Arsene Lupin
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Pi?ce de th??tre en quatre actes.
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À droite, deux portes ; l’une au deuxième plan, condamnée et devant laquelle est posé le coffre-fort ; l’autre porte praticable au premier plan.
Aux murs, à gauche et à droite, galerie de tableaux, mais avec des vides. Dans chaque vide le nom d’Arsène Lupin est inscrit à la craie bleue.
Scène première
LE COMMISSAIRE, LE DUC, LE JUGE, LE SERRURIER. La scène est vide.
LE COMMISSAIRE, entrant vivement.
Oui, vous avez raison, monsieur le Duc, c’est dans cette pièce que les cambrioleurs ont le mieux travaillé.
LE DUC
Ce n’est pas étonnant, monsieur le Commissaire. C’est ici que M. Gournay-Martin avait réuni ses plus précieuses collections. Puis il y avait aux portes des tapisseries flamandes, du XVe siècle, des merveilles… une composition charmante, de vieilles teintes fondues et colorées à la fois.
LE COMMISSAIRE, respectueux et empressé.
On voit que vous les aimez, monsieur le Duc.
LE DUC
Fichtre… d’autant plus que je les considérais déjà comme à moi. C’était mon cadeau de noces personnel, que m’offrait mon beau-père.
LE COMMISSAIRE
Nous les retrouverons, soyez persuadé qu’un jour ou l’autre… Oh ! je vous en prie, monsieur le Duc, ne touchez à rien. Il est nécessaire que le juge d’instruction se rende compte par lui-même… Le moindre objet dérangé peut le dérouter.
LE DUC, remonte au fond.
Vous avez raison. Ce qui m’inquiète, c’est la disparition de Victoire, la femme de charge.
LE COMMISSAIRE
Moi aussi.
LE DUC, tirant sa montre.
Neuf heures et demie. Le juge d’instruction ne peut plus tarder.
LE COMMISSAIRE
Non, il sera ici, dans quelques minutes. Dès votre arrivée au commissariat, j’ai envoyé un exprès au Parquet, avec un rapport sommaire, la lettre d’Arsène Lupin ou du soi-disant tel, l’escroquerie des automobiles, bref le résumé de vos déclarations et de vos premières découvertes. À l’heure qu’il est, le juge d’instruction en sait presque autant que nous. Évidemment j’ai téléphoné aussi à la Préfecture de police.
LE DUC
Et à la sûreté ?
LE COMMISSAIRE, souriant.
La sûreté est un des services de la Préfecture.
LE DUC
Ah ! je ne savais pas… Vous ne voyez pas d’inconvénient à ce que de mon côté je téléphone à Guerchard ?
LE COMMISSAIRE
L’inspecteur principal ?
LE DUC
Oui, mon futur beau-père m’en avait prié. (Cherchant dans l’annuaire.) Guerchard… Guerchard…
LE COMMISSAIRE
673-45.
LE DUC
Merci. (Téléphonant.) Allô, 673-45. Alors, vous ne croyez pas que Lupin soit l’auteur du vol ?
LE COMMISSAIRE
Non… Et d’ailleurs j’espère bien que non.
LE DUC
Pourquoi ?
LE COMMISSAIRE
Parce que si par malheur, c’était Lupin, je craindrais fort qu’on ne retrouve pas la piste de ce gaillard-là.
LE DUC, au téléphone.
Pas libre ? Veuillez me resonner, Mademoiselle. Et qui est-ce qui vous fait croire que ce n’est pas Lupin ?
LE COMMISSAIRE
Lupin ne laisse pas de traces et ces traces-là sont très grossières.
LE DUC
Mais la lettre qu’a reçue hier au soir mon futur beau-père ? Et ces signatures à la craie bleue, car c’est de la craie de savon.
LE COMMISSAIRE
Oh ! monsieur le Duc, ça peut être imité. Un moyen pour dépister les soupçons. Voilà trois fois qu’on nous fait le coup.
L’AGENT, entrant avec le serrurier.
C’est fini, monsieur le Commissaire, nous avons ouvert toutes les portes.
LE COMMISSAIRE, au serrurier. Et vous les avez refermées ?
LE SERRURIER
Voici les clefs.
LE DUC
Les serrures des portes qui étaient fermées à clef, vous ont-elles paru intactes ?
LE SERRURIER
À moins qu’on n’ait eu des clefs de rechange je réponds qu’on n’y a pas touché.
