Le Voyage en France

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Le Voyage en France
Название: Le Voyage en France
Автор: Duteurtre B?noit
Дата добавления: 16 январь 2020
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Le Voyage en France - читать бесплатно онлайн , автор Duteurtre B?noit

Prix M?dicis 2001

Avec Le voyage en France, l'auteur oppose deux visions de l'art et de la culture par le truchement de deux protagonistes qui se croisent par hasard. Le premier, David, jeune ?tasunien d?contenanc?, s?journe en France ? la recherche de l'art de Monet. Na?vement, il constate que la France ne ressemble pas ? celle imagin?e. Le second, un Fran?ais quadrag?naire sans nom (et narrateur), ayant d?j? visit? l'Am?rique ? l'?poque du flower power, m?ne une petite vie stagnante, presque quelconque. Les deux ind?pendamment vivront une histoire d'amour qu'une seconde lecture permettra de coller, telle une m?taphore, ? la vision globale du roman. ? la fin, les deux comp?res d?barquent en Am?rique o? le r?cit s'ach?ve sur une longue apologie de l'?clectisme am?ricain.

Le roman agit comme une grande comparaison de perceptions culturelles fig?es. Ainsi, la France vue par l'?tasunien se r?sumerait par l'art des Impressionnistes qui annonce le 20e si?cle, alors que l'Am?rique serait un "foutoir" fascinant. Bref, la modernit? est le gage de l'Am?rique alors que la nostalgie s'av?re la marque de la France. Si on va plus loin, on peut m?me sous-entendre dans le raisonnement de l'auteur, que la modernit? am?ricaine serait issue de l'h?ritage fran?ais.

Je doute qu'il puisse y avoir plusieurs interpr?tations ? ce roman fort simpliste. L'auteur cherchait peut-?tre ? provoquer l'institution fran?aise en douceur? Personnellement, je ne partage pas cette vision. La France, tout comme l'Europe d'ailleurs, est un mod?le ? part enti?re – malgr? les influences am?ricaines – de ce qu'on peut attendre apr?s l'esth?tisme postmoderne. Il suffit de convaincre les discours dominants, ces grands fabricants d'id?es re?ues!

? lire pour se forger une opinion sur le sujet et, accessoirement, se divertir d'une histoire plut?t attachante avec ses quelques moments loufoques et revirements inattendus.

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David entra dans le premier bâtiment, un magasin de souvenirs où flottait une odeur de cire et d'encens. Sur les présentoirs, une multitude d'articles religieux s'offraient aux consommateurs: vies de saints, chapelets, icônes, images pieuses et autres livres de prières destinés à satisfaire la demande du marché spirituel et les besoins du monastère en liquidités. Trois bigotes choisissaient des bibelots coûteux et les achetaient fièrement. Les touristes ordinaires se contentaient de cartes postales. A la caisse, un moine en robe noire encaissait avec une froideur professionnelle, tandis que deux moinillons de trente ans renseignaient la clientèle, faisaient les paquets, réassortissaient les rayons. Comme David restait immobile avec sa valise, l'un des novices se précipita en glissant sur ses sandales avec une disponibilité de vendeur de prêt-à-porter:

– Je peux vous renseigner?

L'Américain expliqua qu'il rejoignait, pour quelques jours, un ami séminariste. Le novice rougit:

– Ah 1 tu es un copain d'Arnaud? Bienvenue à l'abbaye. J'appelle tout de suite le père hôtelier.

Cinq minutes plus tard, un petit moine tonsuré d'une cinquantaine d'années, vif comme un souriceau, entrait dans la pièce et trottait vers David. Il dressa son nez pointu et se présenta:

– Père Musard. Heureux de vous accueillir. Venez avec moi.

Puis il fila dans l'autre sens, suivi par David. Au fond de la boutique, une porte en chêne s'ouvrait sur un jardin soigneusement entretenu. Les allées de gravier convergeaient vers un jet d'eau. De part et d'autre se dressaient les bâtiments.

David apprécia d'entrer dans ce monde clos, préservé des intrusions touristiques. Quelques moines grimpaient vers le bois, deux par deux; d'autres traversaient rapidement la cour, comme appelés par des tâches urgentes. Ni voiture, ni musique, ni bruit de fond; rien sauf le tintement régulier de la fontaine. Le vieux fil de l'histoire se prolongeait ici, indifférent aux bouleversements politiques et sociaux. L'idée que tout se passait exactement comme au Moyen Âge enchantait le nouveau venu, lorsque retentit une sonnerie de téléphone portable. Le père Musard plongea précipitamment la main dans la poche de sa robe et sortit son mobile pour annoncer:

– Père Musard, j'écoute… Bonjour père Tron-chard, que puis-je faire pour vous?

Il régla en quelques mots une affaire d'intendance, puis rangea le combiné dans sa poche en s'excusant:

– Nous courons tout le temps, nous sommes débordés. C'est un moyen pratique pour nous joindre d'un bout à l'autre de l'abbaye…

Levant sa tête de fouine, il précisa:

– Autrefois, nous utilisions les cloches. Au nombre de sonneries, chaque moine savait quand on l'appelait au parloir. C'était un système un peu ringard!

Le père Musard entraîna son pensionnaire vers l'hôtellerie. Ils grimpèrent un escalier de pierres sculptées jusqu'au troisième étage. Découvrant sa cellule, l'Américain fut enchanté par le lit en bois, la fenêtre donnant sur le parc, la table de travail, le lavabo et la cuvette. L'hôtelier paraissait un peu gêné:

– Dites-moi, David… Vous êtes baptisé?

