Le Parfum De La Dame En Noir
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On retrouve dans Le Parfum de la dame en noir tous les personnages du fameux Myst?re de la chambre jaune.
Gr?ce ? Rouletabille, le mariage de Robert Darzac et de Mathilde Stangerson a enfin eu lieu et la mort de leur ennemi est officiellement constat?e. A peine partie en voyage de noces, cependant, la belle Mathilde appelle Rouletabille ? son secours. Leur impitoyable ennemi est r?apparu! La situation devient alors angoissante: disparition, crime… Le myst?re s'?paissit. Le jeune reporter Rouletabille aura besoin de tout son flair et de son intelligence hors pair pour venir ? bout de cette v?ritable " histoire du diable ".
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Rouletabille s’avança encore:
«Larsan, fit-il… Larsan, vous rendez-vous?…»
Mais Larsan ne répondit pas.
Alors Rouletabille le toucha à la main et au visage, et nous nous aperçûmes que Larsan était mort.
Rouletabille nous montra à son doigt le chaton d’une bague qui était ouvert et qui avait dû contenir un poison foudroyant.
Arthur Rance écouta les battements du cœur et déclara que tout était fini.
Sur quoi, Rouletabille nous pria de quitter tous la Tour Carrée et d’oublier le mort.
«Je me charge de tout, fit-il gravement. C’est un corps de trop, nul ne s’apercevra de sa disparition!»
Et il donna à Walter un ordre qui fut traduit par Arthur Rance:
«Walter, vous m’apporterez tout de suite «le sac du corps de trop!»
Puis, il fit un geste auquel nous obéîmes tous. Et nous le laissâmes seul en face du cadavre de son père.
Aussitôt, nous eûmes à transporter M. Darzac, qui se trouvait mal, dans le salon du vieux Bob. Mais ce n’était qu’une faiblesse passagère et, dès qu’il eut rouvert les yeux, il sourit à Mathilde qui penchait sur lui son beau visage où se lisait l’épouvante de perdre un époux chéri dans le moment même qu’elle venait, par un concours de circonstances qui restait encore mystérieux, de le retrouver. Il sut la convaincre qu’il ne courait aucun danger et il la pria de s’éloigner ainsi que Mrs. Edith. Quand les deux femmes nous eurent quittés, Mr Arthur Rance et moi lui donnâmes des soins qui nous renseignèrent tout d’abord sur son curieux état de santé. Car, enfin, comment un homme que chacun de nous avait pu croire mort et que l’on avait enfermé, râlant, dans un sac, avait-il pu surgir, ainsi vivant, du fatal placard? Quand nous eûmes ouvert ses vêtements et défait, pour le refaire, le bandage qui cachait la blessure qu’il portait à la poitrine, nous connûmes au moins que cette blessure, par un hasard qui n’est point si rare qu’on le pourrait croire, après avoir déterminé un coma presque immédiat, ne présentait aucune gravité. La balle qui avait frappé Darzac, au milieu de la lutte farouche qu’il avait eu à soutenir contre Larsan, s’était aplatie sur le sternum, causant une forte hémorragie externe et secouant douloureusement tout l’organisme, mais ne suspendant en rien aucune des fonctions vitales…
On avait vu des blessés de cet ordre se promener parmi les vivants quelques heures après que ceux-ci avaient cru assister à leurs derniers moments. Et moi-même, je me rappelai – ce qui acheva de me rassurer – l’aventure d’un de mes bons amis, le journaliste L…, qui, venant de se battre en duel avec le musicien V…, se désespérait sur le terrain d’avoir tué son adversaire d’une balle en pleine poitrine, sans que celui-ci ait eu même le temps de tirer. Soudain le mort se souleva et logea dans la cuisse de mon ami une balle qui faillit entraîner l’amputation et qui le retint de longs mois au lit. Quant au musicien qui était retombé dans son coma, il en sortit le lendemain pour aller faire un tour sur le boulevard. Lui aussi, comme Darzac, avait été frappé au sternum.