LE DUC
Donc il n’y a rien eu de fracturé !
LE SERRURIER
Rien.
LE DUC
Bizarre ! En tout cas les cambrioleurs connaissaient la place. Ils semblent n’avoir pénétré que dans les parties de l’hôtel où ils étaient sûrs de trouver des objets de prix.
LE COMMISSAIRE, congédiant le serrurier.
Bon !
(L’agent et le serrurier se retirent.)
LE DUC
Je vous demande pardon… Quel est encore le numéro de Guerchard ?
LE COMMISSAIRE
673-45.
LE DUC, prenant l’appareil.
Merci… 673-45. Guerchard va être stupéfait quand il saura… Allô ! Je suis chez M. Guerchard ? M. Guerchard lui-même ? Le duc de Charmerace. On a cambriolé l’hôtel de mon futur beau-père. Hein ! Comment ?… Vous saviez déjà ?…, Vous vous prépariez à venir ? Ah ! mais… parfait… Oui… le nom de Lupin, mais le commissaire a des doutes… Je vous en prie n’est-ce pas ?
(Il remet le récepteur.)
L’AGENT, annonçant.
Monsieur le juge d’instruction va monter.
LE COMMISSAIRE
Le juge d’instruction, c’est M. Formery.
LE DUC
Oui, c’est un juge d’instruction remarquable, paraît-il.
LE COMMISSAIRE, étonné.
On vous a dit qu’il était remarquable ?
LE DUC
Il ne l’est pas ?
LE COMMISSAIRE
Si… si… seulement jusqu’ici, il n’a pas eu beaucoup de veine ; chacune de ses instructions s’est transformée en erreur judiciaire, tenez le voici.
(Le Juge entre très important et très affairé.)
LE COMMISSAIRE, présentant.
Monsieur le Duc de Charmerace.
LE JUGE
Monsieur le Duc, je suis désolé, je suis tout à fait désolé. Fichtre, le volet brisé ! Ah ! Ah ! (Comme s’il faisait une découverte imprévue.) On est entré et sorti par là.
LE DUC
Oui, c’est certain.
LE JUGE, regardant autour de lui.
Hein, on vous a bien dévalisé, monsieur le Duc… Tst… Tst… Oui, c’est bien ce que vous m’avez écrit, Commissaire. Arsène Lupin pss… (À part, au commissaire.) Ça va recommencer alors, cette plaisanterie.
LE COMMISSAIRE
Je crois que cette fois, monsieur le Juge, plaisanterie est le mot, car c’est un cambriolage pur et simple… escalade… effraction…
LE JUGE, allant à la fenêtre, puis vers le coffre-fort.
Souhaitons-le… Oui, en effet, les traces sont trop grossières. On n’a pas touché au coffre-fort, à ce que je vois.
LE DUC
Non, heureusement. C’est là, je crois, du moins ma fiancée le croit, que mon beau-père enferme la pièce la plus précieuse de sa collection… un diadème.
LE JUGE
Son fameux diadème de la princesse de Lamballe ?
LE DUC
En effet.
LE JUGE
Mais d’après votre rapport, Commissaire, la lettre signée Lupin, annonçait pourtant ce vol-là ?
LE DUC
Formellement.
LE COMMISSAIRE
C’est une preuve de plus, monsieur le Juge, que nous n’avons pas affaire à Lupin. Ce bandit-là aurait mis sa menace à exécution.
LE JUGE, au duc.
Qui donc gardait la maison ?
LE DUC
Les deux concierges et une femme de charge.
LE JUGE
Oui, pour les deux concierges, je sais, je les interrogerai tout à l’heure. Vous les avez trouvés ficelés et bâillonnés dans leur loge ?
LE COMMISSAIRE
Oui, monsieur le Juge, et toujours l’imitation de Lupin… bâillon jaune, corde bleue et sur un bout de carton cette devise : « Je prends, donc je suis. »
LE JUGE, à part, au commissaire.
On va encore se payer notre tête dans les journaux. Ah ! je voudrais bien voir la femme de charge… où est-elle ?
LE COMMISSAIRE
C’est que, monsieur le Juge…
LE JUGE
Quoi ?
LE DUC
Nous ne savons pas où elle est.
LE JUGE
Comment vous ne savez pas ?
LE DUC
Non, nous ne l’avons trouvée nulle part.