.
— Je n'en peux plus, déclara Bob. J'ai souvent tenu le volant, mais en pleine campagne et sans jamais aller vite. Alors, tu penses!
François ne l'écoutait que d'une oreille. Il se demandait s'il devait dire la vérité. Mais ce serait accabler Miss Mary! Et, par ricochet, M. Skinner et Bob. La vérité détruirait ce foyer sur le point d'être reconstruit. Il n'avait pas le droit, lui, l'étranger, l'invité, de prendre une telle initiative. Et pourtant il était en possession — et lui seul — de renseignements qui permettraient certainement à l'inspecteur Morrisson de remonter jusqu'au criminel.
— Tu n'as pas faim? dit Bob.
Non! François n'avait plus faim. Il sentait, pour la première fois, ce que c'est que la responsabilité.
— Moi, reprit Bob, voilà ce que je propose: on la ferme! Premièrement, j'ai conduit sans permis. Deuxièmement, nous avons repéré la maison où se cache le voleur, mais nous ne savons pas où elle est; nous serions incapables de la retrouver. Troisièmement, tu es entré en cachette dans une propriété privée, ce qui est un délit puni par la loi. Quatrièmement, nous avons été la cause indirecte d'un accident… Si je comprends bien, nous n'avons pas cessé de faire des choses idiotes ou interdites, et nous ne sommes guère plus avancés qu'avant. Alors, il vaut mieux la boucler. Tu vois la tête de Morrisson, si nous lui racontions tout ça!
— Mais… la mallette?
— Eh bien, laissons-la dans l'auto, au moins provisoirement. Je vais ramener la voiture au parking et le tour sera joué. Personne n'y pense plus, à la vieille Morris. La mallette sera en sûreté.
— Soit, dit Sans-Atout. Mais Miss Mary va m'interroger sur le Musée Tussaud.
— Eh bien, on va le visiter. On a le temps! François fut soulagé de n'avoir pas de décision à prendre tout de suite, car il se sentait un peu perdu.
— Nous mentirons à peine, assura Bob. Et même nous ne mentirons pas du tout!
N'empêche qu'il y avait un malfaiteur en liberté, qui pouvait encore nuire. Et cette idée ne cessa de tourmenter François tandis qu'ils revenaient vers Londres à une allure de corbillard pour éviter tout incident. La pluie continuait de les servir. Quand ils rangèrent la voiture dans le parking de l'hôpital, personne ne les remarqua. Les rares passants s'abritaient sous des parapluies. Toutes les silhouettes, pareillement enveloppées dans des imperméables, se ressemblaient. Bob enferma la petite valise dans la malle et ils sortirent sans encombre.
— Qu'est-ce qui lui est arrivé, au juste, au type? dit Bob.
— Je n'ai pas bien vu. Il a été heurté à l'arrière. Mais le virage était serré. Nous n'allions pas très vite. Quelques dégâts matériels, je pense.
— De sorte qu'on pourrait très bien l'avoir encore dans les pattes?
— Peut-être!
François n'osait pas aller jusqu'au bout de sa pensée, mais il était évident que l'homme aux cheveux roux chercherait à reprendre cette mallette à laquelle il devait tellement tenir. Mais par quels moyens pourrait-il parvenir à ses fins?…
Il y avait foule, chez Mme Tussaud, et François oublia vite ses craintes. Les scènes de composition lui parurent très amusantes. Gibet, bourreaux, criminels célèbres, oubliettes, cachots, tout cela ne l'impressionnait guère. Il était plus sensible aux éclairages savants et dramatiques, aux poses théâtrales des mannequins. Le spectacle était gentiment horrible et valait d'être vu. Ce qui était beaucoup plus original, c'était la salle réservée à la Cour et aux personnages historiques. François fit connaissance avec la reine, le prince Philip, les hauts dignitaires, admira la tête, prodigieusement ressemblante, de Churchill. Un public respectueux faisait cercle en silence. Ici, le musée devenait église. Bob, blasé, tira François par la manche et chuchota:
— Le Planétarium, ça t'intéresse?
Ce serait encore une heure de gagnée avant d'affronter le problème qui le rendait malade.
— Oui, j'aimerais.
Ils montèrent au Planétarium, qui ressemblait à celui du Palais de la Découverte à Paris. Même architecture, même poésie sèche des constellations, et, à peu de chose près, mêmes explications hérissées de chiffres vertigineux. Bob bâillait.