La fille de Fantomas (Дочь Фантомаса)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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— Vous étiez fort occupé, répliqua Teddy d’un petit ton sec, cependant qu’il fixait sur Fandor ses grands yeux noirs, brillant d’un éclat singulier.
— Le fait est, reconnut Fandor que je ne m’ennuyais pas du tout. Cette mademoiselle Elders est une charmante jeune fille, un peu coquette, peut-être, mais elle vous a une grâce, un entrain, un charme.
— Je vous en prie, interrompit Teddy, il est inutile de m’énumérer ses qualités, je suppose que vous les connaissez déjà. D’ailleurs, ce n’est pas pour vous entretenir de Winifred que je suis ici. Je venais vous prévenir…
— Quoi de nouveau ?
— Jupiter a retrouvé son argent, ainsi que je vous l’avais annoncé. Vous voyez Fandor que je ne suis pas un menteur. L’argent que je possédais l’autre soir n’était donc pas celui du noir.
Les yeux du jeune cavalier s’étaient remplis de larmes.
— Au fond, déclara Fandor, je ne vous ai jamais soupçonné Teddy. Tant mieux, si le noir a retrouvé son argent, il ne nous reste plus maintenant…
— Il l’a retrouvé par mes soins, par ma volonté, loin d’ici, au bord de la mer, sur la côte. Avez-vous revu Jupiter depuis ?
— Ma foi non, fit Fandor… Ah ça, mais il faudrait tout de même savoir, Teddy… Le colonel Morriss parlait tout à l’heure d’un homme que l’on croyait échappé du British Queenet que l’on garde à vue sur les récifs de la falaise. Un noir, paraît-il, ne serait-il pas. Est-ce le pauvre Jupiter ?
Teddy semblait frappé par la coïncidence.
— Vous devez avoir raison, Fandor, déclara-t-il, mon Dieu ce ne serait pas de chance.
— Où allez-vous, interrogea Fandor… vous partez déjà ?
Teddy s’éloignait en effet.
— Je vois aux nouvelles, je vais voir Jupiter, il faut que je tire ça au clair.
— Sapristi, s’écria Fandor, ne vous sauvez donc pas comme ça. J’irais bien avec vous.
Teddy, déjà loin, s’arrêta pour crier au journaliste :
— Vous serez beaucoup mieux ici, mon cher. Vous irez faire la cour à Winifred. Amusez-vous bien, amusez-vous bien.
Et Teddy, enfonçant rageusement les éperons dans les flancs de la bête, disparut dans les fourrés.
Fandor demeura songeur un instant.
Il se décida ensuite à retourner à Diamond House, où évidemment l’avait précédé la charmante Winifred…
— Oh ! oh ! pensait Fandor lorsqu’il eut regagné le jeu de tennis devant lequel on prenait le thé, oh ! oh ! décidément, mon petit ami Teddy a quelque chose qui le turlupine. Mais quel est l’organe attaqué ? Est-ce le cerveau ou est-ce le cœur ?
13 – « IL » EST MORT ?
Hans Elders se leva, quitta son bureau sur lequel il avait étalé papiers, documents, livres de comptes, alla prendre sur la cheminée une petite sonnette au timbre argentin, qu’il secoua violemment.
Un domestique accourut :
Hans Elders, la voix brève et la mine ennuyée, l’interrogea :
— Beaucoup de personnes attendent, Tom ?
— Quatre voyageurs, monsieur.
— Bien ! tu vas les faire entrer, l’un après l’autre, et seulement quand je sonnerai. Gérard est là ?
— Oui, monsieur, Gérard est là.
— Fais-le venir tout de suite.
Tandis que le domestique s’éloignait, Hans Elders fit des préparatifs.
Il tira l’un des tiroirs de son bureau. Un tiroir entièrement doublé d’acier. Devant lui, sur le buvard de son sous-main, il étala un carré de velours noir, puis, il vérifia avec un scrupule extrême l’armement d’un long revolver qu’il posa à sa droite, sur sa table même, bien à portée de sa main et qu’il dissimula aux regards, en jetant négligemment dessus un journal déplié. Cela fait, Hans Elders s’approcha de la fenêtre, rabattit les volets, ferma la croisée, tira les grands rideaux. La pièce était à peine éclairée par une lampe électrique, dont l’abat-jour, long et bas, laissait tout juste filtrer un rayon de lumière sur le bureau de Hans Elders.
Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit, le premier visiteur faisait son apparition. C’était un homme bizarre, dont l’aspect frappait au premier regard, d’une taille au-dessus de la moyenne. Le front élevé, large, dégarni, donnait une impression de volonté farouche, que soulignait encore le double trait des sourcils, très fournis, très noirs, plantés bas et se joignant presque, ce qui parait toute la physionomie d’un air de ténacité remarquable.
Le visiteur était vêtu à la façon des paysans boers, moitié chasseur, moitié guerrier.