Il avoua que non. Le moine parut enchanté:

– Il n'est jamais trop tard. Je vais vous prêter quelques livres.

David aurait aimé fouiller parmi les antiques manuels de la bibliothèque, mais le père Musard avait son idée:

– Le père bibliothécaire vient d'acquérir, pour les jeunes, une excellente collection, très vivante: je vais vous prêter La croix et le poignard, une histoire de dealer qui rencontre le Seigneur. Sympa, non?

N'osant le contredire, David hocha la tête. Le père Musard fila chercher la précieuse documentation, tout en indiquant la chambre d'Arnaud:

– Votre ami est au numéro douze. Et il s'effaça.

Dès que le moine fut sorti, David alla frapper à la porte douze. Une voix chrétiennement courtoise répondit:

– Entrez!

Il tourna la poignée. Arnaud se tenait à son bureau, torse nu, crayon à la main, penché sur une pile de livres théologiques. Apercevant David, son visage s'éclaira. Il se leva, s'approcha puis le serra dans ses bras comme un amoureux. Troublé par cette intimité, l'Américain finit par s'asseoir sur le coin du lit. Il raconta son voyage, avoua son éton-nement devant le téléphone portable et les lectures du père Musard. Arnaud éclata de rire. Effectivement, le père hôtelier rêvait de sympathiser avec les «jeunes» en se mettant au goût du jour:

– On rencontre des personnalités incroyables dans une communauté religieuse!

Au même moment, le moine passait la tête par l'entrebâillement et entrait, chargé de lectures pour David. Puis il s'esquiva avec un rire nerveux.

Dix minutes plus tard, Arnaud entraînait son camarade à la découverte de l'abbaye. David apprécia les beautés anciennes: l'austère réfectoire roman avec sa voûte en berceau, le cloître ombragé, le cimetière sous les arbres, le belvédère d'où l'on apercevait la Loire. Dans le bois, les chemins semblaient creusés par des générations de moines. Mais l'Américain éprouva une vraie déception en constatant que les étables et les poulaillers étaient vides. Occupé à tailler les rosiers, un vieux frère jardinier expliqua que, depuis dix ans, l'abbaye avait abandonné la culture et l'élevage pour s'approvisionner dans un hypermarché voisin. Il soupira:

– Il paraît que c'est plus rentable, au niveau de la gestion.

David n'admettait pas qu'un monastère s'organise hors du principe d'autarcie – grâce auquel il traversait les siècles, résistant aux guerres et aux famines. Le frère jardinier haussa les épaules, mais l'Américain insistait:

– Ça ne vous coûterait rien de produire vous-mêmes, puisque vous n'êtes pas payés!

– Expliquez-le à la direction! Le problème, c'est qu'en travaillant aux champs les moines ne travaillent pas aux ateliers. Et les ateliers rapportent davantage.

David n'avait pas songé à l'artisanat. Il imagina les alambics où les pères fabriquaient des élixirs aux plantes. Était-il possible de visiter? Le moine hocha la tête négativement puis se tourna vers ses buissons. Reprenant la promenade, Arnaud tenta d'expliquer à David:

– Il n'ose pas te le dire, mais l'abbaye développe, depuis dix ans, plusieurs ateliers de pointe: assemblage de PC… Ils sont très minutieux, d'où une excellente plus-value. Une abbaye moderne fonctionne comme une véritable entreprise.

Une cloche, au loin, annonçait le début du prochain office. Arnaud entraîna David vers l'entrée de l'église.

Il vaut mieux arrêter maintenant

Ils bavardèrent longuement pendant ces trois jours. Arpentant les jardins, se retrouvant dans la chambre de l'un ou de l'autre, David et Arnaud échangeaient des idées sur la vie monastique – défendue par l'un du point de vue religieux, par l'autre du point de vue esthétique. Complices, ils observaient les comportements des ecclésiastiques, toujours agités, du jardin à l'atelier et de la comptabilité à l'église. David avait une préférence pour certains vieillards ventrus qui semblaient vivre pour manger comme des moines de Rabelais. Les jeunes trahissaient trop visiblement leur névrose mystique. Ils perdaient la tête dans les vapeurs d'encens; puis ils se retrouvaient à la «récréation» et riaient entre eux comme des demoiselles. Entraîné par David, Arnaud riait de bon cœur, sans montrer un excessif respect de la chose religieuse:

– Tu sais, dans l'Église, on aime bien aussi déconner!

Mais dès qu'il arrivait sur les bancs de l'abbatiale où les moines psalmodiaient, le futur séminariste recouvrait son ardeur pour plonger ses doigts dans l'eau bénite, les tendre à son voisin, s'agenouiller, joindre les mains en dressant le visage vers la croix, puis fermer les yeux et demander pardon.

Arnaud était né dans une famille de bourgeois fauchés qui, après Mai 68, avaient opté pour l'engagement ouvrier. Chrétiens de gauche, ses parents luttaient à l'avant-garde de l'Église. Dans leur paroisse de banlieue, ils avaient lancé les messes rock et les mouvements pro-immigrés – ce qui avait produit chez leur dernier fils une réaction imprévue. Depuis l'enfance, il aimait la liturgie traditionnelle. À regret, ses géniteurs l'avaient vu renoncer à l'idéal progressiste, sous l'influence d'un aumônier réactionnaire. Dans les conversations, il mettait une paradoxale énergie à défendre la famille, le mariage et même les positions de l'Eglise contre l'avortement. Ses frères et sœurs n'y voyaient qu'une provocation, mais l'annonce de son entrée au séminaire était tombée comme un coup de grâce. Accablés, ils avaient fini par considérer que la tolérance chrétienne devait tout supporter, même un futur curé.

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