Comme nous finissions de panser Darzac, le père Jacques vint fermer sur nous la porte du salon qui était restée entrouverte et je me demandais la raison qui avait bien pu pousser le bonhomme à prendre cette précaution, quand nous entendîmes des pas dans le corridor et un bruit singulier comme celui d’un corps que l’on traînerait sur un plancher… Et je pensai à Larsan, et au sac du «corps de trop», et à Rouletabille!
Laissant Arthur Rance aux côtés de M. Darzac, je courus à la fenêtre. Je ne m’étais pas trompé et je vis apparaître dans la cour le sinistre cortège.
Il faisait alors presque nuit. Une obscurité propice entourait toute chose. Je distinguai cependant Walter que l’on avait mis en sentinelle sous la poterne du jardinier. Il regardait du côté de la baille, prêt, évidemment, à barrer le passage à qui éprouverait alors le besoin de pénétrer dans la Cour du Téméraire…
… Se dirigeant vers le puits, je vis Rouletabille et le père Jacques… deux ombres courbées sur une autre ombre… une ombre que je connaissais bien et qui, une nuit d’horreur, avait contenu un autre corps. Le sac semblait lourd. Ils le soulevèrent jusqu’à la margelle du puits. Alors je pus voir encore que le puits était ouvert… oui, le plateau de bois qui le fermait d’ordinaire avait été rejeté sur le côté. Rouletabille sauta sur la margelle, et puis entra dans le puits… Il y pénétrait sans hésitation… il semblait connaître ce chemin. Peu après il s’enfonça et sa tête disparut. Alors le père Jacques poussa le sac dans le puits et il se pencha sur la margelle, soutenant encore le sac que je ne voyais plus. Puis il se redressa et referma le puits, remettant soigneusement le plateau et assujettissant les ferrures, et celles-ci firent un bruit que je me rappelai soudain, le bruit qui m’avait tant intrigué le soir où, avant la découverte de l’Australie, je m’étais rué sur une ombre qui avait soudain disparu et où je m’étais heurté le nez contre la porte close du Château Neuf…
Je veux voir… jusqu’à la dernière minute, je veux voir, je veux savoir… Trop de choses inexpliquées m’inquiètent encore!… Je n’ai que la parcelle la plus importante de la vérité, mais je n’ai pas la vérité tout entière ou plutôt il me manque quelque chose qui expliquerait la vérité…
J’ai quitté la Tour Carrée, j’ai regagné ma chambre du Château Neuf, je me suis mis à ma fenêtre et mon regard s’est enfoncé profondément dans les ombres qui couvraient la mer. Nuit épaisse, ténèbres jalouses. Rien. Alors, je me suis efforcé d’entendre, mais je n’ai même point perçu le bruit des rames sur les eaux…
Tout à coup… loin… très loin… en tout cas, il me semble que ceci se passait très loin sur la mer, tout là-haut à l’horizon… Ou plutôt en face de l’horizon, je veux dire dans l’étroite bande rouge qui décorait la nuit, le seul souvenir qui nous restait du soleil…
… Dans cette étroite bande rouge quelque chose entra, de sombre et de petit; mais, comme je ne voyais que cette chose, elle me parut à moi énorme, formidable. C’était une ombre de barque qui glissait d’un mouvement quasi automatique sur les eaux, puis elle s’arrêta, et je vis se dresser, debout, l’ombre de Rouletabille. Je le distinguais je le reconnaissais comme s’il avait été à dix mètres de moi… Ses moindres gestes se découpaient avec une précision fantastique sur la bande rouge… Oh! ce ne fut pas long! Il se pencha et se releva aussitôt en soulevant un fardeau qui se confondit avec lui… Et puis le fardeau glissa dans le noir et la petite ombre de l’homme réapparut toute seule, se pencha encore, se courba, resta ainsi un instant immobile, et puis s’affaissa dans la barque qui reprit son glissement automatique jusqu’à ce qu’elle fût sortie complètement de la bande rouge… Et la bande rouge disparut à son tour…
Rouletabille venait de confier au flot d’Hercule le cadavre de Larsan.