Il portait la courte veste à collet montant, le pantalon de velours, large et bouffant, de hautes bottes à l’écuyère tachées de boue. Sur la tête, un de ces larges chapeaux de feutre cabossé, qui sans doute avait vu bien des orages, bien des tempêtes…
Au travers du corps enfin, deux bandoulières, qui n’étaient autres que des ceintures formant cartouchières, s’entrechoquaient en cliquetant. Un manche de poignard, des coutelas, sortaient à moitié de sa poche. Sous la veste, on devinait le renflement d’un long Colt, comme en portent toujours ceux qui sont appelés à parcourir le veld et le plus souvent à y défendre leur vie.
Hans Elders salua l’arrivant sur un ton qu’il voulait cordial :
— Bonjour, Gérard.
— Bonjour, Hans Elders ! que le diable soit de votre domestique. Il prétendait me faire attendre.
— Tom a des ordres, Gérard.
— Possible, mais j’ai des habitudes. Quand je vais chez un de mes égaux, je n’aime pas trouver la porte fermée, ni attendre, ni user de formules protocolaires. Ou je me fâche.
Après un instant de silence, Elders prit la parole :
— Et alors Gérard, sais-tu qu’il y a près de quatre mois que je ne t’ai vu ?
— Cela t’a manqué, Hans Elders ?
— Là n’est pas la question, Gérard. As-tu du neuf ?
— Cela dépend.
— Comment, cela dépend ?
— Oui, qu’entends-tu par du neuf ?
Hans Elders, cette fois, haussa les épaules :
— Gérard, tu me fais pitié, fit-il d’un ton dédaigneux, allons-nous, toi et moi, ruser ensemble ? Te voici, c’est aujourd’hui jour convenu. Si tu es là, j’imagine, en conséquence que tu as des affaires à me proposer ? Montre et je te dirai mon prix.
— Je montrerai, si cela me plaît, répondait-il, et je ferai affaire avec toi, Hans, si cela me convient.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Ceci, Hans : que j’en ai assez, et que si cela ne te va pas que j’en aie assez, je t’avouerai que j’en ai trop.
— De quoi ?
Hans Elders avant d’interroger ainsi nettement, celui qui paraissait plus son ennemi que son ami, avait imperceptiblement tressailli. Il avait commencé à causer avec ce Gérard en se tenant renversé dans son fauteuil, les deux mains dans ses poches, d’un geste tout naturel, il venait de s’accouder à son bureau, la main droite appuyée au bord du meuble, contre le journal déplié.
— Tu me le demandes ?
— Oui ?
— Hans Elders, j’en ai assez de te voir maître de Diamond House, de Diamond City. Assez que tu joues au patron, que tu donnes des ordres, que tu fasses l’imbécile. Voilà. Tu dis qu’il y a quatre mois que tu ne m’as pas vu ? tu aurais pu rester plus longtemps sans avoir ma visite. Je pensais ne pas revenir. Je voulais t’oublier. Tu étais un camarade, et cela m’ennuierait qu’il t’arrive malheur.
— Il ne m’arrivera pas malheur, Gérard.
— Tu n’en sais rien. Autre chose. Tu ne me demandes pas d’où je viens, Hans ? De loin. J’ai voyagé. J’ai fait le veld, passé les montagnes. J’ai joué, j’ai perdu. J’ai été à la ville.
— Au Cap ?
— Ou ailleurs. J’ai lu les journaux.
— Eh bien ?
— Eh bien ! tu m’as menti, Hans.
— Ah ?
— Oui. Ne fais pas l’étonné. Il n’est pas mort.
Hans Elders haussa les épaules une fois encore :
— Il n’est pas mort ? Ah ! il n’est pas mort. Tu reviens pour me dire cela, Gérard ? Tu t’imagines que moi, moi qui étais son lieutenant, son ami…
— Toi qui l’a trahi.
— Moi, que tu accuses de le trahir, parce que je sers ses intérêts, s’il n’était pas mort, j’aurais de ses nouvelles ? Écoute, Gérard, laissons ces choses… Je t’ai parlé, à toi, bien souvent, comme je n’ai jamais parlé à aucun de ceux qui travaillent ici. C’est pour cela que je t’ai dit que je me demandais s’il était mort, s’il était disparu. Je doutais alors. Aujourd’hui, je crois bien que je ne doute plus. Et puis, qu’importe ? Ce qui t’ennuie, maintenant, toi, Gérard, et ce qui énerve les autres, c’est que je sois le maître. Lui, c’était Lui, et moi c’est moi. Il vous tenait sous un joug de fer et vous trouviez cela naturel. Je suis bon avec vous, moi, et vous vous révoltez. Pensez-vous me faire peur ? et puis, n’avez-vous pas besoin de moi ? Allons, Gérard, bas les masques. Tu es ici parce que tu as des pierres, donne-les. Je te dirai mon prix, tu les laisseras ou tu les reprendras. Tu es libre, mais n’oublie pas que je suis le plus fort.